Je remercie Babelio et Audiolib pour «
L'inconnu de la Poste » de
Florence Aubenas.
Ayant par le passé apprécié «
le quai de Ouistreham », j'étais curieuse de découvrir un autre texte de cette journaliste.
Dans «
l'inconnu de la Poste »,
Florence Aubenas fait le récit minutieux d'une enquête longue de plus de 10 ans sur un meurtre survenu fin 2008, dans une petite ville de l'Ain, à Montréal-la-Cluse. Une postière de 41 ans, Catherine Burgod, enceinte, est retrouvée assassinée de 28 coups de couteau. Elle était la fille d'un notable de la ville, Raymond Burgod, ancien secrétaire de mairie et élu municipal. Gérald Thomassin, acteur ayant reçu un césar du meilleur espoir en 1991 pour son 1er film « le petit criminel » (réalisé par
Jacques Doillon), est le principal accusé. L'accumulation de différentes faits et informations amènent en effet les enquêteurs à le soupçonner (il habite à deux pas de la poste, drogué et alcoolique et plutôt sans le sou, il n'a pas d'alibi, il possède un couteau, il a un comportement étrange, etc.).
J'ai retrouvé dans cet ouvrage les qualités journalistiques de
Florence Aubenas, autant sur le fond que sur la forme. Elle dépeint avec minutie ce petit village de la « plastics vallée » sur le plan économique et social. Elle recrée l'ambiance à toutes les étapes marquantes de ce fait divers et dans toutes les sphères (le travail des policiers et magistrats ; les habitants de Montréal, plus ou moins impliqués, plus ou moins éprouvés par ce meurtre). Elle réussit à donner de la densité aux différents protagonistes, par les descriptions fines, détaillées et les extraits d'interviews. Elle déniche souvent les mots justes qui font mouche. Et finalement, elle nous parle des hommes dans tous leurs états.
Ce récit a, de ce fait, différents niveaux de lecture : policière tout d'abord, mais aussi, pour ne pas dire surtout, psychologique et sociologique. Ce fait divers est l'occasion pour
Florence Aubenas de décrire un petit village et ses habitants subissant la crise économique, Montréal qui est un des sujets de l'histoire. L'autre sujet central n'est pas tant la postière mais Gérald Thomassin, qui lui aussi a connu ces moments de lumière et ces autres plus défaillants et très sombres. Et c'est peut-être en raison de ces ombres, ces noirceurs et de ces lumières que la journaliste a choisi de relater ce fait divers, comme un marqueur de notre société.
Thomassin a été un temps médiatisé par son césar alors qu'il n'avait pas 17 ans. Il est représenté par un autre homme médiatisé, l'avocat
Eric Dupont-Moretti (à la demande de l'actrice
Béatrice Dalle). L'acteur est décrit comme un être fragile, plutôt solitaire, ayant vécu une enfance difficile dans les foyers de la Ddass, en région parisienne. Sa route qui semble enfin s'ensoleiller par le César et la participation à d'autres films rebascule suite à ses démons qui resurgissent (la drogue, la zone,…).
‘'L'inconnu'' est tout autant le mystère qui entoure le meurtre de la postière (l'élément de l'équation qui manque pour résoudre l'affaire) que la disparition de Gérald Thomassin en 2019 alors qu'il était attendu à Lyon pour être à nouveau auditionné.
J'avoue avoir sélectionné trop rapidement ce texte lors de la dernière opération Masse Critique. Je n'avais pas fait attention qu'il s'agissait d'un livre-audio. Moi qui n'avais jamais découvert un texte par ce support, j'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit en écoutant la voix de la lectrice (
Fabienne Loriaux) et non pas celle de l'auteure, (et utiliser 47 fichiers téléchargés sur mon téléphone n'était sûrement pas des plus appropriés pour cette première « lecture »). Même si les différents tons employés par la lectrice permettent de différencier les protagonistes, de mon point de vue, un livre audio n'était pas toujours le support idéal pour suivre certains passages –tels que les dialogues entre 2 personnages – cassant un peu le rythme et empêchant de ressentir au mieux l'atmosphère. Il y a sans conteste des avantages à l'utilisation d'un livre-audio. Il n'en demeure pas moins que cette lecture a confirmé ma préférence pour le livre papier.
Malgré la finesse d'écriture, l'humanisme de la journaliste qui irradie dans ces pages (ou plutôt dans mes écouteurs) et les quelques rebondissements durant ces longues années d'investigation, une fois cerné le profil de Thomassin, j'ai fini par me lasser un peu de cette enquête. C'est probablement en raison d'un manque de fluidité lors de cette « lecture audio », de la difficulté à retrouver le précédent chapitre sur lequel je souhaitais revenir (moi qui ai plutôt une mémoire photographique), la présence de quelques redondances et, finalement, d'un intérêt qui s'effilochait que je n'ai pas réussi à m'immerger jusqu'au bout dans ce récit. Cela ne m'empêchera pas de m'intéresser aux prochains ouvrages de
Florence Aubenas.