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EAN : 9782490774326
184 pages
La Nerthe (29/05/2022)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Henri Abril, poète d’expression française, a fait des études de slavistique et de poétique comparée à l’université Lomonossov de Moscou, ville où il a longtemps vécu avant de se déposer en Espagne, le pays de ses ancêtres. Recueils Syllabaire / si l’aube ; Gare Mandelstam ; Byzance, le sexe de l’utopie ; Intime étymon ; Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, ainsi qu’un livre de poésies écrites en russe. Il est connu pour ses traductions, marquées par un souci d’équiva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je lis depuis longtemps les traductions de poètes russes faites par Henri Abril, car elles me plaisent par leur ambition -- réussie selon moi -- de restituer le sens sans sacrifier la forme (rythme, mesure, rime, souvent même allitérations). Et voilà que je tombe pour la première fois (sur Amazon) sur un livre de poèmes à lui : Rarures et dérades (éd. La Nerthe). Et je l'avoue, je suis conquis, je comprends mieux même qu'il ait aussi bien réussi ses traductions poétiques. Possédant apparemment toutes les formes, du sonnet au vers libre moderne, il exprime une poignant joie-douleur de vivre. A lire et goûter sans modération.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
sur le toit

Vivre ce n’est pas vivre
la gorge nouée face au miroir,
sur le plancher des vaches
enceintes poussées vers l’abattoir

Vivre ce n’est pas comme
avoir toutes les nuits été rêvé
par l’immanence des oracles,
par une pucelle aux yeux délavés

J’étais né au pivot de l’automne
pour me baigner dans la fange salutaire
de l’amour et de l’amitié, puis vieillir
avec les refuzniks de tout inventaire

Me voilà nu sur le toit, un pinceau de lune
titille mon âme désossée,
ma verge témoin des joyeux naufrages,
mourir ne sera pas ma dernière pensée

*
comme si

Poésie d’un jour, papillon
docile à l’instant qui nous fige
comme l’élyme des dunes sarmates

Cœur ébloui, lèvres à vif,
clameur tentaculaire
venant couvrir le pathos
d’un macrocosme hors de portée

On rampe sur nous-mêmes,
le poing serré,
on expire une aria indigène,
une rengaine détournée

Peut-être y avait-il
autre chose,
une folie plus âpre, des blés
chantants nés de la pierre

Peut-être aurions-nous pu
entendre chuchoter les ossuaires
sous des ciels innocents

Poésie d’un jour
qui nous empoigne, nous écartèle
comme si nous étions encore
sans âme entre les mains de Dieu,
à l’unisson des cristaux
et de leur flamme bleue

*
belles heaulmières
Ainsi en prend à maints et maintes


Maintes avaient tant de mains
qu’elles auraient pu broder
la trace des voix évanouies,
ma doublure ayant repris son arc
pour des duels surannés

Maintes avaient égaré en chemin
le don des circonstances fugitives,
mais paraissaient plus glorieuses encore
que le ciel-fleuve des conquérants
où les siècles ne coulent plus

Maintes, déployées sur parchemin,
gardaient à leurs lèvres en sang
le goût et sentiment de l’aborigène,
la haine glissant vers un abîme
tapissé d’ongles et d’injures imberbes

Maintes aussi vivaient des lendemains
tripatouillés, flétris, recomposés
par deux ou trois positions illicites,
et le soleil jouait sur leur paillasse à l’aube
comme une annonce de salut
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voix blanche

Parce que rien n’est plus
de ce qui nous faisait communier,
épaule contre épaule,
avec le théâtre des ombres,
en donnant à contre-jour le change
aux élagueurs de branches et d’étoiles

Je me regarde désormais m’en
aller, comme on voulait jadis
que soient reniées palinodies
et panoplies de l’âge arborescent,
laissée la défroque des saisons
aux sempiternels barbares

Et je m’écoute balbutier
une langue déjà blanche,
sans émoi ni gratitude
pour d’improbables résurrections,
une prosodie qui s’épuise à m’enfouir
dans les rêves d’oiseaux à jamais disparus
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tentative de sonnet
рецепт невиданной свободы
голодным ангелам оставим
Victor Krivouline

Bien sûr que je me souviens de Léningrad,
des quelques mois de tortueuse liberté,
Krivouline en toute impunité
étreignant Antigone sur la balustrade

Et je pourrais aussi raconter
la chair de poule des vieux camarades
quand la Néva, arrogante et un peu crade,
s’est déversée dans une aube vierge d’athées

Ô, remonte vers les fins sans racines,
meute des anges affamés,
vois l’arc-en-ciel qui se dessine

sur une ébauche du cosmos futur
où le plus fou besoin d’aimer
aura cessé de n’être qu’une oiseuse posture
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