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Alain Delahaye (Traducteur)
EAN : 9782268065458
313 pages
Les Editions du Rocher (29/05/2008)
3.3/5   15 notes
Résumé :
Memento mori : "Rappelez-vous qu'il faut mourir". C'est par cette phrase, aussi laconique que désagréable, qu'un mauvais plaisant (ou un malade mental ?) importune à intervalles réguliers, lors de coups de téléphone anonymes, plusieurs personnes âgées appartenant à la meilleure société londonienne. La police semble impuissante à découvrir le coupable, et peu à peu la tension monte, car plusieurs des personnes qui ont reçu ces appels meurent effectivement - ce qui, v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pour débuter cette nouvelle rentrée scolaire, j'ai décidé de prendre une joyeuse résolution : me rappeler tous les jours la première des quatre fins dernières dont il faut toujours se souvenir – la Mort. Cette idée m'a été inspirée par l'un des personnages de Memento Mori après l'avoir lu dire :


«- Il est difficile, […] pour les personnes d'un âge avancé, de commencer à se rappeler qu'elles doivent mourir. Il vaut mieux prendre cette habitude dès la jeunesse. »


Peut-être ne deviendrais-je jamais « vieille » (et après avoir lu Memento Mori, on le souhaiterais presque), mais dans le doute, je préfère m'habituer à l'idée de ma mort dès à présent.


Est-ce que cela fonctionnera ? L'idée de la mort, en tant que mort personnelle, non conceptuelle et vécue dans l'instant de la réalité, semble ne jamais pouvoir s'implanter réellement dans une conscience. Un joyeux petit plaisantin en a fait l'expérience. Il ne cesse de passer des coups de téléphone à Charmian, Godfrey et leurs autres congénères du troisième âge, déambulateurs en mains et dentiers en mâchoires, pour leur rappeler quotidiennement cette vérité : « Rappelez-vous qu'il faut mourir ».



Plus que le message en lui-même, ce sont la régularité de ces appels, l'anonymat de l'interlocuteur et l'incompréhension de ses motivations qui perturbent ces seniors de la meilleure société londonienne. Pourtant, la menace proférée dans le message s'exécute bientôt, et les uns à la suite des autres, les victimes de ces appels téléphoniques meurent. Actes criminels, ou morts naturelles ? A quatre-vingts ans passés et parfois même largement révolus, cela n'a rien d'étonnant. Se met alors en branle la formidable valse des testaments. Les légataires se livrent des batailles silencieuses pendant que les vieux passent leurs derniers jours à se triturer la cervelle pour savoir qui de leur entourage mérite la plus grosse part du gâteau.


Aucun personnage de ce livre ne semble oublier la mort. Elle fait office de conversation quotidienne, et on place le sujet au milieu de deux évocations évasives, autour d'une tasse de thé. La mort, complètement décomplexée, donne tout d'abord un ton burlesque au livre de Muriel Spark, mais son intérêt s'effrite rapidement lorsque le lecteur finit par comprendre que ce qu'il avait pris pour la transgression absolue d'un tabou n'est en fait qu'une confusion : les seniors de Memento Mori n'ont pas conscience que la mort les fera véritablement mourir. Leurs échanges réguliers autour de la question ne sont qu'une façon de dédramatiser cet évènement, et ils le font si efficacement que l'ennui de la question ne tarde pas à se propager entre les pages du livre. La mort, oui ? Et alors ?


Les vivants sont beaucoup plus drôles, surtout lorsqu'ils passent à travers le scalpel descriptif de Muriel Spark. Intransigeante, elle ne se pare ni de tendresse, ni de condescendance pour dresser le portrait d'un troisième âge qui semble défini par le caprice et l'irrationalité. Devant ces tableaux de pensionnaires de maisons de retraite, le credo du « Memento Mori » ne semble plus vraiment effrayant. N'est-il pas beaucoup plus contraignant d'arriver à un âge où folie et sénilité se confondent ? C'est à ce moment-là qu'on comprend que le petit plaisantin à l'origine des appels téléphoniques anonymes n'était pas un contempteur de l'humanité, mais bien au contraire un philanthrope désireux de libérer les plus vieux spécimens de l'espèce humaine de leur condition dégradante.
Pas tendre du tout sans être particulièrement drôle, Memento Mori laisse une impression terne de lassitude, projeté à l'arrière-plan d'une banalité éternelle.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Muriel Spark fait partie de ces auteurs dont je n'ai jamais entendu parler jusqu'à récemment et qui titille ma curiosité. Memento Mori n'est pas son livre le plus célèbre, mais il arrive tout de même en deuxième position sur les sites de lecture. Comme il a tout l'air d'être épuisé en français, j'ai été toute contente de le trouver sur l'étagère d'un bouquiniste le mois dernier et je me suis lancée dans cette lecture avec gourmandise.
Mais j'en ressors moins enthousiaste que je ne l'ai commencée. L'idée me plaisait bien : un « casting » exclusivement de personnes âgées (à deux ou trois exceptions près, mais ce sont alors des rôles plus que secondaires), est-ce d'ailleurs plausible, ces gouvernantes qui, dans les années d'après-guerre (la mondiale, la deuxième) continuent à travailler après 70 ans bien sonnés ? ; un mystérieux personnage appelant nos petits vieux en se contentant de leur déclarer : « Rappelez-vous qu'il faut mourir »… Tout cela me paraissait grinçant à souhait.
Grinçant ça l'est, car Muriel Spark n'est pas tendre avec ses personnages dont elle dépeint avec férocité les travers, que ce soient leurs petits et leurs grands défauts, leurs ennuis de santé, la perte de leurs facultés intellectuelles, leur intérêt jamais démenti pour l'écriture et la réécriture de leur testament… Mais ce n'est que grinçant, lorsque j'espérais trouver aussi de la réflexion, et c'est cette attente déçue qui a gâché ma lecture. Je me serais contentée d'une nouvelle sur ce thème et ce ton, mais 250 pages bien tassées, c'était trop pour moi.
Un livre à réserver à ceux qui aiment l'humour anglais et les livres caustiques, de ce point de vue c'est une vraie réussite, mais il ne faut pas en attendre davantage. Après tout, « sans la conscience permanente de la mort, la vie devient insipide. C'est un peu comme si on se nourrissait exclusivement de blanc d'oeufs. » (p.194, Chapitre 11).
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C'est le troisième âge dans ses aspects les plus trépidants qui se taille la part du lion dans Memento Mori. Reprenant la locution latine du sage qui rappelle à chacun qu'il n'est qu'un locataire très temporaire de notre planète bleue, un impertinent s'évertue à appeler des seniors pour leur remémorer la fatale échéance. le problème est que les victimes ne sont absolument pas d'accord sur le signalement à donner à l'importun. Puis le lecteur est invité à partager les menées d'une indélicate gouvernante, chasseuse d'héritage, experte ès chantage, qui s'évertue à spolier les héritiers légitimes de leur magot. Parallèlement, un sociologue dilettante poursuit des études in vivo sur des croulants de sa connaissance, ne reculant pas devant l'emploi des bons offices d'une informatrice stipendiée, petite fille d'un poète véhément. Enfin le tableau ne serait pas complet sans la mise en situation haute en couleur de la faune grabataire dans un service de gériatrie.

Voici un roman qui, une fois n'est pas coutume, met au premier plan des oubliés relatifs des lettres. C'est avec un humour résolument estampillé outre-manche que Dame Muriel Spark met en scène les affres du grand-âge, son monde un peu étriqué et l'inévitable fin qui parachève le travail de décrépitude qui attend ceux qui n'ont pas le bon goût de mourir dans la force de l'âge.
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Dans ce livre très sombre, on parle de "vieux" et de "vielles" qui passent leur temps à faire et refaire sans cesse leur testament, seule occupation à leur yeux justifiant leur triste fin de vie. Roman très sarcastique, où des personnages plus loufoques les uns que les autres se succèdent sans cesse, personnages décrits avec cet humour si typiquement "british", mais j'avoue que j'ai eu du mal à tenir la distance, car au fond, cette histoire est bien trop loin de nos préoccupations quotidiennes pour que j'y ai trouvé un intérêt suffisant pour en conclure que c'est un bon ouvrage.
A ceux qui aiment l'humour anglais, je conseillerais plutôt David Lodge.
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Un livre présentant les vieux et la vieillesse avec un magnifique humour noir.
Muriel Spark nous présente les déboires de ces personnages âgées luttant avec la maladie, l'âge et les problèmes d'héritages.
Le sujet est traité avec beaucoup d'humour et malgré quelques longueurs, on s'attache facilement à ces petits vieux qui luttent chacun à leur manière, la vie mais aussi la mort.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Elle songeait que tout pourrait être bien pire, et elle plaignait la jeune génération qui venait au monde en ce moment : ses membres, dans leur vieillesse, qu’ils soient ou non de bonne famille, qu’ils soient ou non des gens cultivés, seraient contraints par la loi de finir leurs jours dans des salles pour malades chroniques ; à son avis tous les citoyens du Royaume verraient même la chose comme allant de soi ; et le temps viendrait sûrement où chacun terminerait sa vie en mamie ou papy à la charge de l’administration, à moins d’avoir été miséricordieusement mis au tombeau dans la fleur de l’âge.
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« Si j’avais la possibilité de recommencer ma vie, je prendrais l’habitude d’orienter chaque soir mes pensées vers la mort. Je m’exercerais, si l’on veut, à la remémoration de la mort. Aucun exercice ne confère à la vie autant d’intensité. La mort, quand elle approche, ne devrait pas nous prendre par surprise. Elle devrait être considérée comme faisant partie intégrante de tout ce que l’on est en droit d’attendre de la vie. Sans la conscience permanente de la mort, la vie devient insipide. C’est un peu comme si on se nourrissait exclusivement de blanc d’œuf. »
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Là-bas, les personnes relevant de la gériatrie étaient regroupées autour du poste de télévision ; en conséquence, elles faisaient un peu moins de bruit que d’habitude, mais cela ne les empêchait pas d’émettre de temps à autre une grande diversité de sons dentaux et gutturaux, et même parfois de se lancer dans une longue période qui était censée vouloir dire quelque chose. Celles qui avaient encore l’usage de leurs jambes quittaient par moments leurs fauteuils et déambulaient d’un bout à l’autre de la salle, faisant des signes à celles qui étaient clouées au lit ou se mettant à leur parler. Une malade de grande taille se versa un gobelet d’eau, qu’elle commença à porter à ses lèvres ; mais, oubliant son intention avant de l’avoir réalisée, elle reversa l’eau dans un autre pot ; ensuite elle tint le gobelet à l’envers au-dessus de sa tête, si bien que quelques gouttes d’eau qui restaient vinrent s’écraser sur son front. Elle parut fort contente de cet exploit. Dans leur ensemble, les personnes relevant de la gériatrie avaient une certaine propension à placer des objets sur leur tête.
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N’importe quelle autre femme, songea-t-elle, aurait la possibilité d’aller voir son mari et de lui dire : « Notre gouvernante menace de m’empoisonner » -ou bien d’exiger une enquête de la part de ses amis, de son fils, de son médecin. Mais Godfrey était poltron, Eric était hostile, et le médecin s’efforcerait de la calmer, avec l’idée qu’elle s’était mise à entretenir ces soupçons délirants caractéristiques des personnes âgées.
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Au bout de sa première année, elle résolut de faire de sa souffrance une affaire volontaire. Si telle est la volonté de Dieu, alors c’est aussi la mienne. Elle gagna grâce à cet état d’esprit une dignité décidée et apparente, et en même temps elle perdit sa résistance stoïque à la douleur. Elle se plaignit davantage, demanda plus souvent le bassin hygiénique, et n’hésita pas, un jour où l’infirmière tardait à l’apporter, à mouiller son lit comme le faisaient si fréquemment les autres mamies.
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Vidéo de Muriel Spark
Sandy Moffat on Dame Muriel Spark Sandy Moffat talks about his experience of painting a portrait of Dame Muriel Spark, Scottish novelist and author of 'The Prime of Miss Jean Brodie' and 'The Girls of Slender Means'.
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