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sur 632 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Alors que la société française discute régulièrement de la notion de consentement, et de l'âge minimum pour que ce consentement soit possible, Christine Angot raconte l'emprise d'un père sur sa fille et dénonce les mécanismes de la domination qui lui ont fait attendre d'avoir plus de 26 ans pour enfin décider de ne plus jamais le rencontrer.

Dès le début on a l'impression de « Déjà-lu ». L'inceste, un drame qui a marqué son adolescence et sa vie entière, Christine Angot en a déjà maintes fois parlé dans ses livres précédents. A nouveau, elle écrit sur l'inceste que lui a fait subir son père, et continue d'explorer les traumatismes dont elle a été victime de 13 à 26 ans. Adulte, toujours en recherche de reconnaissance, elle peinera encore à sortir de l'emprise de son père car elle rêvera toujours d'une relation normale père-fille. La perversion du père, qui trouve inlassablement une justification à son comportement dévastateur, est assez bien rendue. Un père charismatique qu'elle rencontre pour la première fois à 13 ans et qui va la dominer. L'inceste se retrouve au coeur de l'oeuvre littéraire d'Angot mais il faut certes du courage pour s'obstiner à revenir publiquement encore et encore sur ce qui a détruit sa vie et ruiné ses illusions. Ainsi, Angot retourne une fois de plus sur sa blessure au risque de sans cesse se répéter, mais son style a changé, s'est amélioré. Elle a mieux su discipliner sa phrase pour décortiquer les mécanismes de l'inceste, effectuer une « reconstitution » de faits destructeurs et en évoquer les douloureuses conséquences. On reste cependant très loin d'un semblant de littérature pouvant justifier l'attribution d'un prix littéraire…
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Du 16 au 20 mars, a lieu, à Aix-en-Provence, le Festival des Ecrivains du Sud. J'aime préparer en amont ce type d'événement, un peu comme un voyage littéraire. Il débutera cette année par la présentation de Christine Angot, autrice très médiatique dont je n'avais jamais rien lu.

Ayant trouvé son dernier livre, qui a reçu le prix Médicis 2021, dans une boîte à livres, il y a quelques semaines, c'était l'occasion de découvrir cette autrice.

Elle décrit, dans le voyage dans l'Est, ses premières rencontres avec son père à l'âge de treize ans et son besoin de reconnaissance de filiation. La réponse qui lui est apportée consiste en une reconnaissance juridique non ébruitée, qui s'accompagne d'un inceste durant deux années à l'adolescence et de rapports sexuels père/fille qui reprennent durant une courte période à l'âge adulte.

Cette lecture est perturbante, car même si ce livre est qualifié de roman, il s'apparente à une autofiction, au sein d'une famille dysfonctionnelle :
- Un père autocentré qui semble entretenir ces rapports avec sa fille, car il a l'impression d'avoir rencontré un autre soi-même,
- Une fille traumatisée qui cherche à donner une cohérence dans les représentations que son entourage peut avoir d'elle et de son père,
- Une mère qui ne dénonce pas les faits à la police quand elle les apprend, admet facilement le nouveau rapprochement père/fille à l'âge adulte, explique l'adultère de sa fille auprès de son gendre pour maintenir le couple,
- Un mari qui, en connaissant les faits, reçoit son beau-père et entend les nouveaux actes sexuels, entre lui et sa femme, sans réagir.

L'autrice revient sans arrêt dans ses livres, dans sa vie, sur ces épisodes sans pouvoir dépasser ce traumatisme pour vivre pleinement. Ce type d'écrit permet peut-être de faire parler de ces agressions, qui peuvent exister quel que soit le milieu social, et des conséquences psychologiques sur le long terme pour les victimes.

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Très difficile d'écrire une critique après avoir lu ce roman. C'est en tout cas marqué roman sur la couverture alors qu'il s'agit de récit autobiographique.
Christine Angot revient sur l'événement qui l'a détruite quand elle avait 13 ans. Elle n'avait jamais connu son père, elle est fascinée par cet homme, brillant intelligent qui parle une trentaine de langues. Elle veut qu'il l'aime. Mais lui va très rapidement abuser d'elle, sexuellement, à chacune de leurs rencontres.
Elle essaie d'en parler à sa mère et n'y parvient pas. Elle va subir l'inceste pendant 15 ans.
Depuis, elle revient sur cet événement dans beaucoup de ses textes. le style est froid, direct avec beaucoup de détails crus. Elle dissèque et analyse ses actes. Ça met mal à l'aise parfois.
Mais c'est nécessaire sans doute pour elle .
Ce n'est pas ce que je préfère lire en général mais le fait qu'elle ait obtenu le prix Médicis m'a influencée.
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Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire les mots que Christine Angot pose sur l'inceste qu'elle a vécu. Il faut s'accrocher pour ne pas fermer le livre quand l'indicible se produit et s'accrocher encore, écoeuré par ce que son père lui fait subir : un inceste oui, mais encore des moqueries, un rabaissement incessant, du mépris, des violences psychologiques, l'humiliation.
Il faut s'accrocher, enfin, pour s'apercevoir que l'entourage savait et n'a rien fait. Rien.
C'est tout simplement glaçant.
Alors pourquoi poursuivre ma lecture ? Parce qu'elles sont rares les voix qui disent, non pas seulement l'emprise ou les mécanismes de manipulation, non pas seulement la cruauté des sévices et le silence des proches, mais les raisons du « consentement », ou plutôt du renoncement à soi, les pensées, les mécanismes de défense à l'oeuvre chez la victime et pourquoi elle ne parle pas. On est là dans le déni de filiation et finalement de la personne même.
J'ai d'ailleurs trouvé intéressant d'y retrouver certains types de pensées qu'on voit dans d'autres formes d'emprise et de violence, notamment chez les victimes de harcèlement moral, un sujet qui m'intéresse particulièrement.
Christine Angot déroule le fil des événements dans une langue parfaitement construite, presque clinique, où l'émotion a parfois du mal à se frayer un chemin. Pour mieux la tenir à distance peut-être.
Un éclairage édifiant.
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Autobiographie sur l'inceste, l'horreur de ce que Christine Angot a vécu de l'âge de 13 ans à l'âge de 28 ans.
Livre cru, ne cachant rien, c'est une écriture froide, sanglante, des phrases courtes qui nous transperce.
Elle nous met mal à l'aise face à ces faits. Je me suis posé beaucoup de questions :pourquoi ne rien avoir dit ou si peu, comment survivre après ce drame, comment devenir femme, pourquoi vouloir absolument l'amour paternel ?
J'espère que ce livre pourra lui servir de thérapie. Et c 'est étrange de recevoir un prix sur l' inceste, qui a rongé Christine Angot toute sa vie.
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Ce texte est-il bien un roman ? Il semble que la fiction en soit totalement absente. Reste bien sûr la narration qui paraît d'abord suivre la chronologie mais se révèle ensuite bien plus tourmentée. C'est que la narratrice aussi est tourmentée par cet inceste qu'elle a subi de 13 à 28 ans ! Comment une adolescente peut elle supporter de rencontrer pour la première fois son père et en même temps d'être reniée par lui quand il en fait son objet sexuel ? Comment peut elle se soustraire à l'emprise de cet homme qui est à la fois le père qu'elle avait tant attendu de rencontrer, un homme cultivé, brillant, fringant et riche ? Pourquoi reste t elle incapable de réagir jusqu'à ses 28 ans face à ce père incestueux ? Comment peut elle faire comprendre aux autres ce qu'elle a subi ? Comment faire comprendre qu'on ne sort pas indemne d'une telle agression ? Que la vie reste chaotique longtemps après ?
La narratrice tourne et retourne ces questions en quête d'une paix inaccessible. Pour cela elle ne s'épargne et ne nous épargne aucun détail et décrit les scènes d'inceste avec une précision clinique. C'est qu'il s'agit de se libérer des soupçons qui pèsent sur les victimes : n'y aurait-elle pas trouvé de plaisir ? D'ailleurs cet homme était séduisant. Ne pouvait elle pas résister ? Ce qu'elle raconte est elle vrai ? Pas de témoin et le père incestueux n'a jamais reconnu les faits, d'ailleurs il n'a jamais véritablement reconnu sa fille en tous cas il ne lui a jamais accordé les mêmes droits qu'à ses autres enfants.
En somme, un roman ? Je ne le pense pas mais un récit bien plus fort et sans doute nécessaire.
Lien : http://www.lirelire.net/2021..
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Ce livre peut se lire d une traite
Il y avait très longtemps que je n avais pas lu cette autrice
Quel témoignage toujours au fait de l actualité
On ne peut pas se sentir bien en lisant ce texte
Difficile d imaginer cette situation bien que l on la sache véridique
Facile à lire mais je trouve le ton assez impersonnel je n ai pas reussi à sympatiser avec le personnage principal.
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Entre 2 thrillers et pour me remettre de l'aventure « La saignée », j'ai opté pour le Prix Médicis 2021 : le voyage dans l'Est.
J'attendais un sujet plus léger, moins dur que celui du thriller précisé ci-dessus mais non l'inceste est un sujet très pesant, inacceptable, révoltant.
A travers les 215 pages de ce roman, j'ai, je pense, compris cet esprit quelque peu revêche de l'auteur.
L'auteur livre son combat pour vivre une relation normale, filiale avec ce père abusif, soi-disant « aimant ».
L'écriture est simple, agréable parfois crue mais les situations vécues le demande.
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Dans un style télégraphique, C.Angot nous raconte à nouveau l'inceste qu'elle a subi. (J'ai lu cet été La littérature sans estomac de Pierre Jourde qui s'attarde sur son style, c'est assez caustique, je vous le conseille). Bref, je m'attendais à quelque chose de mauvais, et finalement je trouve que le style simple est plutôt efficace pour l'occasion. Même si à la longue, les phrases très courtes fatiguent et donne l'impression de lire un script. Vers la moitié, ça devient un « véritable » journal intime, et je me suis ennuyée. Alors pour comprendre, je me dis qu'il s'agit d'une reconstitution. On l'imagine sur son manuscrit à essayer de tirer les souvenirs, et c'est assez intéressant de pouvoir lire un canevas (ou du moins ce qui en donne l'illusion). Puis elle joue avec notre voyeurisme, dès le départ, elle donne, sans périphrase, sans euphémisme, et bon, ben, on fait les vierges effarouchées alors que c'est notre curiosité qui nous a amené à ouvrir le livre.
Il y a donc ce pacte d'authenticité, avec le dialogue qui ouvre le « récit » et puis la répétition de « je crois », qui nous montre que ce ne sera peut-être pas l'entière vérité, mais au moins qu'elle va essayer. Ce qui est bien aussi, c'est qu'elle nous flanque notre nez dans notre propre malaise. Je me suis souvent fait la remarque « j'ai pas envie de lire ça, moi… ». Un peu comme les proches qui se bouchent les oreilles. On ne transige pas avec l'inceste, c'est ce qu'elle nous montre. C'est sale, c'est glauque, ça met mal à l'aise, on veut passer à autre chose. Elle vomit sa souffrance sur nous, on ressent quelque chose (que je n'avais pas forcément ressenti dans les autres autofictions sur le même sujet).

Est-ce que ça dépasse le témoignage pour autant ? Pas vraiment. C'est encore une sorte d'enquête. le problème (ce que j'ai pu trouver aussi dans le consentement ou La familia grande), c'est qu'à la littérature se substitue le discours. Angot parle par-dessus Angot, et c'est là où ça perd de l'intérêt. le déroulé comme elle le fait est suffisamment glaçant (oui, désolée, je n'ai pas d'autre mot, je sais qu'on l'entend partout pour qualifier ce livre), pas la peine d'expliquer sociologiquement l'inceste. C'est comme si (je vais prendre Zola, faut que je me remette aux classiques un peu), dans l'Assommoir, il entrecoupait le récit pour expliquer les tenants et aboutissants de l'alcoolisme. Expliquer, en littérature c'est échouer. Ou du moins, avoir peur d'échouer. Ça ressemble à un nouveau sous-genre, pas documentaire vraiment, pas journal intime non plus, un peu hybride, (on peut penser au podcast « Ou peut-être une nuit » : épisodique, quelques souvenirs, puis recontextualisation, comme pour gonfler le nombre de pages (ce sont souvent des romans déjà courts à la base). On s'inspire des autres médias, on glane ci et là des concepts sur l'écrabouillement par exemple dans le cas de l'inceste, ou l'emprise. Bref, cette forme mi-figue mi-raisin ne me plait pas vraiment, parce qu'il y a beaucoup de redites. Et le style est trop anémique. Lisez à haute voix, vous verrez. Il n'y a pas de rythme, pas de mélodie ; le but est sans doute d'être raccord avec le sujet, de ne pas le rendre « beau » ou « agréable ». Mais je trouve que par exemple, Gabriel Tallent avec My absolute darling, a réussi à rendre ce malaise, sans négocier avec la langue. Donc, voilà, il y a des choses intéressantes, je pense voir où elle veut nous amener, mais j'ai pas trop envie d'y aller.
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Christine arrive à Strasbourg pour rencontrer son père. Il a décidé de la reconnaître légalement. A 13 ans, elle est émue et si admirative devant cet homme distingué. Il a refait sa vie, a une femme et des enfants que Christine a envie de mieux connaître. Mais ce voyage dans l'Est (qui donne son titre au livre) marque aussi le début de l'inceste dont elle va être victime…

Ce passé douloureux est connu car l'auteure l'a déjà évoqué dans de précédents ouvrages (« L'inceste », « Une semaine de vacances »). Elle revient à nouveau sur son passé , en s'interrogeant sur la manière de retracer les faits : juxtaposer les événements, par petites touches ? Mêler faits bruts et sensations ? Trier et classer d'une manière rigoureuse tout ce qui s'est passé ? Faire appel à des témoins pour ne pas mélanger des souvenirs ?... Il y a des passages qui m'ont émue quand elle expose par exemple les commentaires reçus lors de la révélation de l'inceste ou quand elle explique ses « stratégies » pour ne pas sombrer. L'attitude des parents m'ont mise en colère et même l'attitude de son entourage (son mari par exemple) est parfois assez déroutante : il sait, mais reste en grande partie passif (épisode du lit qui grince, ou quand elle veut porter plainte au commissariat). Mais j'avoue que, même si je comprends ce besoin de révéler ce traumatisme et cette nécessité de le surmonter en s'aidant de l'écriture, je trouve que l'auteure s'enferme aussi dans la même trame douloureuse, utilisée de livre en livre.
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