"Un jour de plus" était devenu une devise si répandue que c'était par elle qu'on se saluait le matin, arguant par là qu'on avait truandé le destin pour encore un peu de vie.
Elle regarda le jeune homme qui gémissait à ses pieds. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait un peu mérité son sort. Dès qu'on pénétrait dans la boutique, il fallait qu'il fasse le malin avec son familier pour épater la galerie. Il envoyait son noir faucon fondre sur la tête du client en sifflant. L'oiseau ne faisait qu'effleurer sa cible, puis remontait en flèche. L'effet était remarquable, surtout sur les vieilles dames. Dans le potager, on avait déjà dû en enterrer trois, dont le cœur avait été trop impressionné.
- Puisque je vous dis que je ne fais pas dans le viol ! dit Dame Carasse. Et deux fumerolles agacées jaillirent de ses narines.
Le soldat fut désarçonné.
- Le viol ? Mais non, ce n'est pas ça du tout... Je veux juste un filtre d'amour ! Pour qu'elle m'aime, vous voyez ?
- Essayez la séduction. C'est largement assez efficace.
- Je n'ai aucune chance ! Elle a quinze ans, elle est sublime ! Ses yeux sont bleus comme des myrtilles, sa bouche est une cerise au cœur de l'été, sa peau est d'une douceur de pêche...
- Si vous voulez juste vous taper une salade de fruits, ça peut s'arranger.
- KATHARZ DELENDA EST ! KATHARZ DOIT ÊTRE DÉTRUITE ! (p. 53)
Le démon Sälbeth, qui estoit le dernier de sa race à cause de ce qu'il dormait pendant la Guerre Céleste, se leva et eut faim. Alors, il mit à feu et à sang la Terre d'Airain, dévorant sur son passage les hommes, les troupeaux et les petits enfants. Et il vit que cela était bel et bon, surtout les moutons.