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3,73

sur 653 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'écriture intimiste de Nathacha Appanah explore, interroge les relations familiales, la transmission, les non-dits d'une génération à une autre. Comment s'aimer, bien s'aimer, comment y arriver ou pas ?
Un livre court d'une grande intensité, magnifique, percutant qui reste en nous même après avoir terminé la lecture. Un grand livre avec ce trio de personnages bouleversants et attachants, Phénix la mère, Paloma la fille et Loup le fils.Un roman que je n'oublierais pas.
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°°° rentrée littéraire 2019 #32 °°°

125 pages seulement.

125 pages d'extraordinaire délicatesse pour raconter une famille cabossée.

125 pages oxymoriques où la noirceur côtoie la poésie, la douleur la poésie. Une douceur ouatée déchirée de rudesse pour plonger dans l'intime d'un triangle familial. Natacha Appanah tisse à partir de lambeaux de vie de chacun un texte incroyablement lumineux qui garde jusqu'au bout une ligne claire, vivante et elliptique.

D'abord il y a la mère, Eliette devenue Phénix, le personnage le plus déchirant : les passages qui éclairent sur les traumatismes vécues durant son enfance m'ont secouée, bruts, crus, d'autant plus terribles qu'ils l'accompagnent adulte puis mère, la déchirent toujours et se transmettent à ses enfants, inéluctablement, irrémédiables dégâts qui s'en suivent.

Paloma, la fille aînée, qui a décidé que pour vivre il fallait qu'elle fuit le plus loin possible de cette mère en souffrance, quitte à abandonner son petit frère et à être torturée par les affres de la culpabilité.

Le fils, le frère, Loup, adolescent étrange et décalé, emmuré dans ses détresses. le choc de son incarcération reconstitue le trio, avec peut-être la résilience au bout, peut-être un horizon moins sombre, peut-être.

Et quelle écriture ! Eblouissante. Il n'y a pas un mot de trop, aucune phrase banale pour meubler. Juste de l'humain qui vibre et bruisse de toute la palette des émotions, comme dans cette scène où la mère et la fille se retrouvent après dix ans sans se voir, pour rendre visite à Loup :

« Il y a ce regard échangé de loin. C'est la mère qui avance vers la fille parce que cette dernière est pétrifiée – par cette beauté, par cette vague d'motions qui l'atteint, par le poids de ces dix années, par la difficulté ) être m'enfant de sa mère – et toujours le coeur qui bat, le ventre qui tourne, l'esprit qui se débat pour trouver les mots qui conviennent, mais en réalité c'est autre chose qui prend le dessus et ça ressemble à un début, à quelque chose qui s'ouvre et qui offre on en sait quoi, on en sait pas encore comment mais on espère que ça ressemblera à de la tendresse et, pour l'instant, ça leur suffit. »

« Il était une fois » commence ce roman, comme un conte atemporel et universel sur la famille, la filiation, l'hérédité de la transmission des traumatismes. « Il était une fois » le conclut de façon puissance et vibrante comme un hymne à la vie, aux possibles.

Bouleversant.
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Eliette est le jouet de ses parents, déguisée et maquillée en Lolita pour chanter. Ils sont aveuglés par leur fierté. Puis vient la conséquence inévitable et Eliette disparaît pour renaitre en Phenix.
Elle entre scène dès le début du roman, bien des années après le drame, en mère incapable de s'occuper de sa fille Paloma et de Loup son garçon. Paloma part, promettant à son jeune frère de venir le chercher. Les années passent et Loup tente de retrouver sa soeur.
Phenix a rejeté le modèle de sa mère. Elle n'a sans doute pas voulu être mère, et ne fait pas plus confiance à son instinct qu'à elle-même.
Elle a un corps exceptionnellement beau qui attire regards et convoitises. Il est à l'origine de son malheur, alors elle le transforme en le tatouant.
Pourtant il était une richesse inestimable, une chance de s'élever pour ses parents d'origine modeste.

A travers cette courte histoire, plusieurs questions sont posées : l'espoir que les parents projettent sur leurs enfants, la résilience de ceux-ci face à un parent incapable d'aimer, la place du corps dans la société et enfin le silence qui fige les gens dans leurs difficultés.

L'écriture sensible et acérée évite la gêne à lire ce récit de transmission de maltraitance. de plus, les personnages possèdent une forme de gentillesse au fond. Personne ne veut du mal à personne mais le silence peut s'avérer violent. Ne pas parler évite de revivre les souffrances, mais conduit à d'autres souffrances.

On ne peut en vouloir à personne dans cette histoire de gens profondément empêchés.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Loup, jeune homme de 17 ans, mal dans sa peau depuis son enfance, éprouve le besoin de revoir sa soeur, Paloma, qu'il n'a pas revu depuis 10 ans. Ces deux enfants ont été privés d'amour ou plus exactement, leur mère Eliette (devenue Phénix) n'a pas su les aimer ni leur témoigner son amour. Alors Loup , sans permis, emprunte la voiture de sa mère et part rejoindre Paloma à plus de sept cent kilomètres du domicile familial et c'est l'accident, pas trop grave mais la police l'arrête et il est incarcéré dans le quartier des mineurs.
Dans son enfance , Eliette était une ravissante petite fille , traitée comme une princesse par sa mère; Elle avait une belle voix et animait les soirées récréatives de sa petite ville. Lors d'une représentation un homme, Jean ou Gérard l'embrasse passionnément. Un véritable viol pour cet enfant qui va , à partir de ce jour se révolter contre ses parents . Elle incendiera la maison familiale. Elle aura donc deux enfants de deux hommes différents , enfants qu'elle ne saura pas aimer.
Dans ce court roman, Natacha Appanah résume les difficultés familiales, l'impossibilité de nouer un dialogue constructif au sein de la cellule, la perte des repères des une et des autres, d'où la fuite de Paloma.Cette chronique dévoile une grande lueur d'espérance qui va renouer l'écheveau des liens humains entre la mère et ses deux enfants et entre les enfants.. Merci pour cette belle leçon de vie. de plu sil y a beaucoup de poésie, de délicatesse; Roman dans la même veine que son livre Tropique d ela violence. Je le recommande vivement ;
Lien : http://lucette.dutouràorange.fr
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C'est à la suite de la présentation à la librairie l' armitiere d'hier que j'ai acheté et lu ce livre d'une traite, laissant de côté ma lecture en cours.
Qu'a donc fait Loup, encore enfant, pour se trouver en prison ? C'est au travers de chapitres dédiés à Phénix sa mère (mini-Lolita née de ses propres cendres), Paloma sa soeur (victime d'un cruel manque d'amour), mais aussi à son grand père et au docteur Michel que se tisse le fil de son histoire depuis sa naissance (magnifique scène d'anthologie !) jusqu'à l'enfermement.
Une histoire sombre mais tellement poétique dans laquelle l'inquiétude m'a accompagnée. Les blessures de l'enfance , les non-dits, les histoires de famille décident ici d'un avenir incertain mais la résilience, le ciel par dessus le toit, n'est jamais loin, donnant alors l'espoir d'une promesse...
Un véritable coup de coeur, en lice pour le prix Goncourt
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Ce que j'aime dans les romans de Natacha Appanah, c'est qu'à chaque fois, elle nous emmène dans un univers différent.

Celui-ci est très dur, à l'image de la vie des personnages.

Il y a Eliette, devenue Phenix à la suite de l'indifférence et de la violence de ses rapports avec ses parents. Elle élève seule ses deux enfants dans une casse.

Il y a Paloma, sa fille au nom d'oiseau, qui a fuie la maison de sa mère.

Il y a Loup, le jeune frère, qui court pour fuir cette vie.

Et pourtant il y a un ciel au-dessus de ce toit qui n'existe pas.

Un roman qui a résonné longtemps en moi par ce qu'il raconte d'une certaine histoire familiale.

L'image que je retiendrai :

Celles des couleurs bleu et jaune, omniprésentes.

Quelques citations :

il faut bien, un jour, arracher à coups de dents sa place au monde. (p.46)

C'est ça alors qu'il tenait si loin de lui, cette vérité bestiale qui nous transforme, qui nous accomplie, qui nous dépasse ? (p.73)

Je ne supportais pas cette vie-là, je me sentais comme une poupée mécanique dans sa boîte en plastique qu'on rangeait sur une étagère… (p.88)

je suis venue ici parce que parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre. (p.123)
Lien : https://alexmotamots.fr/le-c..
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Un petit joyau, un diamant brut dans sa gangue, une perle irisée dans son coquillage, cent quarante six pages, seulement, mais cent quarante six pages de miel et d'épices, de phrases lourdes de sens mais légères, aériennes. Réalistes mais poétiques, terre à terre mais enlevées, des personnages façonnés dans la glaise mais s'échappant de leurs moules pour nous montrer que rien, jamais, n'est absolument fixé chez l'être humain. Loup, ce Rimbaud de hasard, par sa recherche de ce qui a été, par son innocence retrouvée devant ce qui va être, nous ouvre une porte vers le bonheur et la rédemption. Merci Madame.
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Eliette est une petite fille très belle adulée et poussé par ses parents. Elle chante si bien, sa voix est un cristal que tous ont envie d'écouter, surtout à la soirée annuelle de l'usine où travaille son père. Les parents, fiers et heureux, poussent la fillette sur l'estrade, coiffée, maquillée, mais elle ne le fait que pour répondre à l'amour et à l'admiration de ses parents. Jusqu'au jour de ses onze ans, jusqu'à cet homme, jusqu'au point de rupture…

A partir de ce jour, Éliette disparait, Phénix renaitra de ces douleurs intenses, aura deux enfants sans père et se tiendra loin d'eux. Pas de caresse ni d'amour échangé, pas de geste tendre, la mère fuit son enfance et ses souvenirs douloureux en prenant ses distances avec ses enfants, et fracasse à son tour l'enfance de ceux qu'elle a mis au monde. Sa fille Paloma a quitté le foyer en abandonnant Loup, son petit frère. Mais le chagrin de ces années d'attente est trop fort, Loup prend la voiture de sa mère et part à la recherche de sa soeur. Cela ne se fera pas sans dommage.

Il y a tout au long de ce roman une forme très poétique qui crée une distance, qui rend plausible, mais aussi acceptable la douleur et la souffrance de chacun des protagonistes. Avec ce regard empreint de délicatesse qui la caractérise, Nathacha Appanah dit la douleur, l'absence, le mal aimer et le mal être. En peu de phrases – le roman est particulièrement court- elle pose les bases d'un amour qui ne s'avoue pas mais qui attend, tapi dans l'ombre, pour éclairer les jours sombres et les vies dépourvues de sentiments.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/09/24/le-ciel-par-dessus-le-toit-nathacha-appanah/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Elle était « celle qui s'appelait Eliette », cette figure d'ange dont certains disaient qu'elle avait « le visage d'un marbre de l'Antiquité », une magnifique enfant devenue poupée qui portait tous les espoirs de ses parents. Mais l'obsession de l'apparence était si contraignante qu'un jour elle rejeta sa famille, disparut de chez elle et s'installa dans la vraie vie, couvrant son corps de graisse et de tatouages.
C'est ainsi que l'on se faufile dans la vie de Phénix qui élève seule ses deux enfants avec son amour fort mais distant, tentant de ne pas reproduire l'éducation superficielle qu'elle a si mal vécue dans son enfance.
Il y a le besoin maladroit de créer une famille fondée sur de vrais sentiments de Phénix, il y a la déception de sa fille Paloma de ne pas sentir d'amour dans un lien si peu charnel, et surtout, il y a les rêves de Loup, cet adolescent en marge du monde au coeur si fragile.
Et c'est lui, cet enfant sans défense, miracle de sensibilité et de poésie, que l'on enferme en prison parce qu'il a voulu rejoindre sa soeur dans une voiture qu'il n'avait pas l'âge de conduire.
Quelle puissance, quelle émotion dans l'écriture de Natacha Appanah ! Je suis émerveillée de percevoir aussi finement les sentiments et les caractères de chaque personnage avec des phrases tellement poétiques et des mots si simples.
Ce roman est une perle de sensibilité et de poésie qui m'a submergé le coeur d'amour et d'empathie. Un vrai régal, à lire avec autant de plaisir que le poème de Verlaine dont il tire son titre.
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Très gros coup de coeur 💗 pour le magnifique roman social de Natacha Appanah: le ciel par dessus le toit. Sublime texte lumineux qui bouscule, égratigne.
Une écriture sobre, intimiste, plein de nuances et de couleurs.
Un récit en vagues ondulantes. Une plongée dans ces non dit, ces silences qui pèsent dans les coeurs et dans les esprits. Qui vous entraînent dans les tréfonds de l'âme au bord de la survie.

Une interrogation existentielle pour savoir si les drames que nous vivons, nous les transmettons à nos enfants.
Une sorte de conte où l'homme est absent, ou cruel, ou émouvant il plane au dessus des têtes sans être réellement là.
Un roman, tel un triangle des Bermudes, à chaque angle un membre d'une famille. Une mère, un fils. une fille.

Une mère que la vie a cabossé, Phenix se nommait Eliette. du temps, où elle était une petite fille jolie, sage, pleine de talent, adulée et adorée par ses parents. Qui la propulsait sur le devant de la scène, où elle chantait, maquillée comme une petite femme sous les regards de vautour de certains hommes. Jusqu'au drame. Où lors d'une représentation, elle va se faire agresser sexuellement et la chrisalide petite fille va devenir une furie. Elle incendie la maison familiale et Eliette devient Phénix.
Les années passent, parsemée de solitude et d'errance, Phénix donne naissance à deux enfants, à qui elle ne donne ni amour, ni tendresse, ni émotions pensant que c'est cet amour passionnel, exclusif de ses parents qui a été sa perte. Paloma et son frère Loup vivent dans un taudis, grandissent dans l'indifférence, Indifférence qui peut être mère de violence, le manque de tendresse rend il plus fort ou plus faible? Paloma ne résistera pas, choisira la fuite avec la promesse de revenir un jour faite à ce frère lunaire, qui vit dans une bulle croisant réalité et imaginaire. Il prend la voiture de sa mère part chercher cette soeur non oubliée et c'est l'accident, la prison et le fil du temps remonte.
Un roman court, bouleversant, émouvant à la plume poetique. L'auteure effleure les questions d'atavisme, de misère sociale, de détresse humaine. Un roman dont le titre symbolique est un poème de Verlaine qu'il a écrit en prison.
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