La France est le pays au monde où l’on trouve le plus grand nombre de panneaux au mètre carré. Il en est de toutes sortes : « Chien méchant », « Défense d’entrer », « Propriété privée », « Ne marchez pas sur les pelouses », « Interdit », « Défendu ». Nous sommes ainsi faits, nous aimons clôturer et avertir l’ennemi, c’est-à-dire l’intrus, des milles embûches qui le guettent s’il prétend violer notre territoire. Cet appétit d’explication va jusqu’à un souci du détail qui laisse les étrangers béats d’admiration. Ainsi le petit bourg de Cintray, dont la carte du cadastre sur le bord de la route indique la superficie, le nombre d’habitants et également les 314 vaches, orgueil de la commune.
Laïque ou privée, l’école est en proie à une mutation profonde. Je me permettrai d’ajouter au dossier un document capital. Par une lettre datée du 13 janvier 1981, l’inspection d’académie de Saône-et-Loire envoie à un enseignant de Sennecey-le-Grand un courrier confidentiel qui avait sans doute pour objet la réforme de l’orthographe, si j’en crois la façon dont est écrit le mot « école ».
En période électorale, l’humour n’est pas la qualité primordiale des états-majors politiques. Il a fallu aussi que le message soit perçu par des curieux qui ont couru chercher leur appareil-photo. Cette chaîne de complicité prouve qu’au moment où les princes nous imaginent sous le charme de leurs promesses et de leur sourire rassurant, quand ils croient que nous avons perdu tout sens critique, lorsqu’ils nous distillent leur slogan : « Votez nous ferons le reste », l’humour, cette forme pernicieuse du scepticisme, protège le contribuable citoyen de l’idiotisme et de l’adoration béate.
Les affiches de spectacles sont des supports privilégiés pour étaler le visage des candidats. Jacques Chirac avec son allure de grand premier rôle est en tête de distribution aussi bien avec Marivaux qu’avec Alexandre Dumas fils. Avec les hommes politiques, rien n’est jamais gratuit et l’allusion, ici, n’échappe pas à la règle. Le Triomphe de l’amour n’a pas été choisi par hasard.
Le rôle convient parfaitement à Jacques Chirac, puisque l’héroïne de la pièce veut récupérer le trône de ses ancêtres qui lui a été jadis volé par un usurpateur. Quant à La Dame aux camélias…
Les affiches politiques ne vivent que le temps d’un scrutin. Quelques mois après les élections, elles ne sont plus qu’épaves. Celles qui subsistent encore, dans les coins oubliés, n’inspirent plus aux électeurs, toutes opinions confondues, qu’indifférence et quolibets. Quoi de plus dérisoire qu’un battu qui vous offre, un an après sa défaite, son sourire délavé par la pluie, si ce n’est un vainqueur qui vous nargue en semblant dire : « Je vous ai bien eu ! »