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sur 598 notes
La Divine Comédie de Dante Alighieri est une oeuvre monumentale qui transcende le cadre de la littérature pour devenir un pilier essentiel de la culture et de la pensée humaine. Ce chef-d'oeuvre médiéval, divisé en trois parties - l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis - représente bien plus qu'un simple voyage allégorique à travers les différents royaumes de l'au-delà. C'est une profonde exploration de la psyché humaine, une quête de rédemption, et une méditation sur la nature de la justice, de l'amour et de la foi.

L'Enfer, avec ses cercles concentriques de souffrance et de désespoir, offre une vision graphique et inoubliable des tourments éternels. Dante, avec une maîtrise artistique inégalée, peint des scènes d'un réalisme saisissant et d'une profondeur émotionnelle qui mettent en lumière les vices et les faiblesses humaines. C'est dans ce royaume sombre que Dante débute son périple, guidé par Virgile, à travers des paysages infernaux peuplés de créatures et de figures mythiques et historiques, reflétant la complexité et les contradictions du monde humain.

Le Purgatoire, quant à lui, est un lieu de purification et de préparation, où les âmes purgent leurs péchés pour atteindre le Paradis. Ici, Dante explore le concept de repentir et de transformation morale. Cette partie de l'oeuvre est marquée par un ton plus doux et méditatif, proposant une vision plus optimiste de la capacité humaine à se racheter et à changer.

Le Paradis, sommet de cette trilogie spirituelle, est une célébration sublime de la lumière, de l'amour et de la connaissance divine. Dans cette partie, Dante, maintenant guidé par Béatrice, s'élève au-delà des sphères célestes, explorant des concepts théologiques et philosophiques profonds. le langage y devient plus lyrique et symbolique, reflétant l'ineffable beauté et harmonie du divin.

Chaque partie de la Divine Comédie est un univers en soi, riche en symbolisme, en personnages mémorables et en récits captivants. Dante Alighieri maîtrise parfaitement l'art narratif, mêlant habilement réalité historique et mythologie, théologie et philosophie, poésie et politique. Son oeuvre, écrite en terza rima, une forme poétique qu'il a perfectionnée, est un tour de force linguistique qui a contribué à façonner la langue italienne moderne.

La Divine Comédie, plus qu'une simple allégorie religieuse, est une exploration intemporelle des grandes questions de l'existence humaine. Dante y examine non seulement les thèmes de la foi et du péché, mais aussi ceux de la justice, du pouvoir, de la sagesse et de l'amour. Son influence sur la culture occidentale est immense, inspirant d'innombrables artistes, écrivains, philosophes et théologiens au fil des siècles.

En résumé, La Divine Comédie de Dante Alighieri est une oeuvre d'une richesse et d'une profondeur inégalées, un témoignage de la quête éternelle de l'homme pour le sens et la rédemption. C'est une pierre angulaire de la littérature mondiale, un voyage spirituel et intellectuel qui continue de fasciner, de défier et d'inspirer les lecteurs du monde entier.
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Pour débuter la présentation de ce grand classique de littérature italienne (le premier rédigé en langue vernaculaire_ mais difficilement compréhensible par un italien moderne !) :
voici la 4eme de couverture de l'Edition Points _poésie _ non retrouvée dans la liste des Editions fournies dans Babelio : le n°ISBN de l'Edition Points fait ressortir l'Edition Flammarion !... L'Enfer en quelque sorte...

" Voyage parmi les morts, tableau politique de l'Italie, de l'Antiquité au XIVeme siècle, manuel de théologie , réquisitoire contre la corruption des puissants et la décadence des papes, la divine comédie est aussi un fabuleux roman d'aventures, qui, par ses visions d'horreur et d'extase, a marqué peintres, poètes, romanciers et cinéastes jusqu à nos jours. Pour en permettre une lisibilité rapide, cette nouvelle version en octosyllabes tente de retrouver la légèreté vivante et vibrante d'un style éternellement  moderne, où s'entremêlent noblesse savante et insolence populaire.
Dante Alighieri(1265-1321) est né dans une Florence en guerre, lors d'une des périodes des plus agitées de l'Europe, que se diputaient l'Eglise, l'Empire romain germanique, la France. Son oeuvre poétique , linguistique, theologique et politique a déterminé à jamais la littérature italienne.
René de Ceccatty, à côté de son travail personnel de romancier et d'essayiste, a traduit de nombreux ouvrages classiques et contemporains du japonais, en compagnie de Ryoji Nakamura, et de l'italien (Pasolini, Mofavia, Leopardi, Michel Ange, Saba, Penna)."

J'ai donc lu partie de ce monument de la littérature italienne. Plus précisément : l'introduction rédigée par le traducteur-poète René de Ceccatty, ainsi que le premier tiers : L'Enfer, traduit poétiquement dans trente quatre chants
Je n'irai pas plus loin !
Ces descriptions sont dignes des grands textes fantastiques et noirs (loués par notre babeliote spécialiste :GabyLarvaire) .

Concernant cette descente aux Enfers : Dante, bien vivant est chaperonné par le poète Virgile qui manifestement connait bien les lieux et les résidants : personnels soignants ainsi que pensionnaires , temporaires ?
La deambulation des 2 poètes s'effectue dans les neuf cercles concentriques de l'entonnoir au fond duquel Lucifer broie avec ses 3 têtes les pires représentants des condamnés : leur crime : avoir compromis pouvoir religieux et pouvoir temporel. Crac ! Aucune excuse.
Dante parait éprouver peu de compassions pour les suppliciés, et se comporter même en total collaborateur des autorités religieuses _donc morales_de son siècle.
Le principe de proportionnalite des peines est appliqué selon la perception oecumenique de ce XIIIeme siecle.
Si les descriptions des tortures nous sont compréhensibles ou imaginables _ tel une gravure de Gustave Doré _ les damnés cités, nous sont pour la plupard inconnus ou sont condamnés pour des raisons obscures par les autorités morales ou politiques de ce XIIIeme siecle. Et c'est bien dommage ! : aucune note en bas de page.... Il a fallu référer une fois de plus à l'encyclopédie Wikipedia _ merci encore.
Par exemple, qui d'entre nous connaît Nemrod et la perception de sa faute par les contemporains de l'auteur ?...(*)

Et quatre-vingt pages d'introduction, rédigées par René de Ceccatty, auquelles j'avais cru échapper !
Impossible. Et c'eût été bien dommage. Enfin, partiellement . Car cette déambulation est restituée avec charme grace à sa traduction simple et poétique . Ce traducteur nous fait découvrir sa démarche , et nous persuade bien qu'une traduction trop littérale eut été incompréhensible . Difficulté à laquelle se sont heurtés nombre de spécialistes.

J'ai ainsi pu rechercher les gravures de Gustave Doré et en apprécier le romantisme noir...

Concernant le purgatoire et le paradis _trente trois chants chacun,.... je lirai plus tard..... réservant mon peu d'énergie restante pour découvrir Proust... (**)

(*) Descendant de Cain et Abel il fut accusé d'avoir fait perdre la langue universelle et fédératrice. Contribuant ainsi à la discorde des peuples .
(**) encore un auteur incontournable ? Giraudoux affirme que l'on peut le (re)lire en sautant des passages différents !

Donc, pour cet écrit :L'Enfer _pas si pénible que ça :4/5.
Je doute que les 2 autres parties me séduisent tant que ça.... J'ai peur d'y laisser des plumes....
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Qu'il semble difficile de se replonger dans les « classiques » !! Ils font certes partie de notre bagage littéraire mais sont souvent associés à une période d'apprentissage, de formation qui nous paraît lointaine !
C'est cependant un très bon exercice de se questionner sur celui qui nous a le plus marqué et de le « retrouver ».

Pour ma part, l'ouvrage qui a marqué ma vie étudiante est « La Divine Comédie » de Dante Alighieri, et plus particulièrement « L'Enfer ». Lorsqu'on étudie la langue et la culture italiennes à l'université, c'est une lecture incontournable, tant par sa richesse linguistique et stylistique que par la mine de références et de messages philosophiques que ce chef-d'oeuvre véhicule.
Grâce à mes études, j'ai pu lire ce poème « dans le texte », ce qui permet une immersion plus approfondie dans la Florence du XIVème siècle. C'est le premier texte véritablement en italien.
Composé de trois « livres » (Enfer, Purgatoire et Paradis), c'est la première partie (ou cantica) qui a ma préférence.
Débutant par le célèbre vers « Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, che la diritta via era smarrita », Dante évoque d'emblée une problématique intemporelle : le sentiment de l'être humain de se sentir perdu, en constante lutte pour trouver ou retrouver la lumière.
Ce voyage initiatique en Enfer va nous permettre de rencontrer tous les péchés de l'Homme et de croiser des figures emblématiques de la mythologie, de l'Histoire médiévale et du domaine des arts de l'époque. A l'image de Virgile qui guide Dante, nous pouvons penser que par l'écriture de ce texte, Dante guide à son tour son lecteur.
La célèbre illustration de Botticelli de ce monde souterrain rend concret ce voyage et nous permet, tout au long de la lecture, de nous situer (géographiquement et intellectuellement).
Nous rencontrons ainsi, entre autres, les philosophes et savants grecs et latins contraints de séjourner dans les limbes puisqu'ils ont vécu avant l'avènement du Christ, Paolo et Francesca da Rimini, Cléopâtre emportés par la passion.
Les lieux, les sentiments et les notions sont décrites de façon si précise que le lecteur peut littéralement visualiser cette visite de l'Enfer. le même procédé sera employé pour le Purgatoire et le Paradis.

Cette oeuvre majeure a traversé les siècles, les sujets étant transposables à n'importe quelle époque.
À elle seule, elle représente une mine inestimable d'informations culturelles et les artistes de tous les temps en ont fait une source d'inspiration qui semble intarissable.
Pour l'avoir relu par la suite en français, c'est la traduction de Jacqueline Risset qui m'apparaît comme étant la plus fidèle.
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« La Divine Comédie » de Dante Alighieri… J'avoue ressentir une forme de soulagement, de plaisir à me rendre compte que j'ai lu un tel livre… Il me faisait peur, parce qu'il était connu pour sa difficulté, sa précision, sa richesse. C'est une oeuvre littéraire qui traverse les époques et les frontières culturelles pour devenir l'une des pièces de la littérature mondiale reconnue et saluée. Écrite au XIVe siècle, cette épopée poétique en trois parties, composée de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis, dépeint le voyage de Dante à travers l'au-delà, guidé par le poète romain Virgile. Cette oeuvre offre une profonde méditation sur la condition humaine, la moralité, la rédemption et la quête spirituelle.

L'Enfer, la première partie, est une descente aux enfers littéraire, où Dante explore les cercles infernaux peuplés de pécheurs condamnés à des châtiments spécifiques en fonction de leurs péchés. C'est une vision saisissante et terrifiante de la damnation éternelle, où Dante nous rappelle les conséquences de nos actions sur notre destin. Les personnages rencontrés s'approchent de lui et se confessent, partageant ou déposant un peu de leur souffrance. On fait la connaissance de nombreuses personnalités, ayant réellement existé.

Le Purgatoire, la deuxième partie, offre un contraste d'espoir. Les âmes purgées de leurs péchés travaillent à leur rédemption dans l'attente de l'entrée au Paradis. Dante utilise cette étape pour explorer la nature de la repentance et de la purification, montrant que même les âmes les plus égarées ont une chance de rédemption. S'agit-il de pardonner, de se pardonner… ? À plusieurs reprises, Dante est observateur, mais aussi reçoit la parole des âmes.

Enfin, le Paradis, la troisième partie, nous emmène dans les sphères célestes où Dante atteint la vision béatifique de Dieu. C'est une exploration de la félicité éternelle et de la connaissance divine. Dante exprime ici une beauté céleste indescriptible, qui contraste avec les horreurs de l'Enfer. En même temps, on y sent une forme de félicité, en même temps le poids de cette « perfection » souhaitée. Je l'ai ressentie ainsi.

Ce qui rend "La Divine Comédie" encore plus fascinante, c'est sa richesse culturelle et sa profondeur intellectuelle. Dante a peuplé son oeuvre de personnages historiques et contemporains, principalement italiens, créant ainsi une fresque vivante de la société et de la politique de son époque. La maîtrise de Dante du langage, à la fois soutenu et poétique, ainsi que son utilisation de références religieuses, mythologiques et philosophiques, ajoutent une couche de complexité à l'oeuvre. Cela a pas mal alourdi ma lecture, l'édition que je possède présente chaque personne, ou presque, nombre d'âmes, nombre d'histoires, difficile de les retenir. Quant aux références, je pense que se lancer dans « La Divine Comédie » demande un certain bagage de connaissances générales et spécifiques.

La lecture demande qu'on lui consacre du temps, de la patience et même un bon dictionnaire à portée de main pour ma part tellement il regorge de vocabulaire recherché et soutenu, mais c'est une expérience gratifiante également que de se plonger dans ce voyage. Les gravures et la qualité de l'édition peuvent faciliter la compréhension, tout en offrant une dimension visuelle à l'oeuvre. Et les gravures de Gustave Doré, un réel plaisir visuel pour ma part, car j'aime ce choix de noir et blanc, brut, ces traits fins, ces ombres… J'ai vraiment regretté qu'elles ne soient pas plus présentes et nombreuses.

En bref : "La Divine Comédie" est une lecture intemporelle qui continue d'inspirer la réflexion sur la nature humaine, la spiritualité et la condition de l'âme. Elle nous rappelle que nos actions ont un impact durable et que la quête de la rédemption et de la connaissance peut être à la fois exigeante et profondément gratifiante. Une lecture au calme et une immersion dans l'univers complexe de Dante révèlent l'essence même de cette oeuvre magistrale. Elle apporte une réflexion, peu importe notre religion ou nos croyances, les réflexions sont supérieures et individuelles. Une très belle découverte.

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Le Purgatoire

Dante, sorti des ténèbres de l'Enfer arrive à l'aube du dimanche de Pâques au Purgatoire. Qui est une montagne qu'il s'agit de gravir pour arriver jusqu'au Paradis, c'est à dire jusqu'à Dieu. le Purgatoire ne figure pas dans la Bible, il apparaît progressivement dans la théologie chrétienne, s'installe vraiment au 12e/13e siècle, même s'il repose sur des pratiques plus anciennes. Il rentrera de manière tout à fait officielle dans la doctrine au concile de Trente (XVIe siècle). le Purgatoire est dans la Divine Comédie un espace de purification, aussi bien pour les âmes que pour Dante lui-même, l'ascension de la montagne du Purgatoire est une sorte de pénitence composée d'étapes, un sentiment l'allégement accompagne la montée, symbolisé par la disparition progressive des 7 P que l'ange a dessiné sur le front de Dante.

Le Purgatoire est composé de 9 parties : un anté-purgatoire, terrasse rocheuse ou demeurent les âmes négligentes, qui n'ont pas vraiment fait le mal, mais qui ont tardé à se repentir. Il y a toute une section réservée aux rois et princes coupables d'avoir négligé la mission politique qui leur a été confiée par la volonté divine. On le verra dans la suite, la dimension politique a une place importante au Purgatoire.
Il y a ensuite sept terrasses, qui correspondent aux sept péchés capitaux, en partant des plus graves jusqu'aux moins graves. Enfin au sommet de la montagne, se trouve le jardin d'Eden, le paradis terrestre.

Le Purgatoire est un lieu paradoxal, car ceux qui y sont consignés expient leurs pêchés, et parfois très durement, presque aussi durement que les damnés de l'Enfer. Mais il y résonne une grande joie, grâce à l'espoir d'arriver à la fin de la pénitence, franchir la porte du Paradis et pouvoir contempler Dieu. C'est donc un lieu entre souffrance et joie, cette dernière s'exprime en particulier dans les chants, les cantiques, dans lesquelles les pénitents célèbrent Dieu. Mais là aussi il y a une ambiguïté : il ne faudrait pas que la musique détourne du but essentiel, qui est de gravir, dans la douleur souvent, la montagne du Purgatoire jusqu'à son sommet. Ce n'est qu'au Paradis que la musique pourra prendre toute sa place, se déployer.

Sur l'anté-purgatoire règne Caton, qui bien que païen et suicidé, a gagné grâce à son amour de la liberté une place dans cet endroit intermédiaire. Il ne pourra jamais monter jusqu'au Paradis, il est à jamais assigné à cette place entre deux mondes.

Les rencontres que Dante fait au Purgatoire sont aussi nombreuses qu'en Enfer. J'ai envie de mentionner deux sortes d'entre elles. Les premières concernent les artistes, surtout les poètes. Dante rend hommage à ceux qu'il admire et se positionne au même niveau qu'eux, montrant à quel point il est conscient de la valeur de l'oeuvre qu'il est en train d'écrire. La première rencontre est celle d'un musicien, son ami Casella, qui a mis en musique l'un des poèmes de Dante, qu'il commence à chanter, avant que Caton ne lui rappelle durement de ne pas se détourner de l'objectif de la pénitence dans les plaisirs de musique et de la poésie. L'art apparaît comme à double tranchant, et les plaisirs qu'il apporte peuvent être dangereux. On se rappelle Francesca et Paolo, menés au pêché, et condamnés à l'Enfer à cause d'un livre.

Deux rencontres mettent particulièrement en valeur Virgile : Sordello, un troubadour, qui exprime une admiration sans borne pour l'auteur de l'Enéide, rejoignant l'admiration de Dante lui-même, puis le poète latin Stace, prêt pour la joie de rencontrer Virgile, de passer une année supplémentaire au Purgatoire, par amour pour l'homme et son oeuvre. La notion d'amour commence à apparaître ici comme une notion essentielle, et elle est exprimée par les poètes. Elle est abordée encore plus explicitement par deux autres poètes, Guinizelli et le grand troubadour provençal, Arnaud Daniel. Dante a été inspiré par eux et il exprimera le secret, le sens névralgique de poésie, comme une proximité avec le principe universel d'Amour. Déjà chez les troubadours, l'Amour et l'écriture étaient inséparables. L'Amour est le moteur des actions humaines. Mais il ne s'agit pas d'un amour purement érotique, physique, comme l'ont décrit certains poètes, comme l'ont vécu Francesca et Paolo et qui les a conduit à la damnation. le principe d'Amour trouvera toute sa place et expression au Paradis, les poètes qui l'ont affleuré sans complètement saisir son principe se retrouvent donc au Purgatoire.

Mais le Purgatoire permet aussi à Dante d'expliciter sa vision politique. Il accorde une grande importance à l'Empire romain, dont il fait un grand modèle, dont il revendique l'héritage. Il exprime l'idée que cet Empire a eu une mission providentielle. Il le voit comme un empire universel, régnant sur le monde. L'Empire romain a été voulu par Dieu : sa stabilité et son caractère universel ont permis l'Incarnation, la venue du Christ. Ce n'est pas une idée vraiment nouvelle, on peut citer au IVe siècle le poète latin Prudence, qui a aussi avancé une telle idée, mais c'était dans le but d'abaisser l'orgueil des tenants de la culture latine traditionnelle : tout ce qu'ils revendiquaient en opposition au christianisme, les vertus, la morale, les victoires, avaient été décidés par Dieu, dans un dessein qui échappait complètement aux Romans eux-mêmes. Dante, en revanche, y voit la base de la légitimité de l'héritage de Rome, aussi bien artistique que politique. Il n'est pas interdit, mais recommandé de lire les auteurs latins, et l'Empire universel est indispensable. C'est l'Empire allemand qui incarne l'héritage de l'Empire romain, qui continue l'histoire de Rome. Dante attribue un rôle central à deux instituions, l'Empire et l'Église. Il faut que ces deux pouvoirs restent distincts, complémentaires. L'Église c'est le pouvoir spirituel, son rôle est de guider les âmes vers le salut, vers la béatitude dans l'autre monde. L'Empire c'est le pouvoir temporel, qui doit permettre le bonheur sur terre, grâce à la justice. Il ne faut pas que l'Empire empiète sur le spirituel, ni que l'Église empiète sur le temporel. Dante placera de grands espoirs dans l'empereur Henri VIII, qui semblait vouloir remplir le rôle que le poète italien assignait à l'Empire, mais Henri ne réussira pas à prendre Florence, et mourra précocement. D'où aussi la condamnation sévère de certains papes, dont Boniface VIII, qui auraient eu des ambitions politiques en désaccord avec leur véritable mission. Même si dans ce dernier cas, des considérations personnelles ont sans doute aussi jouées.

Et d'où aussi une sévère condamnation de la couronne de France. Dante croise ainsi au Purgatoire Hugues Capet, à la terrasse des avares et prodigues :

« Je fus racine de cet arbre mauvais
qui couvre d'ombre toute la chrétienté,
si bien qu'on y cueille rarement un bon fruit. »

La dynastie capétienne est un arbre mauvais pour toute la chrétienté. Dante reproche deux choses aux rois de France. La politique de Philippe visait une indépendance par rapport au pouvoir pontifical, elle visait un pouvoir du roi sur l'Église de France, ce qui empiétait sur le rôle que Dante attribuait à l'Église. Un grand conflit entre la couronne de France et la papauté va voir le jour, Philippe le Bel menaçant de déposer le pape. Mais les visées politiques de la couronne de France s'opposaient aussi à l'Empire. Ainsi, Charles d'Anjou, le frère de Saint-Louis a voulu se substituer aux empereurs allemands en Sicile. Sans oublier l'intervention de Charles de Valois à Florence, qui a provoqué l‘exil définitif de Dante. Il n'y a pas de place dans le système de Dante pour un autre pouvoir politique fort en dehors de l'Empire allemand. Deux ou plusieurs pouvoirs d'une force comparable ne peuvent déboucher que sur un affrontement, des guerres, des violences et des malheurs, de l'injustice. Il faut donc un unique Empire universel. L'Église et l'Empire, chacun à sa place, chacun remplissant sa fonction, sont les deux soleils qui peuvent mener les hommes vers le bonheur sur terre et le salut dans l'au-delà.

Même si Dante attribue une place forte au libre arbitre, les homme ont la liberté de faire le bien ou le mal, il y a une responsabilité de ceux qui ont la charge de les guider, qui ont le pouvoir. Un mauvais gouvernement peut provoquer le mal chez les hommes, et donc ceux qui sont aux postes de responsabilité sont doublement coupables, car ils ont aussi la responsabilité de ceux qu'ils ont poussé au mal.
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Monument total, absolu, qui est à la base de tant de choses que sa lecture est indispensable pour tout homme curieux. Cette lecture est toutefois très ardue, je n'y ai pris que peu de plaisir, car je lisais les notes de bas de page et je me perdais ; parfois, presque miraculeusement, je me laissais emporter par la musicalité de la phrase, même si c'était rare. Une deuxième lecture, plus détachée des notes, me sera sans doute nécessaire.
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Je me suis intéressé à la divine comédie après avoir vu le film "peur sur la ville" (1976).
Un tueur en série se fait appeler Minos en référence à la divine comedie. Minos dans la divine comédie est souvent interprété comme une allégorie de la conscience. Et l'oeil de verre du Minos du film fait penser à l'oeil d'Abel dans la conscience de Victor Hugo. Dans le film l'oeil de verre se reflète depuis l'intérieur sur les lunettes de soleil de Minos, Moissac allume une cigarette à Minos avec son briquet. le commissaire Letellier voit alors l'oeil de verre de Minos .Dans la divine comedie,le Paradis , chant 28 ème ,on lit "2. Comme celui qui dans un miroir voit la flamme d'une torche allumée derrière lui, avant qu'elle se soit peinte dans l'oeil ou dans la pensée 3. Se retourne pour voir si le verre lui dit le vrai, et voit qu'il s'accorde avec lui comme la note avec le mètre ". J'ai cherché les occurences du mot verre dans la divine comédie. J'en ai trouvé 4 dans l'enfer, sept dans le Paradis, deux dans le purgatoire. Celle concernant le verre étamé dans l'enfer a retenu mon attention " 9. Et lui : « Si j'étais de verre étamé, ton image extérieure plus vite en moi ne se refléterait pas, que ne s'y reflète celle de dedans " . le mot miroir (s) apparaît 18 fois dans le Paradis, onze fois dans le Purgatoire, trois fois dans l'enfer. Les premiers miroirs apparurent au 13ème siecle , le miroir est egalement évoqué dans le Paradis chant II " Si la lumière ne pénètre pas au delà de la couche rare, il doit y avoir un point où la couche contraire ne la laisse plus passer ; et de ce point le rayon venu du dehors se réfléchit, comme la couleur à travers le verre derrière lequel du plomb est caché . le "miroir" de la divine comedie reflète l'interieur et l'exterieur. L'oeil valide de Minos dans le film lui reflète la mauvaise conscience de l'exterieur, mais il doit voir son intérieur avec son oeil de verre qui ne fonctionne pas ,et ne voit pas sa mauvaise conscience à lui !
Lien : https://m.youtube.com/watch?..
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J'ai découvert Dante avec une édition de 1954, publié chez Haut le Vent.
Ce classique littéraire était somptueux. Savoureux comme un grand cru.
Alors bien sûr, le style littéraire n'est pas commun, l'objet même de ce livre en rebute sans doute, plus d'un. Mais il reste un indémodable à avoir dans sa bibliothèque personnelle.
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J'ai enfin trouvé ce que je cherchais ! Une édition qui accompagnât ma découverte du chef d'oeuvre de Dante qui je l'avoue m'effrayait beaucoup.
Il s'agit de l'édition folio bilingue qui propose des morceaux choisis, de longueur variable, des trois parties. Chacun d'eux est précédé d'un résumé très clair sans glose fastidieuse. L'idée a été d'abord et avant tout de donner une idée du contenu plutôt que de commenter la forme. Elle s'impose d'elle-même en lisant le chant en italien. La préface de Gérard Luciani est un modèle de pédagogie. Elle est accompagnée d'une petite iconographie ; de cartes et de descriptions de l'outre-tombe en général puis de l'Enfer avec une liste très bien faite qui permet au lecteur de bien se repérer.

"Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai
dans une forêt obscure car j'avais perdu le droit chemin".
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(Retrouver tous mes avis lectures sur mon instagram : @ocean.ofbooks)


"Par moi on va dans la cité dolente,
par moi on va dans l'éternelle douleur,
par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
puissance divine m'a faite,
et la haute sagesse et le premier amour.
Avant moi rien n'a jamais été créé qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez laissez toute espérance."

La Divine Comédie est un long poème divisé en trois parties :
L'Enfer - le Purgatoire - le Paradis
C'est perdu dans une obscure forêt devenant de plus en plus inquiétante que Dante rencontre Virgile. Ce dernier lui apprend que sa bien-aimée, Béatrice, l'a envoyé auprès de lui afin de le guider à travers les trois royaumes d'outre-tombe. C'est alors que commence son périple. Ils traverseront L'Enfer et ses 9 cercles, y rencontreront poètes, philosophes, papes, rois et reines coupables des vices les plus infimes aux plus haïssables et où Minos examine, juge et bannit.
Dante et Virgile graviront les corniches de la montagne du purgatoire dont on dit qu'elle est la plus grande du monde. Ils y rencontreront des Ombres, chacune prisonnière d'une corniche car coupable d'un des 7 péchés capitaux. Puis ils parviendront aux portes du paradis où Béatrice prendra la place de Virgile, et servira de guide à Dante pour cette dernière étape.

Une oeuvre que je suis ravi d'avoir lu mais je vais être honnête ce ne fut pas simple. Il faut être concentré, c'est une lecture ou il faut prendre le temps de bien comprendre. Une lecture exigeante et qui demande d'avoir de solides connaissances en histoire ainsi qu'en mythologie afin de pouvoir saisir toutes les subtilités de ce magnifique poème. 
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