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EAN : 9782908606843
529 pages
Entrelacs (11/11/2013)
4.5/5   4 notes
Résumé :

Sagesse céleste est la traduction française d’une des oeuvres les plus importantes du shaykh 'Alawî tant par les dimensions que par le contenu. Il constitue un authentique traité de soufisme contemporain. D’une apparence très accessible, son propos prendra selon le degré de compréhension de celui qui le lit une dimension plus ou moins universelle. Le saint soufi reprend ici les principaux enseignements du soufisme shâdhilî tels qu’on les trouve répandus dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une perle.
Un ouvrage indispensable à tout mutasawwif ou toute personne aimant le tasawwuf.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le voile qui s'interpose entre le serviteur et son Seigneur n'est autre que l'attribution de l'être (wujûd) au serviteur. Qui ne renonce pas à s'attribuer l'être à lui-même ne saurait rejoindre son Seigneur. Ces deux actes sont incompatibles : si tu es là, le Seigneur est absent, et si tu es absent, Il est là. Qui ne renonce pas à la conscience d'être ne pourra L'observer (shuhûd) (...) Lui qui « est » nécessairement (wâjib al-wujûd).

Il est logique que tout ce qui est puisse être vu, mais seulement par celui qui est mort. Or, il y'a deux sortes de mort : la mort en tant que créature et la mort à ce monde, cette dernière n'étant qu'une modification de la condition de l'existence créée, opérée par le Réel. L'une est immédiate, et l'autre vient à terme. La mort immédiate concerne l'élite des croyants, tandis que la mort à terme s'applique à la généralité des créatures : Tout âme goûtera la mort (3, 185). La mort des connaissants est une véritable mort (mawt), celle des autres n'étant qu'une simple perte (fawt) d'état ; en effet, la mort des connaissants est une rupture définitive avec la condition créée, tandis que celle des autres est une simple modification de la condition de l'existence créée, opérée par le Réel.
(...)
La « mort » des autres n'a qu'un sens figuré, et c'est pourquoi leur vision n'est que figurative (majâzî). Ce n'est pas une mort véritable mais un simple changement d'état, et si tu demandais à l'un de ces individus dans l'autre monde : « Qui es-tu ?», il te répondrait : « Je suis Untel, fils d'Untel. » Celui-là n'est pas mort, car si c'était le cas, il te dirait : « Je n'en sais rien. »

On questionna Abû Yazîd al-Bistâmî sur lui-même, à quoi il répondit : « Il est mort - que Dieu ne lui fasse pas miséricorde ! » Leur mort n'est donc suivie d'aucune résurrection. C'est le serviteur qui est mort, et c'est la réalité divine qui est ressuscitée, et personne d'autre. Quand tu vois le connaissant, après son extinction, ne crois pas qu'il s'agisse du même que celui que tu connaissais avant, car il n'est en est rien. « Ce qui n'était pas s'est éteint, et demeure ce qui n'a jamais cessé d'être. »

Il ne reste que Dieu, toute existence a disparu.
Ce qui est là est un, sans séparation.

Ce sont des gens que Dieu a pris et qu'Il a Lui-même replacés ; c'est Lui qui « est » et non eux. Il les a fait mourir, puis les a fait vivre ; alors il n'est pas étonnant qu'ils aient obtenu la vision, au point même de perdre conscience de Le voir. Et si le Murîd [disciple, aspirant dans la Voie] ne Se voyait Lui-même par Lui-même, nul autre ne Le verrait, parce que nul autre qu'Elle-même ne peut voir l'Essence : c'est Elle qui se voit Elle-même. Ainsi, seuls les ignorants s'imaginent que le connaissant voit (ra'â) Dieu, alors qu'en réalité, le seul qui puisse voir Dieu, c'est Dieu Lui-même.
(...)
Sache que celui qui meurt d'une mort ordinaire ouvre son regard pour la première fois, après sa mort, dans l'autre monde. Il devient un habitant de l'autre monde et constate alors : « J'étais au nombre des habitants du monde d'en bas. » Le résident de la Présence divine dit quant à lui : « J'étais dans la création. » Le premier considère la mort comme un malheur, s'appuyant sur Sa Parole : ...et que la calamité de la mort vous surprenne (5, 106). Quant au second, il s'écrie : « La mort est un ami ». Dis : « Oui, la mort que vous fuyez va vous rejoindre. Vous serez ramenés devant Celui qui connaît parfaitement l'apparent et le caché » (62, 8).

Cette mort est pour lui une monture qui le conduit à la réalité divine ; c'est un chemin de rencontre, après une longue et malheureuse séparation, car la mort le conduit à Celui qui connaît parfaitement l'apparent et le caché, c'est-à-dire qui connaît aussi bien le non-manifesté que la manifestation. Il est alors avec Lui, dans l'absence comme dans la présence, et n'attribue plus l'être à la création.

Un disciple disait à ce sujet : « Depuis que je suis entré en présence de la réalité divine, je ne suis plus sorti au devant des créatures. A chaque fois que j'ai voulu sortir, je n'ai pas réussi à me frayer un passage vers elle pour exister parmi elles, si bien que la création, à mes yeux, est inexistante. »

L'un d'eux disait en ce sens : « Depuis qu'ils sont arrivés, ils ne sont plus repartis. Depuis qu'ils se sont prosternés, ils ne se sont plus relevés. »

Depuis que je connais Dieu,
Je ne vois nul autre que Lui.
Ainsi l'altérité, à mes yeux,
Est quelque chose d'interdit.
Je ne crains plus la séparation,
Depuis que nous sommes réunis.
Arrivé à Lui, je vis dans l'union :
Voilà ma condition, aujourd'hui.

Pour obtenir ce qu'ils ont eu, il fallait en passer par la mort. Le Prophète a dit « Mourez avant de mourir » ['Ajlûnî, Kashf al-khafâ', n° 2669], car la mort apporte le repos éternel.

Nous n'en avons bu qu'une goutte et avons perdu la tête,
Et si nous en mourrions, cela n'aurait rien d'honteux. (pp. 324-328)
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Effectivement, elle [la science de l'Unicité, ou Tawhîd] est la plus élevée des sciences et la plus pure, la plus grande et la plus haute. Comment en serait-il autrement, alors qu'elle porte sur Celui auquel nul n'est semblable (42,11) ? Tous les savants s'accordent à dire que la valeur d'une science dépend de son objet, et donc, vu l'Objet de cette science, il n'y a pas de doute qu'elle est la plus élevée.

Mais ici, c'est la réalisation de l'Unicité propre à l'élite que se rapporte cette sentence de l'auteur [Sayyidī Abū Madyan Shuʻayb], celle qui s'obtient par la contemplation et le constat direct, et non celle [la théologie, le kalâm] qui découle de preuves et de démonstrations rationnelles. Il est vrai que cette seconde sorte de science compte également parmi les plus nobles, mais elle ne dépasse pas le stade de la raison, laisse subsister le voile et, même à son degré limite, ne saurait Le saisir tel qu'Il est : ce n'est donc pas de cela dont veut parler l'auteur.

Il vise bien la réalisation de l'Unicité propre à l'élite, celle à propos de laquelle le maître de cette communauté (tâ'ifa), Abû -l-Hasan al-Shâdhilî, disait : « Nous, nous contemplons Dieu par le regard de la foi et de la certitude, ce qui nous dispense des preuves et des raisonnements. Nous ne voyons aucune créature devant nous. D'ailleurs, existe-t-il autre chose que le Roi, le Réel ? S'il doit y avoir quelque chose, ce n'est qu'une sorte de poussière dans l’atmosphère, et si tu y regardes de plus prés, tu verras qu'il n'y a rien. » Voilà ce dont il est question lorsqu'on parle de réalisation de l'Unicité propre aux gens de Dieu : cela n'a donc rien à voir avec ce que le commun des croyants entend par le mot tawhîd.

Pour le peuple, il s'agit d'une reconnaissance de la grandeur divine, qui emplit le cœur et s’avère ineffable. Le cheikh Hallâj fut questionné au sujet de la doctrine de l'Unicité, au moment même où il allait être exécuté. Voici ce qu'il répondit : « Son plus bas degré est cet état dans lequel vous me voyez. » Qushayrî raconta qu'il a lu l'histoire suivante, écrite de la main du cheikh Abû 'Alî : « Quelqu'un demanda à un soufi :

- Où est Dieu ?

- Malheur à toi ! Il n'y a pas de "où" avec l'Essence ! »

Pour mieux sonder son état, j'ai demandé un jour à un disciple, au moment même où il se trouvait submergé par l'immensité divine : « L'esprit ou le secret le plus profond (sirr) de l'être peuvent-ils embrasser l'immensité divine ?" Il s'étonna de ma question et répondit : « La science de Dieu elle-même ne peut embrasser Son immensité, car celle-ci n'a pas de limite ! » Ses propos m’émerveillèrent et je compris qu'il se trouvait réellement et complétement submergé par l'immensité divine.

En résumé, on peut dire de la réalisation de l'Unicité propre à l'élite ce qu'en a dit Ibn 'Atâ' Allâh dans ses Latâ'if al-minan : « J'ai entendu mon maître, Abû l-'Abbâs al-Mursî, dire que Dieu a des serviteurs qui ont fait disparaître leurs actes dans les Siens, leurs attributs dans les Siens et leur être dans Son Être. Il leur a confié des secrets dont la plupart des saints ne pourraient même pas entendre parler. Ces serviteurs se sont immergés dans l'océan de l'Essence et le courant des Attributs. » Il y'a donc là trois sortes d'extinction : abandonner tes actes pour demeurer avec les Siens, abandonner tes attributs pour demeurer dans les Siens, abandonner ton être pour le Sien.

En conclusion, lorsque Dieu veut combler Son serviteur, Il lui dévoile Son immensité, l'immerge dans Sa contemplation, et l'arrache à lui-même par ce qui vient de Lui. Gloire à Celui qui seul détient l'Unicité et l'Omnipotence : Nul n'est semblable à Lui. Il est Celui qui entend et qui voit (42, 11) (pp. 149-150)
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Abû l-Hasan Yûsuf al-Qurtubî raconte que son père vit un jour le juriste Abû Muhammad 'Abd al-Rahmân marcher dans un chemin boueux en plein hiver, lorsqu'un chien arriva en sens inverse :

« Il s'arrêta, raconte le père d'Abû l-Hasan, et se colla au mur pour laisser passer le chien, attendant pour reprendre son chemin que le chien soit passé. Mais quand le chien arriva, Abû Muhammad passa de l'autre côté du chemin, c'est-à-dire sur le bas-côté, afin que l'animal puisse passer du côté le plus haut. C'est alors que j'arrivai à sa hauteur. J’eus l’impression qu'il était triste.

- Sîdi, je viens de te voir faire quelque chose de bien étrange, lui dis-je. Pourquoi t'es-tu jeté dans la boue et as-tu laissé passer ce chien là où le chemin était praticable ?

- Quand je m'apprêtai à laisser passer le chien, je me suis rendu compte que le mur auquel je me collais se trouvait sur la partie haute du chemin, et j'ai alors pensé que c'était me placer plus haut que lui, alors qu'il vaut mieux que moi et qu'il est bien plus digne d'être honoré. En effet, j'ai désobéi à Dieu et suis couvert de pêchés, ce qui n'est pas son cas. Voilà pourquoi je suis passé sur le bas-côté, mais maintenant j'ai peur d'avoir provoqué la colère de Dieu pour m'être élevé au-dessus d'un être qui vaut mieux que moi. Pourvu qu'Il me pardonne ! » (pp. 140-141)
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