COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS…
Extrait 3
nous allons sur le chemin d’encre
il ne mène qu’au corps d’amour
ce n’est pas une forme en soi
c’est l’espace tout alentour
devenu chair de nos pensées
quand le soir n’est plus que ténèbres
la lumière nous vient d’en bas
c’est la belle sueur du noir
et goutte à goutte elle fait voir
que tout change et ne se perd pas
que tout change au lieu de se perdre
ainsi fait le vocabulaire
qui nomme ceci par cela
puis fait du neuf avec du vieux
dès que la langue est amoureuse
la vie demeure une surprise…
la vie demeure une surprise
quand on s'étonne d'être là
comme un poisson est dans l'espace
sentir qu'on respire sa vue
nous fait l'âme plus attentive
l'Autre y gagne de la présence
laquelle est toujours réciproque
le mouvement de la rencontre
est le début d'une clarté
tandis que tombent les peaux mortes
je me souviens... tu t'en rappelles ?
avant, Tu, ne s'existait pas
ni dans ton crâne ni dans le mien
puis les têtes se sont ouvertes
pour mêler l'âme : à la pensée
//Edith Azam, Bernard Noël,
COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS…
Extrait 3
nous allons sur le chemin d’encre
il ne mène qu’au corps d’amour
ce n’est pas une forme en soi
c’est l’espace tout alentour
devenu chair de nos pensées
quand le soir n’est plus que ténèbres
la lumière nous vient d’en bas
c’est la belle sueur du noir
et goutte à goutte elle fait voir
que tout change et ne se perd pas
que tout change au lieu de se perdre
ainsi fait le vocabulaire
qui nomme ceci par cela
puis fait du neuf avec du vieux
dès que la langue est amoureuse
//Édith Azam, Bernard Noël
la main tendue…
la main tendue recrée du Nous
et voici le cœur dans la tête
le jour soudain change de goût
le présent ne va pas moins vite
mais il se mêle à nos caresses
je me souviens des premiers mots
des miens que je ne savais plus
du grand livre qui s'écrivait
mais en dessous mais... jusqu'aux os
et mes yeux ne savaient plus lire
un sourire efface l'obscur
le temps pourri n'est plus en nous
car l'amour l'a jeté dehors
la face tournée vers la face
les yeux font lever le bonheur
//Edith Azam, Bernard Noël,
je me souviens…
je me souviens de ce regard
que tu avais en me parlant
on aurait dit tu souriais
d'avoir tout simplement au bord
des lèvres des mots... et l'espoir
le passé a fait notre dos
le présent veut la station droite
l'avenir se cache alentour
et nul ne sait qu'ils se mélangent
quand le regard te fait l'amour
je me souviens aussi ta main
qui me tenait m'a ramenée
vers toi... mon corps vers toi
mon corps que tu tenais soudain
et moi j'avalais le vertige
//Edith Azam, Bernard Noël,
Edith AZAM – "Ça n'a pas d'importance" (France Culture, 2008)
L’émission « Ça rime à quoi ? », par Sophie Nauleau, diffusée le 28 septembre 2008.