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"A 22 ans, j'avais l'impression d'en avoir 50. J'étais mariée, mère d'une petite fille (l'auteure de ce livre) et isolée en banlieue, sans voiture." Dominique Laffin.

Ce livre est un message de l'auteure à sa mère Dominique Laffin, un récit d'une grande douceur et une lumineuse lettre d'amour.
"Je me suis libérée tellement brutalement et avec une telle force, que plus rien ne pouvait m'arrêter..."DL

L'auteure, Clémentine Autain, surprend sa maman, "toute nue et très saoule, sur le balcon de sa chambre d'hôtel. Ton pauvre amoureux voulait t'empêcher de boire. " J'étais terrifiée de te voir prête à sauter dans le vide. Et toi maman, tu as stoppé net"...

"J'ai couru de production en production et... j'ai été engagée pour jouer, avec Gérard Depardieu, dans "Dites lui que je l'aime." Dominique Laffin

Un sourire éclatant, des traits sublimes, un côté à la fois garçon manqué et hyper féminin. Une femme libérée et une actrice formidable!

J'ai planqué les somnifères. Je le sais déjà, ils ne font pas bon ménage avec l'alcool. Clémentine n'avait que 11 ans...

Sa maman était célèbre, mais où passait son argent?
"Quand on sera dans le bureau du banquier, il faut que tu me dises, avec le regard triste: "Maman, j'ai faim."
Après roulé le conseiller, "on riait comme 2 gamines. C'était sinistre comme situation, mais on riait quand même."

Dominique Laffin meurt d'une crise cardiaque, 9 jours après son 33ème anniversaire.
Quand Clémentine se rend vraiment compte que sa maman est partie, elle va se blottir dans son écharpe. "Ton parfum est resté vivace, un mélange de mûre et de musc, imprégné de ton odeur. L'écharpe elle, je peux la décrire en détail" ...(contrairement au visage de sa mère...)
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"Tu es partie il y a si longtemps que la haine s'est éteinte, évaporée avec les années. Sans doute ma colère s'était-elle simplement fracassée sur le mur de ton absence. Alors j'ai décidé de vivre avec ce mur qui s'est transformé en une sorte de mire de vieille télévision, un faux rien."

Elle sait qu'elle s'est construite "contre", contre les souvenirs que les autres ont de sa mère et qu'ils lui balancent à la tête sans ménagement, sans même se demander si elle souhaite en entendre parler ; contre ses propres souvenirs d'enfant face à cette femme très belle, actrice de talent, ivre, imprévoyante, imprévisible, toujours en retard, qui était sa maman ; et contre son absence.

Clémentine Autain vient d'assister aux obsèques d'une amie très proche.
Elle rentre en voiture, quand une réminiscence de l'enterrement de sa mère la cisaille, le silence qui l'a entouré.
"Des dizaines et des dizaines de personnes sont venues te rendre hommage et déposer à tour de rôle une rose rouge dans ton caveau mais aucun mot n'a été prononcé, aucun témoignage n'a pu être partagé."
Trente ans plus tard, c'est ce qui l'oblige à garer sa voiture, sidérée.

Peu à peu, en tirant sur le fil, doucement qu'il ne casse pas, doucement qu'il ne s'emmêle pas, doucement qu'il lui permette d'aller jusqu'au bout, elle découvre une autre réalité que celle que sa mémoire lui restituait à coup sûr, gravée dans le marbre, et une envie de connaître autrement, de reconnaître sa mère.

Elle raconte ce qui lui vient, partageant les rigolades comme les pincements de honte, l'incompréhension, cette sensation d'abandon absolu dans l'appartement vide de ses sept ou huit ans, les souvenirs cuisants arrivant les premiers.

Elle s'imagine lui parlant, doù ce "tu" fleurissant sur les pages.
"Peut-être suis-je violente mais j'ai décidé de ne pas mâcher mes mots pour tenter de régler nos comptes et de me débarrasser de la boule qui se forme dans ma gorge dès que tu réapparais dans ma vie. Personne ne la voit, elle est tassée à l'intérieur mais je la sens. Je l'ai domptée et pourtant, elle m'habite encore au point d'imaginer que parler à un cadavre pourrait me rendre plus sereine."

Une silhouette plus délicate pourtant se dessine, se précise.

Les sentiments contradictoires la secouent, les rencontres aussi, de toutes ces personnes qui ont connu sa mère et lui en parlent, qu'elle le veuille ou non.

Jusqu'à ce qu'elle le veuille, surtout, et recherche justement dans la vie de sa mère qui pourrait lui en parler.

Tout comme elle, qui le dit dans l'ouvrage, j'aime voir de ces duos d'une mère avec sa fille, m'imaginer quelles peuvent être leurs relations, ce qu'elles peuvent se dire, j'ai une vraie curiosité pour elles quand je les croise dans le métro, ou bien dans un magasin.

C'est cette curiosité qui m'a amenée à lire Dites-lui que je l'aime.

J'ai été très touchée par cette remontée à la rencontre d'une femme dont elle avait enfoui le souvenir, et l'écho qu'elle en retrouve à bien des moments de sa propre vie.

Travail de mémoire autant que travail de deuil, Clémentine Autain nous dit cette expérience dans un petit ouvrage dense et émouvant.
Ce faisant, elle nous offre un double portrait, celui de Dominique Laffin, Domino, partie bien trop tôt, et celui de Clémentine qui a dû apprendre à vivre dans le vide qu'elle a laissé.
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Je dois avouer qu'avant d'avoir lu la critique de zabeth55 consacrée au livre Dites-lui que que l'aime, je n'avais jamais entendu parler de Clémentine Autain, la politicienne.
De sa mère, la comédienne Dominique Laffin, oui. A la fin des années 70 et au début des années 80, le cinéma français voyait apparaître une nouvelle génération d'actrices belles et rebelles, plutôt jeans et baskets que robes du soir et paillettes.
Trente ans après la mort de sa mère en 1985, à l'occasion de l'enterrement de la mère d'une amie, Clémentine Autain se décide à affronter le fantôme de sa mère.
A la demande de sa fille, qui a du mal à comprendre comment sa grand-mère a pu mourir à trente-trois ans, elle décide à regarder ses films et des documentaires qu'elle n'avait jamais voulu regarder ; à interroger ses amants, les réalisateurs avec qui elle a tourné, sa soeur, ses amies. Pour Dominique Laffin, le rôle de mère était le plus mauvais, celui qu'elle n'avait pas vraiment choisi. Entre son addiction à l'alcool et sa vie sentimentale chaotique, Clémentine Autain dresse un portrait de sa mère bien différent de celui de ceux qui n'ont gardé après sa mort que les bons souvenirs.
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Devenue mère à son tour, Clémentine Autain ressent, trente ans après le décès de sa mère, la comédienne Dominique Laffin, le besoin d'écrire sur son enfance marquée par le décès brutal de cette dernière. Mais aussi, le besoin de raconter l'après. Tout ce qu'elle a gardé au fond d'elle et traîné derrière elle depuis si longtemps.

Dites-lui que je l'aime c'est donc le moment pour l'auteure de dire à sa mère tout l'amour qu'elle avait englouti et enterré au fond d'elle même.

"Je t'avais rangée, je m'étais arrangée mais il faut toujours que quelqu'un ou quelque chose me ramène à toi, c'est épuisant."

Dites-lui que je l'aime c'est comme une lettre d'amour posthume d'une fille à sa mère qu'elle a si peu connue. Une mère si souvent absente. Une mère comédienne, dont le rôle principal de mère était le plus difficile à jouer dans la vie de tous les jours.

Alors cette longue lettre devient un cri d'amour et de souffrance aussi. Celui d'une enfance écourtée. Celui d'une enfance sans figure maternelle très présente. Celui d'une relation mère-fille souvent inversée à cause de l'alcoolisme de Dominique Laffin, à cause aussi de son côté adolescente éternelle. Une mère jeune, dans sa manière d'être femme,  et de se comporter. Une mère peut-être à la jeunesse éternelle.

"Je t'ai entendue une fois parler de tes rêves de retraite heureuse, de confitures que tu fabriquerais durant tes vieux jours. Tu en parlais comme d'une bonne blague, dans ton regard je lisais que ce songe te paraissait hors de portée. T'imaginais-tu un instant vieillir ? Je ne crois pas."

Ce besoin permanent de jeunesse, de profiter de l'existence rendait Dominique insouciante. Et Clémentine devait alors se débrouiller. Devoir assumer des rôles d'adulte alors qu'elle n'était encore qu'enfant. Jusqu'à souvent se transformer en une mère pour la sienne. Jusqu'à avoir des sentiments ambivalents à la mort de cette dernière.

"Un parfum de malaise emplit l'atmosphère. La mort a beau être d'une banalité à crever, elle donne des vertiges aux vivants."

J'ai ressenti la colère de Clémentine Autain au début de ma lecture. Une colère triste. Sur fond de l'incompréhension d'un enfant. Mais une colère qui s'apaise au fil des mots et des pages. Une colère qui s'atténue avec l'âge et l'expérience de la femme qu'elle est devenue.

Dites-lui que je l'aime c'est un récit autobiographique réparateur, qui ne cherche pas à expliquer, mais qui cherche à apaiser et à mettre des mots sur tout ce qui est enfoui depuis de si nombreuses années.

Car les mots sont crus, et la plume directe. Clémentine Autain ne met pas de filtres sur ses sentiments. Elle retranscrit d'une écriture fluide et tranchante à la fois, les émotions de l'enfant qu'elle était . Cela se lit d'une traite, presque en apnée, tant c'est poignant.

Dites-lui que je l'aime, est une ode à une mère certes imparfaite. Clémentine Autain s'autorise enfin à exprimer sa rancoeur pour pouvoir libérer ses sentiments, et son amour pour cette femme qu'elle a si peu connue, mais qui était sa mère avant tout.

Dites-lui que je l'aime est un message plein de sens et d'amour qu'envoie Clémentine Autain à sa mère à travers ses mots et finalement à travers ses lecteurs. Une déclaration sans doute nécessaire et libératrice. Pour enfin apaiser une souffrance latente et profonde. Et profiter de sa vie.
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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Clémentine Autain, femme politique, est la fille de Dominique Laffin, actrice à succès dans les années soixante-dix.
Sa mère meurt brutalement alors qu'elle n'a que douze ans.
Elle a depuis refermé sa mémoire sur cette mère qui fut aimante mais inconséquente.
Elle a tout enfoui et ne veut plus se souvenir.
Mais trente ans plus tard, des interrogations de sa fille sur sa grand-mère font peu à peu ressurgir les souvenirs.
Elle redécouvre sa mère avec ses yeux d'adulte et enfin lui pardonne et fait la paix avec elle.
C'est un très beau témoignage, sincère et pudique.
Une révélation sur cette mère fragile, mal dans sa peau malgré son succès, qui aime sa fille mais ne sait pas lui montrer et lui propose une vie instable.
Un livre libérateur pour l'auteur, un bel hommage à Dominique Laffin.
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Quel beau titre pour évoquer l'amour pour une mère qui n'a pas été dit de son vivant.
Avec "Dites-lui que je l'aime" Clémentine Autain est sur un registre nouveau, celui du récit autobiographique qu'elle réussit parfaitement.
J'aime beaucoup la députée insoumise engagée en politique et militante pour la justice sociale et le droit des femmes. D'ailleurs, j'attends la rencontre organisée par la librairie coopérative Points communs près de chez moi.
Clémentine Autain elle, a attendu 30 ans avant d'écrire sur sa mère. Mais comme ses enfants grandissent et lui posent des questions sur leur grand-mère alors elle décide d'ouvrir les yeux et surtout d'ouvrir son coeur. Car ça n'a pas été facile d'être la fille de Dominique Laffin et d'Yvan Dautin.
Yvan Dautin le chanteur me disait quelque chose mais j'avoue que Dominique Laffin est un nom qui ne me disait rien alors qu'elle a été comédienne dans les années 70. Mais lorsque j'ai regardé sur Internet et que j'ai vu son visage je l'ai reconnue tout de suite. Elle a tourné pour Claude Miller, Catherine Breillat, Marco Ferreri, dans "La Femme qui pleure" de Jacques Doillon et "Garçon !" de Claude Sautet. Elle était féministe et sexy. Elle a eu un destin à la Patrick Dewaere : une réussite professionnelle jeune, une personnalité qui crève l'écran et une mort prématurée. Car Dominique Laffin est morte en 1985, à l'âge de 33 ans alors que sa fille avait 12 ans.
Clémentine Autain raconte qu'elle a souvent eu honte de cette mère alcoolique, femme-enfant qu'elle avait envie de protéger même lorsqu'elle était toute petite. Elle n'a jamais réussi à faire éclater son amour. C'est ce qu'elle fait avec ce très beau livre qui sonne juste et cette sincérité m'a beaucoup émue.


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Un livre de souvenirs. Une fille part à la recherche de sa mère, star de cinéma brutalement décédée à 33 ans.

Le portrait d'une mère fantasque, extrême et perdue. le portrait d'une mère alcoolique brossé par une fille en colère qui n'ose que timidement tenter une réconciliation
Lien : https://www.noid.ch/dites-lu..
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Voilà un livre profondément émouvant.
Clémentine Autain a perdu sa mère, l'actrice Dominique Laffin, à l'âge de 12 ans. Une mère qui n'a pas su ou qui n'a pas pu l'élever. Son enfance en fut profondément esquintée.
Si, pendant des années elle s'était toujours fermée à tout souvenir et à toute évocation de sa mère, la mère qu'elle est elle-même devenue nous livre aujourd'hui cette quête, celle d'une femme, d'une grande actrice, si lumineuse (le jeune cinéphile que j'étais l'adorait, comme beaucoup), entière, féministe, engagée, dévorée par la vie.
Si on sent une certaine rancœur dans les premiers chapitres (elle parle même de "haine"), le ton s'apaise peu à peu. Le livre s'avère finalement être une belle lettre d'amour à l'absente qu'elle tutoie au fil des pages, désigne par son nom ou l'expression « ma mère ». Il faudra attendre le dernier chapitre, la dernière page, la dernière ligne, pour trouver ces deux derniers mots : "ma maman".
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Deux femmes publiques : Clémentine Autain, femme politique et sa mère Dominique Laffin, actrice qui meurt à 33 ans dans des circonstances obscures.
Clémentine n'a longtemps pas voulu se souvenir de sa mère, n'arrivait pas à l'aimer car celle-ci l'a aimée, c'est sûr, mais mal-aimée.
Comment ne pas en vouloir à une mère qui aimait l'alcool, trop, et qui vous a laissé si souvent toute seule dans un grand appartement, ne venait pas vous chercher à l'école ou chez votre père.
Et puis Clémentine devient mère et comme souvent les enfants posent des questions et ne se contentent pas de réponses évasives.
Elle prend alors son courage car il en faut pour laisser les souvenirs remonter. Les mauvais arrivent en premier puis petit à petit les moments de joies, de tendresse, de rires, d'attentions reviennent. Elle accepte de rencontrer des personnes qui ont connu sa mère et qui la lui raconte sous un autre jour.
Elle va arriver à se réconcilier avec celle qu'elle peut appeler maintenant " maman".
C'est un petit roman autobiographique émouvant, sincère, bien écrit que j'ai vraiment pris plaisir à lire.
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Formidable récit, d'une très grande qualité littéraire qui plus est. Oubliez la femme politique, pensez à une petite fille des années 1970, fille d'une actrice (Dominique Lafin), mère défaillante, alcoolique, inconséquente, peu en prise avec le réel qui ne sait, qui ne peut s'occuper de sa fille. Elle meurt lorsque Clémentine a douze ans d'un arrêt cardiaque (suicide ? conséquences d'une mauvaise hygiène de vie ?)
Clémentine Autain en garde rancoeur, ressentiment, refuse de parler de cette mère dont elle garde un souvenir sombre.
Le temps passe, elle devient elle-même mère, ses enfants grandissent et posent des questions, elle ne peut continuer à évacuer sa mère.
Dans ce récit de souvenirs, elle redécouvre une image plus positive , plus solaire, plus apaisée de sa mère qui peu à peu redevient sa maman. Sa mère faible, fragile, instable devient aussi parfois femme forte. C'est exactement le contraire qu'il se produit avec l'auteur. D'une Clémentine Autain, bloc de certitudes, nous découvrons une face plus nuancée, plus sensible.
Le tout avec beaucoup de sensibilité, de pudeur et sans pathos. Ce n'est pas son genre de jouer les Cosette !
Magnifique !! J'ai beaucoup, beaucoup aimé.
Le titre du livre est aussi celui d'un film dans lequel sa mère a joué.
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