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Citations sur Continents à la dérive (53)

L'immobilier et la drogue, c'est les deux secteurs dans lequel on peut faire un malheur. Tu peux devenir milliardaire du jour au lendemain, mais tu peux te retrouver mort du jour au lendemain tout pareil
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Le métabolisme de l'histoire évolue trop rapidement pour qu'il nous soit possible de l'observer.
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...peu de temps après le ciel s'est assombri de nouveau et la pluie est revenue, cette fois avec rage, comme si le retard l'avait mise en colère, et elle était poussée par un fort vent de mer, de sorte qu'en un rien de temps, au lieu de tomber du ciel, elle nous a donné l'impression de se diriger droit vers nous et s'est transformée en un mur oppressant et laiteux qui faisait plier les arbres, retournait les palmes, arracher les palmiers nains et les buissons pour les lancer contre les troncs arqués des grands arbres et contre les cabanes et les rochers où ils restaient collés un instant avant de se décrocher, propulsés comme des soleils volants au-dessus d'un sol inégal, et de venir heurter le prochain obstacle, arbre ou éperon rocheux sur leur route. Le bruit était énorme, c'était un hurlement comme celui d'une bête qui s'énervait et perdait la tête, une bête affolée par la battement de la pluie contre le toit de la tôle, contre le volet et la porte fermée de la cabane.
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Une pub apparait à l'écran. Une famille radieuse aux joues bien roses, en pyjamas et en peignoirs écossais, s'est réunie autour d'un sapin vert foncé sobrement décoré, et le père de famille la prend en photo avec son Polaroid flambant neuf. Quittant la télé des yeux, Elaine regarde pour la première fois le visage de son mari et s'aperçoit qu'il a pleuré. il lui jette un coup d'œil, détourne le regard. Puis c'est le silence tandis qu'elle continue à le fixer.
Elle prononce son nom comme si elle avait du mal à croire que cet homme près d'elle est réellement Bob. Elle porte ses mains à sa bouche et effleure ses lèvres du bout des doigts comme si elle essayait d'y lire des mots inexprimés. Depuis presque dix ans qu'elle le connaît, elle ne l'a jamais vu dans cet état. Elle l'a vu en colère, blessé, content ou triste, mais elle ne l'a jamais vu pleurer, même si, en de rares occasions, elle aurait bien voulu qu'il craque et fonde en larmes. Comme lorsque le père de Bob a fini à être emporté par son cancer et puis, l'été suivant, lorsque sa mère est morte subitement ; et puis lorsque Elaine a avoué avoir couché avec Avery Boone, le meilleur ami de Bob, et aussi quand ils ont cru que Ruthie allait mourir de la méningite cérébrospinale mais qu'elle en a réchappé et qu'ils se sont dit ensuite qu'elle n'allait jamais plus remarcher - mais elle a marché -, oui, toutes ces fois Bob s'est simplement contracté comme un suspect que la police prend en photo, quelqu'un qui craint d'être ensuite identifié par des témoins, désigné comme le violeur, le cambrioleur ou celui qui conduit la voiture dans laquelle les malfrats se sont enfuis.
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Ce n'est pas une histoire de malchance, Bob le sait, la vie n'est pas une combinaison de forces aussi irrationnelle que ça. Et même s'il n'est pas un génie, ce n'est pas une histoire de stupidité non plus, car il y a trop d'imbéciles qui se débrouillent bien dans le monde. C'est à cause des rêves. Surtout du rêve d'une nouvelle vie, de redémarrer de zéro. Plus on échange la vie qu'on connaît, celle qu'on a devant soi, qui nous est échue par la naissance comme par les accidents et autres hasards de la jeunesse, plus on l'échange contre des rêves de vie nouvelle, moins on a de pouvoir. Cela, Bob Dubois en est venu à le croire, maintenant. Mais il est tombé dans un endroit froid et sombre où les murs sont nus et glissants et où toutes les issues ont été condamnées. Il est tout seul. Il va devoir vivre ici s'il veut vivre. C'est ainsi que quelqu'un de bien perd ce qui est bien en lui.
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Ces gens à la peau noire ou brune, les Noirs américains des supermarchés et des grands magasins, les Jamaïcains et les Haïtiens des champs, les Cubains des stations-services, tous ces travailleurs arrivés les premiers sont à leur place ici, contrairement à Bob et Elaine Dubois ou à leur filles Ruthie et Emma. Ce sont Bob et sa famille qui sont les nouveaux venus dans cette grande auge qu'est la Floride, et Bob est gêné par son arrivée tardive. Il se trouve laid dans sa peau d'un gris hivernal, il a honte de l'aspect banal de sa femme, de la maigreur des bras et des jambes de ses filles ; ils se sent pauvre et inculte avec son break cabossé et bruyant, sa remorque orange de location où sont entassées toutes leurs possessions, les meubles et les vêtements qu'ils n'ont pas pu ou voulu vendre lors de leur vide-grenier ou par la petite annonce passée dans le Catamount Patriot. Il se sent gêné, c'est à dire mis à nu, exposé au monde tel qu'il est, et, peut-être pour la première fois de sa vie, son corps tout entier s'emplit de peur.
Elaine lui jette un coup d’œil rapide et, d'un air tendu, comme si elle avait lu dans ses pensées, elle lui dit : "Tous ces Noirs qui travaillent dans les champs et ailleurs, ils ne sont pas vraiment américains, si ?"
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Bob est au volant et, assise près de lui, Elaine tient la carte routière sur ses genoux. Évitant tous les deux de regarder vers l'horizon, ils ont les yeux fixés sur la route devant eux ainsi que sur les bâtiments et les terrains qui la bordent. Ils ne font pas attention à la morne platitude des paysages du centre de la Floride, aux palmiers nains, aux vergers d'agrumes, aux exploitations maraîchères. Ils ne veulent pas voir - ne remarquent même pas - l’absence de ce que Bob appellerait "de vrais arbres". Leur regard traverse la profusion des McDonald's, des Burger King, des KFC et des Pizza Hut comme si tout cela était invisible - un long tunnel rectiligne de franchises interrompu de temps à autre par les vitrines de société de prêt et par des parcs d'exposition remplis de voitures rutilantes, Chevrolet Corvette et Camaro, Ford T-Bird, Pontiac Trans Am, puis, après ces concessionnaires, les clôtures grillagées de cimetières de voitures immenses et désordonnés, sinistres, incolores et indestructibles. Aux abords de toutes les villes qu'ils traversent , il y a des kilomètres de parcs à caravanes disposés, comme les plantations d'orangers derrière eux, en quadrillages dont la précision géométrique est déterminée par la logique comptable plutôt que par la logique de la terre, de l'eau et du ciel. Après les caravanes, au moment où leur voiture s'approche d'une autre ville, ils passent devant des lotissements aux petites maisons pastel en parpaings, construites en enfilades le long d'impasses ou d'étroites ruelles à sens unique connectées entre elles et pavées de castine - quartiers instantanés et isolés, banlieues de banlieues qui reflètent moins les besoins de leurs habitants que la cupidité des promoteurs et des propriétaires fonciers.
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" Tu vas y arriver en Amérique, ça y a pas de doutes, gamin, et peut-être que comme moi tu y trouveras ce que tu cherchais. Je sais pas quoi. Mais il faudra que tu donnes quelque chose en échange, si ce n'est pas déjà fait. Et quand tu l'auras eu, ce que tu cherches, il se trouvera que c'est pas ce que tu voulais, tout compte fait, parce que ça vaudra toujours moins que ce que tu as donné pour l'avoir. Au pays des hommes libres, il y a rien de gratuit. "
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- Ici, c'est différent, Elaine, intervient Bob.
- Tu l'as dit, que c'est différent, merde. On a des nègres avec des flingues et des rasoirs, ici, dit Eddie soudain grave. On a des Cubains qui te coupent les couilles. On a des Haïtiens avec leurs putains de sacrifices vaudous et des Jamaïcains avec des machettes longues comme ton putain de bras. On a des tarés de bronzés de toutes sortes, complètement pétés avec leur herbe de merde et leur cocaïne, qui se baladent dans des Mercedes flambant neuve sans même assez de blé en poche pour mettre de l'essence dans le réservoir. On a des Colombiens, bordel de merde, avec des mitraillettes !
- Oh, Eddie, arrête, tu vas finir par leur foutre une trouille bleue et les faire rentrer dans le New Hampshire. C'est quand même pas si terrible que ça, dit Sarah. Sérieusement." Elle déplie ses jambes et prend avec lenteur une petite gorgée de bière.
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Doris n'est pas une putain , elle ne couche même pas avec n'apporte qui ; C'est l'une de ces femmes qui sont en attentes et qui , une fois de temps en temps , en ont marre d'attendre et , l'espace d'une soirée , font comme si l'homme à qui elles parlent était celui qu'elles attendent .
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