Quel bonheur cette lecture ! Un vrai petit bijou de tendresse et d'humanithé.*
Katrine Parent nous offre ici un premier roman réussi, un conte touchant qui nous interroge sur notre sens de l'accueil, l'hospitalité dont nous sommes capables -ou non- sur le repli sur soi.
Saint Icitte est un village intemporel, qui a toujours été là, comme figé dans le temps, « où on voyait encore en noir et blanc jusqu'à tout récemment ».Un hameau paisible, où le quotidien fait de routine s'assure du bon déroulement des choses. Chaque mois, chaque journée sont ponctués de rituels, rythmés par le clocher de l'église. C'est tout ce bel équilibre qu'une bergère étrangère menace.
Une structure répétitive ponctue les chapitres comme autant de refrains, nous entrainant à la découverte des habitants du village où personne ne sait ce qui passe hors de ses limites. Personne n'est jamais venu à Saint Icitte et personne ne l'a jamais quitté. Jusqu'à l'arrivée d'une étrange qui n'a pas les mêmes manières que les gens d'Icitte mais qui est bien fine quand même.
Chaque habitant a un nom truculent en rapport avec son caractère ou son métier, comme l'aubergiste, la Mère Aboire ou le chasseur Adélard Balette. Les jeux de mots et les mots-valises tous originaux émaillent le récit et font sourire d'un bout à l'autre.
Tout a l'air paisible à Saint Icitte mais à y regarder de plus près, c'est loin d'être le cas. Notre bergère (dont le nom ne sera révélé qu'à la page 196) devra faire preuve de patience et d'écoute pour toucher le coeur des villageois, bien peu habitués aux égards dont elle fait preuve envers eux.
Ce récit aux courts chapitres fera une merveilleuse histoire du soir à découvrir au fil des jours. D'une belle écriture, fine et précise, elle touchera sans aucun doute. Et humour et poésie plairont aux petits comme aux grands.
Espérons qu'elle change aussi le regard que chacun porte sur l'autre, différent de lui.
*Non, ce n'est pas une erreur. Pour comprendre, il faut lire ce récit.