Les groupements humains d'aujourd'hui, même quand ils s'impliquent dans la soi-disant "défense de la nature", ne peuvent que contribuer à sa destruction , pour la simple et bonne raison qu'ils la défendent comme si elle était quelque chose d'extérieur à la vie sociale. Défendre la nature contre l'activité humaine, voilà la terrible tâche dans laquelle beaucoup jettent aujourd'hui toutes leurs forces, sans s'apercevoir qu'ils creusent encore plus profondément la brèche entre la société et le monde naturel. L'individu climatisé qui passe le plus clair de sa journée dans l'indolence de la consommation énergétique ignore tout d'une nature dont il ne se rend même pas compte de la présence. Mais si les zones de nature sauvage sont peu à peu délimitées, entre elles s'ouvrent les vastes espaces de la circulation technique et mercantile.
Comment empêcher que la climatisation thermique et mentale déjà très répandue, devienne totale ? En cherchant à critiquer sans répit les conditions très dures que la détérioration physique et environnementale impose partout, pour au moins ne pas nous tromper sur ce qui a été perdu. Car il ne s'agit pas au bout du compte de protéger les espaces naturels de l'action technique industrielle, mais de s'attaquer aux raisons de cette action, sans se faire d'illusion sur les forces que nous pourrons déployer à leur encontre.