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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'autre moitié du soleil, c'est le soleil de l'est, celui qui annonce l'aube d'une nouvelle vie au sein d'une nouvelle patrie, c'est le drapeau du Biafra.

Ce roman se déroule dans les années 60 dans la région est du Nigéria peuplée aux deux tiers par les Igbos majoritairement chrétiens. On y suit en particulier les jumelles Olanna et Kainene qui se sont éloignées l'une de l'autre. Chacune de son côté vit un quotidien banal, avec son lot de petits bonheurs et de déceptions, mais qui les rend profondément attachantes. le monde de Kainene est encré dans la réalité, elle travaille dans l'entreprise de son père et n'entretient pas beaucoup d'illusions sur la vie. Olanna est une intellectuelle et avec son amant Odenigbo, leurs ami(e)s et relations, ils parlent politique et refont le monde.

Or, depuis l'indépendance en 1960 les tensions entre les Igbos et les autres principales ethnies du pays, les Haoussa-Foulani (nord) et les Yorouba (sud-ouest) à majorité musulmane ne cessent de monter. Cet état de fait va entraîner un bouleversement majeur dans la vie des deux soeurs igbos car après moult bouleversements politiques, un coup d'État militaire installe Yakubu Gawon au pouvoir et pousse la région du Nigéria oriental à faire sécession.
Ainsi le 30 mai 1967, son gouverneur militaire Odumegwu Ojukwu, proclame la "République indépendante du Biafra".

Malheureusement pour le Biafra, c'est la région du Nigéria la plus riche en ressources agricoles, minières et avant tout pétrolières puisqu'il recèle les deux tiers des réserves de pétrole du pays. Cette sécession ne sera donc pas tolérée et Gowon lance les hostilités pour récupérer son territoire : blocus alimentaire, offensives armées et bombardements aériens vont devenir le quotidien de nos personnages. Ils vont subir de plein fouet les conséquences de cette guerre soutenue par la Grande-Bretagne et l'Union Soviétique et leur vie vire alors du banal au tragique.

Ce roman est pour moi une réelle prouesse car Chimamanda Ngozie Adichie nous "attrape" avec des personnages qui n'aspirent qu'à une vie simple et tranquille comme nous tous et qui vont être confrontés à ce qu'il y a de pire en ce monde, la guerre.
On les aime Olanna, Kainene, Ugwu, Richard, Odenigbo, Madu et tous les autres, on a envie de savoir ce qui va leur arriver, on a peur pour eux, on pleure avec eux, on est heureux avec eux. Ainsi, tout le génie de l'auteure se révèle, car sans qu'on s'en aperçoive, on lit une page d'Histoire, celle de la Guerre du Biafra (1967-1970).

Une guerre qui n'a pas concerné grand monde. Nous regardions au journal télévisé ces enfants au ventre gonflé, ces os saillants et, au mieux, on versait une larme. On se dépêchait de "finir notre assiette" avant de sortir de table et on oubliait bien vite. Et pourtant cette guerre a fait plus d'un million de mort et rayé le Biafra de la carte. Ainsi, pour la citer, "le monde s'est tu pendant que nous mourrions", or, Chimamanda Ngozie Adichie ne serait pas là si ses parents Igbos n'avaient pas survécus et nous serions privés de cet excellent roman et de sa brillante auteure.

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Au début des années 60, le Nigéria est un jeune Etat indépendant. A Lagos, Olanna et Kainene, soeurs jumelles, profitent de cet élan de renouveau post-colonisation. Elles appartiennent à une famille bourgeoise aisée igbo, une ethnie majoritairement chrétienne présente principalement dans l'est du pays, dans la région du Biafra. Chacune des deux jeunes femmes vit sa vie de son côté : la belle et plantureuse Olanna et son amoureux Odenigbo font partie d'un cercle d'intellectuels universitaires qui discutent politique et refont le monde à la moindre occasion. La froide et sarcastique Kainene, au physique plus ingrat, travaille quant à elle dans une des entreprises de son père, et entretient une relation avec Richard, journaliste britannique entiché de culture et de traditions igbos.
Depuis l'indépendance, les tensions sont vives entre les Igbos et les deux autres principales ethnies majoritairement musulmanes (les Haoussas au nord du pays et les Yorubas au sud-ouest). Au fil du temps, elles ne font que s'exacerber. Entre troubles politiques et coups d'Etat, les Igbos sont ostracisés, accusés de tous les maux, et finissent par être chassés ou massacrés dans les régions où ils sont minoritaires, selon un processus qui évoque furieusement la mécanique du génocide rwandais.
Les deux soeurs et leur entourage n'échapperont pas à la spirale infernale qui s'empare du pays, jusqu'à la sécession du Biafra en 1967 et la guerre de reconquête menée par le Nigéria jusqu'en 1970.
Le demi-soleil du titre est celui qui s'est étalé en jaune éclatant entre 1967 et 1970 sur l'éphémère drapeau du Biafra, Etat qui n'a pas survécu à la guerre et la famine terribles qui ont découlé de sa proclamation d'indépendance. de ces événements, seules ont percolé jusqu'en Occident ces images, diffusées aux journaux télévisés, d'enfants faméliques aux os saillants et aux ventres gonflés. Images qui n'ont eu d'autres conséquences que de donner vaguement mauvaise conscience aux téléspectateurs en les poussant chaque soir à terminer leur assiette avant de quitter la table.

« Le monde s'est tu pendant que nous mourions ». En effet, les grands de ce monde n'ont pas été nombreux à se préoccuper du triste sort des Biafrais. Ceux-ci, pour leur plus grand malheur, vivaient dans une région riche en pétrole notamment, ce qui explique que, pour le Nigéria, téléguidé par le Royaume-Uni et l'URSS (alliés en pleine guerre froide, c'est dire l'ampleur de la convoitise), il était hors de question de perdre la plus infime parcelle de souveraineté sur cette manne. D'où le blocage des frontières, les bombardements et les massacres, provoquant l'exode de milliers d'Igbos vers le Biafra et une pénurie alimentaire dramatique.
Au travers des histoires d'Olanna et Kainene, en alternant début et fin des années 60, l'auteure nous raconte celle du Biafra. Elle parvient à créer une empathie totale entre le lecteur et les personnages : on souffre de les voir souffrir, on a envie de garder comme eux cet espoir fou que le Biafra va gagner la guerre. Une page d'histoire à découvrir ou à se rappeler, et un roman magnifiquement écrit, puissant, cruel, passionnant, bouleversant.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Exceptionnel !
Magistral roman qui retrace une période douloureuse de l'histoire du Nigéria (l'auteure est nigériane) : la guerre du Biafra et le massacre des populations y vivant en organisant un blocus terrestre et maritime générant la famine et la mort des habitants.

Le début met en place les personnages, élite bourgeoise multiethnique et intellectuelle du Nigéria récemment indépendant.
J'ai compris qu'il me fallait passer par l'étape "Wikipédia est mon ami" afin de situer les villes citées. Et de fil en aiguille me remémorer la guerre du Biafra. Enfin "remémorer" me paraît bien présomptueux. Pour moi le Biafra, c'est la création des "French Doctors" et la famine. Je n'en savais pas plus. Donc passage par Wikipédia afin de profiter pleinement de ce roman. Soit dit en passant j'ai ainsi découvert que la définition initiale de "marasme" est celle d'une maladie : la dénutrition infantile particulièrement grave - pour éviter de dire mortelle. J'utilise souvent ce terme mais dans une autre acception. Je sens que ça va être plus compliqué désormais de l'utiliser de façon nonchalante....

Ce roman est à couper le souffle, impossible de le lâcher (en dépit de son épaisseur). On sent que l'auteure, si elle n'a pas connu cette période, est concernée par ce qu'a subi sa famille à l'époque (ses deux grands-pères n'ont pas survécu à cette guerre), par ce qu'ont subi les Igbos en général dont elle fait partie.
Un roman époustouflant. Magnifique et dur.
Un livre marquant que je ne vais pas oublier. Comme je n'oublierai pas les deux héroïnes principales....
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Une relecture bienvenue.
En effet, je n'avais pas aimé, il y a dix ans, passer à côté de cet ouvrage : par affection pour l'auteure et par intérêt pour le sujet.
C. N. Adichie revient sur la guerre du Biafra (Nigéria), à travers le parcours de deux soeurs (chacune en couple) et de leurs interactions, dans un contexte socio-politique qui oscille entre espoirs et craintes.

Le récit foisonnant de détails alterne les deux périodes exigeant une certaine concentration dans la lecture. Ainsi, l'auteure confronte les points de vue sur cette tragédie quel que soit le genre, la catégorie socio-professionnelle ou la génération. Elle dresse également un parallèle entre la vie d'avant des protagonistes et l'impact de cette guerre dans leur quotidien et leurs rapports aux autres.

Aussi, les positions sont revisitées au fil de l'histoire comme Odenigbo, fiancé D'Olanna qui voyait en l'indépendance du Biafra, la meilleure façon de protéger les siens avant d'être nuancé dans son premier cercle puis contredit par les faits de guerre ; les deux soeurs naguère brouillées qui se rapprocheront ; ou encore, Ugwu "boy" d'Odenigbo qui sous les bombardements, s'interroge sur les méthodes de la croix rouge …

Puisque "le monde s'est tu pendant qu'ils mouraient" Chimamanda Ngozi Adichie fait resonner, avec force et précision, la voix de ceux qui ont subi cette guerre aujourd'hui oubliée.
Instructif et bouleversant.



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Roman coup de coeur. Dont le titre m'a d'abord interpellée avant que je ne cède à son appel. La lecture de cette fresque nigériane relatant une période charnière de l'histoire du pays - la guerre du Biafra et ses prémices – est bouleversante.

Le charme a opéré dès les premières lignes. J'admire le travail fait sur les personnages et ai adoré suivre leurs relations. La plus marquante pour moi étant celle des jumelles Olanna et Kainene. Aussi dissemblables l'une de l'autre que possible : le jour et la nuit, le soleil et la lune. Leur relation, faite de distance et de rapprochement est empreinte d'une belle sororité. Kainene est juste extraordinaire, c'est une figure féminine littéraire qui m'a marquée. D'une impassibilité granitique et d'un humour grinçant, elle contraste fortement avec Olanna, plus solaire et naïve. Tel un balancier, j'ai retrouvé le même contraste de caractères au sein des couples. Richard l'amant de Kainene est doux, Odenigbo l'amant d'Olanna est rêche, fier, dans son monde. Intellectuel engagé, il incarne celui qui va connaître la face sombre de ses idéaux, la désillusion. Ugwu, le boy d'Odenigbo et Olanna, est le témoin silencieux, le point de fuite de cette toile humaine. Très intelligent mais encore jeune, il apporte pendant une bonne partie du livre des touches de légèreté bienvenues par ses pensées encore immatures et superstitieuses. le tout est raconté du point de vue d'Ugwu, Olanna et Richard. Jamais de Kainene, ce qui renforce son côté obscur et indéchiffrable ; le lecteur n'ayant pas accès à ses pensées le voile n'est jamais levé. Petit tour de force, malgré le nombre de personnages secondaires, ils ne s'oublient pas facilement non plus.

On l'aura compris, je trouve ce roman magnifique. Derrière l'aspect purement romancé se cache discrètement la somme énorme de travail de documentation qu'il a dû exiger. L'histoire familiale de l'autrice, marquée par ce sombre épisode en a également alimenté l'écriture. le roman étant assez long et le sujet lourd, j'ai trouvé fin de sa part de ne pas assommer son lecteur par un cours magistral et un étalage indigeste de détails comme cela peut parfois être le cas avec les romans historiques. Elle a habilement semé ses indices, mêlant histoires intimes et grande histoire, que ce soit dans les situations vécues par les personnages, les dialogues et les descriptions de la vie quotidienne. Les événements s'enchaînent, leurs cours s'enlisent, de plus en plus terribles. Néanmoins l'écriture ne verse jamais dans le pathos et la violence gratuite. Au delà d'être bien dosé, la multiplicité des points de vue donne aussi une vision multifacette de la situation et de la société nigériane : les différentes minorités et ethnies (Igbos, Haoussas, Yoroubas, ...), les rapports de force, les interactions avec les pays occidentaux ainsi que les ingérences de ces derniers avant et pendant la guerre du Biafra,... L'autre moitié du soleil a été une vraie découverte et est - à mon humble avis - une très bonne entrée en matière dans l'oeuvre de Chimamanda Ngozi Adichie.
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Je lis pour voyager, m'évader, découvrir des personnages, des lieux, des situations de vie. Ainsi si les petites et la grande histoires peuvent aussi se rencontrer, je suis comblée.
J'ai lu L'autre moitié du soleil il y a de nombreuses années et il comporte selon moi toutes ces qualités.
A partir du quotidien de deux soeurs aux caractères et choix différents, appartenant à l'élite intellectuelle nigériane, ce sont leurs espoirs, leur vie que l'on découvre, d'abord cossu et protégé. Puis la guerre du Biafra, ses horreurs pour des populations qui n'ont rien demandé, et donc pour cette famille.
Une histoire à la fois banale malheureusement car elle se répète partout au fil des siècles et en même temps passionnante, mettant des visages, des images sur une guerre et une région que je ne connaissais quasiment pas.
L'écriture de Chimamanda Ngozie Adichie est précise et fine, ce qui facilite la lecture de ce pavé que j'ai souvent conseillé à mes proches lecteurs.
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Un récit poignant pour ne pas oublier, pour ne pas oublier... que la guerre est laide.
Des petites histoires empreintes d'une forte émotion s'insérant dans la Grande Histoire, un témoignage dense et riche sur la guerre qui opposa le Nigéria contre le Biafra.
Merci pour ce petit bijou qui remue, qui a fait naître un étrange sentiment au fond de mes entrailles, un sentiment de colère mais aussi de profonde admiration, pour ces peuples qui combattent, à l'affût du moindre petit élément de survie, et qui, de si peu, se contentent pour survivre.
La force de ce récit réside dans ses personnages, puissants, souffles de vie, avides de paix et de sérénité.
À l'instar de "Petit pays" de Gaël Faye, l'auteure pointent du doigt le colonialisme, force stratège visant à essouffler et assoiffer les peuples, ciblant leurs richesses, voleur meurtrier, profiter au plus haut point, un point démesuré qui condamne, tire un trait sur de nombreuses vies, s'acharne, viole, tue, condamne ...
Un témoignage puissant, émouvant, une lecture qui laisse des traces, qui m'a transportée bien loin de mon quotidien, une lecture qui apporte son lot de souffrances, d'espoirs, aussi.
Je souhaiterais sonner l'optimisme, évoquer et mettre en avant la solidarité, si présente et touchante dans ce récit. L'Histoire se répète, les leçons s'oublie trop facilement, la honte submerge, occupe son espace, un sentiment d'impuissance, douloureux, ancré et, (oups) la note pessimiste surgit, incontrôlable, j'en suis navrée. Ce récit m'a beaucoup touchée, et mes émotions ont eu raison de la lumière que je souhaitais voir émaner de cette chronique. Une part d'ombre, oui, on ne s'en affranchit pas si facilement, ... mais ...l'autre moitié du soleil brille. Gardons espoir.

«Puissions-nous ne jamais oublier.»
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Encore une fois, merci mes libraires préférés. Parce que sincèrement, sans vos conseils, un livre sur la guerre du Biafra, je ne suis pas sûre que je me serais précipitée... et pourtant.C'est le miracle des grands auteurs: rien à voir avec un cours d'histoire, parce que Chimamanda Ngozi Adichie m'a emmenée au Nigeria, de Lagos à Port Harcourt, de Nsukka, avant et pendant cette guerre. Elle m'a emmenée, aux côtés de ses personnages, qui sont devenus vivants. Elle m'a emmenée partager la vie quotidienne d'un groupe d'amis igbos, partager leurs discussions un rien utopique , assister aux prémices de cette guerre, entrer dans les méandres des petits (ou gros) arrangements économiques, comprendre, un peu, le fonctionnement du Nigeria des années 60. Et la guerre, la famine, de l'autre côté de l'écran de télé. de la guerre du Biafra, je n'avais que ces images atroces qui illustraient le livre d'histoire. Comme si on pouvait illustrer. Et là, la guerre a un visage, des visages, des causes complexes, et une misère, universelle.
Un roman magnifique, une traduction superbe de Mona de Pracontal, qui a d'ailleurs reçu le prix Baudelaire.
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Le titre est beau, la petite histoire dans la grande est belle, ce livre est passé trop vite, comme souvent les bons moments...

Bien sûr il faut avoir envie de traverser la guerre du Biafra avec Olanna, Odenigbo et Ugwu qui rêvaient d'indépendance et n'ont eu que la famine.... Mais ce voyage est sans larmoiement, il veut juste expliquer ce qui est difficile à comprendre dans une guerre civile entre frères.
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Roman ultra puissant !
Je suis assez âgée pour me souvenir des images des enfants du Biafra, mais je ne connaissais pas l'histoire tragique de ce pays.

C'est surtout l'histoire de deux soeurs, leurs amours, leurs emmerdes, et la vie des Igbos dans les années 60, qui pour échapper à la jeune république du Nigéria suite à des massacres, décide de faire sécession pour leur région de l'est du pays.

Évidemment, la liberté et l'indépendance ne seront pas au bout du chemin, puisque le Biafra a vécu moins de trois ans d'existence.

Tout le livre tourne autour de la liberté des peuples à décider pour eux-même, et également de l'indépendance des femmes au milieu de tout cela, et forcément du racisme.
C'est passionnant, mais cruel aussi, comme dans toutes les guerres, mais ce que je ne savais pas, c'est que la famine avait été utilisée comme arme de guerre. Comme trop souvent, les puissances étrangères n'en sortent pas innocentes.

Franchement ? À lire !

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