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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

🤩Top départ du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024 pour moi!

Un des trois romans sélectionnés par les Jurées de Septembre

Un écrit touchant, un hommage bienveillant à ses grands parents, un récit comme une transmission inter générationnelle pour ne pas oublier cette partie de leurs vies, de leurs histoires dans L Histoire.

Ces Indiens (Coolies) qui sont partis travailler dans les champs de canne à sucre à l'île Maurice, pensant améliorer leurs vies et rêvant d'un avenir meilleur.

Une partie de l'Histoire que je ne connaissais pas du tout et qui m'a particulièrement intéressée.
Un travail de recherches documenté avec quelques photos générales et personnelles de l'autrice, qui rend ce récit plus concret, plus réel et donc plus touchant pour nous lecteurs.

Savoir d'où l'on vient, et connaître nos racines...peut être ici un des messages delivré par l'autrice.

Un roman qui ouvre aux questionnements je trouve, qui nous montre l'importance de s'intéresser aux vies de nos parents, grands parents, ancêtres, avant qu'ils ne soient plus là, une ouverture aux dialogues et à la discussion..

J'ai trouvé ce roman fort, émouvant et touchant à la fois. Je découvre ici la plume de l'autrice qui est poétique, fluide, teintée d'espoir, mal grès la difficulté du thème abordé..
Cette urgence de vivre, leurs difficultés et drames pour y parvenir, leur dévouement à cette terre qui les nourrit.

J'ai ressenti tout l'amour et la bienveillance de l'autrice envers ses grands parents, ce qui a fait résonance chez moi, de l'émotion donc, et je retiens aussi cette découverte de cette partie Historique.

Une très bonne lecture pour moi que je vous conseille !
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La Mémoire délavée par Natacha Appanah

Ed Mercure de France Collection Traits et Portraits 150 Pages


Sélection Prix essai France TELEVISIONS 2024

Natacha Appanah a 51 ans, elle est Mauricienne mais d'origine Indienne. « La mémoire délavée » est son dernier livre paru il y a un an.
Il en est des livres comme des bijoux, ou mieux des diamants. Ces derniers sont souvent artistement taillés par des orfèvres habiles de grand talent. Il en est de même pour certains livres. » La Mémoire délavée » est un diamant brut, noir, éclatant.

Natacha Appanah est d'origine Indienne. Elle relate le parcours de ses aïeux qui en 1872 quittèrent les Indes à la fin supposée de l'esclavage sous la colonisation de l'empire britannique. Ils rejoignent par leurs propres moyens l'Ile Maurice dans l'espoir d'y découvrir un présent meilleur. C'est une page d'histoire méconnue dénommée « l'Engagisme ». « L'Engagisme est un système de travail sous contrat mis en place dès 1830 par les Européens pour pallier le manque de main d'oeuvre dans les champs de canne des colonies après la libération des esclaves. C'est une transhumance mondiale, une migration organisée et multidimensionnelle dictée par l'expansion coloniale de l''Europe… »

« L'histoire de l'engagement indien est introduite dans les écoles mauriciennes à travers cette anecdote : on aurait raconté aux premiers engagés que, sous les rochers, à l'Ile Maurice dorment des quantités d'or et qu'il suffit de les retourner pour gagner une fortune. A mon pupitre d'écolier, j'avais bien peu de compassion et me moquais de cette crédulité. de l'or sous les rochers qui peut croire à un truc pareil ? » En effet ces coolies déjà fichés par un numéro qui les identifie, prélude à de futurs tatouages morbides que connurent les Juifs dans les camps de la mort. Arrivés à Port Louis pour remplacer les esclaves noirs, ils vont s'échiner dans les plantations de canne à sucre pour un salaire de misère avec des patrons plutôt peu bienveillants. Natacha Appanah va nous raconter son histoire familiale, et tout particulièrement celle de ses grands-parents dans un livre court de 150 pages, admirablement illustré de dessins à la plume ou au fusain intégrés à l'histoire. Si le livre démarre avec un poétique et symbolique ballet d'étourneaux qui migrent annuellement, la symbolique forte de l'histoire renvoie à la migration de ces déplacés qui se retrouvent en Terre Inconnue. La mémoire est délavée par le temps, par les années, par le passage des générations. le talent de Natacha Appanah affleure avec une délicatesse infinie à chaque phrase. « Tant qu'il y aura des mers, tant qu'il y aura la misère, tant qu'il y aura des dominants et des dominés, j'ai l'impression qu'il y aura toujours des bateaux pour transporter les bommes qui rêvent d'un horizon meilleur. « Voilà une métaphore qui n'a jamais été si actuelle.

Avec une émotion de grande tenue, Natacha nous raconte la vie douloureuse et pourtant heureuse de ses grands-parents dont elle ne parvient pas à se démunir du souvenir. « Qu'est-ce qu'on ne donnerait pas pour revoir encore une fois le visage des gens qu'on a aimés profondément ». Elle nous révèle, alors, d'une écriture magnifique comment elle découvre, ébahie, le palimpseste qu'étaient ses grands-parents. «

Je ne peux pas dévoiler cette vie empreinte de combats de dignité et d'amour. Découvrez-la !

« Voilà un autre des effets de la vie dans les plantations coloniales, de la vie de dominé. On finit par croire que non seulement sa langue maternelle est inférieure, mais que, dans certains domaines, ses dieux ancestraux le sont aussi… » L'écriture est belle à pleurer, vrai. Ainsi en apprenant la mort de son oncle, « pendant des jours et des jours, j'ai été habitée par un chagrin entier à l'image de ces chagrins d'enfant qui nous faisaient pleurer dans un coin, la tête dans les mains. «

Ce livre, assez court pour être lu et relu, est d'une beauté sans nom, il illustre ici aussi le bel essai de Cynthia Fleury paru cette année « Clinique de la Dignité ». La dignité, est avec la migration, le coeur même d'une histoire écrite avec une grâce infinie guidée par l'amour de la famille de l'autrice. Livre bien sûr où la migration, fil conducteur de l'histoire, s'illustre par cette si belle phrase « j'imagine toutes ces mains jointes et ces prières silencieuses pour mes grands-parents sur leur lit de fleurs parfumées -oeillets d'inde, roses, hibiscus, frangipaniers. Comme j'aime cette grâce qui les accompagne dans cette dernière traversée. Comme j'aime cet hommage des vivants pour leur migration ultime. «

Un livre rare. Un Diamant noir vous dis-je.

PS : Ce livre faisait partie de la Sélection Catégorie Essai-Non-Fiction du Prix des Lecteurs France-Télévision 2024. Ce jury est composé de 11 lecteurs /trices choisis dans toute la France dont le Président cette année était Augustin Trapenard qui a pris la Succession de Bernard Pivot, créateur du prix en 1995, décédé. J'ai eu la chance et le bonheur de faire partie du jury qui a décerné son Prix à Beata Umubyeyi Mairesse pour « le Convoi ». Je profite de cette chronique pour vous remettre le lien de la chronique que j'en avais faite.
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Nathacha Appanah écrit avec une grande sensibilité et pudeur un texte très intime sur sa famille. Elle donne vie à ses ancêtres et plus particulièrement à son grand-père, homme fort se sentant mauricien sans en oublier ses origines hindoues. En saisissant sa mémoire mais aussi celle de sa famille, aussi incomplète soit-elle, l'autrice veut sauver les souvenirs restants, pour ne pas oublier, pour laisser une trace, tel est son devoir.
La mémoire délavée est un texte fin, sincère, sur l'importance de la transmission et de la mémoire. Nathacha Appanah rend ainsi un bel hommage à ses ancêtres.

« Je voudrais les toucher, leur prendre la main et leur raconter quelque chose à moi, leur dire que je sais qu'être ici est beaucoup mais que sans eux, sans leur bref passage ici même, tout ça, ces mots, ces histoires, cette force et cette faiblesse, n'existeraient pas. »

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/11/17/40109501.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Dans ce récit familial et sensible, Nathacha Appanah remonte le temps et l'Histoire pour nous conter l'intimité de ses aieux qui ont quitté l'Inde pour l'île Maurice dans l'espoir d'une vie meilleure.

Beaucoup d'espoir, et autant de désillusion les attendait, comme bien des exilés avant et après eux, se déracinant pour tenter de s'offrir et offrir aux leurs un avenir plus chanceux.

Pour eux, « les coolies », c'est une vie à remplacer les esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre qui les attendait à arrivée sur cette terre inconnue, avec pour seule identité les numéros dont ils sont affublés en guise de laissez-passer.

La désillusion chevillée au corps, et l'espoir d'une vie meilleure pour leur descendance, chevillée au coeur, ils réussiront à se construire une vie, ente passé et présent, coutumes transmises et celles effacées, tiraillés entre l'envie de transmettre et la volonté de préparer leurs enfants à un futur dans cet autre monde.

C'est cette histoire, son histoire aussi, que l'auteur nous livre à travers ce récit pudique et délicat.
Une envolée délicate et gracieuse, telle les illustrations de ces ballets d'étourneaux qui débutent et terminent le récit, au coeur d'une histoire familiale touchante et bouleversante.
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Suite à l'abolition de l'esclavage au 19e siècle, l'île Maurice fait venir d'Inde une main d'oeuvre bon marché pour travailler dans les champs de canne à sucre, et ce sont des bateaux entiers qui sont affrétés pour amener ces « coolies » à bon port. Fuyant la misère en Inde, il espèrent une vie meilleure sur cette nouvelle terre.

« Tant qu'il y aura des mers, tant qu'il y aura la misère, tant qu'il y aura des dominants et des dominés, j'ai l'impression qu'il y aura toujours des bateaux pour transporter les hommes qui rêvent d'un horizon meilleur. »

Dans ce court roman autobiographique paru aux éditions Mercure de France, Natacha Appanah rend hommage à sa famille. Elle commence son enquête par la recherche d'archives pour trouver la trace de ses trisaïeux débarqués à l'île Maurice en 1872 et nommés par un matricule à leur sortie du bateau.

S'engage alors une réflexion sur la mémoire transgénérationnelle en la confrontant à la réalité historique. Dans cette « mémoire délavée », il y a la mémoire historique qui reste factuelle mais sélective avec ce passé honteux que l'on tente d'effacer. Mais on trouve surtout la mémoire familiale passée au filtre des émotions distillées de génération en génération. Cette mémoire est faite de tabous, de choix et de renonciations, de transmissions orales et de souvenirs imprécis.

« Mon esprit les a lavés, ces ancêtres, essuyé leurs visages, coiffé leurs cheveux, habillés de vêtements propres, éloignés des cales de bateaux et de la perspective du labeur quotidien des champs de canne. C'est une image presque proprette. C'est une mémoire délavée. »

Natacha Appanah évoque alors avec tendresse ses grands-parents, génération charnière entre l'ancien monde et le nouveau, devenant le socle de son identité. En fouillant ses souvenirs d'enfance et en nous partageant quelques photographies, elle redonne vie à ses ancêtres.
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Un roman intime emplit de poésie…

Un court récit émouvant et pudique que nous livre Nathacha Appanah.

Elle nous amène avec tendresse à rentrer dans la vie de ses aïeux, de sa famille issue des engagés indiens partis pour l'île Maurice à la fin du XIX siècle.

On ne s'ennuie jamais dans cette lecture qui nous amène d'une génération à l'autre, que l'on fasse un bon dans le temps présent ou que l'on reparte en arrière on la suit dans ce récit familial ou en fin de compte toutes les générations sont liées…

Car finalement la mémoire est bien là et même au delà de ce que les vivants se rappellent n'est elle pas ancrée plus loin dans nos gènes ?

Et dernier élément qui ajoute une plus value à l'ouvrage (mais lui en fallait-il une ?), le texte est parsemé d'illustrations qui nous le rendent encore plus perceptible, intime même.
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