L'abbaye de Northanger se présente d'emblée comme une parodie des romans gothiques de l'époque, notamment ceux d'Anne Radcliffe, caractérisés par une prédilection pour le mystère et le sentimentalisme dans des décors effrayants (château hanté, cimetière, etc.) d'où le titre du roman. P. 236 « Aussi charmants que fussent les ouvrages de Mme Radcliffe, et même aussi charmants que fussent les ouvrages de tous ses imitateurs, ce n'était peut-être pas dans ces livres qu'on pouvait espérer trouver une exacte représentation de la nature humaine, du moins telle qu'elle existait dans les comtés du centre de l'Angleterre. » Mais paradoxalement, ce roman est l'occasion de défendre le genre romanesque et la profession de romancier, sous-estimée à l'époque : « Nous constituons une profession outragée. Bien que nos productions aient procuré à leurs lecteurs un plus grand plaisir que celles de toute autre corporation littéraire au monde, aucun genre n'a été autant décrié. » (p. 49)
Encore une petite déception ce mois-ci ; ce roman, sans être désagréable, ne m'a pas transportée comme
Orgueil et préjugés. le titre, inscrit en caractères gothiques sur la couverture, laissait présager une dimension plus mystérieuse, de celle des romans d'Anne Radcliffe justement, que
Jane Austen s'amuse à égratigner gentiment. Or,
l'abbaye de Northanger n'apparaît d'ailleurs qu'à la page 166 de mon édition et ne tient pas toutes ses promesses à mon goût. Bref, je m'attendais à lire un roman gothique là où justement l'auteur en montre les ridicules.
L'héroïne,
Catherine Morland, comme bien des héroïnes de
Jane Austen, part à la découverte des subtilités de la vie mondaine et des méandres amoureux lorsque ses voisins, les Allen, lui proposent de les accompagner à Bath. Elle lit avec avidité Udolphe d'Anne Radcliffe et envisage de fait la vie sous un jour très romanesque, quêtant partout le mystère, les secrets et les destins brisés. Elle y fait alors la connaissance d'Isabella Thorpe, une coquette écervelée et de son insupportable frère, John, mais également celle d'Eleanor Tilney et de Henry, son charmant frère. Tous deux sont malheureusement affublés d'un père tyrannique, pompeux et ridicule.
Si on retrouve ce qui fait le charme de
Jane Austen, la quête amoureuse, l'hostilité des nantis à l'égard de la gentry terrienne, les mêmes types de personnages (l'héroïne sympathique, la coquette, le séduisant capitaine, la voisine inconsistante qui ne s'intéresse qu'aux mondanités...), le manque de caractère d'Henry et le manque d'action m'ont empêchée d'adhérer à l'histoire. D'autre part, l'ironie omniprésente ne m'a pas permis de m'identifier aux personnages ni de m'attacher à eux.