Excellent ouvrage sur la question des relations difficiles entre l'homme et la nature. Très documenté (une bibliographie de plus de 30 pages en fin d'ouvrage : on ne pourra pas lui reprocher de ne pas citer ses sources) mais nullement rébarbatif à lire. Bravo car le challenge n'était pas facile à réussir ! Je possède quelques connaissances sur le sujet mais j'avoue que, presque à chaque page, j'ai appris quelque chose d'intéressant.
Serge Bahuchet prend le contrepied d'un discours fréquent chez ses confrères environnementalistes présentant l'homme uniquement en tant que prédateur d'une nature vierge riche d'une biodiversité que l'homo sapiens ne ferait que piller... Il montre au contraire à quel point le lien étroit qui s'est tissé entre notre espèce dominante et son environnement a enrichi la biodiversité. Ce n'est point l'être humain en tant qu'espèce qui est responsable du pillage actuel, mais un petit nombre d'individus et surtout un système économique aberrant qui n'a comme objectif que l'accumulation des profits. Il montre au contraire l'hypocrisie de ceux qui reprochent aux pygmées (par exemple) d'appauvrir la biodiversité, ou aux inuits d'être trop carnassiers. Bref un ouvrage à lire pour faire un peu le ménage dans nos idées - trier le bon grain de l'ivraie en quelque sorte.
Si j'ai "rogné" ma cinquième étoile, c'est que la fin du livre m'a laissé un peu sur ma faim. J'ai trouvé l'esquisse de solutions ébauchées par l'auteur un peu maigrelette. On ne peut se contenter seulement d'avoir foi dans les déclarations dithyrambiques des congrès internationaux. Il y a sûrement des solutions à trouver hors de ces grandes messes internationales au coût faramineux.