Certes, l’aventure n’aurait pas été totalement inutile puisqu’elle aurait permis de ramener un exilé dans sa patrie, de sauver la vie d’un prêtre et de permettre à une jeune barbare d’accéder au statut enviable et respecté de libre courtisane, mais un séjour trop prolongé deviendrait vite monotone. À moins que le Pays Gala ne soit comme l’Atlantide à laquelle il ressemblait sous plus d’un aspect, condamné à être prochainement englouti sous les flots, rien d’intéressant ne se produirait et ce fut le rôle d’Ewryam de faire prendre conscience au Terrien que tout n’était pas autour de lui aussi normal qu’il voulait bien le croire.
Ewryam était un artiste peintre, dessinateur, graveur dont le cube d’habitation était tout proche de celui d’Alan ; dès le début, des relations de bon voisinage avaient rapproché les deux hommes et une cordiale amitié s’était vite établie.
Ce n’est pas uniquement une intuition féminine, bien que la mienne ne me trompe jamais ; il y a des faits qui, pour moi, ne laissent place à aucun doute. Sache d’abord que, lorsque je suis entrée dans la caste, c’est par Heervis. J’étais la fille d’un propriétaire terrien, nous nous sommes rencontrés, je suis devenue sa maîtresse et c’est donc grâce à lui que j’ai pu atteindre mon rang.
C’est bien souvent de cette façon que se font les grandes découvertes : celui qui ignore les règles admises et les principes en usage, qui part de zéro, a beaucoup de chances de faire mieux que les artisans chevronnés qui ne font que reproduire servilement ce que leurs maîtres leur ont appris…
Il n’y avait rien là de surprenant chez un alcoolique invétéré, probablement cardiopathe de surcroît. La respiration entrecoupée, pénible, dyspnéique, avait repris, le risque de mort immédiate par asphyxie était donc momentanément écarté, mais le pronostic n’en demeurait pas moins pessimiste, sauf intervention rapide. L’Envoyé ne tenta même pas de réfléchir, de se rappeler qu’aux yeux des Galéens il n’avait aucune qualification médicale.
Dans le sommeil, elle était redevenue semblable à une enfant, seul un lâche ou un fou sadique oserait violer une enfant endormie, et il s’agissait bien d’un viol, même s’il n’était que mental.