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(01/01/1900)
3.82/5   11 notes
Résumé :
Apoukhtine était un grand poète russe. Nous publions ici ses trois seuls récits en prose:

- Les Archives de la comtesse (1891)
- Pavlik Dolsky (1892)
- Entre la mort et la vie (1893).

L’auteur y décrit la vie et les préoccupations de la noblesse russe au temps des Tsars.
Que lire après La vie ambiguë (Entre la vie et la mort)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Personnellement, je n'avais jamais entendu parler de cet auteur avant de qu'il ne soit cité dans une de mes précédentes lectures. Ce recueil regroupe trois nouvelles publiées après sa mort :
- Les Archives de la comtesse D***
- Entre la mort et la vie
- le journal de Pavlik Dolsky.
Elles font partie des rares textes en prose écrit par l'auteur, plus connu pour sa poésie. Ses vers ont d'ailleurs souvent été mis en musique par des compositeurs comme Tchaïkovski, Rachmaninov, etc.

La première nouvelle et la plus longue, Les Archives de la comtesse D***, est celle que j'ai préférée. Cette nouvelle épistolaire est composée uniquement des lettres que la comtesse a reçues de divers membres de la société, proches ou moins proches, qu'elle fréquente. C'est fascinant de voir sa personnalité et son influence se dessiner à travers le regard des autres. Cette correspondance nous plonge dans les préoccupations quotidiennes de la noblesse russe du XIXème siècle. C'est vaporeux, cruellement mondain, délicatement humoristique et plein de charme.

La seconde nouvelle, Entre la mort et la vie, n'est cependant pas en reste et vaut également le détour. Moins sombre que le titre ne le laisse supposer, elle évoque le sens de la vie et de la mort, et de manière surprenante, la métempsychose. C'est bien la première fois que je lis un livre russe du XIXème siècle abordant le thème de la réincarnation. Une nouvelle qui a de l'âme…

La dernière nouvelle, le journal de Pavlik Dolsky, aborde la vieillesse, ou plutôt le décalage entre la perception qu'un homme, qui ne s'est pas vu vieillir, a de son âge et le regard que les autres lui renvoie. le narrateur fait alors le bilan de sa vie : a-t-il été bon ou mauvais, intelligent ou imbécile, heureux ou malheureux ? Il s'interroge sur les jugements que l'homme est en mesure de faire sur les autres, comme sur lui-même, sur ses aspirations immanentes et la vie qu'il mène. Mais les événements du présent viennent troubler ses réflexions. Malgré de nombreux thèmes intéressants, trop peut-être, cette nouvelle m'a paradoxalement un peu ennuyée.

Il n'en demeure pas moins que ces trois nouvelles avec leurs tonalités différentes, un peu comme les étapes d'une vie, sont une très belle découverte. Elles sont disponibles en téléchargement gratuit sur le site de la bibliothèque russe et slave si vous êtes tentés.
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Cette courte nouvelle est un récit surréaliste, dont la portée philosophique sur le sens de la vie et la mort est immense.
Un homme vient de mourir, mais il voit, entend, et raconte tout ce qui se passe autour de lui. Les petits travers, les peurs et comportements de son entourage. Il ne réalise pas trop ce qui lui arrive : « Tout est fini ! » On pleure sur moi ; dans un instant, on va me mettre au cercueil ; dans deux jours on m'ensevelira ; mon corps, qui, tant d'années m'a obéi, n'est plus mien ; sûrement je suis mort ; et cependant je continue à voir, à entendre, à comprendre. La vie persiste peut-être quelque temps dans le cerveau ; mais le cerveau lui aussi, fait partie du corps. »
Alexis Apoukhtine s'interroge, y a t il quelque chose après la mort, la pensée, l'âme se prolonge-t-elle au-delà de la mort ? Il aborde dans ce récit le thème de l'immortalité, de la continuité de l'existence dans une interdépendance des êtres vivants, et même le thème de la « réincarnation » quand il parle de ses impressions de déjà vécu, et nous avons tous fait plus ou moins cette expérience. Au cours de cette expérience naît peu à peu une conviction : « la mort n'existe pas, la vie est infinie. J'en étais convaincu bien avant…astreinte à des limites, la vie n'est qu'une formidable absurdité… Maintenant je sais, par ma propre expérience, que la conscience persiste, que je n'ai pas cessé et probablement ne cesserai jamais de vivre ».
Cependant il est difficile de mourir, et surtout en « vivant sa propre mort… c'est une contradiction absolue qui fait que « notre mort » aspire à revivre et promet de se racheter : « Oh ! Vivre ! Seulement vivre ! Voir des visages humains, entendre de nouveau le son de la voix humane, entrer en communion avec les hommes, avec tous les hommes bon ou mauvais… Oh ! Vivre ! Seulement vivre ! je veux voir le soleil se coucher derrière la montagne, le ciel bleu se ponctuer d'étoiles les vagues courir, crêtées d'écume, sur l'étendue de la mer… ». Ce cri sera-t-il entendu ?
J'ai beaucoup aimé ce récit je l'ai lu deux fois pour en savourer toute la profondeur. Je vous le recommande vous le trouverez sur le site internet Bibliothèque Russe et Slave.
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Ce texte est très beau récit fantastique, mais aussi philosophique, avec une analyse fine, l'auteur explorant toutes les possibilités qui donnent un sens à la vie et à la mort.

Tout d'abord, le héros voit et entend ce qui se passe autour de lui, le comportement, le chagrin, l'organisation des funérailles, l'avis de décès, les prières. Puis, peu à peu, les images du présent sont moins nettes et d'autres souvenirs affleurent, les émotions qu'il a ressenties alors comme une hyperesthésie ou une lucidité particulière.

L'auteur nous décrit ensuite le passage vers un univers qui peut évoquer l'enfer, où ces lieux où les âmes errent dans d'autres religions…

J'ai bien aimé la manière dont Alexeï Apoukhtine décrit les sensations de déjà-vu, la possibilité de vies antérieures, et donc de vies futures, donnant ainsi un sens à la vie comme à la mort, le cycle des existences.

Ce thème me passionne, donc sa théorie m'a beaucoup plu car le texte a été écrit en 1892, donc de telles idées ne courraient pas les rues et il fallait oser.

Ce texte est très bien écrit, plein de sensibilité et de poésie, bien trop court et je sens que je vais continuer à explorer l'univers de cet auteur.

Bref, j'ai adoré…

Les challenges ont du bon, ils permettent de découvrir des trésors… et le premier trimestre de celui-ci donnait une « prime » pour les auteurs russes, je crois bien que je vais continuer à les explorer

Challenge XIXe siècle 2017
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Mais quelle découverte que ce texte ! Un vrai coup de coeur. Et que dire du titre, qui est juste magnifique, et qui prend tout son sens à la lecture. Un récit qui se lit très rapidement, certes, mais qui n'en est pas moins chargé, dense et émouvant. Apoukhtine nous parle ici de la mort, sujet sensible, traité avec respect, mais surtout avec beaucoup de questionnements. Il invite le lecteur à faire le voyage avec son narrateur, à partir d'un dernier souffle expié jusqu'à cet après si mystérieux, si nébuleux... le narrateur voit et entend, et nous avec lui, les pleurs et les cris des gens qu'il laisse dans le deuil. Il les voit se succéder auprès de son corps, pour le veiller. Et puis, il se sent partir, dans un espace temps plutôt flou, non défini, vers d'autres vies qu'il a vécues. Il revoit des scènes déjà vécues, ressent des émotions jadis senties. Et ces souvenirs, nous les avons avec lui. Et tout du long de ce périple, c'est notre vision de la mort et de son après qui sont confrontés à sa conception à lui. Mais soit, que nous soyons d'accord ou non avec certaines de ces propositions, notamment celle de la réincarnation, c'est un voyage fabuleux qu'il nous propose. Chaque mot est porteur de sens et s'ouvre sur une idée, tant est si bien que ce texte nous habite encore une fois terminé, et pour longtemps, j'en suis certaine. A lire !!
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Le narrateur, un aristocrate, vient de mourir. Il raconte ce qui arrive autour de lui. La visite des proches et celle des inconnus, l'organisation des funérailles, la rédaction de l'avis de décès... Il commente le comportement de chacun, semble sourire avec bienveillance le plus souvent. Il est effrayé à l'idée d'être enseveli vivant mais, alors qu'on procède à la toilette de son corps, il lui semble pour la première fois que ce qui lui arrive lui est déjà arrivé...
J'ai moyennement aimé cette nouvelle. L'idée est excellente mais je regrette un peu son traitement littéraire. Elle commence comme un récit fantastique, se poursuit en une réflexion purement philosophique sur le devenir de l'âme et se termine en hymne à la vie. Les trois parties sont intéressantes mais cette construction lourde noie l'émotion, d'autant plus que le personnage manque d'épaisseur et de mystère.
Je préfère de loin les Archives de la Comtesse D.
Lu sur le site de la bibliothèque russe et slave.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Mais le monde est non seulement hypocrite et menteur, il est encore cruel et sans pitié. Notre ancien précepteur Vassili Ivanovitch m’a expliqué la théorie d’un savant très connu, d’après laquelle tout dans la nature doit lutter pour vivre. Dans le monde, nous livrons aussi la même lutte cruelle, avec cette différence, qu’elle n’est point du tout essentielle à notre existence. [...]
Tant que le sort vous est favorable, tous sont pour vous, du moins en apparence ; mais si vous échouez, si le bonheur vous trahit, alors il ne faut plus attendre de pitié. Nos toilettes, et tous ces atours pour lesquels nous dépensons tant d’argent, quelle est leur raison d’être ? On dit qu’ils nous servent à capter les hommes ; mais c’est faux : la plupart des hommes ne remarquent pas notre accoutrement ; sans doute ils aiment nous voir élégantes, mais on peut s’habiller élégamment sans tant de frais. Non, ces attifements sont nos armes de lutte l’une contre l’autre : ce sont nos fusils et nos canons ; et notre triomphe, c’est de voir telles de nos amies rougir de dépit, telle autre pâlir de rage, etc.


LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre LIV – De Maria Ivanovna Boiarova
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Quel bonheur que nous ayons réparé notre faute dans la dernière année de sa vie, et comme je te suis reconnaissant d’être allée chez elle au printemps ! Aurons-nous gagné quelque chose à ce voyage ? C’est encore incertain ; mais ce que nous avons déjà acquis, à savoir la tranquillité de conscience, vaut beaucoup plus que tout l’héritage. Nous aussi, mourrons un jour : c’est une vérité banale, mais comme nous l’oublions souvent !

LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre XXXV – Du Comte D***
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Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas. Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir été trompés par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils désirent ou appréhendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment.

ENTRE LA MORT ET LA VIE
Chapitre II
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Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas.
Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir été trompés par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils désirent ou appréhendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment
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D’un point de vue ordinaire, sans doute j’ai été très heureux, parce que j’ai de la fortune et ce qu’on est convenu d’appeler une situation dans le monde. Mais l’argent n’est qu’un bien négatif, et il en est comme de la santé : on ne le désire que quand il manque.

LE JOURNAL DE PAVLIK DOLSKY
6 décembre
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