Un livre lu il y a une vingtaine d'années, relu, une ou deux fois et puis un peu oublié…
Mijouet l'a rouvert, il y a quelques jours, et, surprise, avec un nouveau regard :
Avant tout il apprécie l'absence de style marquée dans l'écriture de Nadine Alcan, qui privilégie un assemblage de mots d'une densité, dont il ne se souvenait pas.
Cela met le lecteur en prise direct avec le texte, sans distractions collatérales. Il en résulte un texte percutant, ne laissant pas un instant de répit.
Quoi de mieux pour capter son attention sur l'histoire d'un couple cherchant l'amour absolu. Lui, inconsciemment plongé dans un manichéisme réducteur et finalement fatal, se porte pour mort, tout en laissant son journal à elle, qui cherche sa survie dans la lecture de ce journal et dans une recherche impérative de rapports charnels hors du commun, quitte à user d'artefacts pour, au travers de ces rencontres, vivre des retrouvailles oniriques dans ces bras disparus. La fiction de l'un sera rejointe par la réalité de l'autre et ils finiront par se perdre pour l'éternité… (pour Mijouet, la partie la plus faible de l'histoire, dommage !)
Mijouet a découvert également, une discrète mais fine préface de l'artiste qui s'est chargée de l'illustration des couvertures de ce livre :
« Si le visible est si troublant, c'est parce que l'on sent bien que ce que l'on voit cache quelque chose, et exprime. Ce qui est exprimé n'est pas clair et ce qui est caché, même pressenti, est obscur. le visible est-il la réalité ? La réalité du visible est-elle ce que l'on voit ? le visible prend-il son sens dans ce qui l'incarne ? le visible ne dit-il que ce qu'on lui fait dire ? Où se trouve la réalité ?
J'interroge le visible à travers notre objet/sujet de connaissance privilégié : le corps. Dans les représentations que j'en donne, son caractère charnel est concentré en une densité essentielle et exaltée. Mais le visible qui nous fait croire que les choses existent, ici et maintenant, est contradictoire. Ces corps peints sur un papier très fin dont les déchirures en révèlent le peu d'épaisseur, lui donnant sa véritable dimension métaphysique liée à la fragilité de l'être.
Andriana Cavalletti»
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