Chaque matin, fidèle au poste, un vieil homme regarde la mer. Son travail ? Entretenir l'île dont il est le dernier habitant. Depuis dix ans, il n'a plus de nouvelles du reste de l'humanité. Tous les jours, la mer charrie un corps marqué d'un étrange tatouage dans le cou. le vieil homme offre alors une sépulture décente à ces hommes et femmes, dans le
jardin des oubliés.
Jusqu'au jour où il retrouve une femme, encore vivante. Muette, elle a également perdu la mémoire. Son arrivée va bousculer l'équilibre de l'île.
« Elle est arrivée sans son histoire. »
Je dis un grand OUI !
Voilà une autre de ces pépites littéraires, hors des grands boulevards éditoriaux, une douceur bienvenue, non par son contenu mais par sa délicate originalité.
Encore que.
Si je devais définir ce texte, je dirais qu'il s'agit d'un roman post-apocalyptique doux et poétique. Oui, doux, malgré le résumé que j'ai pu en faire.
Ici, point d'humains robotisés armés jusqu'aux dents près à découdre avec des rebelles tatoués ou aux prises avec un virus mutant. Point de société ultra-techniquée, pas de pouvoir dictatorial pour remettre tout le monde dans le (nouveau) droit chemin, pas non plus de monstres à canaliser.
Non, ici l'après-apocalyse dont on ne sait rien ou pas grand chose rime avec coquillages et crustacés. Attention, loin de moi l'idée d'affirmer que la vie y est définitivement agréable. La solitude pèse, les corps questionnent, inquiètent et l'arrivée de la femme n'est pas de si bon augure.
C'est un peu une invitation au voyage sur une île dont on sait tout, d'un bout à l'autre, sans plus aucune surprise que celle (magnifique) d'être encore en vie le lendemain.
Le récit dégage une puissante humanité qui enveloppe et réchauffe, et les corps échoués ne sont pas sans rappeler ceux des migrants que la mer rejette sur le rivage.
Bilan :
Une ode à a l'autre, l'inconnu, l'imprévisible, l'ailleurs. Un doux songe envoûtant. Une fin ouverte et tant mieux! J'aime l'idée que ce texte puisse continuer dans les têtes de celles et ceux qui l'auront découvert. Que chacun.e puisse se l'approprier.
Coup de coeur !