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Le Passe-Muraille et autres nouvelles/Marcel Aymé (1902-1967)
Dutilleul, médiocre fonctionnaire demeurant à Montmartre, peut franchir les murs mais un jour se fait piéger ; ce phénomène induit des situations cocasses.
Sabine a le don d'ubiquité et parvient à vivre mille vies simultanément.
Flegmon vit une drôle d'époque où la vie est rationnée et se voit assujettie à des tickets de vie, avec toutes les déviances qui peuvent en découler et trafic en tout genre.
La raison de cette mesure est la menace d'une disette. L'objectif, assurer un meilleur rendement de l'élément laborieux de la population et mise à mort des éléments improductifs. Sacré programme ! Mais…
« En raison de l'accaparement des tickets de vie par les riches, l'économie réalisée sur les denrées alimentaires est à peu près nulle. »
Et puis en 1942, pour en finir avec la guerre, il est décidé par décret que le temps serait avancé de 17 ans. Nous sommes alors en 1959. Mais par un curieux hasard, le narrateur se trouve faire alors à nouveau un bond mais cette fois en arrière, de 17 ans :
« Moi seul, après ce bond collectif, par je ne sais quelle inspiration, je refais l'étape en sens inverse…Me voilà réduit à la triste condition d'un dieu. Pendant 17 ans, il n'y aura pour moi que des certitudes. Je ne connaîtrai plus l'espoir… »
De plus il y a des regrets :
« Je me reproche de n'avoir pas su prévoir ce qui m'est arrivé depuis. »
Et de conclure : « C'est à peine si de temps en temps et de plus en plus rarement j'éprouve la très banale sensation du déjà vu. »
Les illusions de M. Jacotin dans « le Proverbe » et le savoir faire modeste de Lucien son fils.
Comment la pieuse et dévote Mlle Boirboïé devient la catin du régiment en arrivant au ciel ! C'est le thème de la « Légende Poldève . »
« le Percepteur d'épouses » voit les maris payer leurs impôts en se débarrassant de leur femme !
« L'Huissier » qui au seuil du paradis doit retourner sur terre pour faire le bien.
Autant de nouvelles fantastiques et surréalistes dans lesquelles Marcel Aymé fait montre de tout son talent non seulement de conteur mais encore d'humoriste satirique.
L'enfance de Marcel Aymé lui fut une source d'inspiration inouïe. Né à Joigny dans l'Yonne de parents jurassiens, il fut élevé par sa grand-mère au milieu de querelles de clocher entre laïques et cléricaux. Fin observateur de son entourage, il a su faire revivre avec vérité, poésie et réalisme les interminables conversations que l'on retrouve par exemple dans la dernière nouvelle « En attendant ».
Dans toutes ces nouvelles, on retrouve l'esprit de Perrault et De La Fontaine dans des récits symboliques qui sous une apparence de légèreté dégage une belle sagesse.
À lire et relire avec le sourire ce recueil paru en 1943. En pleine période d'occupation allemande !
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À lire d'urgence.
D'utilité publique, ces nouvelles traversent les murs, nous apprennent à nous méfier encore plus des gorilles, à penser le temps court et le temps long, à savourer les plaisirs de la chair avant le Purgatoire, à escalader les lieux de Paris, à rire des impôts, à nous rappeler que nous n'avons pas 17 ans à perdre.

Alors que nous sommes en guerre, l'auteur invite à détourner le Travail Famille Patrie pour mieux consommer l'oisiveté, l'adultère et les parties fines le temps de l'automne des peuples.

Gare au gorille et gloire à Aymé.
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J' ai écrit, par ailleurs, que c'est Marcel Aymé et son "Passe-muraille" qui m'a réconcilié avec la lecture de textes littéraires. En 6°, le français m'ennuyait: je n'arrivais pas à terminer les extraits des grands classiques du programme; et puis il fallait répondre aux questions 4, 7 ,8, 9 etc. du petit classique Larousse. Moi, je dévorais la série "Contes et légendes" et m'embarquais avec Blake et Mortimer dans " le mystère de la grande pyramide"-
Un jour, un surveillant qui remplaçait le prof de français nous lut "le passe-muraille". Ce fut une révélation et ma mère emprunta, à ma demande, tous les contes de Marcel Aymé possédés par la bibliothèque. Certains étaient assez osés (chauffe, Marcel); ce fut donc également ma première approche des écrits érotiques.
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J'ai eu globalement du plaisir à lire pour la 1ère fois cet auteur dont le nom est très connu, même si je n'ai pas goûté pareillement toutes les nouvelles : certaines - comme le Décret - sont un exercice intellectuel trop complexe pour que je perçoive toute la richesse de l'intention de l'auteur, mais globalement l'imagination, la créativité, la fantaisie de l'écrivain m'ont plu (le Proverbe, savoureuse et émouvante, les Bottes de 7 lieues, joli conte assez attendrissant, En attendant, sorte de liste à la Prévert..). M Aymé c'est vraiment "imaginons que.." et la liberté de son imagination et ses talents d'écriture - précise, les seules fioritures étant des fantaisies ludiques à la Queneau ou à la Vian- lui font dérouler avec aisance ses récits. Ce que l'on sait de son parcours biographique dans ces époques tourmentées prouve, je pense, que le mot "liberté" est un terme clef pour qualifier le bonhomme. Une phrase (p 96 de l'édition Folio) résume bien son approche ; " Mon aventure était si étrange que je me sentais en droit de compter un peu sur l'absurde". En outre, ces nouvelles, écrites et publiées sous l'Occupation, devaient répondre à un besoin impérieux d'évasion mentale et d'exploration par la fiction des bouleversements d'alors dans la vie des gens et du fonctionnement de la société. Ces fictions sont des moyens habiles et agréables de faire réfléchir à la nature humaine et à la société.
Un mot enfin autour de la justement populaire courte nouvelle qui a été choisie pour titrer l'ensemble du recueil : j'ai été étonné de voir combien l'avait enrichi et comment avait su l'actualiser Dante Desarthe au cinéma en 2016. Je vous conseille vraiment ce film avec l'unique Denis Podalydès dont la voix et la diction incarnent parfaitement l'ambiance créée par M. Aymé (je n'ai pas souvenir d'avoir vu la version avec Bourvil).
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Paru en 1943, ce recueil de nouvelles a une saveur particulière, dans une ambiance parfois à la Doisneau, avec ses gamins, son petit peuple, ses commerçants, parfois un rappel de ces années d'occupation. Des expressions semblant désuètes, des expressions amusantes, telle ce blaquaoute. Bref, le lecteur s'amuse en dépit d'un environnement difficile. L'impossible, voire le fantastique est accepté. Quelle imagination, quel art de mener au bout les histoires!

La nouvelle éponyme, sans doute la plus connue, est en fait aussi courte que les autres : "employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement" (j'aime!), Dutilleul réalise un jour qu'il peut passer à travers les murs. Il deviendra le plutôt sympathique Garou-Garou.

Les Sabines : "Il y avait à Montmartre, dans la rue de l'Abreuvoir, une jeune femmes prénommée Sabine, qui possédait le don d'ubiquité."

La carte : Certains auront droit à seulement quelques jours d'existence par mois, selon leur degré d'utilité (!). Avec une carte du temps et des trafics, tout peut arriver!

Puis vient le décret, qui vieillit le monde d'un saut de 17 ans, histoire de sortir vite des années de guerre. Sauf qu'il y aura un bug.

Le proverbe voit M. Jacotin, un père de famille se mêlant d'écrire la rédaction de son fils.

La Légende Poldève se révèle un texte moins inventif et fin, dommage. Pareil pour L'huissier, qui d'ailleurs joue d'une ficelle similaire.

Le percepteur d'épouses est très fantaisiste, et j'avoue aimer particulièrement Les bottes de sept lieues, avec ces gamins de milieux différents, une sorte de conte bien sûr.

"Pendant la guerre de 1939-1972, il y avait à Montmartre, à la porte d'une épicerie de la rue Caulaincourt, une queue de quatorze personnes, lesquelles s'étant prises d'amitié, décidèrent de ne plus se quitter." Dans En attendant , elles prennent la parole, personnes simples, dont la vie est difficile.

En conclusion: un charmant recueil de nouvelles, qui mérite de sortir de l'oubli
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Un pauvre petit bureaucrate, se voit conférer le pouvoir de traverser les murs, et prend ainsi sur les hommes une supériorité qui le venge de son existence mesquine, mais finit toujours prisonnier d'un mur. le regard acéré de Marcel Aymé envers les commerçants, la bureaucratie, sans oublier autres rentiers dans le contentement morne de leur existence, recherchant un peu plus de confort, et sa virulence légendaire l'égard des petits bourgeois, peut aussi s'accorder quelques nuances, une indulgence qui le garde de la férocité misanthrope.
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Un recueil de 10 nouvelles dont la très célèbre le passe-muraille.
Dans l'ensemble ces nouvelles m'ont plu sauf peut être Les bottes de sept lieues qui m'a un peu ennuyé. Moi qui ne suit pas nouvelles c'est une bonne lecture. J'ai apprécié le côté fantastique, absurde de certaines comme le passe-muraille, Les Sabines ou encore La carte. La religion a une part importante notamment dans les nouvelles L'huissier et Légende Polvède, Marcel Aymé me semble assez critique surtout avec sa vision de l'entrée au Paradis.
C'est écrit simplement et je pense que ce recueil peut être une bonne première approche des nouvelles pour les jeunes lecteurs.
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Un chouette recueil de nouvelles lu sur papier jauni. le style fleure bon le début du siècle dernier et donne au récit une authenticité un peu surannée, mais fort plaisante.
Ce mélange tragi-comique, efficace, est bien dosé de fantastique, voire saupoudré parfois de science-fiction.
Le drame des plus pauvres et plus démunis, face aux conséquences de la guerre, est raconté avec réalisme et une touche d'humour qui révèle tout son charme.
La nouvelle le passe-muraille est certes très plaisante et la plus iconique, mais les autres ont aussi leur qualité et leur lot de surprises. Mes préférées sont Les Sabines, avec ce don d'ubiquité poussé à l'extrême, La légende Poldève, avec sa chute des plus immorales, et Les bottes de sept lieux, avec sa chute des plus morales. Elles sont très variées et chacun y trouvera son compte.
Un classique à lire, ou à relire !
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Pour moi, ce devait être une oeuvre soporiphique, un apriori qui s'est retrouvé totalement injustifié. J'appréciais l'auteur pour ses contes pour enfant et j'apprécie encore l'auteur pour ses contes pour adultes.
Entre science fiction ou petites histoires sympas ou d'autres plus moralisatrices, la lecture est agréable. On lit des histoires mettant en scène un homme pouvant traverser les murs, une femme qui se multiplie à l'infini, un homme coincé à deux époques, des gens condamnés à ne vivre que quelques jours par mois car considérés comme inutiles. j'ai trouvé qu'il y avait un petit air de Barjavel que j'aime beaucoup. L'écriture est assez simple.
Un livre sur lequel il ne faut pas avoir de préjugés. C'était un bon moment de lecture.
Lien : http://majanissa.over-blog.c..
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Dans ses nouvelles Marcel Aymé part le plus souvent d'un phénomène fantastique qui s'immisce soudainement dans le quotidien de ses personnages: capacité à traverser les murs, à se démultiplier, à manipuler le temps, etc.

Il tire ensuite la pelotte des conséquences logiques de ce phénomène sur l'existence des personnages, et en tire la substantifique absurdité pour mieux mettre en évidence les travers de la nature humaine.

C'est souvent jubilatoire, et d'autant plus que c'est écrit dans la langue du lieu et du moment.
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