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sur 640 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Christine

Je viens de terminer votre livre lu d'une traite.
C'est admirable de courage et d'introspection.
Ça dû être très difficile de replonger dans ce passé honni et poisseux.
Votre mémoire traumatique justement vous a sans doute refait vivre tout "ça".
Beaucoup de choses à dire.
Tout d'abord, cette rencontre avec votre père, qui doit vous reconnaître, ne l'ayant pas fait à votre naissance. Vous portiez le nom de votre mère, ce géniteur ayant quitté votre mère avant votre naissance. Ce nom "Angot" vient du père, Pierre Angot, grand traducteur, brillant intellectuel.
C'est à cette période que commencent les attouchements, les fellations, les caresses et tout le reste. Comme si, de par sa reconnaissance à votre égard vous deviez le "remercier"pour ce nom qu'il vous donnait, qu'il vous offrait.
L'addition était salée.
C'est en "Angot" que le crime débutera.
À partir de là, vous avez clivé, coupée en deux, le corps est présent, sans aucun doute, mais la pensée s'envole, s'efface, se mutile pour que le trauma soit moins atroce, le réel moins coupant, moins mortifère. Car c'est une sorte de mort que vous avez vécu.
Le jour où votre mère a été informée des viols, elle fait la nuit suivante une infection des trompes, une salpingite. Quand les mots sont absents, le corps parle.
Quelle lucidité et quel courage ! Ce père qui a tous les droits puisqu'il est le "père", tel un Pharaon de l'Égypte ancienne, vous nie, vous salit et vous vampirise sans l'ombre d'un remord. Pourtant l'inceste est un déni du rôle sexuel paternel puis que c'est un des premier interdit de la Loi. Il minimise, il appauvrit ses actes, et par là, minimise l'inceste.
Pourquoi le revoir ? Parce que vous l'aimiez, vous l'admiriez et surtout vous insistiez pour avoir des relations normales entre père et fille.
Vous étiez morte à l'intérieur, mais vous surveilliez tout, d'une vigilance extrême, tout le temps. Votre capacité d'analyse très jeune vous honore.
Bien sûr, la culpabilité est présente, tout le temps.
Quand vous avez décidé des années après, de porter plainte, l'inspecteur vous dira qu'il y un risque de non-lieu, et cela vous mettra dans une colère noire ; comment ça un non-lieu ? Comme si rien ne s'était passé, comme si cela n'avait jamais existé. Insupportable. Et votre père qui finit Alzheimer, quel pied de nez....
Je voulais vous écrire pour vous faire part de mon admiration pour votre courage, votre lucidité et pour l'écriture de ce livre que j'ai adoré.
J'avoue avoir commencé l'ouvrage mal à l'aise, limite angoissée, et puis c'est passé.
Très beau moment de lecture, abasourdie de souffrance pour vous, empathique à l'extrême.
Ce qui m'a choquée ce sont ces langues qui ne se délient point, ces bouches qui gardent le secret alors qu'elles savent, jusqu'à votre propre mari, Claude, qui entend même le lit grincer au-dessus de lui.
L'inceste, c'est l'Omerta. On n'en parle pas, c'est tabou, c'est comme ça.
Sauf pour Christine Angot qui nous livre là son plus bel ouvrage, le plus réussi, le plus sincère, et le plus authentique.
Merci Christine pour cette lecture si éprouvante (et oui), mais si criante de vérité.
Angot, soit on la déteste, soit on l'adore.
Pour ma part, j'ai choisi.
Un très grand moment de lecture.




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Alors oui, je sais, Christine Angot n'est pas aimée, ses propos peuvent être douteux, non fondés, mais surtout, ouvrons les yeux, c'est ce qu'elle raconte depuis quelques années qui dérange. A l'heure où les langues se délient sur la pédocriminalité, c'est encore mal vu de dénoncer ce qui se produit au sein même des familles. Et oui, encore une fois, Christine Angot raconte l'inceste qu'elle a subi, les gestes déplacés de son propre père sur son corps d'adolescente de treize ans. Mais ici, le témoignage se transforme en voyage dans le passé, une recherche plus précise de la chronologie des actes subis, avec le vain espoir d'y trouver une explication…

« Je savais ce que signifiaient les actes de mon père. J'ai préféré me voir comme quelqu'un qui a son caractère, ses torts, qui fait ses erreurs, et qui les regrette en cherchant le sommeil. » Christine n'a connu son père qu'à l'âge de treize ans. Auparavant, elle ignorait qui était son géniteur. Et puis, un jour, il réapparait pour s'inscrire officiellement dans sa vie. Très vite, les gestes envers celle qu'il vient de reconnaître devant un notaire prennent une orientation qui dérange Christine. Sans vraiment en être sûre, elle sent que les caresses que lui prodigue son père ne sont pas acceptables… Mais par peur de le décevoir, elle subit en silence.

« Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. de ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée. » Christine essaie de se confier mais se retient, par peur de gêner, par peur d'attirer l'attention sur elle, cette fille si banale et inintéressante.

« Il y avait ceux qui savaient, ceux qui ne savaient pas. Ça ne changeait pas grand-chose. Les uns pensaient que j'allais bien, parce que je ne l'avais pas dit, les autres, parce que je l'avais dit. » Un jour, la parole se délie… Et puis, ça ne change rien. Sa mère, et même son mari, Claude (quel imbécile !) ferment les yeux sur les agissements de cet homme qu'ils trouvent impressionnant !

« Vous ne vous rendez pas compte, de ce que ça fait d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille. Pour vous, l'inceste, c'est juste un truc sexuel. Vous ne comprenez pas. Vous ne comprenez pas. » A la lecture de ce texte autobiographique, plein de doutes, de révélations hésitantes, de confusions aussi, on se rend compte que l'auteure, cette femme qui se révèle une nouvelle fois sous des angles bien peu glorieux, n'a rien à voir avec le personnage médiatique que d'aucuns se plaisent à critiquer.

Lisez Christine Angot, l'auteure, et non Christine Angot, le personnage médiatique, découvrez sa plume incisive, et son message qui est avant tout une dénonciation de l'emprise masculine sur le corps de la femme.
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Beaucoup de belles et émouvantes critiques ont été publiées avant la mienne. Je partage l'émotion, et voudrais en parallèle insister sur l'importance de cet ouvrage, qui permet de comprendre de façon saisissante la destruction opérée par l'inceste. Inceste qui n'a pas (n'est toujours pas ?) été nommé, dans sa spécificité, par la loi française, qui l'assimile de façon générique au viol. Ainsi, les magistrats, les fonctionnaires de police, les éducateurs, les enseignants, les soignants, les psy, devraient avoir cette oeuvre au programme de leur formation. Pourquoi ? Parce qu'elle rassemble toutes les composantes de ces métiers: la Loi, la filiation, le developpementet l'identité symbolique et l'unité psychique de toute personne, la définition de la famille, l'énonciation du droit de la famille et des interdits dont elle se constitue,les devoirs des adultes, la protection des mineurs, la portée symbolique structurante de l'interdit de l'inceste allant jusqu'à la genèse du langage et de la pensée chez l'individu. le clinicien trouvera la description parfaite de la perversion narcissique. le géniteur de Christine Angot ne la "reconnaît" que pour l'asservir à sa propre jouissance, lui barrant l'accès à la féminité et à la sexualité . Il fait de sa fille une image de lui-même, dont il se repaît, lui deniant tout désir qui lui soit propre, toute qualité qui ne provienne de lui, et donc ne lui appartienne inconditionnellement. On repère aussi au passage qu'après son mariage, franchissement symbolique dont l'impossible se manifeste violemment à elle, Christine Angot tombe dans un gouffre sans fond, dont elle ne pourra émerger que très longtemps après, avec le secours de son travail psychanalytique, travail de construction par la parole, qui lui permet aussi de commencer à écrire.
J'ai été particulièrement touchée par le moment de détresse incommensurable où, adolescente, jetée comme un paquet à la gare par son père, parce qu'elle se refuse à lui, elle cherche un lien qui la replacerait dans l'ordre de l'humanité, en parlant mentalement à son sac de voyage. Elle parle de ce moment de deréliction à trois reprises dans le livre. Moment fondateur aussi, puisque le langage, faute de se traduire en parole juste, en parole vraie si elle pouvait alors être adressée à un être humain et entendue par lui, ce langage dont elle a l'usage, pourra être l'outil permettant le travail d'analyse, et la construction par l'écriture.J'ai un respect infini pour Christine Angot, et je suis fière de compter parmi ses lectrices et lecteurs, de lui dire que sa parole est entendue et reconnue par des lecteurs de plus en plus nombreux et de la remercier pour son travail inlassable d'écriture dont la lecture me rend plus humaine.
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Dans un premier temps, je me suis dit que j'allais relire une fois de plus le même livre.
L'inceste, les viols du père.
Si je comprenais bien pourquoi il était impossible à l'autrice de parler d'autre chose, (« Quand vous écrivez, c'est toujours parce que vous pensez qu'il y a quelque chose qui n'est pas compris » dit-elle dans une interview récente), pour autant j'y allais un peu à contrecoeur. Je pensais bien naïvement que tout pouvait être dit, un jour, sur ce sujet. Mais j'ai senti très vite que le projet n'était plus tout à fait le même, l'angle d'attaque différait, l'approche était tout autre. Je me trouvais face à une tentative de reconstitution, à une volonté viscérale de retrouver l'ordre des choses, les mots précis, les lieux exacts, les gestes réels. Pour mieux comprendre, mieux analyser, mieux cerner. Pour que tous les événements soient sus, que rien ne glisse dans l'oubli, que rien ne risque l'effacement, l'omission, le pardon.
Les faits sont là, rappelés, restitués, redits, inlassablement : une rencontre tardive, à l'âge de treize ans, avec un père fascinant : traducteur auprès des institutions européennes, il est riche, beau, élégant, c'est un intellectuel qui parle trente langues, lit les journaux. Il sait tout, a un avis sur tout. Christine n'est rien. Sa mère n'a pas fait d'études et n'a pas beaucoup d'argent. Elle le dit à sa fille : tu tiens de lui. Et elle s'en rend compte très vite, la fille, qu'elle est comme son père, qu'ils se ressemblent. « Nous sommes proches, semblables, identiques quelquefois. » Elle l'a rencontré tard et ne veut pas le perdre une seconde fois. Risquer de vivre un second abandon : surtout pas. Dire non, ce serait prendre le risque de le décevoir, de l'attrister. Et s'il ne revenait pas ?
le père va donc profiter de son pouvoir en exerçant pleinement sa domination. Faire « ça » avec elle, sa fille, n'est-ce pas l'exclure en tant que telle ?
Christine Angot reprend les faits, elle veut savoir, elle veut dire, encore et encore, parce qu'il manque quelques pièces au puzzle. Dire, c'est refuser de se soumettre. C'est dans l'espace de la parole, le lieu même de la littérature qu'elle pourra s'échapper, s'autoriser un espace de liberté.
Elle reprend contact avec son ancien conjoint, l'interroge. Elle se remémore ce jour où elle a voulu déposer plainte ; ce jour où on lui a dit que l'affaire se conclurait certainement par un non-lieu. Elle se souvient que ces mots « non-lieu », pour elle, n'étaient pas possibles. Elle ne pouvait pas risquer de recevoir cette réponse de la société. À l'époque, il lui aurait fallu des témoins, elle n'en avait pas. Elle a donc renoncé. Elle n'a pas pensé que cet ancien conjoint, Claude, savait : il avait entendu le père et la fille, il aurait pu parler. Pourquoi n'y a-t-elle pas pensé ? Pourquoi n'ont-ils pas pensé, tous les deux, à dire ? Sa mère aussi savait. Tout le monde savait et s'était tu dans une forme de collaboration silencieuse et passive.
le père, dans toute son insupportable arrogance, son odieux despotisme, son orgueil démesuré lui avait conseillé de raconter : « Tu devrais écrire sur ce que tu as vécu avec moi… C'est intéressant. C'est une expérience que tout le monde ne vit pas. » Mais attendez, il va encore plus loin ce père : faisant preuve de la plus totale indécence, il lui donne des conseils de style, d'écriture : « Il faudrait que le lecteur s'interroge, qu'il se demande s'il est dans le rêve, dans la réalité, que ce soit un peu incertain, un peu à la manière de Robbe-Grillet. Tu as lu son dernier roman, « Djinn »? »
C'eût été bien commode, ce flou artistique ! Il s'agit bien plutôt maintenant de ne rien oublier, de dire, dans une langue personnelle , claire, nette, crue, une réalité violente, brutale, sordide.
La littérature comme seul espace de résistance, de lutte, comme seul lieu où vivre, où rester en vie…
Fort, très très fort.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Figure devenue incontournable de la scène médiatique et littéraire, Christine Angot raconte dans le voyage dans l'Est le point de vue de la victime d'un inceste et l'impossibilité de sortir de l'emprise, de parler, de dire, de révéler, d'alerter, en bref, de faire cesser lorsqu'une enfant, une adulte sont victimes d'un inceste.
Il y a vingt-deux ans, en 1999, Christine Angot publiait son premier roman L'inceste. Depuis, régulièrement, Christine Angot reprend sa quête pour trouver la précision des mots écrit, afin de rendre compte de cette infraction dans l'intime et plus encore dans le psychisme.
Du mouvement #MeToo aux livres le consentement de Vanessa Springora et La familia Grande de Camille Krouchner, la parole des victimes est prise en compte de plus en plus au niveau social et politique. Alors pourquoi un ènième roman sur ce point ?
Christine Angot réussit dans le voyage dans l'Est a décortiqué la place de la victime et son impossibilité ainsi que son entourage de révéler l'interdit pour le faire cesser, tant le système est pris dans les mailles du filet de l'emprise malsaine de la personne ayant autorité et qui devrait assurer la protection.
La perversion de l'agresseur est particulièrement bien rendue qui trouve toujours justifications à ses comportements interdits et utilise le besoin de reconnaissance de sa victime. Son combat se poursuit en insistant aussi sur le fait qu'il n'y a pas d'inceste consenti comme l'idée semble s'insinuer dans la société lorsque adulte, la relation toxique se poursuit.
Elle a treize ans. Elle n'a jamais connu son père. Sa mère le lui présente. Il est beau, à une allure élégante, une position sociale très en vue, intelligent et très cultivé. Enfin, son rêve le plus cher se réalise ! Maintenant elle pourra en parler à ses copines, être fière de cette filiation. Elle est enfin reconnue !
Mais, la jeune fille constate au fil des rencontres des abus de pouvoir. Un baiser, une main sur le genou qui commence à remonter le long de sa jambe, puis vient les crimes d'infractions abjects. Mais, il est intelligent. Il devrait s'arrêter ! Il va comprendre ! La protection que ce père, personne ayant autorité, doit à son enfant est pulvérisée, anéantie à tel point que la victime se trouve encore plus démunie, esseulée, et dans l'incapacité d'en parler.
Christine Angot raconte la conscience que sa jeune narratrice a de l'interdit qui transparait dans tout son corps et ses pensées empêchant même de manifester autre chose tant, tout son être est monopolisé dans l'horreur de la minute à venir. Les tentatives sont nombreuses pour faire cesser. Par tous les moyens, la narratrice cherche à parler mais ne peut y arriver. de l'autre à ce moment, un souffle, une expression peuvent renvoyer la révélation dans le néant tellement la personne doute d'elle-même.
Christine Angot raconte les efforts de sa narratrice pour se sortir de cette relation toxique qui la détruit et la consume. Mais, le chantage s'opère, on le sait, à partir de la soif de tendresse et de reconnaissance de la victime. La narratrice rêve d'une relation qui redeviendrait normale entre elle et son père, prête même à tout oublier ! Sauf que le prédateur utilise tout au long de son emprise ce désir jamais assouvi. Des gages sont donnés pour le combler mais ils passent toujours par le chantage à la déviance. Tout au long du roman, la narratrice lutte pour reprendre sa liberté mais se heurte à des murs invisibles où l'emprise redevient opérante.
Autour d'elle, personne ne se rend compte. Même adulte, lorsque la narratrice cherche à s'affranchir de cette relation d'emprise, les personnes qui l'aiment et la soutiennent ne trouvent les mots et la liberté pour révéler le crime.
Le style de Christine Angot est le même, toujours aiguisé au scalpel. Ce roman dévoile l'effondrement psychique mais aussi physique, social et bien sûr sentimental de la victime depuis son adolescence jusqu'à l'âge adulte. On ne peut guérir de l'inceste, par contre, les mots qu'il faut trouver, précis, argumentés restent la solution pour faire comprendre, toujours et encore, le traumatisme ressenti par les victimes.
Le voyage dans l'Est fut pour moi un moment de lecture éprouvant tant le malaise de la narratrice est narré avec réalité et précisions. Mais, cette lecture est indispensable. Avec son talent, Christine Angot réussit avec courage, encore, à nous faire appréhender l'horreur du vécu des victimes qui essayent de retrouver un équilibre qu'on sait précaire et instable. Vraiment un récit courageux !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/23/christine-angot/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Christine Angot écrit sur l'inceste parce qu'elle l'a vécu et la qualité de sa plume participe au témoignage de ce qui semble indicible. C'est justement parce qu'elle dit les choses ouvertement qu'elle a reçu le prix Médicis 2021 pour ce roman d'autofiction. Pour moi il est largement mérité.
Au début j'ai cru relire "Une semaine de vacances" publié en 2012 parce qu'elle commence par la rencontre de son père qu'elle n'avait jamais vu avant l'âge de 13 ans et les abus sexuels qui commencent en vacances avec lui. La scène d'ouverture est plus choquante mais dans "Le voyage dans l'Est" elle va plus loin dans la description de son ressenti et son rapport aux autres jusqu'à la mort du père qui part dans l'oubli avec Alzheimer mais pas dans le repentir. de toutes façons, ça n'aurait rien changé à ce qu'il a fait subir à Christine qui a dû développer une stratégie de survie en cachant les viols, solution du désespoir quand on n'arrive pas à en parler. Elle ne peut lutter seule contre la décision de son père qui a une famille à Strasbourg et qui la considère comme son objet sexuel, enfant de seconde zone.
Alors qu'elle aimerait avoir des relations normales avec les garçons de son âge, elle va avoir besoin de la psychanalyse pour apaiser ses troubles, insomnies, anorexie, boulimie et autres maux. Son mariage avec Claude ne la soulagera qu'un temps du dénie de son père, soumise à la réalité d'une vie amoureuse saccagée.
Dire deviendra un passage obligé pour se sentir vivante ainsi que la publication de son premier roman "L'inceste" une nécessité.
Un roman bouleversant.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Plumes féminines 2023
Challenge Multi-défis 2023
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L'inceste.
Avec le livre de C. Kouchner, on découvre que ceux qui le pratiquent sont sûr-éduqués mais surtout on découvre le déni qui entoure un mal qui touche pourtant dans une classe 1 enfant sur 10. La réponse juridique n'étant pas efficace donc dissuasive, des enfants en France continuent à être violés par leur parent en toute impunité.
Avec ces 3 livres consacrés à l'inceste, on ne peut que constater son effet dévastateur sur les enfants à court et long terme. Impossible d'oublier, impossible d'en guérir la survie devient leur vie.
Une oeuvre magistrale qui ne peut rester sans une réponse…politique !
Merci Christine Angot !
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Quelle autrice plus clivante que #christineangot ? Quel thème plus poignant que celui qu'elle creuse, livre après livre, depuis L'Inceste, Une semaine de vacances, Un amour impossible ?
La première question, bien sûr, est de se demander ce que ce livre apporte de différent, de plus au précédent. Roman, comme le proclame la couverture, ou plutôt récit et essai tour à tour, démontant, démontrant avec une précision clinique les rouages d'une emprise pas comme les autres ? Peu importe si le style, passant du récit au scalpel, au recopiage de son journal sibyllin, m'a parfois frustrée. Car la brillance et la précision de son analyse est une leçon, une leçon plus que nécessaire en ces temps où l'inceste entre adultes est relativisé du moment qu'il est consenti.
Mais peut-il y avoir consentement lorsque l'emprise et la négation de la personne s'enracinent aussi loin que dans la négation du lien de sang ?
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Bien que Christine Angot soit un auteur de renom et ait beaucoup écrit, le Voyage dans l'Est est le premier livre que je lis d'elle.
Je ne la connaissais qu'à travers des échos médiatiques, polémistes, franc parler, impulsive, quittant les plateaux télévisuels et faisant le buzz au grand plaisir des médias.
Rapide recherche internet. La plupart de ses romans sont tirés de sa vie personnelle et elle n'hésite pas à se mettre en scène.

Christine Angot raconte l'inceste que lui a fait subir son père. le père, homme à femmes a eu un bout d'histoire avec sa mère. Il apparaît dans sa vie lorsqu'elle a treize ans. Elle est à la recherche du père idéalisé, lui se décrète amoureux et par approches progressives passera à l'acte. Tout, sauf des pénétrations vaginales lui demandera sa fille. Cela durera trois ans. Puis Christine devenu adulte cédera encore à quelques reprises avant de mettre un terme aux agissements paternels..
Elle tentera une action en justice juste avant la prescription, avant d'y renoncer au dernier moment.

Le Voyage décrit donc le cheminement ayant conduit à l'inceste. le père soi disant amoureux, la fille partagée entre admiration et recherche du père, et ses défenses limitées à hauteur de son âge face aux manipulations et mises sous influence paternelles.
Elle en parle aussi à quelques proches qui entendent, déplorent mais ne font rien.
Enfin elle évoque les conséquences, sur sa vie sexuelle, sa vie amoureuse, les dégâts psychologiques, les réactions des autres.
Et une petite touche "buzzique", un ministre en prend pour son grade. Parler d'inceste consenti est effectivement malheureux et une telle situation serait plus à rapprocher du délire à deux psychiatrique.

L'écriture est, concise, crûe, sans excès, et sans dérobades. La première partie est prenante malgré le côté délicat du sujet. Pour la deuxième partie, si je peux découper le livre ainsi, l'après, un développement plus important n'aurait pas été de trop.
Manquent également des éléments de vie concernant l'enfance du père l'ayant amené à considérer la femme comme du bétail et à transgresser l'interdit incestueux.

Question, existe il un inceste au féminin ?

Et y aura t il un jour un repenti "incesteur" qui nous donnera des éléments d'explications afin que l'on puisse mieux être dans la prévention.
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Angot Christine le voyage dans l'est
Flammarion 1921, 215 pages

Ce livre pourrait s'appeler aussi autopsie de l'inceste tant l'auteur y démonte dans un style neutre, chirurgical les rouages de cette bouleversante et ô combien taboue réalité qu'est l'inceste.
On y rencontre Christine, jeune adolescente de 13 ans qui prend contact avec un père dont elle n'a aucun souvenir. Celui-ci a rejeté sa mère alors qu'elle était enceinte après avoir voulu un enfant d'elle.
La jeune adolescente est d'emblée subjuguée par la prestance, la culture, la position sociale de ce haut fonctionnaire européen. Elle se sent envahie de fierté et de légèreté. « Je n'avais vu ce genre d'hommes qu'à la télévision ou au cinéma »
Toutefois, le ver est déjà dans la pomme. L'auteur met en évidence la progression sournoise et ambiguë de l'abus. le père embrasse sa fille sur la bouche à la fin de cette première rencontre mais c'est peut-être un accident; il lui confie au téléphone « quand j'entends ta voix, mon sexe devient dur. » mais « ça veut dire que je t'aime….que je ne peux rien faire contre ça. » Il lui vante aussi sa chance d'acquérir de l'expérience sexuelle; que les pratiques qu'il lui propose permettent de préserver sa virginité et de ne pas compromettre son avenir, qu'il n'y a pas lieu d'avoir honte de cette relation incestueuse car lui-même en parle à des personnes qui banalisent la situation.
Nous voyons donc d'un côté une jeune fille qui, comme toute jeune adolescente a besoin pour se construire en tant femme dans le regard et l'amour paternel et de l'autre côté un père manipulateur qui profite de la vulnérabilité de sa fille pour satisfaire ses besoins. « Vous ne vous rendez pas compte de ce que ça fait d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille.»
Le livre met aussi en évidence les ravages de l'inceste sur l'estime de soi de Christine, sur ses études, sa carrière, sur ses relations amoureuses et même sur sa maternité.
Mais ce que ce livre met surtout en évidence, c'est l'incroyable solitude des personnes victimes , prises au piège de l'inceste. Adolescente, Christine est incapable de se défendre, incapable de demander de l'aide. Jeune adulte, elle parvient à en parler à sa mère et à son conjoint, Claude mais l'une comme l'autre sont incapables d'intervenir et de lui porter secours. le conjoint révèle : « je pensais que mon rôle à moi n'était pas de dénoncer mais plutôt de t'accompagner dans ce que tu voulais faire. »
Christine Angot nous interpelle sur notre façon de percevoir l'inceste, d'intervenir auprès des victimes. L'attitude des journalistes posant des questions sur le plaisir sexuel éprouvé ou pas par les victimes constituent le summum de l'odieux et de la goujaterie. de plus, parler d'inceste consenti et d'un âge de consentement à l'inceste constitue un aveuglement aberrant des enjeux fondamentaux de l'inceste.
Bravo et merci pour ce livre courageux. C'est la première fois que je lis un des romans de Christine Angot et je lui souhaite vraiment de gagner le prix Goncourt.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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