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sur 972 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au début du roman, le 13 septembre 1940, Vicente Rosenberg retrouve au café Tortoni, deux amis, Ariel Edelsohn, rencontré à Varsovie quand ils avaient 18 ans et Sammy Grunfeld qu'ils ont tous deux connu en 1928, pendant le trajet en bateau de Bordeaux à Buenos Aires en Argentine où ils vivent actuellement. Vicente était parti en Argentine pour se libérer un peu de l'emprise maternelle et tenter sa chance. Il y mène une existence heureuse, marié à Rosita, ils ont trois enfants.
Quand il prend peu à peu connaissance de la guerre qui se mène en Europe, il va commencer à regretter de n'avoir pas davantage écrit à sa mère restée en Pologne et d'avoir aussi peu insisté pour qu'elle le rejoigne, même s'il le lui a proposé à plusieurs reprises mais sans grande conviction. Il s'en veut de ne pas partager le sort des siens et va petit à petit se refermer sur lui-même, devenir imperméable à tout son environnement, ne s'intéressant plus ni à ses amis, ni même à sa femme et à ses enfants, s'enfermant dans un quasi mutisme, se punissant, se fuyant et se haïssant lui-même. Ce Ghetto intérieur, titre de l'ouvrage, que vit Vicente, l'écrivain le décrit de manière bouleversante et terrifiante.
Ce sont donc les questions de l'identité et de la transmission que Santiago H Amigorena aborde dans ce roman autobiographique puisqu'il raconte en fait, l'histoire de son grand-père, juif polonais émigré en Argentine, alors que la Shoah décime sa famille restée à Varsovie, la généalogie des personnages étant expliquée dans l'épilogue.
L'histoire de la Shoah, l'auteur nous la donne à lire et à ressentir de façon terrifiante par les articles de journaux, les chiffres et aussi par la terrible dernière lettre envoyée par Gustawa, mère de Vicente.
Ce livre ne peut laisser insensible. Il m'a beaucoup touchée et marquée. L'exil, la culpabilité, la quête d'identité, le repliement sur soi, l'irréversibilité du silence, le traumatisme collectif, autant de thèmes abordés qui relient l'intime et l'universel.
Pour terminer, je citerai Santiago H. Amigorena qui termine ainsi son livre : "J'aime penser, comme je vieillis, que quelque chose de mon passé vit en moi - de même que quelque chose de moi, j'espère, vivra dans mes enfants."
Un grand livre!

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C'est un petit-fils qui écrit pour faire continuer à vivre ceux qui l'ont précédé et qui raconte le calvaire de Vicente Rosenberg, son grand-père.

S'il a fui l'Europe en 1928, après avoir combattu pour la Pologne, son pays d'origine, et ressenti l'immense antisémitisme qui gangrenait notre continent, Vicente ne se sent pas plus juif que polonais ou argentin.
Marié à Rosita, elle aussi membre d'une famille qui a traversé l'Atlantique, il vivrait heureux avec ses trois enfants et un commerce prospère. Hélas, sa mère, son frère et sa soeur sont restés à Varsovie et il a mollement insisté pour qu'ils viennent le rejoindre.
Peu à peu, il apprend ce qui se passe en Europe et tout ce que subissent les juifs. Quelques lettres de sa mère – des appels au secours de plus en plus poignants depuis le ghetto de Varsovie – le perturbent grandement. Malgré ses deux meilleurs amis, Ariel et Sammy, une femme aimante et des enfants parfaits, il s'enfonce dans le silence, en perd même la parole.
Au fil de cet enfermement dans ce ghetto intérieur, Santiago H. Amigorena (photo ci-dessous) ne manque pas de nous rappeler toute l'horreur de l'extermination programmée, organisée de tout un peuple, hommes, femmes, enfants, vieillards, bébés exécutés, envoyés dans des chambres à gaz, ce qu'on a fini par appeler la Shoah après des termes qui se sont révélés inappropriés, comme génocide ou holocauste.
J'ai toujours beaucoup de mal à lire et relire tout cela, me demandant comment un peuple cultivé, civilisé a pu aller aussi loin dans l'ignominie. Ils étaient médecins, architectes, savants, professeurs, chercheurs et pourtant ils ont commis les pires atrocités sur leurs semblables, ne les considérant même pas comme des êtres humains.
Cela ne s'explique pas ou très difficilement mais nous savons aujourd'hui que l'antisémitisme était la règle depuis des siècles chez les chrétiens, que la jalousie et l'incompréhension grandissaient et qu'il a suffi qu'un monstre profite d'une crise économique pour entraîner tout un pays dans une folie alimentée par une idéologie d'extrême-droite, le nazisme.

Tout cela n'est pas si loin de nous et je suis très inquiet, comme beaucoup d'autres, de voir ressurgir de telles menaces aujourd'hui dans un monde en crise. C'est pourquoi il faut parler de livres comme le Ghetto intérieur, qu'il faut les lire afin de réveiller les consciences même si nous savons que ce sont les hommes les pires ennemis de l'humanité.
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Vicente Rosenberg a fui la Pologne, direction l'Argentine, en 1928. Il voulait s'éloigner de sa famille, sa mère en particulier mais aussi son grand frère médecin et sa grande soeur communiste convaincue. Il est parti avec un ami Ariel qu'il a connu à Varsovie, à l'armée et Sammy dont ils ont fait la connaissance sur le bateau.

L'histoire commence en septembre 1940, les trois amis discutent au Tortoni, café qui est leur point de ralliement, quand le travail est fini.

Vicente est marié, avec Rosita Szapire, ils ont trois enfants, il travaille comme marchand de meubles dans un magasin de son beau-père qui fabrique lui-même ces meubles. Tout va bien, ils sont heureux, mais en Europe les nazis règnent en maîtres absolus. de temps en temps, Vicente reçoit une lettre de sa mère. Il a bien tenté, mollement, de la faire venir chez lui, mais n'a pas insisté quand elle a dit qu'elle préférait rester à Varsovie.

Peu à peu le ton des lettres change, les Juifs sont regroupés dans le ghetto de Varsovie, enfermés derrière un mur. Sa mère se réjouit (se rassure plutôt) car ils ont pu rester dans leur appartement situé au coeur du ghetto, et la vie semble continuer. Peu à peu, l'étau se resserre, ils sont de plus en plus nombreux, les nazis ont trouvé la solution, en plus de tirer dans le tas, le plus simple est de les affamer : ils doivent vivre avec 180 calories par jour, le cinquième des besoins élémentaires. le grand frère de Vicente continue à soigner les autres, gratuitement bien sûr, car ils sont obligés de vendre tout ce qu'ils ont pour acheter ce ma nourriture.

La vie continue à Buenos Aires, le magasin marche bien mais la culpabilité s'installe, et Vicente s'enferme dans le silence, ne plus voir, ne plus entendre, ne plus parler au grand désespoir de Rosita. Il est dans le déni, certes, mais comment pouvait-on imaginer ce qui se passait réellement dans le ghetto, puis la déportation, les camps de travail « la solution finale » ? les journaux évoquaient parfois des évènements en Europe, mais chacun préférait rester dans l'ignorance.

On aurait pu penser que Vicente parle avec sa femme, dont la famille a fui les pogroms en 1905, mais personne n'en parle, donc impossible de mettre des mots et de partager.

On voit sombrer Vicente dans la mélancolie la plus noire, enfermé dans sa forteresse intérieure, il s'éloigne de tout le monde, refusant de partager sa douleur. Il fait un cauchemar récurent où un mur l'emprisonne de plus en plus… Il se punit sans arrêt pour ce qu'il n'a pas fait, se demande qui il est vraiment : Argentin, Polonais, Juif ?

Santiago H. Amigorena calque son récit sur l'évolution des évènements en Europe sous le joug nazi, à la lumière de ce que l'on sait actuellement, évoquant la difficulté à mettre un nom sur l'innommable : génocide ? holocauste ? Shoah ?

L'écriture est belle, avec des répétitions qui scandent la montée en puissance de la souffrance et de la culpabilité : je sais, je ne sais pas, je ne veux pas savoir… comme on récite un mantra, exercice de style qui illustre très bien le sujet qu'il traite.

C'est le petit-fils de Vicente qui raconte l'histoire, procédé intéressant, car il vient en sorte témoigner de ce qui s'est passé dans cette famille.

J'ai beaucoup aimé ce roman, c'est presque un coup de coeur d'ailleurs, presque, parce que parfois on a du mal à rester en empathie avec Vicente, sans être tenter de le juger : la même interrogation toujours : qu'est ce que j'aurais fait à sa place ? « on ne saura jamais ce qu'on a dans nos ventres » comme le chante si bien Jean-Jacques Goldman, on aimerait être un héros, un résistant qui n'a pas plié sous le joug nazi et puis c'est si facile de refaire l'histoire quand on a tous les éléments en mains.
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J'aimerais trouver les mots pour pouvoir vous dire combien ce livre m'a touchée, pour pouvoir vous encourager à le lire....
Parfois quand vous lisez un livre, vous pouvez ressentir de l'ennui (là il vaut mieux l'abandonner !), de la peur, de la joie, de la tristesse... toute une palette de sentiments, de sensations. C'est l'intérêt d'un livre ! C'est pour cette raison qu'on lit et qu'on continue à lire....

Ce livre est une 1e pour moi : j'ai déjà eu le coeur serré, l'impression d'avoir la poitrine prise dans un étau, les larmes aux yeux.....Là j'ai eu physiquement mal au ventre pour le personnage central, le grand-père de l'auteur. Grand-père qui a émigré en Argentine avant la 2de guerre mondiale, laissant sa famille, juive, en Pologne.... La culpabilité, l'attente, les questionnements sur l'identité, le silence. Tous ces thèmes sont abordés dans ce livre.
Ce livre a été pour moi un vrai coup. Pas un coup de coeur non, un coup au coeur. Je n'arrivais pas à l'arrêter et pourtant il fallait que je le laisse, pour respirer.... Une lecture qui me marquera j'en suis sûre et que je vous encourage à essayer...
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Un style original, qui marque. L'auteur est le petit fils de Vincente, il récit pour lui le choc, le traumatisme et le désespoir de la déportation des siens . Comment leur survivre, cette culpabilité du survivant . Un livre très personnel, sincère, éprouvant . Survivre, échapper au pure mais ne plus savoir vivre comme avant, ne pas mesurer sa chance juste s'en vouloir, comme une obsession qui bloque tout quotidien et toute joie.
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Voyage au bout du silence.

Quel est le chemin intime qui mène à l'exil ? Comment vit-on cet exil à jamais éloigné des siens?

Comment vit-on cet exil de surcroit quand on sait les gens qu'on aime en péril ?

Des questions, des équations irrésolues qui tourmentent ou torturent Vicente, juif-polonais exilé en Argentine depuis 13 ans.
En ces années de seconde guerre mondiale, alors qu'il vit plutôt heureux à Buenos-Aires, ces questions se font plus prégnantes quand il apprend que sa mère et son frère aîné sont reclus dans l'effroyable ghetto de Varsovie.

Que fait-on de ses racines, ni revendiquées, ni cachées, quand elles sont la cause même de se qui menace ses proches, là-bas, si loin que l'on ne peut rien y faire?

Qu'est-ce qu'être juif quand on ne s'est jamais senti une âme de pratiquant ?

On se mure dans le déni, on s'oblige à ne rien savoir, on évite tous les médias qui pourraient distiller quelques infos, on refuse d'écouter le copain qui est informé, lui… et puis…

Et puis la vérité vous éclate à la gueule !

La vérité explose votre petit bonheur à deux balles construit sur des cendres, des sables mouvants.
La vérité s'immisce, s'insinue la garce, la salope et vrille votre raison et vous laisse exsangue.

La vérité n'est pas une sainte.

La vérité n'est pas forcément nimbée d'une aura miraculeuse, elle sait être laide, ignoble, effrayante même si elle représente la réalité.
Le ghetto de Varsovie fut une réalité qui étrangla 40% de sa population sur 4% de sa superficie.

Une réalité qui affama ces reclus pour seulement appartenir à une religion honnie par un chancelier qui avait perdu tout sens concret de l'humanité.

La Shoah est une réalité.

Peut-on vivre avec cela, rester hermétique à la folie qui tue parce que de l'autre rive de l'océan, sur le vieux continent fuit volontairement quelques années plus tôt pour échapper à sa famille envahissante et acquérir une vraie autonomie  ?

Pour Vicente, c'est une torture que de concilier le bonheur familial auquel il a légitimement droit et ces questionnements identitaires qui l'assaillent de plus en plus.
Lui qui ne s'était jamais senti appartenir à une catégorie spécifique ou à une communauté distincte se ressent de plus en plus juif, peut-être précisément parce qu'ils sont persécutés par les nazis, là-bas.

Afin de nous ancrer dans la période ou se situe son roman, l'auteur se (nous) remémore certains pans de l'histoire dantesque qui se déroula en Allemagne ou en Pologne. Les diverses options prises par le IIIe Reich dans la ‘genèse' de la solution finale de la question juive (Madagascar, les commandos itinérants…) nous sont rappelés afin de nous approcher des tourments qui hantent le protagoniste principal.

Au-delà de l'appartenance au peuple juif, ce roman intime, superbement écrit, nous interroge sur la filiation, sur l'héritage aussi bien physique que culturel, sur le bagage que nous trimballons notre vie durant issu de l'éducation qui a été la nôtre ou l'apprentissage qui nous a été donné de suivre (ou pas).

Nait-on de notre peuple ou y appartenons nous parce que son enseignement nous a été délivré ? Quelle en est notre responsabilité ?

Il y est surtout question de culpabilité.

Vicente a-t-il raison de se sentir coupable vis-à-vis des siens de les avoir quittés (abandonnés) avant l'effroyable tragédie ?
Est-on coupable d'avoir échappé à un drame quand notre histoire intime ou héritée nous y prédestinait ? 

Comment continuer à exister avec ce sentiment enfoui quand on est un survivant ? le survivant !
La dépression l'engloutit Vicente, le dévore de l'intérieur, l'isole de sa femme, de ses enfants, de ses amis…

Tempête sous un crâne.

Tout est intériorisé, il se replie et se laisse glisser vers ses sombres abimes qui vont l'emporter la ou il pourra être enfin seul.

Sa seule attente : le silence.
Son refuge : le silence.

‘Il avait voulu ne pas savoir parce qu'il avait songé que tout ce qu'il saurait serait pire que son ignorance'

Existe-t-il un mot qui puisse exprimer l'horreur que le peuple juif a vécu durant ces années d'épouvante, je ne le crois pas.
Le silence qui a suivi la découverte de cette ‘tragédie' me semble la preuve : c'est inexprimable.

Pourtant, à travers ce personnage qui n'en a rien vécu et qui s'est obligé à ne pas savoir ce qu'il a su, l'auteur nous emmène au bord de l'abîme et nous livre un ouvrage éblouissant  ou il s'emploie à faire en sorte que nous, nous n'oublions jamais ce que nous n'avons pas connu.
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Après six livres autobiographiques que je n'ai pas (encore) lu, mais dont les titres évoquent un silence assourdissant (Une enfance laconique, Une jeunesse aphone, Une adolescence taciturne ), Santiago Amigorena raconte son grand-père, Vicente Rosenberg, juif polonais, émigré en Argentine en 1928. Douze ans plus tard il est parfaitement intégré, gagne bien sa vie, il est marié à Rosita, de la deuxième génération de ceux qui ont fui les pogroms du début du siècle en Russie, ils ont trois enfants. Quand Vicente est parti c'est en bonne partie pour fuir sa famille, du coup il ne se préoccupe de sa mère restée en Pologne que tardivement, en 1941, il culpabilise d'autant plus et plus le temps passe, plus il se terre dans le silence. Ni ses amis ni sa femme n'arrivent à le sortir de là. En fait lui qui n'a rien vécu de la shoah se comporte comme pas mal de rescapés d' Auschwitz, alors qu'il vit dans un pays qui n'est entré en guerre qu'au printemps 1945. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur parle de l'admiration de son grand-père pour la culture allemande, puis de son rejet. Cela peut surprendre, ce silence par rapport à sa femme et ses enfants, quand on sait les dégâts que cela peut faire, mais c'était une autre époque, une autre mentalité : il pensait les protéger. Ce qui rend ce roman très fort, c'est que le lecteur en vient à se demander comment il aurait réagi à la place de Vicente. le style se fait, à force de répétitions, étouffant, comme une spirale infernale ou un noeud coulant qui se resserre inexorablement. C'est peu agréable, mais diablement efficace !
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Un juif polonais exilé en Argentine où il a construit sa vie familiale et professionnelle avant la seconde guerre mondiale, change de tempérament lorsqu'il apprend le sort dévolu à sa famille maternelle.
Rongé par le remords de ne pas avoir fait partir sa mère et son frère à temps, de ne pas avoir insisté pour les accueillir, il devient taciturne et quasi muet.
Ce roman extrêmement émouvant raconte mieux que beaucoup d'autres la souffrance de ce que a été la Shoah et l'impossibilité même de l'imaginer.
Les sentiments de Vicente sont décrits sans pathos, l'auteur expose les faits de manière brute, sans fioritures inutiles et nous découvrons lors de l'épilogue de qui il s'agit (quoique facile à deviner).
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« J'ai souvent écrit que l'oubli était plus important que la mémoire. J'ai souvent songé, comme Pasolini, que celui qui oublie jouit plus que celui qui se souvient. »

1940, Vicente juif polonais vit en Argentine avec sa femme et ses deux enfants. La guerre en Europe est si loin qu'on pourrait se croire en temps de paix. Sa mère et son frère sont encore en Pologne. Vicente se sent en ce temps-là bien plus argentin que juif ou polonais. À Varsovie, les Allemands ont commencé à bâtir un mur, mais partout dans le monde on ignore ce qu'est réellement la vie à l'intérieur du ghetto. Une zone d'à peine trois kilomètres carrés où vont vivre plus de quatre cent mille personnes. Les allemands vont mettre en oeuvre une véritable entreprise industrielle pour régler la question juive, onze millions de personnes à assassiner,

Dans ce roman, Santiago Amigorena nous raconte une histoire vraie, celle de son grand-père Vicente, mais ce roman est avant tout l'histoire du silence. Celui des informations qui sont confuses, incomplètes, les journaux donnent une version incertaine des atrocités qui ont lieu. Partout dans le monde on préfère ne pas parler, ne pas savoir. le silence dans lequel va se réfugier Vicente . Une lettre de sa mère va lui ouvrir les yeux, il aurait préféré ne pas savoir, il cesse de croire que la vie est plus importante que la mort. Tout ce qu'il a soupçonné tout ce qu'il n'a pu imaginer est moins horrible que la vérité.
Une réflexion sur l'identité,
« Pawel avait une mère juive et un père chrétien. Et il disait toujours que c'était bizarre, parce que si on lui demandait s'il était chrétien il disait toujours non et ça s'arrêtait là, mais si on lui demandait s'il était juif il disait toujours non, et il se sentait coupable. »

Une réflexion sur les origines,
« C'est comme si cette origine juive était une grosse valise qu'il fallait se trimballer pendant toute notre existence... comme un héritage tellement lourd, tellement immense. »

Mais surtout une réflexion sur la culpabilité. Alors que sa mère et son frère sont enfermés dans le ghetto de Varsovie, Vicente va s'enfermer dans un ghetto intérieur, ignorant ses enfants et sa femme. Un récit bouleversant, qui alterne la progression de la mise en place de l'extermination des juifs avec le drame intime vécu par Vicente étouffé par sa culpabilité, sa culpabilité de survivant.


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Ce livre est un vrai coup de coeur ! Je l'ai dévoré. Il parle d'un sujet extrêmement dur, il aborde la Shoah d'une façon assez différente de ce que l'on peut lire dans de nombreux romans.

Ici, la question tourne autour de la définition d'un individu, dans ce roman l'auteur tente de répondre à la question « qu'est-ce qu'être juif ? Doit-on se sentir juif ? » En effet, de nombreuses personnes sont juives car leur mère l'était mais comme ils ne pratiquent pas la religion, ils ne se sentent pas juifs. Sauf que lorsque les Nazis accèdent au pouvoir, il n'y a plus de demi-mesure : un juif est un juif, qu'il pratique ou qu'il ne pratique pas, que ses origines soient lointaines ou non…

L'auteur montre également que ces événement ont également fait des victimes collatérales, à l'image de Vicente qui souffre d'être l'un des survivants. Lui qui a si longtemps insisté pour que sa mère vienne en Argentine mais qui, devant ses refus, n'a pas insisté plus que ça, lorsqu'il comprend que sa mère est morte on a l'impression que lui aussi meurt à petit feu et qu'il ne veut plus vivre.

L'écriture est fluide et simple tout en étant très profonde et en secouant le lecteur. L'auteur effectue à travers ce roman un travail de mémoire puisqu'il nous parle de son grand-père Vicente et qu'il amène à se questionner sur l'identité, la culpabilité, le silence. le roman est assez court mais il amène à une profonde réflexion de la part du lecteur.

Bref, je vous le conseille, une vraie pépite !
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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