Décembre m'a ciguë est un livre étrange, le titre nous l'annonce d'emblée. La 4 ième de couverture aussi
"X heures, Y minutes. Décembre neige dans mes os. Décembre neige et toi, Mamie, toi, tu..."
La narratrice attend. Elle voudrait tant ne pas attendre. Ce téléphone qui va sonner, cette mauvaise nouvelle qu'elle ne voudrait pas entendre... L'écriture est volontairement étrange, difficile de s'accrocher aux mots. Les phrases tapent, sans cesse. de temps en temps cela s'apaise un peu. Il y a des souvenirs heureux, des souvenirs avec -de- cette grand-mère qui est en train de mourir. Il fait froid, si froid. Et on le comprend.
Et ce téléphone qui sonne...Répondre? Ne pas répondre? le faire taire surtout. Car à un moment il dira ce que la narratrice refuse.
Les phrases sont coupées, écrites dans le désordre, des mots ont disparus. On avance difficilement quelquefois. On a du mal à suivre cette histoire chaotique à cause de cette langue hachée. Et puis on attrape le fil, c'est doux d'un seul coup avant que l'angoisse nous soulève brutalement. La narratrice nous entraîne dans ses tourments, dans sa peur.
L'écriture se fait poétique, souvent. Ce sont mes moments préférés. On pense à Valérie Rouzeau quand elle rend hommage à son père dans le long poème de son recueil "Pas revoir".
Dans ce roman c'est plus difficle à suivre, les chapitres sont très courts mais il y a peu de respiration et les mots se pressent.
Ce roman est rythmé par une histoire de quelques lignes qui revient sans cesse. Celle du chevalier Bran qui fut capturé par les anglais lors de la bataille de Kerlouan, en Bretagne, et qui attend l'aide de sa mère pour le libérer. Histoire que lui racontait sa mamie. Nous l'aurons en entier à la fin de ce livre.
La fin....
Le téléphone a fini par sonner. Un livre de douleur et de colère. Comme la vie?
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