Le ciel par-dessus le toit

Eliette petite fille, née trop belle, que sa maman,couturière, et son père joueur d'accordéon, veulent transformer en "Lolita". Ils sont fiers et ne se rendent pas compte. Mais voilà Eliette rencontrera l'homme qui fera basculer sa vie. Il va l'embrasser et dès lors Eliette refusera désormais de se donner en spectacle et n'aura de cesse que d'attendre un mot de sa mère. Ce mot ne viendra jamais. Eliette a ruminé sa "vengeance" et deviendra Phénix celle qui renaît de ses cendres. En réalité elle ne renaîtra jamais. Elle demeurera blessée, froide, incapable de pleurer, de livrer ses sentiments, même à ses deux enfants qu'elle élèvera seule et que pourtant elle aime. L'aînée n'en peut plus et décide de quitter le foyer, malgré le petit frère Loup qui compte sur elle. Loup est "malade". Il pique des crises qui le conduisent dans des états où il ne peut pas se contrôler. N'en pouvant plus de l'absence de sa soeur il va prendre la voiture, alors qu'il n'a pas de permis. Loup se retrouve en prison, ne veut voir que sa soeur.
Ces deux femmes vont-elles se retrouver, se parler autour de cet être fragile.
Très beau livre. En peu de pages, l'auteure réussit à nous plonger dans chacun de ces êtres, dans leur mal être. Quand on est Loup, la phrase se déconstruit, les mots s'entassent les uns à la suite des autres, comme si nous étions dans son cerveau malade.
Bravo, il n'est pas besoin d'écrire 800 pages pour bien écrire.

Il faut une bonne dose de caractère pour s'émanciper d'une mère qui vous baptise de noms d'animaux (Loup, pour la force, Paloma, pour la possibilité d'envol). C'est ce qui arrive à nos deux frère et soeur, l'un en prison à 17 ans pour avoir pris une autoroute en sens inverse et sans permis, provoquant ainsi un accident grave, l'autre, partie à 18 ans du domicile de sa mère non sans y avoir mis le feu.

Qu'est-ce qui a bien pu les amener à de tels comportements ? Loup est un garçon fragile, un peu « différent » comme on dit. Protégé par sa grande soeur, il écrit des poèmes, les mots riment dans sa tête, mais il ne trouve pas sa place dans la vie et le coeur de sa mère, Phénix. Encore un animal ! Ce nom-là, Phénix se l'est choisi toute jeune, après s'être appelée Éliette et avoir obéi aux fantasmes de ses parents. Un jour où les choses sont allées trop loin, elle a jeté paillettes, maquillage, petites robes sexy qui la déguisaient en Lolita. Elle a cessé définitivement de chanter des niaiseries devant des auditoires adultes aux regards allumés et est partie, loin de chez ses parents. Tatouages, vêtements informes, métier d'homme (vente de pièces auto, pardon pour le cliché, je n'y crois pas une seconde !) : refus absolu de rester une jeune femme après « tout ça ».

Et ses enfants dans tout cela ? Elle les aime bien mais elle est incapable de le leur montrer encore moins de le leur dire. Alors, c'est l'impossible communication.

Un livre original, au ton qui poétique imprégné de Verlaine (un peu pesant et forcé par moments...), pas désagréable à lire quoique le thème soit plutôt éculé.

C'est un roman court et fort, comme sait les écrire Natacha Appanah. Je l'ai lu juste avant "tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" de Jean-Paul Dubois, curieusement construit sur le même thème. Un jeune homme se retrouve en prison, et l'auteur remonte le temps pour expliquer cette finalité. Mais ce livre est bien plus noir, plus poétique. En très peu de pages , il nous attache à la famille formée par Phénix, Loup et Paloma en nous berçant de son écriture hypnotique.

J'ai découvert Natacha Appanah lors d'une émission littéraire.
Les discours dithyrambiques autour de ce livre m'ont intriguée.
Alors, je suis entrée dans ce livre et je n'ai pas compris comment et pourquoi je n'avais pas rencontrée cette écrivaine avant.
La lecture de ce livre est un ravissement tant le style, les mots choisis, le rythme nous captent. Nous sommes suspendus par ce fil ténu, fragile qui va d'un personnage à l'autre.
Natacha Appanah transmet une émotion intense sans ostentation, celle qui résonne longtemps car elle est subtile, profonde et nous touche au coeur de notre humanitude.

J'ai lu le livre avant sa parution dans les librairies, je ne le connaissais pas, sauf son auteure, Nathacha Appanach que j'aime beaucoup. Et cette fois-ci je l'ai aimée autant.
"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants ... Ce pays avait heureusement fermé ses prisons-là." Oui, mais avant la fermeture des portes Loup est en prison.
Histoire ou histoires d'enfermement, d'avoir trop fait ou trop dit pour arriver finalement à l'échec surprenant, douloureux, pesant.
Phénix, femme de feu et de passion, sa beauté auréolée d'une chevelure rousse flamboyante, est la mère froide inatteignable quand il s'agit de transmettre à ses deux enfants, Loup et Paloma. Et pourtant elle a fait le maximum, a essayé de donner la vérité, et tout le contraire de ce que ses parents lui avait donné. Mais est-ce que la vérité est la même pour tout le monde ? C'est quoi avoir bien fait en tant que parent ? Demandons-le à l'enfant !
Ce sont des questions que Nathacha Appanah pose dans son roman devant un sujet dont la profondeur n'a pas fini d'être interrogée, sondée, débattue.
Les chapitres du roman, comme des éclats d'un miroir où la mémoire retrouve des bribes de souvenirs, pourraient être des vérités que cette mémoire reconnaît comme siennes, à un moment unique de son histoire.
L'écriture de Nathacha Appanah est comme son regard, elle peut prendre la douceur du velours et une seconde après l'âpreté de l'hiver, mais à chaque fois tout aussi franche, engageante et lumineuse.

C'est un court roman.
C'est sans doute une de ses qualités et son seul défaut. Peut-être aurait-il été intéressant d'aller un peu plus loin... Mais pas sûr...
Car ce que propose l'auteure dans cet ouvrage est une approche poétique d'une situation relativement banale.
Il y a une forme de pointillisme littéraire dans l'évocation des sentiments qui animent les protagonistes de cette histoire.
Tout en finesse, en retenue.
Et cela finit par brosser un tableau assez saisissant d'une situation sociale avec ses causes et ses conséquences .
Un beau livre.

Loup, enfant lunaire, est devenu un adolescent étrange à l'imaginaire prospère, vivant en dehors du monde réel.
Un soir, il emprunte la voiture de sa mère, Phénix, avec laquelle il vient de se disputer et décide de partir rejoindre sa soeur ainée, Paloma, partie depuis longtemps et qui avait promis de revenir le chercher...
L'accident qu'il provoque dans lequel périssent deux personnes, le conduise en maison d'arrêt pour y être incarcéré en attendant le jugement...

Le décor est planté mais l'intérêt du livre réside dans l'histoire familiale, celle de cette mère maltraitante, qui pourtant fut tellement choyée dans son enfance...
Dans ce court roman, se côtoient amour et haine mettant en évidence les blessures de l'enfance aux effets irréversibles et la solitude de chacun. Il est pourtant empreint d'une grande douceur.
Il s'agit de non dits, de reproduction de scénario de vie, de peurs, de ressentis, d'indifférence, de sentiments, de détresse, de transmission...
Du style concis et alerte se dégage une sorte de poésie. Chacun cherche à se reconstruire, à trouver ou retrouver l'amour en regardant par la fenêtre « le ciel par-dessus les toits », façon Verlaine.
Lecture d'un soir très plaisante et harmonieuse.

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

L'auteur emprunte à Paul Verlaine le premier vers de ce magnifique poème. Et avec bonheur : elle nous livre un récit à l'écriture sensible, poétique voire onirique, dans lequel elle aborde des sujets aussi sensibles que la violence sexuelle subie par les enfants, l'incarcération des mineurs, l'autisme, les jougs familiaux... On suit donc Loup, sa soeur Paloma et sa mère Phénix dans un drame narré avec sensibilité, l'écriture s'adaptant au protagoniste suivi. Une merveille qui se lit facilement et rapidement mais qui laisse une image latente longtemps après avoir fermé le livre. Merci à ma propre soeur (quelque part ci-dessous) qui m'a prêté cet ouvrage.

Un bref roman à plusieurs voix qui nous emmène dans les tourments des sentiments familiaux non-dits. Ce qui touche c'est la langue directe de Natacha Appanah, elle essaie de traduire l'intériorité de ses personnages avec précision et crudité. Elle montre comment s'incarne dans la vie quotidienne, dans des actes bénins, toute la violence des sentiments. Phénix-Eliette n'arrive pas à dépasser son mal être, issu d'une enfance trop choyée. En offrant presque le contraire à ses deux enfants, elle reproduit finalement le schéma familial qui l'a tant fait souffrir. Cependant une forme de rédemption semble possible grâce à ses enfants, à leur singularité.

Une famille dysfonctionnelle: Phoenix, Paloma et Loup.
Une mère en colère, une jeune fille transparente et un garçon différent, qui n'est pas malade, mais dont les pulsions ne peuvent se calmer qu'en courant comme un forcené, comme s'il voulait sortir de lui-même.
Loup, 16 ans, va dormir en prison ce soir. Il a fait 600 kms avec la voiture de sa mère, sans permis, a provoqué un accident en roulant à contre-sens et a tenté de prendre la fuite.
Cet évènement va secouer les 3 membres de cette famille disloquée.
Par bribes, chapitre par chapitre, le lecteur entrera dans l'histoire de ces 3 là, on aura juste quelques éléments épars pour comprendre d'où ils viennent et ce qui les lient.
L'écriture de l'auteure est à la fois simple et forte, malgré la noirceur, le lecteur ne se sent pas accablé.
L'histoire est comme un puzzle incomplet, mais dont l'image se devine .
ça se termine sur un sentiment assez doux de réconciliation, avec de nouveaux possibles.
je suis contente d'avoir découvert cette auteure!