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sur 1332 notes
Été 1965. C'est en bordure de la vallée de l'Asse, dans une station-service obsolète, que vit le jeune garçon, âgé de 12 ans. Ça fait déjà quelque temps qu'il ne va plus à l'école. Depuis que le médecin a estimé qu'il était trop différent des autres. Alors, pour s'occuper, et après un temps d'apprentissage conséquent, il a le droit maintenant de remplir les réservoirs des rares voitures qui passent par là. Affublé de son blouson Shell que son père lui a donné, le sourire aux lèvres, il est heureux comme ça. Il n'embête personne et personne ne l'embête. Mais, le jour où il trouve un paquet de cigarettes et décide d'en fumer une, il manque de mettre le feu. Ses vieux parents se fâchent et appellent sa grande soeur, se plaignant de leur âge avancé pour s'occuper correctement de lui, sous-entendant que quelqu'un viendra le chercher bientôt. Pour prouver qu'il est un homme aux yeux de ses parents, il décide de partir faire la guerre...

Sur ce haut plateau perdu de Haute-Provence, celui qui se fera appelé Shell par sa reine va vivre des jours incroyables. Redoutant que ses parents ne le placent dans un institut spécialisé, le jeune garçon, parti pour faire la guerre afin de devenir un homme, un vrai, mais n'ayant croisé ni champ de bataille ni ennemi à abattre, va rencontrer la jolie et fantasque Viviane, une jeune parisienne en vacances. Au coeur de cette Provence magnifique, silencieuse et sauvage, sous un soleil écrasant, les deux jeunes adolescents vont nouer des liens singuliers. Jean-Baptiste Andréa nous plonge dans une ambiance onirique, presque surnaturelle, un peu hors du temps. Il décrit avec justesse et poésie les pensées de Shell, le regard qu'il porte sur lui, le rapport qu'il entretient avec les autres et le monde qui l'entoure. Shell, héros lunaire et doux-rêveur, est terriblement attachant. Une parenthèse enchanteresse et une véritable ode à la liberté et aux rêves. Un roman lumineux et sensible sur la différence.
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1965. Exclu de l'école pour rejoindre bientôt un établissement spécialisé, Shell, douze ans et différent, décide de prouver qu'il n'est plus un enfant en partant faire la guerre. Sa fugue le conduit dans les hauteurs qui surplombent la station-service où il vit avec ses parents, dans les Alpes de Haute-Provence. Il y fait deux rencontres : une fille de son âge, en qui il ne tarde pas à voir la grande amie qu'il n'a jamais eue et pour qui il serait prêt à tout, et un vieux berger solitaire qui a ses raisons de se faire discret dans le maquis.


Comme dans Cent millions d'années et un jour, les protagonistes de Jean-Baptiste Andrea préfèrent quitter leur triste quotidien dans la vallée et le rude monde des hommes ordinaires, pour courir après leurs rêves et chercher la paix dans la solitude de la montagne. Dans les deux livres, le conte s'avère bien cruel et le prix à payer exorbitant.


L'innocence de Shell nous ouvre les portes d'un univers de tendresse et de fraîcheur, où, le temps d'une parenthèse que l'on sait bien devoir se refermer, comme une sorte de moment de grâce fragile et fugace, s'épanouit un amour pur et lumineux, touchant et merveilleux. Comme on aimerait faire durer ces instants et protéger la candeur de Shell de l'inévitable retour à la réalité ! Mais le serrement de coeur prémonitoire du lecteur se terminera bien dans les larmes.


Shell n'est-il pas l'incarnation de l'enfant tué en chacun d'entre nous, forcé de grandir et de perdre son innocence et ses illusions à son entrée dans l'âge adulte ? La mort est-elle le prix qu'il faut être prêt à payer pour préserver ses rêves ?


Ce premier roman court et poétique, beau et cruel, porte déjà les germes d'une thématique qui semble chère à l'auteur, explorée ici à l'émouvante hauteur d'un enfant plus vulnérable que les autres. Coup de coeur.

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Shell, nom d'emprunt ou véritable nom, je l'ignore, est un jeune garçon de douze ans, en marge de la société puisque sa tête ne grandit pas aussi vite que son corps. Il est différent. Il perçoit mal ou mieux les recoins du monde, c'est selon. Il a aussi une imagination débordante où il se met en tête d'aller à la guerre pour devenir un homme, un grand.
Il fugue pour rejoindre ce monde qui semble l'attendre. Mais nulles batailles à l'horizon. Les soldats se sont tus, laissant la place à une nature sauvage et épurée, une Provence chatoyante sous le soleil éclatant de l'été. C'est loin des hommes là-bas dans la nature qu'il rencontre Viviane, une petite fille de son âge qui vit elle aussi dans un monde fantasque. Viviane deviendra sa reine. Sa confidente, son amie, son alter ego. Lui qui n'a jamais eu d'amis, lui qui n'a jamais joué avec personne, il trouve en Viviane cet élan de liberté et de confiance pour colorer son monde.

Dans une réalité parfois difficile, on reconnaît ici tout le pouvoir de la résilience à travers l'imagination, qui est une force incroyable pour s'accrocher à meilleure terre que la réalité.

Je n'ai peut-être pas compris toutes les subtilités dont regorge ce roman, je pense avoir cerné le message principal, le voyage onirique dans un monde plus beau.
La capacité à rêver, à imaginer est un don merveilleux pour tous ces êtres perdus dans un monde incompris.
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Drôlement tendre ce livre, terriblement attachant son héros, ce jeune garçon prénommé Shell. Ce roman est une parenthèse enchanteresse faisant la part belle aux êtres différents, cabossés, ceux que l'on moque, que l'on regarde étrangement, ceux que l'on relègue instinctivement loin de soi, aux confins, ceux que l'on bat aussi parfois…les encombrants, les gênants, les brimés, ces êtres dont on ne sait que faire.

Provence dans les années 60. Nous sommes dans la vallée de l'Asse, une vallée reculée à l'habitat dispersé et parsemé, en plein coeur des Alpes de Haute-Provence. Shell vit avec ses parents qui tiennent une vieille station-essence, aux deux pompes faméliques et désuètes, à 10 kilomètres du premier village. Autrefois c'était une station Shell d'où le blouson qui appartient au garçon avec ce mot écrit en gros dessus et dont il est fier. Avec son blouson sur le dos, le petit lave les pompes ou fait le plein aux rares clients. du fait de ventes insuffisantes, le pompiste a du changer d'enseigne.
Le jeune garçon est très seul, sans frère et soeur, sans voisin, sans ami. Il a quitté l'école alors qu'il n'a que 12 ans, parce que ça ne se passait pas bien, ni pour les apprentissages, ni avec ses camarades de classe qui ne cessaient de le harceler. Il n'est pas adapté au système scolaire classique, le médecin l'a estimé trop différent des autres pour continuer une scolarité normale.

Nous découvrons au fil des pages qu'il n'est en effet pas comme les autres et qu'il fait souvent des "bêtises" comme mettre le feu à la garrigue qui a failli dévaster la montagne, par exemple, cet été 1965, sans le faire exprès...C'est un petit garçon dont la tête n'a pas grandi, qui comprend tout au premier degré, qui a une simplicité d'entendement, le genre de garçon qualifié dans les villages ruraux d'idiot du village. Un « moteur de 2CV » dans sa tête mais avec une carrosserie « d'Alfa Roméo Giulietta » comme lui-même nous l'explique.

« Ma tête, au contraire, elle était grande, bien plus grande que celle des autres. C'était le monde qui était petit, et je ne voyais pas comment on pouvait faire rentrer quelque chose de grand dans quelque chose de petit ».

Ne voulant pas être mis dans un institut spécialisé et désireux de prouver à ses parents qu'il est devenu grand maintenant, qu'il est désormais un homme, il décide de fuir la station en pleine nuit, un grand sac en bandoulière et la 22 long rifle de son père, pour partir à la guerre, celle qu'il voit à la télé, télé toujours allumée et véritable membre de la famille d'ailleurs. Mais cette guerre, il ne sait pas où elle a lieu et c'est sur un plateau que son errance le porte, là où il décide de rester un peu et là où il fait la connaissance de Viviane, jeune parisienne qui passe ses vacances là. Elle est la Reine, elle va devenir sa Reine.

« Elle avait une drôle de voix rauque, une voix de femme qui n'allait pas avec son corps de fille. Elle était très mince, tellement qu'elle avait l'air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne. Ses cheveux étaient courts et blonds avec une longue mèche sur le front, un genre de coupe de garçon. Mais ce sont ses yeux qui m'ont frappé, et quand je dis frappé, j'ai vraiment eu l'impression de recevoir un coup, parce qu'ils avaient l'air en colère et que je n'avais rien fait ».

Elle va venir le voir tous les jours, lui trouver une bergerie abandonnée pour qu'il puisse se cacher et dormir, lui apporter à manger, jouer avec lui. Pendant ce temps les gendarmes le recherchent.
Elle va surtout lui raconter son Royaume, dicter ses règles et ses commandements de Reine, et ensemble, ils vont réinventer le monde, un monde empli de poésie, d'innocence, de secrets et de serments, loin, très loin de la réalité qui les fait souffrir tous deux d'une façon différente. Viviane obsède Shell. Elle est jolie, espiègle, forte, fantasque et il est prêt à tout pour elle…Or, un jour, elle ne revient pas, après plusieurs jours d'attente, quasi inanimé, Shell est recueilli par le berger, Matti, qui vit toute l'année sur le plateau…

Ce qui est formidable dans ce court roman est que parole est donnée au petit Shell dont on découvre le monde, les brimades, l'errance, la rencontre avec Viviane puis Matti, les angoisses, à travers son regard. Cette vision d'un enfant, d'un enfant attardé qui plus est, donne au récit un ton frais et pur, un regard décalé, drôle et innocent. Très touchant le plus souvent. Ses étonnements, ses émerveillements, ses ressentis sont d'une poésie renversante. Ses pudeurs, d'une innocence délicate.

« J'ai aspiré une grande bouffée de nuit, une odeur âcre d'église, d'ardoise et de sarriette (…) Enfin le jour s'est levé, je me suis tourné vers lui. C'était une eau rouge qui montait à l'horizon et qui coulait sur le plateau par seul côté où il n'était pas fermé, ce même plateau vers lequel j'allais bientôt tomber, même si je ne le savais pas encore évidemment. Et tout d'un coup la lumière rouge est devenue blanche, le plateau s'est mis à briller, c'était le plus bel endroit du monde. Un gros rocher dépassait des champs, je suis allé m'allonger contre pour dormir. Avant de fermer les yeux, j'ai vu un sainfoin flou avec une grosse fleur pourpre. Sur la tige, un scarabée couvert de rosée grimpait vers le soleil ».

Nous sommes touchés non seulement par ce que vit et ressent Shell, marqués par son innocence, portés par son amour, mais, à travers son regard et ses mots, dans le récit offert, nous touchons du doigt doucement les faiblesses et inaptitudes de Viviane et Matti. Trois êtres cabossés à leur manière. Trois êtres à la lisière de la société et du monde adulte « normal » qui manque souvent cruellement de poésie.


Ce roman est un véritable hymne à la différence, à la tolérance et à la liberté qui permet de retrouver avec bonheur notre âme d'enfant. En tout cas, c'est certain, Jean-Baptiste Andréa a dû la conserver la sienne, son âme d'enfant, pour nous offrir une histoire d'enfants aussi magique, aussi poétique et aussi belle ! Sans oublier cet humour entremêlé au tragique qui fait de ce roman un récit délicat sans fioriture ni mièvrerie, sans jugement ni pathos. Pas étonnant qu'il est reçu le prix du premier roman en 2017 ainsi que le prix Fémina des lycéens cette même année. Un auteur dont je vais poursuivre avec bonheur la découverte !



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Je ne cesse de me dire qu'aimer lire est une grande chance. Bien qu'étant en Bretagne et aujourd'hui sous la pluie, j'ai pu passer mon après-midi dans la montagne sous un soleil de plomb ! J'ai en plus pu faire connaissance d'un jeune garçon surnommé Shell et de sa reine Viviane ainsi que de Matti, un berger d'une grande et belle humanité. Pendant quelques heures je n'ai vu ni la pluie ni été polluée par la morosité ambiante. J'ai été emportée par la poésie de Shell, par son innocence, sa naïveté mais aussi et surtout par son amour. La différence de Shell m'a émue et m'a confirmée, ô combien la soi-disant normalité peut nous éloigner de l' essentiel.
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Voici un joli premier roman qui nous conte l'histoire d'un jeune adolescent pas comme les autres.
Shell ne grandira plus dans sa tête, alors il veut montrer qu'il peut devenir un homme en partant à la guerre.
La guerre c'est loin, avant d'y parvenir il vivra des moments douloureux et d'autres bien lumineux dès qu'il rencontrera Viviane.
Dans cette garrigue provençale, elle l'aidera à rester caché des gendarmes.
Lui qui n'en a jamais vraiment eu, a une amie ... une reine ! Et à une reine, on obéit toujours !

Entre amour et amitié, entre enfance et adolescence, entre poésie et dure réalite, Shell nous offre la grâce de sa naïveté.
On n'a pas envie de le laisser s'envoler, on veut encore lui tenir la main.
Est-ce la peine de vous le dire ? Vous avez déjà compris... j'ai beaucoup aimé cette lecture.
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C'est l'histoire d'un petit garçon pas comme les autres, un inadapté pour reprendre le qualificatif utilisé par l'auteure Clara Dupont-Monod, dans son très beau livre.
« Foudre de guerre. Génie. Lumière. C'était tout ce que je n'étais pas, on n'arrêtait pas de me le répéter. Maintenant, il faut que je le dise, je suis bizarre. Moi je ne trouve pas, mais les autres oui. »
Il n'a même pas de prénom, il est Shell comme écrit sur le blouson qu'il porte si fièrement quand il sert l'essence dans la station de ses parents perdue au fond d'une vallée en Provence. C'est l'été, il fait si chaud, qu'un rien suffit à déclencher un incendie. Alors quand il lâche la cigarette qu'il essayait de fumer, il a failli provoquer la catastrophe. Ses parents se résignent alors à l'envoyer ailleurs.
Ailleurs, il ne veut pas y aller. Alors il part. A la guerre comme les images qu'il voit de temps en temps à la télévision. Pour devenir un Héros. Mais la guerre c'est loin : il s'arrêtera sur le plateau qui surplombe la vallée. C'est là qu'il rencontre Viviane, Viviane dont il n'est même pas sûr qu'elle existe vraiment, Viviane qui va jouer avec lui, qui va se jouer de lui, qui deviendra sa Reine, mais qui aussi lui donnera l'impression d'être un autre, différent de « l'âne » avec qui personne ne voulait jouer.
« Elle était très mince, tellement qu'elle avait l'air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne »
L'auteur par la voix de ce petit garçon qui voudrait devenir un homme raconte ces deux mois d'été.
Deux mois hors du temps, hors de la compagnie des hommes si ce n'est celle de Matti, le berger, lui aussi rejeté parce que différent : il n'est pas d'ici. Deux mois entre le ciel et la terre, deux mois pendant lesquels Shell connaitra l'amour, la dévotion pour sa Reine, le désespoir quand elle est partie, l'incompréhension quand elle revient et ne veut plus jouer. Deux mois d'un été à l'ambiance particulière. On ne sait plus si on est dans la réalité ou dans un songe.
Un livre comme une ode à la liberté, au droit à la différence, aux enfants qui parfois ne savent pas grandir. Un conte à l'écriture lumineuse et poétique. C'était le premier livre de l'auteur, Il a largement confirmé son talent depuis.
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Parce qu'il ne pense pas aussi vite que ses camarades, ses parents l'ont déscolarisé. Depuis il les aide à faire le plein des rares voitures qui s'échouent dans leur petite station essence, sur le plateau surplombant la vallée de l'Asse.
Cet été là, il va s'enfuir pour aller faire la guerre, pour devenir un homme. Cet été là, il rencontrera Viviane « sa reine », puis Matti, le berger et ce sera la paix qu'il trouvera.
Très belle histoire de Jean-Baptiste Andrea, tout en fraicheur et en innocence.
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Avec ce type de livres, de deux choses l'une : soit la magie opère et l'on garde du roman un souvenir lumineux, quelque chose qui relève de la beauté, de la pure poésie, ou bien, ça ne prend pas, le soufflé retombe et le roman ne produit au mieux que deux trois étincelles que l'on aura vite fait d'oublier.
J'avoue que lorsque j'ai découvert le sujet, l'histoire d'un petit garçon de douze ans pas comme les autres « Foudre de guerre. Génie. Lumière. C'était tout ce que je n'étais pas, on n'arrêtait pas de me le répéter », qui décide de quitter sa maison pour partir à la guerre et devenir un homme, j'ai eu très peur : le sujet me semblait risqué. Écrire du point de vue d'un gamin intellectuellement déficient peut donner des choses pas forcément très heureuses, on l'imagine aisément.
Alors, me direz-vous ? Eh bien, c'est réussi : le texte est vraiment beau, pur, sensible, d'une grande sensualité, il y a un je ne sais quoi du Petit Prince dans l'atmosphère un peu étrange qu'il dégage...
Comme je vous le disais, c'est l'histoire d'un jeune garçon dont on ne connaîtra pas le vrai prénom et qui sera surnommé Shell parce que ses parents travaillent dans une station- service. Nous sommes dans le sud de la France dans la Vallée de l'Asse, un peu au milieu de nulle part, dans les années soixante. C'est l'été, il fait chaud, Shell fume sa première cigarette derrière la station-service. Un peu secoué par sa première bouffée, il lâche sa cigarette sur un tas d'aiguilles de pin qui s'enflamme. le soir même, il comprend en entendant ses parents s'entretenir au téléphone avec sa soeur qu'il sera placé et décide de partir, d'aller voir ailleurs, de l'autre côté du plateau.
Il souhaite devenir un homme et pour cela, il est persuadé qu'il doit faire la guerre. Il s'empare donc du fusil de son père et part. « A force de m'entendre répéter que je n'étais qu'un enfant, et que c'était très bien comme ça, l'inévitable est arrivé. J'ai voulu leur prouver que j'étais un homme. Et les hommes, ça fait la guerre, je le voyais tout le temps à la télé, un vieil appareil bombé devant lequel mes parents mangeaient quand la station était fermée. »
Pourtant, Shell aimait sa vie dans la station-service, les petits travaux qu'il y faisait, même si chaque jour ressemblait toujours beaucoup à celui de la veille : « Mes parents parlaient peu. A la maison, un rectangle de parpaings que mon père n'avait jamais fini d'enduire derrière la station, les seuls bruits étaient ceux de la télévision, et des mules de cuir sur le lino, du vent qui dévalait de la montagne et qui venait se coincer entre la paroi et le mur de ma chambre. Mais nous, on ne parlait pas, on s'était déjà tout dit. »
Le garçon décide donc de partir à la guerre. Très bien, mais… c'est où la guerre ?
Et si au lieu de la guerre, il faisait une autre rencontre, une vraie, une grande, si son chemin croisait celui d'une Reine, une vraie Reine qui l'aiderait à devenir un homme...
Ce texte m'a charmée par cette atmosphère étrange, onirique qu'il dégage. le rapport de cet enfant au monde qui l'entoure est particulièrement bien rendu : en effet, Shell est à la fois étranger à ce monde et en même temps un élément de la nature qu'il traverse, à laquelle il se mêle intimement et dont il devient le coeur.
Il se donne, s'offre au monde sans compter jusqu'à risquer d'en perdre la vie. On peut parler même d'une espèce d'osmose entre le monde et l'enfant, magnifiquement rendue par les mots de Jean-Baptiste Andrea. Shell est le soleil, l'eau, la terre, la roche dans une espèce de sensualité folle et sans limites. Et c'est vraiment superbe.
Enfin, j'ai aimé la langue poétique, à la fois simple, comme l'esprit de l'enfant, et en même temps, révélant des beautés inaccessibles à nos yeux de gens dits « normaux », une langue qui permet au lecteur de retrouver son esprit d'enfance… Magique, non ?
Oui, incontestablement, l'enchantement a eu lieu, Shell devient à son tour un Roi, un Prince des éléments, de l'amour, du don de soi à l'autre, de la liberté…
Un conte initiatique poétique et lumineux dont je ne peux que vous conseiller la lecture !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Il fugue, espérant trouver une guerre où se valoriser, Shell, môme attardé d'une station d'essence perdue de Provence et qui ne connait de la vie que les films de guerre regardés avec son père sur la vieille télé. Viviane le trouve, affamé, perdu, leur invente un jeu, une vie de reine...

J'ai bien aimé le début mais à la longue ce monologue de Shell, qui rend par ailleurs très bien la naïveté, l'émerveillement, les phobies d'un faible d'esprit, m'a lassé.
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