Rien que l'index de fin (rédigé par Ramona Lapoviță et Mana Crăciun) vaut le détour. Il est succinct, mais très bien conçu.
L'auteur est (ou était) professeur à l'université d'Amsterdam, depuis 1969 et chercheur en histoire littéraire. Cela se ressent dans le style profondément académique, mais encore accessible je trouve.
Les 13 articles, très fouillés, ont été écrits directement en français à des années distance. le point commun étant néanmoins le modernisme dans l'Histoire de dans la culture roumaine, à partir du XIXe siècle.
À noter au passage que le directeur d'édition de l'ouvrage est Gheorghe Crăciun, un autre fin philologue.
D'une grande culture et d'une fine érudition, l'auteur nous promène, en nous perdant parfois, dans les méandres de cette « roumanité » culturelle pas toujours très bien assumée et marquée, indéniablement, par un demi-siècle de censure communiste. Des références culturelles à profusions, des considérations critiques souvent intéressantes, et des mises en contextes historiques fabuleuses.
Je déplore, quant à moi, la trop grande place occupée par des auteurs binationaux (ou apatrides) bien qu'ayant écrit en roumain, comme Emil
Cioran,
Eugène Ionesco ou
Mircea Eliade. Cela trahit, me semble-t-il, une tendance générale des intellectuels roumains à trop se prévaloir de ces auteurs qui ont eux-mêmes contesté, de manière plus ou moins virulente, leur appartenance à la culture roumaine.
Qu'à cela ne tienne, un livre très précieux pour moi dont les 13 parties sont :
1) La modernité à l'Est : Les Roumains
2) le paradoxe roumain
3) « Junimea » : discours politique et discours culturel
4) Populisme et bourgeoisie : la Roumanie du début du siècle
5) le roman entre les deux guerres mondiales : une mise en question des canons
6) Une culture de l'interstice : la littérature roumaine d'après-guerre
7) Eliade et
Cioran, une dialectique du fantastique
8) Vers une discussion philosophique de l'oeuvre de
Mircea Eliade
9)
Cioran ou les lendemains de la révolution
10) D'une mouvance textuelle bien tempérée à l'exil : réflexions sur un roman de
Dumitru Tsepeneag (Les Noces nécessaires)
11) Post-modernisme et politique : l'écho et la résonance
12) Une nouvelle poésie roumaine en Moldavie
Une lecture à petites doses, qui convoque souvent (un peu trop à mon goût) la philosophie de la culture et qui insiste un peu trop, me semble-t-il, sur le clivage est-ouest.