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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans une mégapole telle que New York, les noms n'ont plus d'utilité réelle. C'est ainsi que nous rencontrons Bleu, détective privé engagé par Blanc pour surveiller Noir, un homme dont, au final, on ne saura à peu près rien. Pour que sa surveillance soit la plus complète possible, Bleu délaisse son foyer familial où vit sa fiancée, et s'installe à Brooklyn, en face de l'appartement occupé par Noir. Très vite, on s'aperçoit de l'absurdité de la situation : non seulement Bleu n'apprend rien de précis sur Noir, qui ne fait qu'écrire et sortir pour aller acheter à manger, mais en plus Bleu se permet de ne plus le surveiller, persuadé que, du fait de cette routine, Noir ne fera jamais rien d'exceptionnel. Il y aurait presque un côté kafkaïen à l'affaire, notamment de par la solitude extrême de Bleu (qui ne voit ni sa famille, ni son employeur) et de par le caractère hebdomadaire, inutile et obligatoire des rapports qu'il envoie à Blanc.

Comme dans Cité de verre, Paul Auster use d'une sorte d'effet miroir entre les personnages. Noir avoue à Bleu qu'il fait le même travail que lui, que l'homme qu'il surveille ne fait rien d'autre qu'écrire et qu'il peut, lui aussi, partir plusieurs heures loin de l'objet de ses surveillances sans que cela ne porte préjudice à son travail. Les rapports qu'il écrit ont la même consistance, et usent des mêmes mots, que ceux de Bleu : à moins que ce ne soit les mêmes, ou que Noir tente de duper Bleu. Ainsi les personnages semblent-ils se confondre entre eux. Ils agissent de façon identique (comme dans Cité de verre, d'ailleurs). Les noms choisis - des noms de couleur - ne font rien pour favoriser leur identification, voire leur humanisation. Bleu pourrait être Noir, qui lui-même pourrait être Blanc dont Bleu ne connaît pas le visage. le trouble est encore accentué par le fait que les personnages se griment, se déguisent et se cachent derrière des masques comme pour dissimuler des identités dont on n'est pas sûrs. A l'échelle macro-littéraire, Les Revenants semble ainsi répondre, en miroir, à Cité de verre.

Le thème de la solitude est ici également très présent. Cela est paradoxal dans une ville comme New York, l'une des plus peuplées et les plus animées du monde. C'est en essayant de briser cette solitude que Bleu sombre dans une léthargie inquiétante. de plus, à l'instant où il décide de rencontrer Noir en se présentant à lui tel qu'il est, Bleu fait face à la mort. le lecteur ressent, face à ce très court roman, une pesanteur rare où, comme Bleu, il cherche le sens. Y en a-t-il seulement un ? On tâtonne dans ce huis-clos pour en trouver l'issue, ou au moins la raison d'être de cette narration, mais il semble seulement que l'on tourne en rond. Est-là la métaphore du métier d'écrivain, ou plus généralement de nos vies contemporaines ? Enfermement et quête de sens, donc d'ouverture, sont antinomiques et, pourtant, ils sont la base de ce roman, car l'enfermement et la solitude sont aussi synonymes d'introspection.
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Plus une nouvelle qu'on roman, "les revenants" est une sorte d'ovni; c'est mon second de Paul Auster après "La Cité de Verre" et le premier constat qui s'impose à moi est que Paul Auster en a une belle au plafond. le thème est très proche du 1er roman de la trilogie new-yorkaise mais on s'enfonce encore un peu plus dans la perte d'identité; ça en est même malsain mais ça reste prenant. C'est court mais j'ai beaucoup aimé et les 2 sont peut-être liés… Un vrai petit ovni… Et je vais en lire d'autres.
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Paul Auster est un écrivain américain né en 1947 à Newark, New Jersey, aux Etats-Unis. Une partie de son oeuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D'abord traducteur de poètes français, il écrit des poésies avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films. Marié puis séparé de l'écrivaine Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster.
Revenants (1988) est le second volet de la Trilogie new-yorkaise qui comprend Cité de verre (1985) et La Chambre dérobée (1988).
Brooklyn, New York, en 1947. Bleu, détective en mal de clients, est engagé par Blanc pour suivre Noir et rédiger un rapport hebdomadaire complet de ses activités. Pour quelle raison, Bleu ne le sait pas mais contre la promesse de chèques bien venus il prend l'affaire. Bien vite cette mission s'avère étrange, d'un appartement loué par Blanc en face de celui de Noir, Bleu passe ses journée à l'observer écrire à l'encre rouge dans un cahier. Et c'est tout !
Ceux qui connaissent Paul Auster savent que même si ce bouquin commence comme un polar classique, ce ne pourra pas en être un. D'ailleurs, si le roman s'appuie sur ces bases dans ses premières pages, l'écrivain en réduit à néant cette voie une fois l'intrigue posée, en gelant toute action éventuelle, tout en maintenant une sorte de suspense prenant tout du long et ce n'est pas rien !
Devant cette situation qui n'évolue pas, Bleu va s'interroger : que fait Noir exactement ? Quelle est ma mission finalement ? Derrière tout ceci n'y aurait-il pas un plan subtil où ce serait moi qui serais la proie d'on ne sait quelle manigance ? A quoi pense Noir ? Alors Bleu va tenter de s'immiscer par la bande, dans la vie de Noir, en empruntant de fausses identités, il l'approche. Plus il en est près, plus il lui semble que l'autre l'attend. Mais le plus troublant c'est qu'à mesure que la personnalité de Noir se dessine, Bleu y voit comme un reflet de miroir lui renvoyant son image.
Cette « excursion dans la zone intérieure » pour reprendre le titre d'un ouvrage d'Auster, amène Bleu et le lecteur à s'interroger sur la notion d'identité et le roman prend un tour métaphysique. Si Bleu et Noir se ressemblent, c'est bonnet blanc et blanc bonnet ? Et si on pousse le raisonnement un peu plus loin, ces personnages qui au départ avaient en théorie une vie propre, s'ils deviennent fusionnels au gré de la narration de l'écrivain, ne seraient-ils pas une part des multiples facettes de l'auteur au travail ? Très souvent les écrivains se projettent plus ou moins inconsciemment dans leurs personnages.
Au final, un roman qui nous tire vers les zones grises de l'esprit où conscient/inconscient se mêlent, où un regard sur les autres peut renvoyer une image de soi-même. Un roman nébuleux autant que fabuleux.
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Deuxième opus de la Trilogie New Yorkaise. Paul Auster déploie son talent pour écrire un livre où il ne se passe rien ou presque. Mais ce qui est intéressant, c'est que malgré l'absence d'évènement à chaque page, le lecteur est pris dans l'engrenage psychologique du "héros" ou plutôt du héros et de son miroir. On espère à chaque ligne un fait nouveau qui permettait de basculer dans le concret de la vie , mais rien. Similaire à la vie d'un pensionnaire d'une maison de retraite qui regarde par sa fenêtre!

Content de l'avoir lu, content d'avoir atteint la dernière page. Mais comment expliquer à ses amis le contenu de rien ( enfin presque). Quel écart avec un James Ellroy pour ne prendre qu'un seul exemple. Mais là réside le grand talent de Paul Auster. A suivre pour le tome 3
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Paul Auster est machiavélique ; il nous entraîne par surprise et nous fait prendre des chemins insoupçonnés. Je vais donc continuer à lire cette trilogie.
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REVENANTS de PAUL AUSTER
Deuxième tome de la Trilogie New Yorkaise.
C'est l'histoire d'une filature, Bleu est un détective privé qui est embauché par Blanc pour suivre Noir. Afin d'effectuer son travail, Bleu s'installe dans l'immeuble en face de celui de Noir et entame sa surveillance. Il fait un rapport toutes les semaines dans une boite postale et en échange il reçoit sa rémunération. Les semaines s'écoulent, ennuyeuses, car Noir reste presque toujours dans son appartement à écrire et ne sort que très rarement. Lassé de ce manque d'activité, Bleu décide de guetter la boîte postale après avoir remis son rapport hebdomadaire. Sa surprise va être grande…
Ce roman qui ne ressemble à rien de connu pour moi m'apparaît comme une variation de la Cité de Verre, le premier tome de la trilogie. Auster s'amuse avec les couleurs, Blanc a été formé par Brun, on va croiser des femmes fleurs, Violette et Rose, il va réutiliser Quinn, de la Cité tout cela dans un quasi huis clos où tous les personnages semblent en quête d'identité. Beaucoup de zones d'ombres pour moi dans la compréhension de ce livre qui penche aussi vers le fantastique, que j'ai beaucoup aimé bien qu'il me manque clairement des clés, peut-être sont elles dans le dernier tome.
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Au fur et à mesure de la lecture de cette partie on dirait qu'il s'agit de la même histoire précédemment lue dans cité de verre, mais la particularité de cette partie est que presque tous les personnages ont un nom d'une couleur. On a M. bleu et M noir, l'allusion aux couleurs est très vive. Un moment donné on lit une liste de références bleues et puis en relation avec le noir et ainsi de suite. On arrive à la fin avec l'impression d'avoir lu une autre version de l'histoire dans cité de verre.
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Récits d'enquête, de filature, dans ce décor labyrinthique que constitue la ville de New York, nouvelle cité de Babel. Les thèmes de l'identité et de l'écriture sont, sous différentes formes, au coeur de ces intrigues qui semblent ne mener nulle part : les dénouements laissent le lecteur épuisé mais insatisfait après avoir suivi le narrateur qui s'enfonce et se perd, physiquement ou moralement.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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