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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon premier auteur turc et ce récit est touchant, vibrant. Ahmet ALTAN a raconté son emprisonnement par une diversion poétique et sans sensationnalisme. Un bon moment de lecture. C'est court, on aurait aimé en savoir plus. L'auteur est resté pudique.
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Quand on prend un livre, on souhaite que celui-ci nous transporte. Tel est le but atteint par Ahmet ALTAN.

Ce dernier, journaliste turque, est condamné à la prison suite aux manifestations de 2012. Il nous offre à l'accompagner à chaque étape : son interpellation, son procès (ou parodie de procès), son transfert, son entrée, la découverte de ses cellules, des codétenus, les premiers soins, ses nuits, les détails qui tentent à déshumaniser ces condamnés, les livres en prison. Il en profite pour raconter son histoire, sa famille avec un style à mi chemin entre le journalisme et la littérature. Il nous offre ses clefs qui l'ont mené à résister sans pour autant s'estimer courageux. « Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais. »

Le fond est très cru : nous ne sommes pas épargnés de la crasse des cellules, des conditions de vie misérables tandis que la forme est très pudique au contraire. L'intimité des propos avec la distance de l'écriture. Cet équilibre donne au livre une qualité incroyable qui donne envie de continuer à s'intéresser à cet auteur couronné, pour son livre suivant, du prix Femina du livre étranger.

Quand on prend on livre, on souhaite que celui-ci nous transporte. C'est l'exploit atteint grâce au talent de Ahmet ALTAN qui, avec seulement 6 mètres carrés, nous tient en haleine de la première à la dernière page. Rien de facile dans cet ouvrage, sauf sa lecture.
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Emprunté à ma bibliothèque - 21 mai 2023

"L'une des choses les plus insoutenables de ma vie en prison était de devoir me passer de livres.
(...) Enfin , un matin, alors que j'avais presque perdu espoir, j'ai entendu un bruit de clapet du côté de la porte, et un livre est tombé dans la cellule.(...)
La vie semblait soudain s'être libérée de ses chaînes, comme un morceau de terre mal arrimé s'arrache au continent dans un bruit de cassure énorme.
Je n'étais pas fini, je n'étais pas abandonné, je n'étais pas perdu.
J'avais un livre.
" Les Cosaques" de Tolstoï.
Léon Tolstoï, ce Zeus de la littérature, entrait dans ma cellule avec ses mille paradoxes.
Le génial écrivain était là, devant moi, surgi d'un lieu inespéré, avec son art de raconter (...)"

J'ai débuté par cet extrait plus marquant d'un des chapitres intitulé "Les fées de la forêt"
( représentant les livres , les histoires, les fictions...) donnant le ton de cet écrivain arbitrairement emprisonné, avec au départ l'annonce d'un " enfermement à vie" !!...
Une vitalité ,une résistance de vie, une force de création hors du commun...

Je reviens au choix d'emprunter cet ouvrage, après ma lecture plus qu'enthousiaste de "Madame Hayat", n'en revenant toujours pas que roman fut écrit en prison...ma curiosité fut "piquée" pour prendre connaissance de ces "Ecrits de prison "...

Ce qui fut une excellente idée offrant une leçon de courage exemplaire et difficilement oubliable!

Quelle force mentale pour garder la force, l'envie de "Faire", d'"Ecrire" encore et encore.... Dans un même temps, l'écriture, l'imaginaire, la Littérature sont des formidables "boucliers", stimulants à l'Arbitraire, au Mal...

De courts chapitres thématiques oscillant inévitablement du très sombre à la lumière, au moindre rayon se présentant !

Parmi les nombreux sujets évoqués, (car Altan a une pudeur extraordinaire : pas question de "larmoyer" , de discourir sur "le courage"...ou de se poser en victime ) : La peur, les rêves, les mauvais traitements (dont le récit "tourneboulant" de la confiscation de tout "miroir", contribuant cruellement à la négation de chaque prisonnier), la vie quotidienne en cellule, la cohabitation avec les autres détenus, les auditions, les parodies d'interrogatoire, la présence essentielle des livres, les visites trop rares des proches, un chapitre autour d'un texte offert dans le passé par son père, qui lui sert d'appui et d'objet de réflexion : "Voyage autour de ma chambre" de Xavier de Maistre... devenu "Voyage autour de ma cellule"... car en dépit du drame de l'univers carcéral terrible qu'il subit quotidiennement, Altan ne se départit pas d'un certain recul et d'une ironie réjouissante !

Les sujets les plus repris sont évidemment ceux de L'Ecriture, des divers processus de la venue de l'inspiration, ce qui provoque en lui l'envie de débuter un texte ou un roman... Et le plus inimaginable, c'est que pendant ces années de prison, il ne pouvait, par sécurité, ne rien mettre par écrit, seulement tenter de "mémoriser" tout ce matériau dans sa tête. Cela laisse perplexe et surtout totalement admiratif des capacités humaine morales et intellectuelles dans des circonstances de barbarie absolue... On ne peut s'empêcher de songer à tous les poètes, écrivains russes dissidents, parvenant à mémoriser leurs textes et poèmes, au Goulag... !!?

Une admiration sans bornes pour ce grand Monsieur...un Juste et un écrivain captivant... Je vais achever par la phrase incontournable de ces "écrits de prison" !!

"Je suis écrivain. Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas. Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'en­fermerez jamais. Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles."
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Emprisonné pour des raisons fallacieuses, l'écrivain turc Ahmet Altan s'efforce d'échapper mentalement à son immonde cage. Il efface la saleté, la promiscuité, la touffeur de sa cellule en rêvant de la neige glacée sur son visage, des auteurs qui l'ont profondément marqué, des femmes, qu'ils aiment et qui ont souvent nourri son oeuvre, de Dieu et des croyants — lui l'agnostique. Et lorsque le pire se produit, quand l'espoir n'est plus permis face à une condamnation inique, Altan décide de se battre. Avec le seul moyen à sa disposition, celui qu'il a utilisé pour bâtir son oeuvre : la force de son esprit.
Un très beau témoignage, ironique, poétique, psychologique, politique, d'un homme aussi intelligent que cultivé et inspiré.
À lire pour son souffle et son humanité.
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Magnifique ! Un grand écrivain ! Dix-neuf textes écrits en prison par un dissident turc condamné à perpétuité en 2018. J'ai aimé tout de suite ! J'avais lu de lui Madame Hayat que j'ai beaucoup aimé aussi, mais cet essai est bouleversant, attendrissant et nous apprend qu'on peut être libre même confiné dans une cellule. L'écriture est belle, réflexive et génère l'émotion à chaque page. La noirceur n'a pas d'emprise sur lui. Il sait démêler les fils qui le relient à l'espoir et à la vie. Je ne sais quoi dire pour vous convaincre de lire Altan tant je suis encore tout imprégnée de cette oeuvre marquante et sensible. Merci à Hélène T. qui m'a fait découvrir cet auteur.
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Je ne reverrai plus le monde - Textes de prison est le titre complet du livre d'Ahmet Altan. Sur une accusation qu'il a dénoncée comme grotesque — avoir envoyé des messages subliminaux pendant une émission télévisée — il a passé cinq ans en prison.

Ahmet Altan raconte ses premiers jours de prison, alors qu'il était enfermé avec d'autres personnes dont il ne saura rien, même ce jeune et énigmatique professeur qui passe son temps à prier, isolé dans son dilemme : être libéré en dénonçant les autres, ou subir de longues années de prison.

Il nous étonne aussi par des problèmes inattendus : perdre son visage parce qu'on n'a pas de miroir, il voit son corps, ses mains, ses pieds, mais jamais son visage.

Et enfin, il nous explique ce qu'a été son procès, si on peut appeler ça un procès, la pression sur les juges : envoyer en prison ou être envoyé en prison. Il en rencontre certains qui sont passés de l'un à l'autre en moins de temps qu'il faut pour le dire.

Il réfléchissait au courage, se déniant cette qualité que je lui reconnais, pourtant. Qu'il le veuille ou non. Il réfléchissait à Dieu, à la littérature. Il écrivait. Grâce à l'écriture, la prison s'effaçait. En oubliant, il retrouvait la liberté.

Lien : https://dequoilire.com/je-ne..
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Peut-on s'emparer de textes comme ceux là ?
Peut-on juste oser la maladresse d'émettre une critique ?
Peut-on imaginer être calife à la place du calife en superposant nos mots aux siens ?
Mais avant tout, pouvons nous discerner les épreuves endurées par l'auteur ?
Y-a-il quelqu'un à convaincre ? La profondeur de ces pages doit-elle être soumise à une quelconque recommandation ? Une agitation enthousiaste ?
Doit-on commenter la forme ? La stylistique ? le vocabulaire ?

Je vais m'abstenir de tout ça, me retirer humblement, rester dans cette profonde admiration et un absolu respect,
économiser mes mots qui n'auraient pas leur place dans cette chronique et propager uniquement cette parole. La sienne. Celle d'Ahmet Altan.
.
***
"comme tous les opposants de ce pays, chaque soir je m'endormais imaginant qu'à l'aube, on frapperait à ma porte.
Je savais qu'ils viendraient.
Ils sont venus."


"J'étais dans une cage.
Mû par par une sorte d'effort instinctif, j'ai réussi à ne pas lâcher cette idée de mort. Horizon infini dont la puissance rend dérisoires jusqu'aux pires moments d'une vie.
Un jour, j'allais mourir.
Étrangement, penser à ma mort m' a tranquillisé.
J'allais mourir un jour.
Et quelqu'un qui va mourir ne saurait ce que la vie lui réserve. Vivant, comme chaque être humain, dans l'ombre des ailes noires de la mort, j'étais promis à retrouver un jour l'insignifiance du néant, et j'étais moi-même insignifiant, ce que j'avais vécu aussi, cette cellule aussi était insignifiante, mes soucis étaient insignifiants, insignifiant le mal qu'on m'avait fait"


" comme tous les écrivains, je veux oublier le monde et que le monde se souvienne de moi. Pour ce qui est du besoin d'oublier, disons-le sans crainte il relève d'un désir innocent partout bien vu toujours bien accueilli . Quant à celui de rester dans les mémoires il a moins bonne presse on le qualifie de vaniteux, il irrite vos contemporains. C'est l'image d'un mortel qui envie les pouvoirs des dieux. Et c'est vrai...
Mais quel mal y a-t-il à vouloir dérober le feu divin ? le sens de l'aventure humaine n'est-il pas d'égaler les dieux ?
Ne vit-on pas perpétuellement pris entre ce mouvement qui nous élève vers Dieu et c'est autre qui nous abaisse en l'homme, éclairant d'un côté le monde par des créations lumineuses qui veulent vaincre la mort, et nous roulant de l'autre dans la fange d'ambitions misérables qui visent à l'oublier ?
Pourquoi devrions-nous renoncer à ce que cette aventure a de déifiant ?"


" les combles de notre esprit grouillent d'un tas d'êtres que nous ignorons, inconnus, invisibles, ce sont eux qui viennent la nuit mettre sens dessus dessous tout ce que nous avons réussi à mettre en ordre dans la journée. Il se promènent tranquillement en nous, tellement à l'aise qu'on ne sait plus très bien si c'est nous ou bien eux les propriétaires des lieux.
De la baraque, en tout cas, nous ne sommes pas tout à fait maîtres, les rêves en sont la preuve. Chaque nuit nos visions nous transforment, chaque matin nous nous réveillons un peu nous mêmes, un peu quelqu'un d'autre. Mais malgré l'étrangeté glaçante d'une telle fêlure par où régulièrement s'engouffrent en nous les dieux comme les fous, c'est une réalité que nous acceptons naturellement à la force d'habitude et sans qu'elle de nous aliène.
Familier, je le suis moi aussi, comme chacun, tant des cauchemars que de l'extase, des envolés , de la peur et du désir. "


" j'ai écrit il y a des années ce que je vis maintenant. Je deviens le personnage d'un roman que j'ai moi-même écrit.
Un romancier qui vit dans son roman.
je me sens entraîné dans la spirale hurlante d'un tourbillon qui brasse dans un infini vertige, le roman et la vie, le réel et l'écrit, tour à tour et sans cesse emmêlés échangés, confondus.
Et si je suis l'oracle, je suis sa prophétie, et sa victime aussi.
Mes phrases peuvent tuer les vivants, elles peuvent ressusciter les morts.
Est-ce parce que je possède ce pouvoir commun à tous les écrivains que les dieux ont décidé de me châtier ?
Est-ce pourquoi je suis maudit, pour quoi on est en train de statuer sur mon sort ? "


" je suis au coeur d'une tempête.
Je rendrai coup pour coup.
Je serai courageux et me mépriserai de l'être.
Mes propres contradictions me déchireront.
Dans un trou j'écrirai, avec ma vie, ma propre odyssée.
Comme celle d'Ulysse, elle contiendra autant d'héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera mon aventure qui ne cessera qu'avec ma mort"

"J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je je suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : Je passe sans encombre les murailles. "





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Ahmet Altan est arrêté. Il le savait, avait tout prévu. Certaines préparent leur sac pour la maternité, d'autres leur sac pour la prison. Dans cette épreuve, il convoque son père, lui aussi arrêté quarante cinq ans auparavant, mais aussi Sénèque, Saint Just, Borges, César et tant d'autres.

Être enfermé lui ouvre les portes de l'imagination. Il faut au moins cela pour vaincre l'ennui et supporter l'insupportable. Au gré des jours qu'il passe entre ces murs, ses réflexions se font plus profondes et passionnantes les unes que les autres. L'auteur réussit le tour de force de s'évader en forçant les barreaux par la « simple » évocation des livres.

Il est parfois question de peurs (du temps qui passe, de ne plus pouvoir rêver …) qu'il surmonte en imaginant des stratagèmes, en surpassant son imagination et en rêvant.«  Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre, que son père lui donna à dix ans, l'aida dans cette quête de liberté.

Mais ces textes sont aussi ceux d'une justice défaillante, ou plus exactement d'un système défaillant et surtout totalement absurde et arbitraire. A propos du simulacre de jugement, il reprend, à propos de ses juges, une citation d'Elias Canetti, prix Nobel de littérature « Satisfaits d'eux mêmes, sereins et majestueux, ils écoutent vos requêtes, mais d'une oreille sourde, d'avance décidés à ne pas y répondre … Y a-t-il rien de plus infâme ? »

Ces textes sont d'une poésie et d'une force incroyable. Il avoue manquer de courage … qu'il méprise par ailleurs. Alors tel Ulysse, il s'en tire avec cette plume fantastique et héroïque où il transforme sa vie en odyssée « contenant autant d'héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera son aventure, qui ne cédera qu'avec sa mort. »

J'avais hâte de retrouver la plume de cet auteur turc (ah son Madame Hayat) et vous savez quoi je suis définitivement sous le charme !

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Voilà bien un livre poignant !
Le régime de Recep Erdogan, en réponse à la tentative de putsch, a procédé à de très nombreuses arrestations. Elles visaient des professeurs, des juges, des intellectuels soupçonnés d'hostilité au régime.
L'écrivain turc Ahmet Altan s'attend à subir le même sort, sa valise est prête et lorsqu'à 5 h 43 on sonne à la porte, il sait que c'est la police. Il est arrêté pour un motif qui paraît absurde : avoir fait passer la veille un message subliminal à la télévision…

Au travers de dix-neuf courts chapitres, il nous conte son arrestation, ses interrogatoires, la vie en prison, sa cellule, ses voisins de chambrée, son jugement, mais par dessus tout sa force de caractère et sa résilience : lorsqu'on le conduit en prison, un officier lui offre une cigarette et il répond « ne fumer que lorsqu'il est tendu », par là il affirme ne pas vouloir se conformer à l'attitude qu'on attendrait d'un prisonnier, ou encore lorsqu'il profère ces mots «Me jeter en prison était dans vos cordes ; mais aucune de vos cordes ne sera jamais assez puissante pour m'y retenir. Je suis écrivain », le pouvoir de l'écriture et des mots est fort, l'imagination, le rêve lui permet de s'évader, il s'imagine visiter les flores de Norvège, les îles de Thaïlande et tant d'autres lieux.

Il nous fait part de son amour des livres depuis sa petite enfance, sa vénération pour Tolstoï.
C'est le récit d'un homme volontaire refusant l'idée d'être enfermé à perpétuité.
Il aborde de nombreuses thématiques :le temps, un concept sans signification en prison, la religion, il est incroyant et est incarcéré avec deux détenus qui ne le sont pas, il nous décrit avec humour le simulacre de son procès, nous montre ce qu'est un régime totalitaire et l'absence de démocratie.

Tout cela nous est présenté par des phrases courtes et percutantes.

C'est pour moi un livre important.
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Témoignage éblouissant d'Ahmet Altan sur son séjour dans une prison turque, suite au putsch manqué de juillet 2016.

Comment tenir le coup quand on est arrêté de façon arbitraire, sur base d'un chef d'inculpation infondé et d'un semblant de procès ? Comment ne pas sombrer quand on est enfermé dans une cellule à trois, «enfermés à chaque minute. Issus de milieux différents, différant encore par la culture, l'éducation, les moeurs et le genre de plaisirs que nous aimons, notre réunion dans une cellule ressemble à une collision de trains.[...] Comme si ce n'était pas le directeur de prison qui nous avait réunis dans cette cellule, mais un auteur de théâtre, lequel, pour faire de sa pièce un succès, aurait misé sur les tensions et contradictions inhérentes à nos personnalités. » ? Comment ne pas tourner en rond, ne pas devenir fou ? « Il est des moments où l'être humain sent qu'il marche au bord de la folie ; j'en avais connu un dans ma jeunesse. Il fallait faire un pas en arrière. Un pas de recul et je serai à nouveau du bon côté de la ligne à ne pas franchir. »

Mais surtout comment y croire encore quand l'espoir d'une libération semble vain ? Mais par les livres, pardi. Livres qu'on lit, et Altan de citer Borges et Pouchkine qui le soutiennent dans ce confinement forcé. Et livres qu'on projette un jour d'écrire, car toujours persiste le projet d'écriture. Des livres nourris par les rêves faits en prison, « qu'ils soient réalistes ou impossibles, il m'arrive d'être frappé par une image, une voix, un visage, un phrase, qu'aussitôt, tel un chercheur d'or passant le sable au crible, soigneusement j'isole en vue d'un roman à venir.»

Survivre en séparant le corps, emprisonné, et l'esprit qui reste libre pour autant qu'on décide que « jusqu'à ce jour, pas un matin je me suis éveillé en prison », dans une sorte de schizophrénie, qui n'est pas sans rappeler « le vagabond des étoiles » de London, ni l' « éloge de la fuite » de Laborit, ni encore les poèmes d'Hikmet, car « Être captif, là n'est pas la question. Il s'agit de ne pas se rendre, voilà ! ». (Hikmet)

Quelle force ! Une belle leçon de résistance et de résilience.
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