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Paul B. Fenton (Éditeur scientifique)Maurice Gloton (Éditeur scientifique)Henrik Samuel Nyberg (Éditeur scientifique)
EAN : 9782841620104
41 pages
Editions de l'Eclat (01/11/1998)
5/5   3 notes
Résumé :
Ce petit traité aborde les éléments essentiels de la métaphysique de Ibn ’Arabî et témoigne de ses rapports avec la philosophie en même temps que de l’introduction dans le soufisme d’éléments externes empruntés à la scolastique et à la philosophie péripatéticienne.
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L’essence absolue (Dhât ou Dhât Allâh)

Le premier « Degré » est celui de l’Essence absolue, le Mystère absolu (ghayb mutlaq) ou le Mystère du Mystère (ghayb al-ghayb) qui transcende toute relation, toute manifestation et toute détermination et qui demeure inaccessible, inconnaissable et indicible. On ne parle d’Elle qu’en termes négatifs et on Lui donne le nom de « Wujûd », bien qu’il ne convient pas absolument, étant au-delà de tout nom et de tout nommé, au-delà de l’Existence et de l’Être pur. A ce « Degré », l’Essence divine ne se révèle pas.

L’Unité (Ahadiyya) ou Non-Dualité

C’est l’Unité indivisible et indifférenciée, la Non-Dualité de l’Essence restant sans aucun aspect et par conséquent absolument inconnaissable étant au-delà de toute distinction, au-delà de la substance et de ses accidents. Symboliquement parlant, on peut dire d’Elle qu’Elle est « l’Extérieur » du « Contenue » indifférencié de l’Essence. Les Noms divins et les Qualités divines ne sont pas davantage distingués, ils sont en puissance à l’ « intérieur » de cette Unité, cachés en Elle dans le « Trésor » qu’Elle constitue, selon un hadîth considéré comme authentique par les Maîtres du Soufisme et par Ibn ‘Arabî en particulier qui le citera de nombreuses fois dans ses ouvrages : « Dieu dit ‘’J’étais un Trésor caché ; Je n’étais pas connu. Or, J’ai aimé être connu. Je créai les créatures afin que Je Me fasse connaître à elles. Alors elles Me connurent’’. » Elle est toutefois le principe de la diversité et de la première Théophanie (tajallî) de l’Essence, « Processus » primordial qu’Ibn ‘Arabî décrira par l’expression « la Surabondance sanctissime » (al-Fayd al-aqdas) dont l’Oriigne est l’Amour séminal (hubb) selon les termes du hadîth précité. Au début de cet exposé, nous avons déjà pu constater que le terme « Wujûd » comportait, dans une de ses acceptions, la notion d’attraction impliquée aussi dans ce hadîth.

L’Unicité (Wâhidiyya) ou l’Unité-plurale

A ce « Degré » métaphysique, l’Essence est envisagée comme le Principe de cette première Théophanie essentielle. Métaphoriquement parlant, on peut considérer l’Unicité comme « l’Extérieur » de l’Unité et elle en constitue alors son « extériorisation ». Elle est le Principe de toute multiplicité et va être la « Source » du déploiement des possibilités contenues à l’intérieur du « Trésor » occulté dans l’Unité. Elle comporte alors une infinité de propriétés et de réalités qui sont resserrées dans le « Point métaphysique » qui la symbolise et que l’Amour, dans sa force expansive, va déployer ou propager dans l’Existence universelle. Cette propagation rayonnant jusqu’aux confins de la Manifestation universelle sera dénommée par le Maître « le Respir du Tout-Irradiant d’Amour » (nafas al-Rahmân). La Fonction universelle de ce Nom divin, impliquant l’ensemble des autres Noms divins, est suggéré par le verset suivant : « Invoquez Allâh ou invoquez Rahmân, lequel des deux vous invoquez, à Lui sont les Noms excellents » (Coran 17 : 110). Ce « Degré de Présence » implique les sept Noms cardinaux que mentionne Ibn ‘Arabî dans le traité et en particulier le Nom de Science (‘ilm), mais aussi toutes les réalités essentielles et universelles immuables (al-A’yân ath-thâbita ou les déterminations essentielles permanentes) de toutes les choses qui sont trouvées existantes dans l’Univers totalisateur et qui sont autant de « germes » contenus dans la Science de Dieu.

Allâh se manifeste en Elle en tant que Dieu adorable (ilâh) et l’Homme peut connaître, à ce plan d’Être, les aspects qu’Elle assume dans les formes particulières qui sont toutes les Formes universelles qu’Elle continent. En déployant de la sorte les possibles qu’elle implique, l’Unicité reçoit la dénomination de « Surabondance sainte » (al-Fayd al-muqaddas). (Maurice Gloton, pp. xxvi-xxviii)
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L’homme possède deux aspects de perfection. Par le premier, il accède au degré de la Présence divine et par l’autre, au degré de la présence du monde de la génération (kiyâniyya). D’une part, on dit de lui qu’il est un serviteur du fait qu’il est assujetti (mukallaf), qu’il n’existait pas puis vint à l’existence à l’instar du Cosmos ; d’autre part, on dit de lui qu’il est seigneur (rabb) sous le rapport de la Lieutenance (khalîfa), de la forme (cûra) et de la plus belle constitution (ahsan taqwîm). (cf. Coran 95 : 4). Il est aussi un Isthme (barzakh) entre le Monde et Dieu le Réel, il synthétise (jâmi’) la créature (khalq) et Dieu le Réel (haqq). Il est la ligne de séparation entre le degré de la Présence divine et celui du monde de la génération (kawmiyya), comme la ligne [imaginaire] séparant l’ombre du soleil. Telle est sa réalité.

Il possède la perfection totale dans l’adventice (hudûth) et dans l’éternel (qidam), alors que Dieu le Réel possède la Perfection absolue dans l’éternité et ne participe pas de l’adventicité étant trop sublime pour cela ; tandis que le Cosmos possède la perfection totale dans l’adventicité et n’est pas l’éternité étant trop infirme pour cela.

L’homme représente donc une synthèse – que Dieu en soit louangé ! Ainsi, dans l’existence, il ne peut y avoir de réalité plus éminente, ni d’existant plus pur, comme il ne peut y avoir de réalité plus avilie et plus dévoyée puisque, parmi les créatures, on trouve aussi bien Muhammad [le Prophète] que Abû Jahl aussi bien Moïse que Pharaon.

Réalise bien ce qu’est la plus belle constitution et considère-la comme la condition centrale des obédiants et des rapprochés. Réalise aussi ce qu’est la réalité plus inférieur des êtres vils (cf. Coran 95 : 5), et considère-la comme la condition fondamentale des mécroyants et des dénégateurs. Gloire à Celui auquel « nulle chose n’est semblable alors qu’Il est l’Oyant et le Voyant » (Coran 42 : 11). (pp. 25-26)
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Kahina Bahloul est islamologue et depuis peu, imame. Souleymane Bachir Diagne enseigne la philosophie et s'intéresse de près aux intellectuels musulmans.
Pour elle, le poids de la tradition littéraliste et orthodoxe, l'inflation des lectures normatives, amputent l'islam de sa dimension mystique et bloquent l'accès des femmes au domaine religieux. Pour lui, les mêmes tendances freinent le développement d'une pensée islamique vivante et contextualisée.
Tous deux toutefois, soulignent la richesse intellectuelle de nombreux courants islamiques à travers les époques, du philosophe Averroès et du mystique Ibn Arabi, aux penseurs contemporains Mohamed Iqbal, en passant par les réformateurs du XIXème siècle comme Mohammed Abdu.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer, l'invité était Kahina BAHLOUL / Souleymane Bachir DIAGNE (07h40 - 08h00 - 19 Avril 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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