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EAN : 9782203242234
440 pages
Casterman (08/03/2023)
4.24/5   34 notes
Résumé :
Pour rembourser son prêt étudiant, Kate n'a guère le choix : elle doit quitter sa Nouvelle-Ecosse natale pour aller travailler à l'autre bout du Canada, dans l'ouest lointain, là où l'on extrait le pétrole des sables bitumineux. Souvent isolée, naviguant de site en site, la jeune femme découvre un monde marqué par le harcèlement quotidien et le sexisme de nombreux collègues masculins. Sans se départir de son empathie ni de son humour, soutenue par des allié.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est un récit autobiographique. Ayant fini ses études dans le domaine des sciences humaines, et pour le remboursement de son prêt étudiant que les métiers liés à sa formation rendraient long et handicapant, Kate décide de partir travailler sur les chantiers pétroliers deux ou trois ans dans l'état d'Alberta. Elle découvre un univers peuplé principalement d'hommes, dans une région sans attrait, au climat rude. Elle découvre surtout une atmosphère de travail lourde et souvent malsaine. le dessin est simple, un trait régulier, pas trop recherché, peu de détails, une mise en page simple en gaufrier, quelques rares illustrations pleine page qui viennent rythmer et apporter une ponctuation dans cette ambiance lourde.
Kate Beaton soulève plusieurs problèmes : le coût des études au Canada astreignant à un long remboursement pour beaucoup de jeunes, le monde de l'industries pétrolière, polluante et destructrice de l'environnement, mais le trait est surtout mis sur le harcèlement sexuel dans un univers industriel peu féminisé. Elle aborde le sujet avec beaucoup de finesse, elle ne tombe pas dans la dénonciation manichéenne, il s'agit surtout d'une expérience, pas vraiment réjouissante, même parfois très dure, mais elle n'a pas choisit une démonstration spectaculaire, c'est d'autant plus percutant que c'est insidieux, quelques petites réflexions anodines finissent par devenir un enfer avec la quantité, les femmes doivent toujours être sur la défensive, et parfois ça va beaucoup plus loin, l'expérience de travail dans ce milieu devient alors un fardeau, une souffrance qu'on accepte parce qu'il y a ce fameux prêt étudiant à rembourser.
C'est un récit touchant et juste, qui nous dévoile un Canada bien moins idyllique que ce qu'on peut imaginer depuis la France, un récit qui dénonce surtout le système et la culture qui permettent ou qui imposent tout ça.
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Si je vous dis que ce livre m'a arraché le coeur de la poitrine, cela vous donnera-t-il envie de le lire ?

J'étais déjà un grande fan de la princesse et le poney, mais Environnement toxique, était une expérience totalement différente. Après avoir obtenu un diplôme en arts à l'université, et motivée par une dette de prêt étudiant et un manque d'opportunités dans son Cap-Breton natal, Beaton accepte un emploi dans les sables bitumineux de l'Alberta. Les sables bitumineux sont probablement connus de la plupart des Canadiens, mais pour le reste d'entre nous, il s'agit de gisements de pétrole brut lourd qu'il faut extraire. Ils sont assez isolés, il faut souvent vivre sur place, et il y a 50 hommes pour une femme.

Cinquante hommes pour une femme, dans un environnement isolé. Lorsque nous entendons cela, nous savons ce que cela signifie. Et Beaton ne lésine pas sur les détails sombres et laids, ni sur les conséquences qu'ils ont eues.

Mais cette histoire ne s'arrête pas. Pour ceux qui restent, les hommes sont toujours considérés comme les soutiens de famille, mais que font-ils lorsque les mines de charbon s'épuisent et que les usines sont délocalisées dans d'autres pays ? Dans le monde des Canadiens, où vont-ils lorsqu'ils ont un niveau d'éducation de huitième année et que les poissons ont disparu, tout comme le charbon ? Ils partent pour les sables bitumineux, loin de leurs familles et de leurs communautés, entourés d'autres hommes. Et de quelques femmes.

Tout le livre traite donc de la zone grise morale, de la façon dont les femmes, dans une main-d'oeuvre composée à 99 % d'hommes, sont constamment critiquées, lorgnées et bavées, et dont chaque aspect de leur vie est commenté, fantasmé et menti, et de la façon dont elles se retrouvent à accepter et à supporter tout ce qu'elles ne toléreraient jamais une seule petite minute dans le « monde réel » de leur pays. Kate précise que seule la moitié des hommes sont des porcs dégueulasses, mais c'est quand même beaucoup. C'est aussi l'histoire de sa propre naïveté face à des choses comme l'usage répandu de la cocaïne par les gars et – ce qui est important – le fait que votre propre frère, votre propre père, s'il était enfermé dans un camp pétrolier pendant quelques années sans autre compagnie que des hommes chahuteurs qui s'ennuient, pourrait très bien devenir comme l'un de ces gars qui se moquent de vous et qui font des commentaires désagréables dans les vestiaires. Cette prise de conscience l'a rendue malade.

Ce livre de près de 500 pages ne raconte pas, il montre, dans les moindres détails, le coût humain de cette industrie dure et néfaste. Mais tant qu'il y aura de l'argent, les personnes qui estiment ne pas avoir d'autre choix continueront à travailler dans les sables bitumineux. Personne ne veut y travailler, mais les autres industries dans lesquelles ils travaillaient auparavant ont disparu.

Beaton n'édulcore ni n'excuse aucune des nombreuses expériences pénibles qu'elle a vécues dans les sables bitumineux, mais en même temps, elle fait preuve de beaucoup plus de compassion et de tendresse que je n'aurais pu le faire dans une situation similaire. Ces deux éléments ont coexisté dans sa vie, et leur coexistence dans Environnement toxique est ce qui propulse le livre à un autre niveau. Tout ce dont ce livre a besoin, c'est d'un public. Lisez-le, s'il vous plaît.
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Dans Environnement Toxique, Kate Beaton, nous livre un récit autobiographique de grande qualité.
Afin de rembourser son près étudiant (une vraie problématique outre-atlantique), Kate, fraîchement diplômée en sciences humaines et originaire de Cap-Breton (Canada), une région où les perspectives d'emploi sont pour le moins limitées, décide de s'exiler et d'aller travailler dans ces méga-exploitations de sables bitumeux (une technique d'extraction de pétrole "soit-disant" plus vertueuse d'un point de vue environnemental). Là-bas, elle découvre un univers principalement masculin, éloigné de tout où règnent l'isolement, la solitude et tous les maux qui en découlent (alcool, dépression,...). Elle y sera victime de harcèlement, d'un double viol.
Un récit glaçant, fort en émotions que des dessins, pourtant assez simplistes, parviennent à bien transmettre.
L'accent du récit est essentiellement mis sur le fonctionnement de cette micro-société. La dureté des conditions de travail, surtout pour une femme, y est mise en lumière. On peut peut-être regretté que les conséquences écologiques ne soient que trop brièvement abordées. Mais le récit est celui d'une employée en bas de l'échelle, et c'est avant tout le récit d'une expérience personnelle, une chronique de deux ans de travail dont l'auteure sortira visiblement fort marquée (ce qui peut facilement se comprendre au vu de ce qu'elle a vécu). Au travers des notes de l'auteur, on devine également que c'est un sujet sensible au Canada, où ces grosses entreprises sont pourvoyeuses d'emplois au mépris de l'environnement ou du bien-être de ses employés.
D'un point de vue graphique, comme je l'ai dit, les dessins en noir et blanc sont assez simplistes mais ça ne nuit pas au récit. le livre est aussi émaillé d'illustrations en pleine ou double-page de très belles factures.
Une très bonne surprise.
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Lorsque j'ai ouvert l'enveloppe reçu dans le cadre de la Masse Critique, j'ai été étonné par le poids du livre. En le feuilletant rapidement, j'ai été surpris par le style du dessin. Puis j'ai commencé à le lire et je ne l'ai plus lâché jusqu'à la fin.

Kate Beaton doit partir travailler, loin de chez elle, pour rembourser son prêt étudiant. de cette expérience, elle nous narre une période de sa vie en mettant en parallèle l'environnement toxique engendré par l'exploitation des sables bitumineux et la toxicité de certains rapports humains.
Elle raconte deux ans de vie, pas toujours simple, en tant que jeune fille au milieu d'un monde très masculin sexiste et machiste.
Elle essaie de comprendre les causes mettant à mal les relations humaines, sans manichéisme, au milieu de cet environnement détruisant la planète au profit de compagnies pétrolières.

Le dessin doux et bicolore rend presque moins dur ces thèmes difficiles du comportement de certains hommes sur les femmes et la souffrance au travail de ces travailleurs exploités.

Une lecture que je vais partager pour inciter un changement de comportement.
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Bienvenue en Alberta dans l'ouest du Canada ! Ici on extrait le pétrole et le bitume en très grand quantité dans des exploitations à fort impact environnemental. Y travailler est pour Kate, 21 ans, la seule possibilité de rembourser rapidement son prêt étudiant.

Elle y passera 2 ans, entre 2005 et 2008, travaillant pour différentes entreprises à différents postes, vivant parfois dans des camps de travailleurs. C'est le témoignage de cette expérience qu'elle nous offre dans cet album. Un récit puissant, succession de scènes vécues, entre documentaire, sociologie et télé-réalité d'enfermement. Car dans ces mines où travaillent 50 fois plus d'hommes que de femmes, la solitude, la promiscuité mais aussi la drogue et l'alcool, font des ravages.

Et pour une femme, c'est un monde hostile, vulgaire où le harcèlement est quasi quotidien, où il est impossible de dire ce que l'on ressent, où l'isolement pèse et influe sur le comportement de chacun, où le viol est un répit à l'ennui. Un traitement aussi néfaste pour l'environnement que pour l'humain, nié par les dirigeants d'entreprise ou les politiques. Kate Beaton livre ici un témoignage fort et rare qu'il faut lire et digérer, tant la nausée est parfois proche.

Son dessin caricatural en nuances de gris permet d'éviter la lourdeur et l'apitoiement. On voit d'ailleurs l'évolution de l'attitude de Kate qui parvient petit à petit à traiter ces situations avec humour, distance et même à en comprendre les ressorts au moment de quitter les lieux, alors qu'elle pense se concentrer sur le dessin et espère en vivre.

Ces 437 pages ne se lisent pas d'une traite. Mais elles pèsent lourd et méritent d'être lues et partagées. Il est probable que ce qu'a vécu Kate Beaton est transférable à quantité d'autres domaines ou entreprises... raison de plus pour ne pas laisser le silence s'installer.
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critiques presse (9)
LActualite
16 mai 2023
L’album aborde les conséquences écologiques de cette industrie, les conditions de travail difficiles, les milieux masculins souvent toxiques, mais aussi l’étrange solidarité qui se tisse parmi les expatriés qui s’y retrouvent.
Lire la critique sur le site : LActualite
Bibliobs
17 avril 2023
La dessinatrice canadienne Kate Beaton retrace son expérience dans l’industrie pétrolière, en Alberta, dans une bande dessinée, « Environnement toxique », un des livres préférés de Barack Obama.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
BoDoi
12 avril 2023
Dans ces scènes d’apparence anodine, elle brosse le portrait d’une population rurale prise au piège du chômage et contrainte de céder aux sirènes des dollars du pétrole.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bedeo
11 avril 2023
Une autobiographie saisissante sur l’expérience d’une jeune femme travaillant dans les sables bitumineux de l’Alberta, au Canada
Lire la critique sur le site : Bedeo
Auracan
11 avril 2023
L’autrice Kate Beaton décrit avec justesse l’ambiance particulière d’un milieu de confinement où les seules distractions, après un travail difficile dans des conditions sanitaires plutôt limite, sont les beuveries des jours de repos avec les opportunités de finir les soirées dans les draps d’une employée du groupe ou d’une autochtone. Malgré tout, l’autrice traite le sujet avec beaucoup d’empathie pour ces hommes loin de chez eux et qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas eu d’autre solution que d’accepter ce travail.
Lire la critique sur le site : Auracan
Actualitte
27 mars 2023
On sort de ce long voyage malmené, dégoûté non pas de l'espèce humaine, mais de ses représentants masculins et de la société mise en place au fil des siècles autour de leur petit confort viril et de leur camaraderie virulente. Certains appellent ça le patriarcat : dans ces planches ont prendrait plutôt ça pour de l'immaturité, de l'inconséquence et de la beaufitude.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
27 mars 2023
Il y a du Alison Bechdel dans l’écriture de Kate Beaton, qui raconte sa propre histoire dans Environnement toxique. L’autrice donne corps à ce monde opaque, implacable machine à broyer l’humain et la nature. Des touches d’humour bienvenues viennent compenser l’horreur qu’inspire son sombre témoignage.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
27 mars 2023
À l’âge de 21 ans, la Canadienne est partie travailler à l’ouest du pays dans une exploitation de pétrole. Elle a dessiné ses souvenirs de ce milieu sexiste et aliénant dans “Environnement toxique”.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
07 mars 2023
La dessinatrice Kate Beaton expose et exorcise les violences sexuelles dont elle a été la victime dans un récit au cœur des sables bitumineux canadiens.
Lire la critique sur le site : LesInrocks

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