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De ce recueil, on ne parle le plus souvent que des calligrammes eux-mêmes, qui sont en sont pourtant l'élément le moins intéressant. On peut certes apprécier la démarche d'Apollinaire d'explorer les possibilités de la poésie, en donnant aux mots une dimension plastique ; cependant, ces calligrammes m'ont semblé le plus souvent montrer l'échec d'une telle tentative : on a parfois l'impression d'être en face de rébus d'enfants, de jeux potaches et futiles qui n'atteignent pas le niveau de la poésie.

Le reste du recueil est tellement meilleur ! J'y vois la tentative d'Apollinaire, poète-artilleur, de rendre raison par la poésie de cette expérience inouïe que fut celle des soldats de la Grande Guerre. Il y a d'abord une volonté d'esthétiser la guerre – mais faut-il y voir un mécanisme de défense contre ses horreurs ? Si Apollinaire cherche à renouveler la parole poétique, c'est justement pour pouvoir exprimer cette beauté surréelle (car plus encore que dans Alcools on voit dans ce recueil s'annoncer toute la poésie surréaliste), inhumaine et monstrueuse, que symbolise dans de nombreux poèmes l'image de l'obus qui explose et devient fleur. Cette fleur d'un nouveau genre est donc à la fois hommage à la tradition lyrique et annonce d'une poésie nouvelle, faite pour un siècle de fer et de bombes… On pense parfois dans cette exaltation de la modernité et cette façon de montrer, comme l'indique le titre d'un poème la « merveille de la guerre », aux expérimentations des futuristes, à ceci près qu'Apollinaire ne se départit jamais de son humanité ni n'exalte la violence mais pose souvent un regard lucide sur la guerre. Certes, la vie des tranchées est parfois idéalisée et les accents patriotiques parfois trop claironnants, mais l'on sent aussi, à mesure que le recueil progresse, poindre la lassitude, et l'impression que cette guerre n'en finira jamais. Aux poèmes un peu cocardiers j'ai nettement préféré les mélancoliques.

C'est d'ailleurs ce qui fait grande beauté de la première section du recueil, « Ondes », qui décrit l'avant-guerre et les débuts de la mobilisation. J'ai été très touché par la conscience d'Apollinaire que le monde venait de changer irrémédiablement d'époque, et que l'Europe cosmopolite des « Rhénanes », celle de la modernité heureuse, brillait de ses derniers feux. C'est magnifiquement exprimé.

Apollinaire fait entendre dans tout le recueil une voix très personnelle, à la fois prophétique et mélancolique, qui fait deviner l'expérience intime des tranchées autant que les avenirs surréalistes. Ainsi, un des derniers poèmes, « la victoire », évoque bien sûr la fin espérée de la guerre, mais surtout une victoire poétique, qui doit faire émerger un langage nouveau.
Or, plusieurs fois dans le recueil, j'ai été frappé par la façon dont les vers d'Apollinaire, souvent, développe une musique bien à lui. Je serais incapable d'en expliquer la raison, mais on sent en les lisant, qu'ils n'auraient pu être écrits par personne d'autre. Voici ceux qui m'ont frappé le plus (ce ne sont pas forcément les plus beaux) :

Ainsi que l'euphorbe d'ici
Le soleil à peine boutonne
Je l'adore comme un Parsi
Ce tout petit soleil d'automne
(« Chant de l'horizon en Champagne »)

J'en vis quatre une fois qu'un même obus frappait
Ils restèrent longtemps ainsi morts et très crânes
Avec l'aspect penché de quatre tours pisanes
(« Chant de l'honneur »)

À noter enfin, l'intéressante préface de Michel Butor dans l'édition Poésie/Gallimard, qui compare les recherches d'Apollinaire en ce qui concerne la déstructuration du vers et la mise en page de ses poèmes et calligrammes à celles des peintres cubistes qu'il affectionnait tant.
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Les calligrammes n'ont pas été inventés par Apollinaire, on en faisait déjà dans l'antiquité mais ceux-là sont les plus connus. Il a réussi à faire vivre le tetxe de manière originale et décalée et c'est ce qui redonne de la poésie à des objets simples. Existe-t-il aujourd'hui des poésies en trois dimensions, à l'ère numérique?
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le plaisir se trouve autant dans l'écriture que dans le dessin.
ce n'est plus un livre mais un musée. une vitrine de l'art.
un bouquin vraiment pas ordinaire. bref, de l'Apollinaire.
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N'étant pas très branchée poésie (excepté Baudelaire), c'est avec un peu d'appréhension que je me suis lancée dans "Calligrammes".

Je salue l'originalité de ces calligrammes et l'intensité émotionnelle des vers d'Apollinaire. Mais malheureusement, je n'ai pas réussi à entrer dans son univers. J'étais totalement imperméable à sa poésie, malgré les sujets abordés (la guerre, l'amour, la nature) qui m'intéressent habituellement. Je crois que c'est juste un problème de décodage de ma part, je ne comprenais pas toujours tout et surtout je n'avais pas la motivation/l'envie de comprendre. Si j'avais lu ce recueil à une autre période, l'issue aurait pu être tout à fait différente !

Ne vous basez pas sur mon avis et lancez-vous quand même dans ces "Calligrammes", ne serait-ce que pour découvrir une forme très originale de poésie.
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Je dois avouer avoir eu du mal avec cette poésie déstructurée. Quand je lis un poème si je n'ai rien contre un sens caché qui échappe au premiers regards, j'aime à me laisser porter par le flux des mots, me laisser bercer par les sonorités.

Moins de devoir tourner le livre ans tout les sens et me torturer le cerveau sur le pourquoi de certains.

Mais avec un prof de français pour guide, certains calligrammes valent le détour.

Mon préféré est sans doute la Fontaine car il a un sens moins obscur que les autres et touchant.
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Il Pleut
Pour écrire ses calligrammes le poète utilise les lettres, les mots, les phrases pour en faire un dessin. La disposition de l'écriture donne le thème. Cette approche graphique est parfaite pour faire découvrir la poésie aux enfants. Je me souviens de ma fascination pour un poème en particulier : "Il pleut". C'est comme regarder un tableau, cela provoque en vous une émotion particulière - ou non -, et touche quelque chose d'intime en chacun de nous. le recueil est "hanté" par la guerre, ce n'est pas celui que je préfères, je ne peux cependant pas m'empêcher d'avoir un pincement mélancolique à chaque fois que je relis ce texte en particulier, et me prête à rêver qu'à chaque fois cette réminiscence pourrait ralentir le court du temps, me permettant ainsi dans ressortir "fortifié pour la vie".
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- CALLIGRAMMES-

Apollinaire est un des poètes qui à réussi à renouveler le genre de la poésie en mélangeant les mots et l'art des formes. Nous arrivons très bien à ressentir le sentiment que veut donner l'auteur. J'ai aimée de découvrir les poèmes de Apollinaire a qui j'ai aimé la plume. Surtout aussi, c'est un recueil important qui a pour thème sur la première guerre mondial. Je trouve que c'est dur de trouver plusieurs récit sur la première guerres mondiales.

On ne parle pas beaucoup de cette auteurs et je trouve cela dommage car je pense que plus de personnes devrait le connaitre car pour moi qui n'est pas une férue de poésie, j'ai réussi à apprécier l'oeuvre en elle même.
Je le conseille vivement.

Carlaines
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Une oeuvre difficile à classer: il y a un peu de poésie, un peu d'écriture, un peu d'art visuel...
Un grand plaisir de voir des écrivains interdisciplinaires qui n'hésitent pas à mêler leur art à d'autres arts.
En effet, alors que les arts se mélangent volontiers, la littérature fait toujours sa grande difficile et reste, boudeuse, dans son coin.
Enfin un écrivain qui s'ouvre vers les arts visuels et avec un tel talent, un tel succès.

Calligrammes, c'es tout d'abord une poésie très riche, très singulière aussi. Mais surtout, des poèmes, des vers mis en valeur par la montée en sculptures dessinées de ces lettres.
Appolinaire joue avec les mots, joue avec les lettres, au sens propre comme au sens figuré !
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Comme tout le monde, je connaissais "La colombe poignardée et le jet d'eau" (esthétiquement remarquable) et quelques autres calligrammes. Par contre, j'ignorais la plupart des autres poésies incluses dans le livre que je viens de lire. En particulier, j'avais de grosses lacunes sur les textes écrits pendant qu'Apollinaire était soldat. C'est d'ailleurs une surprise de constater qu'un poète du XXème siècle fût ardemment patriote, alors que les autres ont été en général antimilitaristes (et certains grossièrement). Les circonstances ont donc conduit l'auteur à évoquer la guerre de 14-18 (qu'il a vécue en première ligne) - plus que l'amour et d'autres sujets connexes. En fait, je n'adore pas toutes les poésies du présent recueil, qui m'a globalement moins plu que "Alcools". Mais j'ai souvent retrouvé le langage si particulier du poète, que mon "oreille intérieure" aime à entendre. Pour moi, le sens est secondaire par rapport à la beauté du chant et à la richesse de l’imaginaire. Chez Apollinaire, on trouve une grande liberté de forme, mais quand même pas de l'ésotérisme ou des envolées absconses. Tout est accessible.
A titre d'exemple, j'ai mis en citation un extrait de "La nuit d'Avril 1915" (provenant de "La case d'Armons"), à la fois grave et presque joyeux.
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C'est un livre magnifique où tout est pretexte au rêve et à la poésie, le sons des mots, leur disposition, les formes qu'ils créent. Tout est source de douceur.
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