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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'expression « ironie mordante » semble avoir été créée pour Jane Austen, tant chacun de ses romans s'applique à parodier la bonne société anglaise, dans laquelle l'orgueil et les préjugés règnent en maîtres. Elle se moque gentiment des personnages de ses romans qui s'y plient, et crée des héroïnes qui savent s'affranchir, avec intelligence et douceur, du carcan dans lequel la société patriarcale voudrait les cantonner. Comble de l'inconscience, ses romans aiment laisser espérer que les sentiments peuvent parfois l'emporter sur la raison purement financière. Pour notre bonheur, « Northanger Abbey » n'échappe à aucun de ses ingrédients et la recette, bien que moins piquante que celle de l'inimitable Orgueil et préjugés, demeure savoureuse.
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C'est pour moi un roman dont l'intérêt et le plaisir de lecture se situent entre le vibrant « Orgueil et préjugés » et le (trop ?) calme « Raison et sentiments ». L'héroïne en est Catherine, une jeune femme tout juste en âge de se marier qui part en villégiature avec des amis de la famille, dans une ville où, de bal en théâtre, elle se fera des alliés et plus si affinités. Malheureusement, la frontière entre amis et ennemis est bien mince lorsque des considérations financières sont en jeu. Qui d'Isabelle ou de Miss Tilney, qui de John ou d'Henry, s'avèreront les plus sincères sous le verni de leurs mots d'apparat ? Cependant, l'histoire et les relations entre les personnages, n'ayant d'intérêt que relatés par la plume de Jane Austen, je vous les laisse découvrir par vous-même sans m'y attarder davantage. En effet les personnages sont assez simplistes, autant dans leurs qualités que dans leurs défauts, et c'est le talent de l'auteure qui les rendra intéressants. Je peux cependant vous dire que vous y trouverez un débat sur un thème qui nous concerne tous ici autant que l'auteure : la littérature, et particulièrement les romans.
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Dans cet opus en effet, le caractère utile ou futile de la littérature sur l'esprit des femmes est au coeur de l'histoire. Catherine, férue de romans gothiques, ne demande qu'à trembler elle-même, comme les héros de ses lectures, en visitant l'un de ses vieux bâtiments hantés d'histoires effrayantes qui la fassent vibrer. Via les dialogues entre Catherine et Henry, l'auteure débat alors des bienfaits et des écueils de la littérature de romans sur les caractères des jeunes femmes : Après l'avoir dénigrée via les propos d'un grossier spécimen mâle, ce qui a pour effet de nous faire rejeter ses arguments, puis en avoir fait l'éloge via Henry, gentleman courtisant la demoiselle, ce qui laisse planer le doute sur la sincérité des compliments polis sur cette littérature, l'auteure met ses conséquences en pratique sur son héroïne dont le caractère pondéré n'a d'égal que sa promptitude à la rêverie. Aussi lorsque celle-ci sera invitée à Northanger Abbey, arpentant les couloirs nuitamment et fouillant les recoins de chaque tiroir à sa portée telle l'héroïne de son roman préféré, elle laissera courir son imagination à la recherche de secrets enterrés et de mystères à percer, allant jusqu'à juger ses occupants à l'aune des personnages de romans qu'elle affectionne et se provoquer de grosses frayeurs. Justifiées ou imaginaires ? L'effet n'est pas des plus flatteurs pour la gent féminine lectrice, mais elle pimente un peu cette histoire d'amour qui, sans cela et la plume délicieuse de Jane Austen, demeurerait bien fade. Car bien qu'éternelle moqueuse, l'auteure ne peut s'empêcher de combler nos coeurs d'une romance assez simple dont elle vous laisse, en guise de conclusion, réfléchir à la morale.
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« - vous vous êtes fait une image très séduisante de l'abbaye.
- Certes. N'est-ce pas là un de ces vieux monuments si beaux que décrivent les livres ?
- Êtes-vous prête à affronter les horreurs qu'enclôt un monument pareil à ceux « que décrivent les livres » ? Avez-vous le coeur ferme ? Les nerfs assez bien trempés pour voir sans éprouvante glisser un panneau ou onduler une tapisserie ? »
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Avec "Northanger Abbey", cette chère Jane Austen se plaît à déployer tout l'humour et toute la bienveillante ironie qui caractérisent son oeuvre et son talent ! Ici c'est davantage le fond plus que la forme qui importe. La trame narrative de cet opus n'offre pas en effet toute l'originalité, la profondeur, l'analyse psychologique et sentimentale et la sincérité des autre romans austeniens. Non, pour moi, "Northanger Abbey" est avant tout le récit d'une histoire simplette narrant les aventures simplettes d'une héroïne simplette (qui, du reste, est bien attachante). Il s'agit avant tout de rire du roman baroque, de sa fantasmagorie, de sa vogue, de son style tout en rendant un très bel hommage à ses auteurs, à la littérature en générale et au roman, en tant qu'écrit stylistique, en particulier (cf. les paragraphes consacrés à sa légitimation).

Catherine, jeune oie blanche qui s'émerveille de tout ce qu'elle voit, s'effarouche au contact de tous ceux qui l'entourent et s'angoisse de tout ce qui ne lui est pas familier, est l'archétype de la jeune curieuse, romanesque et passionnée, de ce début du XIXème siècle. Elle pourrait aussi bien être l'héroïne d'une roman de Mrs Ann Radcliffe, d'ailleurs elle adorerait ça ! Jane Austen joue avec elle comme un chat jouerait avec sa pelote de laine, la baladant, la bousculant, la heurtant parfois et l'emmêlant jusqu'à la crise nerveuse pour le plus grand plaisir de ses lecteurs ! Mais, heureusement, la raison ET les sentiments vaincront les fantasmes déréglés de cette jeunesse trop naïve et influençable qui devra rendre les armes d'elle-même. Il faut bien que jeunesse se passe !

Léger et frais mais assez prévisible, "Northanger Abbey", s'il est loin d'être désagréable à lire ou relire, n'occupe pas la première place dans mon "Top Austen", sans doute parce que je vieillis plus vite que Catherine ?
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Catherine Morland, la jeune héroïne du roman quitte sa famille quelques temps pour accompagner Mrs Ashley à Bath, une station balnéaire du sud de l'Angleterre.
Elle y rencontre la famille Thorpe dont la mère ne tarit pas d'éloges sur ses enfants pour les caser. Le rapport mariage, dot et bonne situation est vraiment très tangible.
La famille Tilney dont le père est général, a un fils Henry qui intéresse très fort Catherine. Celle-ci témoigne d'un grand romantisme et d'un penchant pour l'intrigue quand elle échafaude une théorie visant à démontrer que Mrs Tilney n'est pas morte de façon naturelle.
Les peurs décrites dans le vieux manoir de Northanger Abbaye déclenchent une atmosphère étrange.
Nous assistons à une comédie humaine très bien décrite par Jane Austen.
J'ai retrouvé un souci du lecteur comme dans un roman d'Anthony Trollope où l'auteur n'hésite pas à attirer ses lecteurs pour leur commenter une scène.
Nothanger Abbaye est le premier roman de Jane Austen paru après les autres. Elle le signale au début du livre : achevé en 1803 et paru treize ans plus tard.
L'écriture est cependant fine, élégante et témoigne déjà d'une certaine ironie.

Challenge 19ème siècle
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Catherine Morland qui, selon les mots de l'auteur, n'a aucune prédisposition à l'héroïsme, arrive à dix-sept ans dans la ville de Bath, armée de maints rêves issus de romans gothiques.
Il s'agit pour moi d'une lecture très ancienne dont je me souviens surtout de l'ironie de la romancière : une sorte de marque de fabrique, car ses personnages ont des défauts et ne sont en rien des héros. La parodie est celle du roman gothique tout au long du livre, son influence étant fort néfaste sur le cerveau.
À lire selon moi.
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Court roman de la grande Jane Austen.
Certes pas son chef d'oeuvre, mais un joli texte charmant et charmeur. On suit évidemment une jeune héroïne qui découvre la vie (et ses trahisons) et l'amour (compliqué par les questions d'argent).
Plus que l'histoire, charmante, ce que j'ai aimé dans ce livre ce sont les remarques un tantinet ironiques de l'auteure. Remarques sur l'amour des livres gothiques de son héroïne, sur le pourquoi de l'amour du jeune prétendant.... Ces petites interventions font le sel de ce texte.

Vraiment charmant. Un livre qui m'a bcp plu. J'ai apprécié de retourner dans l'univers de la grande Jane ! une douceur pas trop sucrée, l'idéal en cette saison !!!
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Sur les conseils avisés (ou devrais-je dire le vigoureux tirage d'oreille ?) de Gwen21, je me suis enfin lancée dans la lecture de Jane Austen, pour mon plus grand bonheur !

Pour donner libre cours à mon imagination, j'ai choisi « Northanger Abbey » car c'est une histoire que je n'ai pas encore vue au cinéma ou à la télévision, contrairement aux célèbres « Raison et sentiments » ou « Orgueil et préjugés ». Et puis le titre m'a fait penser à Downton Abbey : j'étais sûre de passer du temps dans une belle demeure.

À 17 ans, Catherine Morland est invitée par ses voisins les Allen à passer quelques semaines à Bath. Entre bals, promenades et boutiques, elle se lie tout d'abord d'amitié avec Isabelle Thorpe, qui fréquente son frère, puis avec Eleanor Tilney, la soeur du charmant Henry Tilney. Lorsque les Tilney lui proposent de séjourner chez eux à Northanger Abbey, celle-ci est aux anges ! Cette somptueuse et antique demeure exerce un puissant pouvoir sur l'imagination de Catherine, férue de romans gothiques et dévorée de curiosité à l'égard du Général Tilney et de son épouse décédée. Tandis qu'elle échafaude les hypothèses les plus folles, elle ne se doute pas du sort qui l'attend…

J'ai adoré la manière dont Jane Austen joue avec la naïveté son héroïne et prend à partie le lecteur, lui montrant par moment les ficelles du roman. Outre la délicatesse du style, l'humour est très présent. Et si l'on en croit les notes biographiques en fin d'ouvrage, la jeune Catherine, petite fille au physique quelconque issue d'une famille nombreuse, préférant les jeux au grand air à la musique ou à la couture, a de nombreux points communs avec l'auteur.
La ville thermale de Bath, où Jane Austen vécut 5 ans, l'entrée des jeunes filles dans le monde, l'amitié, l'amour et la séduction, les commérages, l'étiquette et le faste de l'aristocratie anglaise, et bien sûr l'influence de littérature, font de ce court roman un petit bijou très agréable à lire, avec un brin de frisson lorsque l'orage se déchaîne à Northanger Abbey… et dans l'esprit de Catherine. Dois-je préciser qu'une « happy end » très austinienne vient couronner le tout ?

Bonne pioche, donc, et je frétille de plaisir à l'idée d'entamer d'autres titres !
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Avant de se retrouver dans les murs de style gothique de l'abbaye de Northanger, il faut doucement patienter, sans trop soupirer, sur les deux cents premières pages que Jane Austen s'est accordées pour camper ses personnages. Toutes ces pages sont loin d'être fastidieuses et on y apprécie pleinement l'élégance des tournures de phrases propres à l'auteure. Je m'attendais tout de même à une plus longue immersion dans le coeur fantomatique de l'abbaye, comme un véritable roman gothique. La part d'aventure sentimentale est ici bien plus présente que l'intrigue mystérieuse liée aux lieux chargés d'histoire.
Mais je m'incline devant le talent et la malice de Jane Austen qui se révèlent dès les premiers mots parcourus lorsqu'elle nous présente Catherine qu'elle qualifie de bien ordinaire. Rien ne la prédisposait à devenir une héroïne mais ce sera pourtant un rôle qu'elle lui fera endosser avec son délicieux esprit et tout son génie littéraire. Bien que très naïve, sans une once de méchanceté, Catherine nous séduit par son ardeur candide à découvrir le monde des bals et à y chercher amitié et amour.

On savourera aussi toute l'ironie qu'elle déploie avec brio pour caricaturer chacun de ses personnages. Mme Allen uniquement préoccupée par ses toilettes et sa coiffure, fervente admiratrice et connaisseuse des qualités de mousselines. Mme Thorpe, amie d'enfance de la première, qui vante les beautés et le talent de sa progéniture. Toutes deux sont totalement hermétiques à la conversation de l'autre !
La palme de l'hypocrisie sera attribuée à la nouvelle grande amie de Catherine : Isabelle, avec son affection dégoulinante servant son égoïsme. C'est une merveilleuse manipulatrice, qui se drape dans de belles paroles flatteuses. Et même si elle affirme ne s'intéresser nullement à l'argent, la considération pécuniaire des rentes l'a fait plutôt tourner girouette !
Les hommes ne sont pas non plus épargnés par l'acuité ironique de la jeune auteure.
Et puis il y a Tilney, l'élu de Catherine. Il n'est finalement pas très présent mais brille par son caractère taquin et l'élégance de ses paroles.

Légèrement déçue en début de lecture, j'ai finalement beaucoup apprécié toute la futilité de ces personnes oisives où il est question que de beauté des uns, des unes et des autres. Sous la plume délicieusement satirique de Jane Austen, on goûte à l'entre-soi de ce petit monde où le respect des convenances cache des défauts enrobés dans de jolies courbettes.
Quant aux passages, un peu tardifs, qui nous mènent vers l'abbaye, ils viennent ternir les rêves de mystères glaçants que la jeune héroïne s'était forgés dans sa passion des livres gothiques. J'ai trouvé l'approche de l'auteure divinement subtile et originale.
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Quelle histoire on ne peut plus à l'eau de rose. Cela se lit incontestablement facilement l'histoire de cette fille plutôt gourde qui ne fait rien de ses journées sauf à penser de quel ruban elle ornera ses robes ou à lire des romans gothiques et qui se livre corps et âme dans une amitié tellement superficielle qu'on a un peu honte pour elle de son manque total de clairvoyance.

N'allez surtout pas croire le quatrième de couverture lorsqu'il vous annonce une madame Bovary et un roman moderniste. On est loin du compte. C'est surtout mièvre dans le sens où cela manque un peu de puissance et plein de sucre candi, à savoir que c'est une romance à l'état pur.

Et quand on termine la dernière page, on se dit, bon et tout cela pour ça. Il faudra que je déprime fort pour rechercher la compagnie d'un autre livre de cette auteure je pense. Mais dans ce cas, c'est un remède qui en vaut sans doute un autre. Car, comme déjà indiqué, c'est ce que l'on peut appeler avant la lettre un "page turner" qui se lit plaisamment. Le personnage masculin d'Henri Tilney et les réparties entre Catherine et lui annoncent les dialogues d'Orgueil et préjugés, même si ce livre-ci écrit en premier n'a été publié qu'à titre posthume par le frère de l'auteure, prénommé également... Henri.

PS : Déjà nettement mieux en version originale. Il n'y a pas à dire le charme de la langue y fait pour beaucoup.
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En ouvrant Northanger Abbey, j'avais à la fois envie et peur de retrouver tous les ingrédients classiques de Jane Austen. Envie, parce qu'elle avait un talent extraordinaire. Et peur, parce que c'est parfois un peu décevant de ne lire que des variantes autour d'une même trame, aussi belle soit elle. Au final, pas de deception : ce roman m'a semblé tout à fait original, drôle, intelligent et savoureux.

Jane Austen pousse ici la satire et l'ironie plus loin que d'habitude, forçant parfois le trait jusqu'à la caricature, se moquant même de l'imagination romanesque un peu délirante de son héroïne. Cela toujours avec une grande finesse et beaucoup d'humour. Quel plaisir donc d'écouter Mrs Allen soliloquer sur ses toilettes, d'entendre les grandes protestations d'amitié de l'intrigante Isabelle ou de fuir le grossier et assommant John lors des différentes mondanités de Bath !

J'ai bien aimé aussi les références, tantôt sérieuses tantôt parodiques, au roman gothique, qui m'ont donné envie de m'y intéresser et de lire Udolphe, notamment. Quoi d'autre ? Personnage très secondaire du roman, la mère de Catherine m'a pourtant fait forte impression, par sa bienveillance, sa sagesse et sa sagacité. Et les apartés de Jane Austen elle-même, en tant qu'auteure, sur le roman en général et ce roman en particulier, m'ont étonnée et séduite. Plus évidemment le happy end pour plaire à la midinette qui sommeille en moi. Résultat : une lecture qui m'a donnée le sourire et que je recommande vivement !
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Après la grosse déception laissée par La Trace de Christine Féret-Fleury, j'avais besoin d'une valeur sûre… Malgré tout, j'avais tout de même un peu peur de me lancer dans Northanger Abbey car, imaginez si je n'aimais pas ! Comment pourrais-je vivre si j'étais déçue par un des textes de la grande Jane Austen ? J'étais donc à la fois pressée et à la fois hésitante de découvrir les aventures de la jeune Catherine Morland… Alors, verdict ? Je ne devrais pas douter de Jane, elle sait toujours me séduire, d'une façon ou d'une autre !

Catherine Morland, l'héroïne, n'a que 17 ans lorsqu'elle fait son entrée dans la bonne société de Bath. Il me semble que c'est une des plus jeunes héroïnes mises en scène par Jane Austen, avec Marianne dans Raison et sentiments (je ne parle pas des personnages secondaires et je ne me prononce pas sur Mansfield Park, je ne connais pas l'héroïne puisque je ne l'ai jamais lu…). Elle possède donc cette candeur et cette innocence toute adolescente des jeunes filles tout droit sorties de leur campagne. Maladroite et parfois un peu trop « fougueuse », elle ne sait pas toujours déchiffrer les signaux envoyés par ses interlocuteurs et réagit quelque fois de travers. Ajoutez à cela une imagination débridée nourrit par des lectures de romans gothiques (Les Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe par exemple) qui faisaient sensation au début du XIXe siècle, et vous aurez un portrait assez complet de la jolie demoiselle. Catherine se révèle donc à la fois drôle et attachante, douce et déterminée… on aime la suivre dans sa découverte de Bath et de ses visiteurs et on prie pour qu'elle parvienne à se débarrasser de ce stupide John Thorpe.

Comme d'habitude, Jane Austen nous régale avec des portraits bien brossés, particulièrement ridicules. C'est l'occasion pour elle de se moquer des coquettes qui ne pensent qu'à leurs tenues et sont incapables de tenir une discussion sur un sujet différent (Mrs Allen), des chasseuses de mariages avantageux (Isabelle Thorpe), des prétentieux ignares et grossiers (John Thorpe), des hommes faibles gouvernés par les femmes (James Morland) et même des jeunes filles à l'imagination un peu trop active et débridée (l'héroïne herself !). Pour une fois, les parents de l'héroïne sont assez positivement décrits, plutôt ouverts et aimants.
Quant au héros masculin et à sa soeur, ils sont bien sous tout rapport (si ce n'est leur affiliation avec Mr Tilney père et avec le frère aîné, tous deux assez peu aimables et fréquentables) mais je les ai finalement trouvés assez fades. Surtout Henry Tilney. Je sais que je vais me faire quelques ennemis, mais je suis assez déçue par ce héros austenien. Il est certes très charmant, amusant et prévenant, mais je le trouve surtout sans surprise. L'aspect « romance » est d'ailleurs une des petites déceptions de cette lecture.
En effet, contrairement à Orgueil et préjugés, Persuasion, Emma ou encore Raison et sentiments, j'ai eu l'impression qu'entre Miss Morland et Mr Tilney, c'était tout de suite du tout cuit. Certes, certaines difficultés sont présentes jusqu'au dénouement, mais dès le départ, on ne doute ni de leur inclination mutuelle, ni de la fin heureuse que nous prépare l'auteure. Malgré tout, ils forment un beau couple et je ne boude pas mon plaisir, mais il m'a manqué un petit truc, un peu de suspense…

D'ailleurs, j'ai trouvé que l'intrigue s'essoufflait un peu après l'arrivée de Catherine à Northanger Abbey, ce qui se produit assez tardivement dans le texte contrairement à ce que nous laisse penser la quatrième de couverture. J'ai préféré les deux premiers tiers se déroulant à Bath, dans cette société anglaise hypocrite du début du XIXe siècle, même si le comportement de la famille Thorpe m'a plus d'une fois fait sortir de mes gonds. Une fois dans l'ancienne abbaye de Northanger (chez les Tilney), la vie est beaucoup plus calme et monotone, tout comme l'intrigue. Ce n'est certes pas désagréable, mais cela manque un poil de rebondissements à mon goût.

De toute façon, si je dois retenir une seule chose de ma lecture, ce n'est pas l'intrigue (ou la romance) que je choisirais, mais bel et bien l'ironie mordante de Jane Austen ! Je n'avais pas fini le premier chapitre que j'avais déjà le sourire jusqu'aux oreilles et savais que j'allais passer un excellent moment. C'est plein de dérision et de moqueries à peine voilées… quel délice ! C'est pourquoi, malgré la légère déception provoquée par le fond, je place Northanger Abbey sur la troisième place de mon podium austenien (derrière Orgueil et préjugés et Persuasion).
Et si la date de publication, 1818 (l'édition est posthume) vous inquiète, sachez que la plume de Jane Austen, bien que très raffinée, est très abordable et particulièrement agréable ! Les chapitres sont courts, qui plus est, ce qui facilite et rythme la lecture. Et si vous n'êtes toujours pas convaincus, peut-être que les illustrations régulières (style gravures) sauront vous faire changer d'avis.


Le rythme de l'intrigue et la romance m'ont certes très légèrement déçue, mais l'ironie et les moqueries tout juste voilées de Jane Austen, ici au sommet de son art, ont rapidement effacé les quelques faiblesses de Northanger Abbey. Pas mon préféré de la Dame, mais tout de même sur mon podium ! Il me tarde maintenant de rentrer de vacances pour retrouver mon coffret dvd et pouvoir découvrir l'adaptation de 2007 avec la très jolie Felicity Jones !
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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