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3,79

sur 1713 notes
Une critique me donne envie de parler de ce livre, que je trouve très important. Il permet, selon moi, de comprendre les Gilets jaunes mieux que n'importe quelle analyse...
Florence Aubenas s'est immergée dans une France invisible car invisibilisée...
Où sont les belles promesses post-covid ?
A lire absolument !
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Une plongée dans la crise économique des années 2000, du côté des travailleurs précaires, les sans-diplômes. L'autrice se fait passer pour une femme sans diplôme mais n'ayant jamais travaillé car femme au foyer. Elle change également d'apparence. Après une inscription à Pôle Emploi et une formation de femme de ménage, elle va se trouver accumuler les petits jobs, de nettoyage, notamment sur un ferry depuis Ouistreham, l'emploi réputé le plus difficile.
Le livre pourrait paraître daté puisque nous parlons plus aujourd'hui de plein emploi que de crise mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont concernées car si les diplômés peuvent aujourd'hui choisir leur emploi, ce n'est toujours pas le cas des sans diplômes.
Le livre pourrait paraître indigeste, vu le sujet ; en fait, les rencontres faites et quelques scènes très cocasses en font une description de la société d'en bas très juste.
Elle rencontre la difficulté de trouver un emploi sans voiture et les scènes avec la voiture prêtée sont très drôles !
Cette phrase résume bien ses propos "on travaille tout le temps, sans avoir vraiment de travail, on gagne de l'argent sans vraiment gagner notre vie".
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Je suis en train de lire le livre, et je suis peut être déconnectée de la réalité mais je trouve qu'il est trop.
Oui, 2008 2009 la crise, mais quand même !
L'auteur a rassemblé dans un seul livre le pire qu'elle a pu glaner dans la France entière à différentes années.
Je n'adhère pas du tout et je trouve même qu'il fait du tort à la triste réalité.
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Un témoignage, ou plutôt une mise en situation de plusieurs mois dans la peau d'une demandeuse d'emploi sans diplome dans la France de le crise économique de 2009.
Une Florence Aubenas, plus habituée aux terrains de guerre pour des reportages qui sentent l'exotisme et l'aventure, qui se décide à une immersion en France, en Normandie, pour se rendre compte en réel de la situation de ces personnes désargentées, des travailleurs précaires qui essayent de survivre.
Ce succès littéraire, devenu presque un classique du témoignage social, dresse un portrait accablant de cette société qui maltraite les petites mains, celles qui occupent les couches les plus basses de notre société, celles qui font les tâches les plus ingrates et qui doivent, de plus, subir notre mépris...
L'auteure a vécu cette situation pendant 6 mois et a souhaité avoir une approche très neutre, journalistique, factuelle. Elle a simplement décrit ses sentiments, ses peurs, ses doutes, ses joies, sans jamais utilisé son instruction ou ses connaissances pour se soustraire à sa condition. J'en ai parfois été perturbé mais cela se comprend sans doute par son souhait d'être le plus authentique possible.
Il m'aura quand même manqué un chapitre final, une conclusion qui fait un bilan de cette expérience, qui prend du recul ou tente d'expliquer les comportements ou les opinions de tous les protagonistes.
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En 2009, juste après la crise, Florence Aubenas s'installe à Caen et s'inscrit au chômage, en expliquant qu'elle vient de se séparer et qu'elle n'avait jamais eu besoin de travailler jusqu'à maintenant.
Sans expérience, on lui propose don d'être agent de propreté dans les entreprises.
Elle va découvrit un monde impitoyable où pour survivre, il faut se lever tôt, se coucher tard et cumuler plusieurs emplois.

Je n'aurais jamais lu ce genre de livre si mon fils n'avait pas eu à le lire au lycée.
C'est une enquête transformée en roman dans lequel on voit toute la précarité de ces postes et qu'obtenir un CDI est extrêmement difficile.
Mais il y a aussi de l'amitié et de la solidarité entre ces personnes qui sont essentiellement des femmes.
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Florence Aubenas met sa notoriété, sa plume et son énergie à montrer une France muette, invisible et qui n'a pas d'opportunité de se dévoiler. J'ai commencé ce livre en me disant « ohlala le concept journalistique : 6 mois chez les pauvres ». Je suis content d'avoir lu, j'ai vu chez l'autrice une sincérité, avec une retranscription respectueuse, sans à priori, humble de l'expérience qu'elle a vécu.
On pourra crier au loup et dire que ce n'est pas à elle de témoigner pour d'autres. Or, elle ne tombe pas dans le piège du mépris de classe, elle est sincère et offre la parole aux silencieuses et silencieux de l'échelle sociale.

Tout le monde devrait lire ce livre.
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J'avais vaguement entendu parlé de cet ouvrage il y a quelques temps puis je l'avais oublié avant de le retrouver sur les étagères de mon bouquinistes. La quatrième de couverture m'a immédiatement interpellé alors je me suis lancé dans la lecture de cette immersion dans "les invisibles", ceux (et surtout celles) que l'on ne voit pas. Florence Aubenas s'intègre parmi celles et ceux qui, faut d'emploie plus stable, réalisent des heures de ménages, dans des conditions difficiles dans lesquelles il est difficile de garder le morale.
J'ai apprécié la manière dont l'auteure raconte son vécu, le livre se lit comme un roman, à chaque fin de chapitre on veut commencer le suivant bien qu'elle ne parle pas de faits réjouissants.
En revanche je regrette que Florence Aubenas n'ai pas plus écrit sur son intimité, sur son ressenti, sur la manière dont elle vivait cette expérience. de la même manière elle ne rentre que peu dans la vie de ses collègues d'un temps, à quelques exceptions près, mais reste proche d'elles et eux uniquement dans le milieu professionnel.

Je conseille tout de même, bien qu'il faille garder à l'esprit je pense que ceci n'est pas une ethnographie scientifique mais une investigation journalistique qui contient des biais et est loin d'être "objective".
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Beaucoup connaissent l'origine de ce livre. Je la rappelle quand même…pour les autres.
En 2009, c'est la Crise majuscule, souvenez-vous, crise économique et sociale faisant suite à une crise boursière, mais en réalité, l'amplification d'un phénomène de déclassement de notre pays, comme d'ailleurs beaucoup de pays du monde « occidental ».
Florence Aubenas, grande journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, connue comme une des otages retenues en Irak en 2005, forme le projet d'essayer d'appréhender cette crise, dont tout le monde parle, de « l'intérieur », c'est-à-dire au sein du monde des travailleurs précaires, par une initiative courageuse et non dénuée de risques, car on imagine les difficultés d'une telle démarche: devenir elle-même, pour quelque temps, et c'est là bien entendu le biais, travailleuse précaire. Une démarche différente de celle des travailleurs précaires Joseph Ponthus, ou Thierry Metz, dont c'est toute la vie.

Sous le prétexte de prendre un congé sabbatique, elle prend un petit studio à Caen, ville où elle n'a pas d'attaches et espère ne pas être reconnue…Et se met à la recherche d'un emploi. A Pôle Emploi, elle se présente comme n'ayant qu'un bac littéraire, aucune qualification ni expérience professionnelle, auparavant « femme au foyer » et maintenant contrainte à travailler, car elle vient de divorcer et qu'elle est sans ressources.

Après quelques semaines d'attente infructueuse, elle va trouver « des heures » de femme de ménage, comme on dit dans ce monde des précaires, enchaîner des contrats de quelques heures, à des horaires insensés, par exemple 5h du matin, puis midi, puis 20h, etc…. Et parmi ses affectations, celle qui est considérée comme la pire, le nettoyage TGV des locaux, cabines, sanitaires et autres du ferry Ouistreham-Portsmouth lors de sa courte escale sur le Quai de Ouistreham, qui donne son titre au livre.
Elle rejoint ainsi la cohorte des personnels de nettoyage, majoritairement des femmes, qui vivent au jour le jour.

Ce que j'ai retenu de ce livre qui prend aux tripes, c'est d'abord l'incroyable souffrance que génère ce travail. Souffrance physique, car, ou bien il faut faire à toute vitesse le nettoyage d'un ferry après que sortent les passagers, et avant que d'autres n'arrivent; ou bien il faut faire un travail impossible à faire dans l'horaire imparti… et payé, et l'on fait des heures supplémentaires, …non payées. Travail épuisant dans lequel Florence Aubenas, dans les premiers temps, a beaucoup de difficulté à suivre le rythme des « habituées ». Travail tellement épuisant que ces femmes (elles sont en écrasante majorité) ne peuvent jamais travailler 35 heures, tout au plus 20 heures, étant donné les horaires de travail, leur fragmentation, les déplacements entre différents lieux.

Et puis, il y a la souffrance psychologique liée à la surveillance au mieux dénuée de bienveillance, au pire de méchanceté, des petites et petits chef (fe) s qui les encadrent, le mépris et l'indifférence des grands chefs qui exploitent les travailleuses et travailleurs, les payant souvent au dessous du SMIC, et puis le fait de devenir invisible, « transparente » comme se qualifie Florence Aubenas, quand elle est amenée à faire le ménage alors que les employés d'une entreprise sont présents.

Et la précarité , ça se traduit aussi par les restrictions sur tout : alimentation, pas de visite chez le médecin, le dentiste, fins de mois où il ne reste que 8 euros pour terminer la semaine, pas de vacances, etc..

Le fonctionnement de Pôle Emploi n'est pas épargné. Personnels stressés, n'ayant pas le temps de s'occuper de chacune et chacun, étant donné le nombre de dossiers qu'ils ont à gérer, politique du chiffre avec tous les artifices visant à montrer que le chômage recule, stages à Pôle Emploi sans intérêt, sauf celui d'y être présent, car sinon, on risque d'être radié.
Celui des syndicats est aussi évoqué sans ménagement: un monde d'hommes, plutôt privilégiés, soucieux surtout des faire des coups, de faire parler d'eux, oublieux des soucis du quotidien des précaires. Victoria une retraitée de 70 ans rencontrée par Florence lors d'une manifestation, raconte comment elle avait essayé de monter une section des précaires et tous les obstacles, et le mépris de ses camarades syndicalistes hommes.

Mais de ce monde d'un drôle de travail, mais d'un travail pas drôle, Florence Aubenas nous dresse des portraits saisissants, magnifiques, de chacune et chacun, des jalousies et des haines, malheureusement, mais surtout de toutes celles et ceux avec qui une solidarité, voire une amitié, s'installe. Sont évoquées factuellement, avec beaucoup de vérité, sans sentimentalisme, les aspirations, les souvenirs, les peurs, la honte parfois de toutes ces femmes, et quelques hommes. Je me souviendrai des Victoria, Françoise, Marguerite, Marilou, Laeticia, Madame Tourlaville, femme plus âgée, dont on apprend un jour « qu'elle est disparue définitivement »; et aussi de la belle transsexuelle « Mimi », de Philippe, un peu dragueur, du petit Germain. Et puis des âmes bienveillantes dans les agences d'intérim, Madame Fauveau, ou Madame Astrid dans une entreprise de formation travaillant pour Pôle Emploi.

Et enfin, je voudrais mentionner la description de l'atmosphère de cette région sinistrée, elle n'est pas la seule, avec ces usines disparues, Moulinex, la SCM, et dont elle est amenée à parcourir les friches industrielles.

Florence Aubenas est journaliste avant tout, et si elle décrit de façon juste et avec acuité ce qu'elle a vécu et vu, et qu'elle veut éviter tout sentimentalisme, j'ai regretté la sobriété de l'épilogue, consacré à ses retrouvailles un an après avec ses anciennes « collègues », trop court.
Et bien entendu, il n'y a pas de considérations générales sur l'état sociologique de la France en 2009, sur la politique de l'emploi, ce n'est pas le but.

J'ai voulu savoir comment c'était maintenant, en allant sur le site Internet de l'Observatoire des Inégalités.
J'y ai appris que le taux d'emploi précaire a légèrement décru à partir de 2017, pour s'établir actuellement à 15,3% des emplois, mais que ce sont toujours les jeunes de 18-25 ans, souvent sans qualification, qui représentent la majorité, puisque le pourcentage d'emploi précaire dans cette tranche d'âge est de 55,5%!!!
L'écart entre les femmes et les hommes s'est réduit, ce qui est une bonne nouvelle.
Mais l'Observatoire pointe du doigt tous ces jeunes non comptabilisés, dont le nombre est difficile à évaluer et qui ont un statut d'auto- entrepreneur, ou de micro- entrepreneur, tous ces « uberisés » que nous voyons rouler en vélo dans nos villes. Je ne sais si un livre leur a été consacré, si un ou une journaliste a vécu leur situation, comme l'a fait Florence Aubenas en 2009 dans le monde des femmes de ménage..

Mais je m'égare, j'oublie de dire en conclusion combien ce livre est fort, sonne juste, un livre dans lequel on ne voit pas l'emploi précaire, on le vit.

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Le nom, le visage et la voix de Florence Aubenas sont célèbres en particulier depuis sa longue période de captivité en Irak en 2005 . Cela ne l'a pas empêchée d'endosser le rôle d'une femme en quête d'emploi dans la région de Caen de février à juillet 2009.

Voilà donc Florence Aubenas en femme proche de la cinquantaine, bachelière mais n'ayant pas travaillé depuis quinze ans qui se présente au Pôle Emploi de Caen alors que l'on ne parle partout que de la "crise" depuis 2008.

Seule issue pour un cas désespéré comme elle, faire des ménages et encore, son cas est si difficile qu'il est confié à une agence d'interim. Elle apprend à rédiger un CV et à trouver quelles passions peuvent y être inscrites pour intéresser un employeur de femmes de ménage !

Entre espoir ténu de trouver quelques heures ici, quelques autres heures plus loin et peur continue de perdre ces emplois qui pourtant n'en sont pas, c'est la précarité au quotidien que nous fait découvrir ce livre : Partir à l'aube, s'aventurer dans des Zac déshumanisées, prendre sur soi pour ne pas sentir la douleur dans les muscles et les articulations, pour rester insensible à l'humiliation permanente, à l'angoisse du lendemain puis rentrer fourbue à la nuit, après des heures supplémentaires qui ne seront jamais payées, avec à peine de quoi vivre et croiser sur son chemin beaucoup d'autres précaires qui enchaînent les CDD mais se secouent pour continuer.

Le travail le plus stable qu'elle ait trouvé : le nettoyage des "sanis" sur les ferries de Ouistreham, fonction réservée aux femmes ! La première fois, elle s'est précipitée pour tenter de rattraper Mauricette, la contremaître, qui lui a paru s'écrouler à terre dans « un sani ». Mais pas du tout ! Sa cheftaine lui montrait comment s'y prendre pour aller vite. Car le nettoyage ne doit pas durer plus de trois minutes par cabine ! L'escale du bateau ne dure qu'une heure.

Florence Aubenas a mené cette vie aux côtés de Marilou, Victoria, Marguerite ou Philippe mais elle avait elle quelques atouts : sans compter la certitude d'une autre vie possible, elle a dans le livre l'atout de ne pas avoir mal aux dents comme au moins deux des femmes rencontrées et la possibilité d'utiliser une voiture qu'elle surnomme "le tracteur" : cette voiture, prêtée par l'amie d'une amie, lui permet d'accepter des heures de ménage loin de son deux pièces de Caen.

Ce livre s'inscrit dans une longue lignée de livres d'enquête "dans la peau de..." parmi lesquels Dans la peau d'un Noir, de John Griffin, (1961), Tête de Turc de Gunther Walraff (1986), Dans la peau d'un intouchable, de Marc Boulet (1994)... et nous ouvre les yeux sur le monde dans lequel nous vivons !
Lien : http://www.lirelire.net/arti..
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C'est une plongée au coeur de cette période de crise économique, qui a débuté en 2008.

Ce livre est un témoignage concret, sans misérabilisme, sur ce qui s'est passé à cette époque-là, pas si lointaine.

Elle était réellement anxiogène, à mille lieues de ce qu'on pouvait imaginer et si loin de la situation actuelle.

À ce moment-là, le monde de l'insertion professionnelle était aussi en pleine mutation, les personnes pouvaient être acculées et désespérées.

La précarité de l'emploi, la peur d'être SDF, l'angoisse des portes qui se referment, tout est présent dans cette immersion totale.

À côté de cela, reste toujours l'espoir en cette humanité qui sait se relever. Les portes s'ouvrent à nouveau.

Merci Florence Aubenas pour ce récit.
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