Après avoir terminé le premier tome des "Nouvelles Chinoises" reçu lors des Masses Critiques de Janvier, je me suis procurer le tome 2. Ce qui m'a attiré dans ce volume c'est le fait que la quatrième de couverture annonce que ce présent opus se tourne vers la religion et la philosophie. Etant ce vers quoi je voulais me tourner dans une prochaine lecture de la littérature chinoise, je me suis donc lancé.
Les Alchimistes :
Ne vous attendez pas ici à quelques contes frôlant le surnaturel ou faisant l'apologie de cette "science" un peu oubliée. Certes, il est toujours question de changer les métaux les plus banals en le plus pur des or mais comme l'annonce dès le départ l'auteur, tout n'est que supercherie ici.
Cette nouvelle met en garde le lecteur contre les pratiques de ces fameux "alchimistes" au travers des mésaventures d'un personnage (dont j'ai oublié le nom m'étant un peu mélangé dans ceux -ci) qui est prêt à tout pour recevoir l'enseignement secret de la transfiguration. Malheureusement pour lui il ne tombe que sur des escrocs. Mais les mauvaises expériences n'entachent en rien sa ténacité et c'est tout à son honneur si cela ne faisait pas de lui une sorte de "victime récidiviste". Mais comme tout fini toujours par s'arranger dans ce genre de nouvelle (expérience venant de la lecture du tome 1), le héros ouvrira enfin les yeux.
Le héros, quelque peu buté, retiendra la leçon de cette trop longue nouvelle. Une lecture qui ne m'a pas vraiment enthousiasmé.
Comment le Ciel donne et reprend les richesses :
Cette nouvelle comporte deux histoires abordant les mêmes thèmes : l'argent, le destin, la cupidité, les vies antérieures, et d'autres encore. J'ai beaucoup aimé les deux histoires même si j'ai eu une préférence pour la première qui pour moi était bien plus intéressante que la seconde. Ce que j'ai surtout apprécié c'est l'implication de la religion dans ces récits. En effet, ce sont les dieux qui décident du sort des hommes en fonction des bonnes et mauvaises actions, et ce que ce soit dans cette vie ou la précédente. Ici, les protagonistes sont confrontés directement aux dieux, avec qui ils interagissent, bien qu'ensuite ils s'éveillent d'un songe.
C'était vraiment intéressant d'approcher au travers de cette nouvelle une partie des croyances de la Chine de l'époque.
Mariage forcé :
Presque un conte de fée, cette nouvelle n'en reste pas moins un peu trop longue. de plus, on devine vite non seulement le déroulement des évènements mais également la fin. Ce qui m'a un peu dérangé c'est la manière caricaturale de présenter les choses : le beau jeune bachelier, orphelin et dépendant de son cousin, son cousin disgracieux qui concocte une machination pour se marier avec la belle jeune fille, etc. Il y a dans cette façon de construire l'histoire un manque total de romantisme et surtout une superficialité flagrante (le cousin disgracieux est doté d'une nature pas très reluisante non plus, son cousin qui est beau et intelligent est aussi un homme vertueux, la sublime jeune fille doit nécessairement épousé un homme doté des meilleures qualités mais aussi du physique le plus avantageux, bref ne mélangeons pas la blanche colombe avec le pigeon pouilleux…). Quelques limites donc dues à un côté trop caricatural mais aussi à ma vision des choses bien éloignée de ce qui se pratiquait à l'époque.
Intéressant mais peut-être un peu lassé que toutes ces nouvelles comportent des machinations parfois abracadabrantesques.
La tunique de perles :
Voilà une nouvelle que je n'ai vraiment pas aimé. Plus je tournais les pages et plus je ne pouvais m'empêcher de faire une comparaison avec un soap opéra. Pour être honnête, ce n'est pas vraiment un genre auquel j'adhère, surtout en littérature.
Un mari s'éloigne de sa femme pour ses affaires, un homme aperçoit cette femme et en tombe éperdument amoureux. Il s'arrange pour qu'une vieille dame joue les entremetteuses et parvient après une longue période à faire céder la jeune femme. Ils deviennent amant. Mais ce n'est pas terminé, loin de là ! Après une longue romance, l'amant doit lui aussi partir et le destin fera qu'il croisera le mari de sa maitresse. Mari qui découvrira les preuves de l'adultère (à croire que les secrets étaient tous éventés dans la Chine de l'époque !). Furieux il répudie sa femme et elle se remarie. Je ne continue pas mais c'est loin d'être terminé puisqu'il y a un meurtre, de nouveaux mensonges, de nouvelles unions et désunions, bref les "Feux de l'amour" et compagnie n'ont absolument rien inventé !
Voilà au moins une nouvelle riche en rebondissement et où tous les destins s'entremêlent au point où l'on pourrait s'y perdre. La fin est un peu too much pour moi...
Véritable amitié :
Une courte nouvelle nous présentant une amitié sans limites et puissante entre deux hommes qui ne se connaissent pas. Ils ne se sont jamais rencontré mais leurs actions l'un pour l'autre feront d'eux des amis, "de véritables amis". Pourquoi pas...mais même après la lecture de cette histoire, j'ai du mal à considérer qu'il s'agissent véritablement d'une amitié. Ma conception de l'amitié restera foncièrement différente de celle décrite ici.
L'histoire se laisse lire et une chose rare, elle n'est pas si prévisible que cela.
Les évènements m'ont un peu déroutés comme par exemple le fait que l'un des protagonistes abandonnent, durant dix années, sa femme et son fils (qui se retrouveront dans la misère) pour rassembler la rançon requise pour libérer son "ami". Des louanges lui sont faites pour cela pour autant je ne sais pas si j'aurais été si admiratif que cela de son geste. J'ai eu l'impression que sa famille n'avait que peu d'importance par rapport au lien avec son "ami".
C'est aussi une histoire où apparait clairement des pratiques de tortures violentes. Certes dans d'autres nouvelles on voyait les criminels punis par des coups de fouet ou de bâton mais ce n'était pas encore du niveau d'un esclave qui se retrouve les pieds cloués à des planches pour avoir tenté de fuir…
Donc une nouvelle que je n'ai pas du tout apprécié si ce n'est peut-être un peu pour m'avoir présenté une nouvelle conception de l'amitié. Mais globalement je n'ai pas adhéré.
Comme pour le premier tome, je n'ai pas tout aimé mais pas tout détesté non plus. Certaines nouvelles sont intéressantes et agréables à lire, d'autres sont un peu trop longues et prévisibles (augmentant ainsi l'impression de longueur). J'ai bien aimé l'implication des dieux, du Ciel, etc. cette fois-ci qui interviennent de manière plus ou moins directes dans les diverses nouvelles de ce tome (mais aussi du tome précédent si je ne m'abuse). La religion est un peu plus présente mais pas tant que ça non plus. Quant à l'aspect philosophique, eh bien j'ai du passer à côté. du coup, je suis un peu déçu d'autant que la quatrième de couverture avait provoquée quelques attentes…
Ensuite, je me suis finalement laissé prendre par la forme des textes. Les auteurs des différentes nouvelles font à chaque fois appel à un extrait de poème pour introduire leur histoire mais aussi pour décrire certains personnages ou encore certains sentiments. C'est quelques choses que je n'avais encore jamais rencontré me semble-t-il et j'ai bien aimé cet aspect là de cette littérature. J'ai peut-être même plus apprécié la forme que le fond de ce procédé mais ça n'empêche que ça reste un bon point positif.
Enfin, c'est certainement dû à mon côté un peu maniaque, mais j'ai un petit reproche à formuler quant au format des deux tomes. En effet, le premier tome s'avère être composé de pages légèrement plus larges que celles du second tome de sorte que placés côte à côte sur l'étagère, le second volume se retrouve plus enfoncé que le premier. S'il y a bien une chose que je déteste dans une série de livres en plusieurs tomes, ou dans une sage en plusieurs volumes, etc. c'est bien que les différents livres n'aient pas le même format. de voir que mon tome 1 dépasse d'un centimètre mon tome 2, c'est assez irritant pour moi^^.
Au-delà de ça, les visuels sont très jolis. A la fois sobres et agréablement illustrés d'un dragon chinois (avec une petite préférence pour le dragon du tome 1^^).
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