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EAN : 9782253000952
250 pages
Le Livre de Poche (29/06/2001)
2.75/5   14 notes
Résumé :
L’instituteur Henri Raymond est en passe de devoir renoncer à s’évader de Paris à l’occasion d’un « pont » prolongé, car il a dans sa classe le petit Jean Martin, qui ne manque jamais l’école.

Adieu donc au voyage projeté en Normandie, à moins d’emmener Martin. Pourquoi tant s’acharner à gagner quelques jours de vacances ? C’est qu’il faut à tout prix fuir une ville où personne ne sort sans masque aux heures de pointe…

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avec ce roman atypique, bercé par les idées en l'air de l'après Mai 68, Christine Arnothy se risquait dans la science-fiction avec toute la candeur d'une femme de lettres célèbre et reconnue à laquelle on ne pouvait rien refuser. Cependant, c'est sans aucun académisme qu'elle aborda le genre, et avec le seul souci de mettre en scène une société future qu'elle imaginait dériver de la France de 1970.
Dans ce futur proche, que l'on peut assez précisément situer dans les années 90 ou 2000, Christine Arnothy imaginait une dictature conditionnée par une pollution atmosphérique tellement contaminante que les gens en devenaient allergiques à l'air pur, prisonniers de leurs foyers et de leurs habitudes.
Henri Raymond est professeur d'histoire dans un collège parisien où l'enfant, devenu roi, impose sa présence à des enseignants devenus de simples serviteurs. Ils doivent notamment faire acte de présence même si un seul élève vient en classe - puisque bien entendu les enfants seuls décident s'ils doivent ou non aller à l'école.
À l'approche d'un jour férié, occasionnant un pont de plusieurs jours à la toute fin de l'année scolaire, Henri Raymond aimerait bien rentrer en Normandie, voir sa mère qui tient l'une des dernières fermes existantes. Mais hélas, il doit composer avec un élève qui s'accroche désespérément à ses cours, le petit Jean Martin, enfant insolite, assez solitaire, et curieux des choses du passé. Ulcéré à l'idée de passer ce pont en classe avec un seul élève, Henri Raymond lui propose tout bonnement de l'accompagner chez sa mère en Normandie. Jean est tenté, mais a besoin de l'autorisation de sa mère. Henri accompagne donc l'enfant chez lui, et découvre dans quel enfer il vit. Sa mère, abandonnée par son mari, est une femme névrosée au dernier degré, qui écoute toute la journée des programmes radiophoniques débilitants et paranoïaques, n'a aucune affection pour son fils et se cherche absolument un homme qui la supporterait. Elle s'oppose en tout cas à ce que Jean accompagne son professeur en Normandie. Comprenant qu'il a affaire à une demi-folle qui n'existe que pour être le centre d'intérêt de l'attention des autres, Henri propose à Mme Martin de venir avec Jean et lui en Normandie. Flattée de cette invitation, et caressant l'idée d'attirer le jeune enseignant dans ses bras, Mme Martin accepte et l'étrange trio monte dans la voiture du professeur, et s'en va passer quelques jours en Normandie.
L'intrigue de ce roman est assez simple, car elle ne sert que de canevas à une fantaisie littéraire visant à dépeindre une société future cauchemardesque, sorte de prolongement surréaliste du temps présent. Christine Arnothy y dévoile une imagination délirante et hallucinée, soucieuse du moindre détail - ce qui n'exclut pas néanmoins un certain nombre d'incohérences bien naturelles chez quelqu'un qui n'a pas l'habitude de façonner des mondes imaginaires. Cette imagination flamboyante fait de "Chiche !" une sorte de visite touristique fascinante dans une France fictive, dictatoriale et néanmoins chaotique et bariolée, au travers de laquelle Christine Arnothy tente d'alerter sur la pollution, la bétonisation du pays, l'enfermement des villes et le renoncement aux choses simples de la vie naturelle.
Bien que cette flamboyance hippie, qu'on croirait parfois véritablement née d'un trip au LSD, constitue l'intérêt littéraire et historique majeur de "Chiche !", force est de constater que cinquante ans plus tard, le roman de Christine Arnothy accuse son âge, et si certaines trouvailles ont été parfois visionnaires, voire prophétiques, bien d'autres relèvent de la frilosité infantile type d'une catholique de gauche qui reste fortement marquée par les souvenirs effrayés de la Seconde Guerre Mondiale qui a marqué son adolescence. Christine Arnothy a exprimé beaucoup de ses peurs intimes dans ce futur proche formé au final de beaucoup de réminiscences d'après-guerre, et auxquelles il est peu probable que la jeunesse de 1970, ivre d'idéaux nouveaux, se soit identifiée. Ajoutons également que, né vraisemblablement d'une improvisation littéraire, "Chiche !" souffre quelque peu de lacunes, de contresens, d'idées qui ne mènent nulle part, à l'image de l'accident tragique qui clôt le roman, et dont il est difficile de saisir la signification ou le symbole. Si Christine Arnothy ne manque pas d'idées fixes motivées par son pessimisme envers l'avenir, beaucoup de dialogues ou de passages extrapolatifs de son roman sont au contraire arbitraires et déconnectés. Ses personnages, tout d'une pièce, semblent les émanations d'un rêve et manquent terriblement de consistance. le roman laisse un peu le lecteur sur sa faim : tant d'idées agitées, et au final, pour en arriver où ? Pas très loin, voire nulle part. "Chiche !" fut peut-être rédigé partiellement dans un état second, et à ce titre, il a sa place dans la culture psychédélique. Mais sur le plan littéraire, il souffre quelque peu de cet abandon ponctuel à l'aléatoire et d'un manque de suivi et de rigueur sur le plan rédactionnel.
L'une des trouvailles étonnamment visionnaires de Christine Arnothy est d'imaginer la jeunesse marginale de ce futur proche, dérivée des hippies, et qu'elles nomment les "suricates", jeunes gens désespérés et suicidaires, qui s'enterrent eux-mêmes dans les espaces verts pour s'y laisser mourir. Si l'on s'abstrait de la forme surréaliste, le nihilisme dépeint par le biais cette génération de "suricates", censée succéder à l'idéal hippie, n'est pas sans évoquer ce que sera plus tard la génération punk et son "no future". Étonnante prémonition, en 1970...
Si "Chiche !" n'est pas aussi réussi qu'on pouvait l'espérer, il demeure une curiosité littéraire, une expérience, un trip, qui est à la fois l'instantané d'une époque et l'interprétation très personnelle qu'en fait une femme de lettres plus très jeune, et au fond moins "soixante-huitarde" qu'elle ne le pense elle-même. Par le biais de cette fantaisie semi-psychédélique et faussement positive, on sent malgré tout chez Christine Arnothy un fond de rigidité catholique, de dessèchement sensuel, qui révèle à quel point sa vision des idéaux de l'après 68 est sans doute née d'un compromis intérieur avec un mysticisme rural et conservateur.
À noter enfin que Christine Anothy a réalisé, quatre ans plus tard, un prolongement de ce roman à travers le scénario de la bande dessinée "Clodomir Free", dessinée par Jean-Louis Goussé, dans laquelle on retrouve exactement le même univers, les mêmes idées et les mêmes qualités que dans "Chiche !", mais avec un scénario plus rigoureux, plus ambitieux et merveilleusement illustré par Jean-Louis Goussé, graphiste extraordinaire dont ce fut pourtant le seul album. Les lecteurs (trices) qui ont apprécié "Chiche !" ont grand intérêt à se procurer "Clodomir Free", s'ils veulent pousser plus avant ce rêve hippie d'un autre temps.
Enfin, terminons cette critique en signalant que "Chiche !" fit suffisamment de vagues en son temps pour justifier une interview de Christine Arnothy dans l'émission littéraire de l'ORTF "Le Fond et la Forme", au cours de laquelle plusieurs passages du roman furent joués en saynètes par des comédiens, avec même une participation de Georges de Caunes. L'émission peut être visionnée gratuitement sur Ina.fr
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J'ai lu ce roman il y a exactement trente ans lorsque j'en avais quinze, par obligation pour l'école ; mais je m'en souviens encore. Je l'ai dévoré en trois jours. Il se lit facilement, l'histoire est prenante et les personnages tous touchants. Témoin d'une époque quasiment révolue (l'école a énormément changé depuis), ce roman nous plonge néanmoins dans l'ambiance par des détails très réalistes aujourd'hui disparus. Par exemple, pourrait-on encore entendre un bruit de pas d'écolier sur le pavé un jour où il serait le seul élève ?

J'aime beaucoup les contrastes entre les personnages, entre les décors, entre les époques... et là, j'ai été servie. Il y a non seulement le contraste entre la ville et la campagne, mais également entre le début et la fin...
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