Les Enfants du rêve chinois

L'auteure Luxi raconte ce qu'il lui est arrivé en Chine alors qu'elle y avait amené son petit ami français Jean pour faire un tournage d'étudiant dans le cadre d'un diplôme de fin d'études. Ils sont alors accusés injustement d'espionnage par la police locale qui use des stratagèmes les plus infectes.

C'est un épisode qui illustre que la Chine ne souhaite vraiment pas d'incursion étrangère aussi pacifique soit-elle. Il y a des choses qu'on ne peut faire dans une dictature communiste. Les enfants de cette Chine moderne vont devoir ouvrir les yeux bien grands pour comprendre et sortir d'une certaine forme de naïveté.

A la base, le reportage était sur une amie de Luxi qui se faisait persécuter par sa famille et son village pour être lesbienne ce qui n'est pas conforme dans ce pays.

A noter que cette BD va aborder la délicate question des Ouïghours qui sont totalement persécutés par la Chine. Les camps de concentration sont juste des centres de formation professionnelle à disposition d'individus en difficulté pour les préserver du terrorisme. On y croit vraiment !

Maintenant, sur la BD elle-même, je l'ai trouvé un peu déconstruite avec un enchaînement pas toujours évident pour garder le fil. Cela se perd parfois en bavardage inutile ce qui casse le rythme d'autant que c'est plutôt assez long. Bref, si sur le fond, on ne peut que comprendre la démarche de l'auteure, sur la forme, ce n'est pas franchement l'idéal.

Cette oeuvre est tout de même assez utile pour dénoncer le rêve chinois à qui on peut sans doute préférer le rêve américain. C'est la douche froide pour ceux qui pensaient en 2015 que le régime de Xi Jin Ping allait s'ouvrir. Il s'est totalement fermé. Par ailleurs, il soutient les pires dictatures au monde comme la Corée du Nord ou encore le régime de Poutine dans sa guerre invasive et meurtrière en Ukraine. Il ne faut jamais l'oublier.

Luxi est étudiante en cinéma en France et décide de rentrer dans son pays pour réaliser un film avec l'aide de son amie Fanfan restée sur place. Mais voilà, la Chine de Xi n'est plus la même et le slogan "le rêve chinois" semble de moins en moins approprié.

L'un des intérêts principaux de ce roman graphique , ou BD, je n'en sais rien , est la plongée dans le monde contemporain chinois et notamment dans les campagnes .
Bien évidemment, on n'est pas loin de l'apocalypse , tant cet ouvrage a pour but de lister les méfaits de la politique de Xi.
Les campagnes sont annexés par des constructions modernes, la corruption est partout, l'homosexualité est réprimée, il n'y a que peu de libertés individuelles , la politique de l'enfant unique a vidé les campagnes des femmes mais en ville , ces dernières ne trouvent pas de maris après avoir étudié, les familles sont séparées , faute de trouver du travail sur place , le Tibet et les Ouïghours sont maltraités.
Les dessins m'ont laissé indifférent mais ne m'ont pas dérangé.
c'est un ouvrage intéressant pour se sensibiliser à cette Chine moderne , usant du soft power à l'international et gardant la main mise sur son peuple. le personnage de Fanfan, n'assumant pas son homosexualité devant la caméra, est symptomatique du malaise de la société chinoise. Pendant ce temps, on adule les travestis, légendes du folklore chinois.
Une lecture instructive et agréable.

Luxi part avec son compagnon français, réaliser un reportage filmé en Chine un projet personnel dans le cadre de ses études de cinéma. Elle retourne dans le pays de ses origines retrouver une ancienne amie qui a bien voulu qu'on parle de sa vie, de son milieu. Celle-ci est enseignante et lesbienne dans une petite ville rurale. On va se rendre compte que ce n'est pas si simple de parler ouvertement encore aujourd'hui en Chine.
Les dessin en noir et blanc est assez neutre, mais ce n'était pas le projet initial. On comprendra pourquoi Luxi est passé du film à la bande dessinée, c'est assez logique. Ce récit est édifiant sur la nature de la société chinoise, et même assez glaçant.
Les récits sur l'injustice kafkaïenne dans la réalité me mettent généralement assez mal à l'aise. Celui-ci n'a pas fait exception, c'est utile de savoir ce qu'il s'y passe, sur le fonctionnement de ce pays, mais c'est une lecture pesante et pas très agréable. le gris du graphisme et le rythme haché n'aident pas. Malgré la grande qualité du témoignage, ce livre me laisse un mauvais goût dans la bouche, et généralement, je ne lis pas pour me procurer ce genre de sensations.

Luxi, chinoise, est étudiante à Paris en cinéma, en réalisation. Son petit copain, Jean, est cameraman. Dans le cadre de leur projet de fin d'études ils partent ensemble dans le nord de la Chine faire un reportage sur Fanfan, une amie que Luxi a rencontré en vacances quatre ans auparavant. Pour compléter l'équipe son amie Ludong les rejoint, chinoise également et preneuse de son. Nous les suivons sur le trajet et durant les quelques jours du tournage, dans leurs péripéties et leurs rencontres.
Fanfan est issue de la campagne. Elle suit la voie de son père, professeur et calligraphe. Mais Fanfan, qui aime les femmes, ne s'est pas mariée, et avec son apparence androgyne et son esprit rebelle, elle fait depuis toujours l'objet de moqueries et de rejet de la part de ses camarades, de ses collègues, et même de sa famille. Fanfan est déroutante pour ses amis cinéastes : elle les accueille froidement, elle est pleine de contradictions et de doutes, elle est sous l'influence de la femme qu'elle aime mais qui est mariée à des milliers de km. Son mode de vie est une bataille constante dans cette Chine de traditions obsolètes et de politique répressive. Pour couronner le tout, la présence d'un étranger, Jean, dans cette équipe qui vient questionner et filmer les gens de la campagne, conduit rapidement la police toute puissante à une suspicion d'espionnage.
On croise dans ce récit plusieurs des problématiques de la Chine : les grandes réformes politiques de l'histoire de la Chine, la problématique du manque de femmes suite à la politique de l'enfant unique, la répression des Ouïghours, l'inégalité des droits, la délation et la répression, etc.
Nous n'avons donc pas le film, mais Luxi a transposé tout le reportage et son making-off en dessin pour composer ce roman graphique. le dessin est assez simple, doux, en noir et blanc. La mise en cases est classique.
Ce que je ne sais pas : cette histoire et ce projet de film se sont-ils réellement déroulés ainsi, ou est-ce un scénario prétexte à nos raconter la Chine ? J'aime à penser que tout est vrai.

Après avoir vu son film supprimé par les autorités chinoises, Luxi décide de narrer son expérience de film étudiant (basé sur les souffrances d'une de ses amies lesbienne, professeur des écoles, dans la Chine rurale). On navigue de mensonges en quid pro quo et retours narratifs sur le passé de Fanfan qui n'a rien d'une narratrice à laquelle on peut accorder sa confiance, puisqu'elle ment tout le long de son voyage, a des sautes d'humeur constantes, est lunatique et craint énormément les représailles que ce projet peut avoir sur sa carrière et sa vie (allant jusqu'à désavouer son amitié, son envie de faire le film ou le propos de celui-ci). Sans être réellement décousu, j'ai du mal à accorder à Luxi une réelle confiance sur les événements narrés, non pas que je considère qu'elle est comme Fanfan incapable de faire preuve d'une réelle maîtrise d'elle-même ou d'une connaissance de son sujet, mais son projet est tombé à l'eau et j'ai une sensation parfois de remplissage.

Toutefois, ça reste un point de vue intéressant sur la Chine actuelle, autant dans sa politique, sa répression, son peu d'envie de s'ouvrir au monde et à quel point le poids du système pèse sur chacun au point que tout est sujet à crainte et débat. le format permet d'explorer tout ça – tout en laissant au lecteur la possibilité de deviner ou assimiler les informations à son rythme.