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Dans une petite ville du New Hampshire, Bob Dubois répare des chaudières pour une centaine de dollars par semaine. Une vie de famille simple, plutôt tranquille, pas misérable mais pas folichon non plus, l'attend chaque soir sur son canapé en cuir usagé et taché de vieilles traces de bières. Jusqu'au jour où Bob pète les plombs, envoie tout valdingué y compris son vieux break rouillé. Il vend son misérable appartement aux bruits incessants de tuyaux, et part avec femme et enfants, sa vie dans une remorque, rejoindre son frère sous le soleil de Floride. Parce qu'en Amérique, il est facile de refaire sa vie. American Dream.

Encore plus aussi sud, Vanice survit au milieu de sa famille et des ouragans. Proche de la misère, une vie à Haïti ne permet que peu d'espoir, de réussite ou d'émancipation. Avec d'autres noirs, elle décide de quitter l'île natale, un passeur aux rapports douteux, marchands d'espoir et de misère comme il y en a tant dans ces pays nourris de pauvreté et de poussière. Destination la plage. Mais comme toutes les plages se ressemblent, de Floride ou d'ailleurs. Là-bas, en Haïti, il y a des rêves aussi, ceux d'un monde meilleur que l'Amérique peut procurer. American Dream.

Mais le rêve américain n'est plus ce qu'il pouvait être. Il génère toujours autant d'espoir et d'envie. Se dire que l'on peut remettre les compteurs de la vie à zéro. Tout plaquer, tout recommencer. Imaginer que l'herbe à bison est plus verte ailleurs, d'autres prairies à brouter. En Floride par exemple. Mais la chute devient alors encore plus brutale. Sombre. Triste. La mal du pays - ou de l'état. La violence devenue urbaine. le racisme, la pauvreté, les préjugés. C'est ça maintenant l'Amérique. Un pays, un continent qui part à la dérive. American Dream. L'Amérique de Russell Banks, teintée de vaudou, de misère et de voyage initiatique à tout âge. Que je m'appelle Bob Dubois ou Vanice, des âmes à la dérive. Magnifiquement Mélancolique.
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Une superbe critique du rêve américain que l'on a l'impression de vivre avec les personnages, tant ce que nous décrit l'auteur est soigné dans les moindres détails, laissant deviner un solide travail de préparation. L'empathie avec laquelle Russel Banks déroule leurs vies parvient à faire naitre une sympathie, même avec les moins reluisants d'entre eux, dont le personnage principal. Une sympathie qui interroge. Russel Banks a manifestement construit ses personnages, purement romanesques, avec cette idée. le style est agréable et j'ai hâte de lire d'autres livres de cet auteur contemporain, que je découvre avec ce roman, et qui me laisse entrevoir une oeuvre dans la même veine que celle d'un Steinbeck ou Hemingway.
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Un déchirant chef-d'oeuvre.
Le rêve américain, ce n'est pas seulement "Je ramasse une épingle par terre et je deviens millionnaire". Russell Banks plonge ici beaucoup plus loin dans les profondeurs de l'âme humaine : il nous raconte ce désir, pour lui illusoire, de prendre le contrôle de sa vie.
Bob a un job, une famille, une maison. Comme le dit Elaine, son épouse aimante : "Oh, chéri, on a une bonne vie. C'est vrai." Mais cela ne lui suffit pas, à Bob. Ancien champion de hockey, il entretient le sentiment qu'il mérite mieux. Et il va entraîner toute sa famille dans une fuite en avant, porté par son désir de richesse, de succès féminins, de masculinité, aveuglé qu'il est par ses préjugés et par tous les clichés qui lui confirment que le monde est à lui, mâle blanc nord-américain.
Vanise est haïtienne, pauvre parmi les pauvres, et son rêve américain, à elle, c'est juste se mettre à l'abri de l'immense misère, des ouragans qui ébranlent son fragile cabanon, de la justice arbitraire qui menace sa famille. La fuite en avant de Vanise vers la Floride va se révéler chaotique et pleine de dangers.
Tous deux, chacun à sa manière, sont condamnés, ainsi que les plaques tectoniques condamnées à se heurter et à passer l'une par-dessus l'autre. L'argent, la mondialisation, l'exploitation éhontée de la misère humaine forment le rouleau compresseur implacable sous lequel Russell Banks écrase ses personnages, sans laisser la moindre lueur d'espoir, dans la chaleur étouffante de Floride et au son des tambours vaudous.
Traduction parfaite de Pierre Furlan.
Challenge USA : un livre, un État (Floride)
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Continents à la dérive est un des premiers romans de l'auteur, écrit en 1987, et il a l'ambition de montrer les flux migratoires comme une sorte de tectonique des plaques, et de comparer deux cas particuliers, celui de Bob Dubois (prononcer Dou-boyz) quittant avec sa famille le New Hampshire froid et triste pour la Floride, et celui d'une jeune femme, Vanise, avec son bébé et son neveu, tous trois fuyant Haïti, la violence, la pauvreté et l'absence d'avenir.
Bob, qui a un bon boulot de réparateur de chaudières, possède une petite maison, une voiture et même un bateau, se morfond et déprime, trouvant son quotidien trop éloigné de ses rêves de jeunesse. Sa femme Elaine, bien que ne partageant pas cette vision des choses, lui propose de tout laisser pour une nouvelle vie en Floride. Là-bas, le frère de Bob, Eddie, a bien réussi, et va employer Bob, et au soleil, tout ira mieux.

Quant à Vanise et son neveu, ils doivent faire confiance à des passeurs pour espérer atteindre le mirage américain, la Floride où, c'est certain, tout ira mieux pour eux.
On s'en doute, le rêve américain est sérieusement mis à mal par la vision de Russell Banks, qui, essentiellement au travers du personnage de Bob, propose aussi des réflexions sur les choix de vie. Je ne nierai pas avoir ressenti quelques longueurs et un aspect un peu bancal par moment, entre les introspections de Bob et les scènes de vaudou haïtien, mais je pense qu'il faut les attribuer au fait qu'il s'agit d'un des premiers romans de l'auteur.
Toutefois, bien que ce soit un roman plutôt dense et loin d'être concis, j'en ai trouvé la lecture prenante. Aucun des personnages, qui se débattent comme ils peuvent pour atteindre leurs chimères, n'y est vraiment aimable, et pourtant, il est impossible de se désintéresser de leur sort, d'autant qu'une rencontre semble inévitable, mais quelle forme va-t-elle prendre, et avec quelles conséquences pour chacun ?
Ce n'est qu'une des interrogations de ce roman qui entremêle des thèmes captivants.

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Bob Dubois rentre chez lui, un soir, il en a "les boules",  marre de dépanner des chaudières pour 137 $ par semaine. Marre au point de vouloir tout quitter. Même Doris sa maitresse n'arrive pas à soulager son humeur, ses humeurs !
Mal au point d'oublier d'acheter des patins à glace à sa fille, marre au point de casser toutes les vitres de sa bagnole...il a craqué à cause de cette vie à la c... et ce boulot de m.... et des dettes du ménage.
Sa femme lui suggère de tout liquider et de partir au soleil. Alors pourquoi pas la Floride où son frère dirige une entreprise, dans laquelle il lui a déjà proposé de travailler. Alors tous partent en Floride, et s'installent dans un mobil-home.
Le travail est souvent fait de coups plus ou moins tordus à la demande du frangin. Mais l'argent pas toujours très net arrive, au fil des coups tordus. Que demander de plus? Certes, il ne permet d'approcher la démesure et le luxe de la Floride, mais ça viendra tôt ou tard...ils en sont certains.
La vie en mobil-home n'est pas si idyllique que ça, loin de là. Et puis, ici en Floride, il y a plus de Noirs, ils  sont à leur place ici, contrairement à Bob et son épouse.
Son frère qui l'emploie et le paye en liquide, lui fournit un pistolet afin qu'il puisse défendre l'entreprise et se défendre contre ces Noirs  qui volent et tuent, qui peuvent dévaliser la boutique pour dérober de quoi planer en picolant.
Magré tout Bob s'ennuie !
Bien loin de lui, à Haïti, Vanice et tant d'autres Noirs veulent fuir la pauvreté et les ouragans, et  rêvent de cette Amérique,  fermée aux migrants, pas facile à atteindre. Heureusement il y a des passeurs qui semblent prendre tous les risques pour ces désespérés...pour toutes les économies de ces pauvres gens, faisant aveuglément confiance à ces inconnus pour les faire débarquer clandestinement sur une plage...
Mais rien ne ressemble plus à une plage de Floride qu'une autre plage !
Les rêves de Vanice et de Bob leur permettront cependant de se croiser.
Russel Banks sait nous émouvoir, nous indigner, nous passionner avec ces paumés, ces rêveurs, ces escrocs, ces pauvres qui rêvent de cette Amérique..d'une Amérique qui au final n'est pas si belle que ça, loin de là. Il fait un portait dérangeant de cette Amérique pauvre, faisant bien peu de cas de ces paumés attirés par ce rêve américain.
Chaque paumé  américain de souche ou souhaitant le devenir, veut vivre  le sien, attiré par un miroir aux alouettes. Chacun le sien qui s'appelle fric, liberté, éducation.
Un presque pauvre américain de naissance rêvant de fric, de beaux bateaux et une pauvre migrante qui serait si heureuse d'être ne serait-ce qu'une pauvre en Amérique sont les personnages principaux de ce roman !
Plus dure sera la rencontre !
Lorsque le livre parut en 1985 Reagan venait d'être élu
Russel Banks était visionnaire. Il dira bien plus tard :  " Les réfugiés, la crise économique,  la pression sur les travailleurs du Nord avec la désindustrialisation,  l'avènement d'une finance de moins en moins sous contrôle, autant  d'orages à l'horizon. Je les ai vus se former dès le début des années  1980, tandis que j'écrivais l'histoire de Bob Dubois et de Vanise.  Aujourd'hui, ces orages sont devenus des cyclones qui balayent la terre  entière…"
Je reparlerai de Russel Banks.
Il me dérange. Quel bonheur !
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Quand je commence un roman de Russell Banks, il m'arrive de me demander ce qu'il faut attendre des quatre ou cinq cents pages à venir, tant j'ai l'impression d'avoir compris dès l'abord l'essentiel du discours qui tient du documentaire en lui empruntant sa voix un petit peu en « dehors ». Il me faut un peu d'énergie pour me convaincre de continuer à m'intéresser à la vie banale de personnes ordinaires. L'anticipation que je ne peux m'empêcher de faire sur le mode : « Tout ça ne peut pas bien finir » et les digressions fréquentes me demandent aussi un surcroît d'efforts. Et puis, par je ne sais quel miracle, je m'attache au roman et je deviens dépendante de la lecture jusqu'à me précipiter plus avant vers la catastrophe.
Ici, on a deux romans dans un: deux histoires, deux « héros » a priori complètement indépendants et l'avidité avec laquelle j'avançais dans ma lecture venait en grande partie de l'attente du croisement de leurs chemins qui, bien sûr, n'arrive qu'à la toute fin du roman. Encore devrais-je dire, pour être plus juste, que leurs chemins ne se croisent pas vraiment. C'est plus un évitement qu'un croisement. Bon, je ne vais pas vous raconter l'histoire de ces esquintés de la vie vers lesquels Russell Banks attire notre attention; je ne vais pas vous dire non plus comment il arrive à donner une dimension hyper-réaliste à ses personnages tout en nous montrant qu'il s'agit d'une fiction (un autre trait caractéristique de son écriture), je ne vais rien vous dire de plus que : Allez lire par vous-mêmes pour en faire l'expérience!
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" L'Amérique heu, l'Amérique heu, je veux l'avoir et je l'aurai " ça c'est que chantait Joe Dassin, Banks lui dirait plutôt : L'Amérique heu, l'Amérique heu, je veux l'avoir et je l'aurai dans le baba vu que ça se passe pas loin des Caraïbes je dirais au rhum en plus.

Ou comment un col bleu réparant des chaudières en Nouvelle-Angleterre décide de migrer vers le soleil de la Floride et le destin croisé d'une Haïtienne souhaitant rejoindre l'Eldorado qu'est l'Amérique vont se prendre en pleine face une succession de désillusions.

Roman torpillant les années Reagan et le leurre de la réussite facile, roman pas très drôle, tragique même et encore très actuel : les migrants, les miroirs aux alouettes proposés par la société qui ne fabriquent que frustration et envie.

Encore un très bon Banks dans lequel on retrouve la descente d'un homme Bob Dubois, qui n'est pas bien loin du Wade Whitehouse d'Affliction.
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Héritier de la tradition américaine des road novel, Continents à la dérive s'ouvre également à l'espace caribéen qui ceint la côte est des Etats Unis. En effet, le personnage de Bob Dubois représentant l'américain blanc moyen, dégoûté de sa vie casanière et laborieuse, décide de déménager en Floride accompagné de sa femme et ses trois enfants. Parallèlement Vanise une jeune haïtienne, son bébé et son neveu tentent d'immigrer au pays des hommes libres par tous les moyens. Cette réactualisation du rêve américain s'avère une véritable descente aux enfers. Russel Banks montre toute la dangerosité de l'illusion américaine avec un luxe de détails et sans aucune concession. Dans cette Amérique encore intimement raciste, les sodas et les frites de Mac Donald's ont un goût amer et les bikinis et les grosses bagnoles ne suffisent pas à cacher les montagnes de dettes.
Un véritable chef d'oeuvre du mariage de la fiction et du documentaire. Même si la position surplombante et quelque peu paternaliste de l'auteur peut en agacer certains, je vous recommande de foncer en librairie ou dans votre bibliothèque préférée pour lire ce grand roman !
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Floride, la mer, le soleil, le rêve, quoi ! Seulement ceux qui connaissent Russell Banks se doutent bien que c'est l'envers du décor qu'il nous décrit. Chapitres alternés par celui, en premier, de Bob Dubois, chauffagiste, marié, deux enfants, maîtresse, vit dans le New Hampshire, qui veut changer de vie pour être plus à l'aise financièrement. Puis on passe à Vanise, haïtienne, mère d'un bébé. Pour fuir la pauvreté, elle embarquera, avec son neveu, sur un bateau de clandestins. Pour les deux personnages principaux, ce sera loin d'être le rêve américain. Une description fouillée des situations et des êtres humains. Ce n'est pas très gai, mais lorsqu'on regarde le monde actuel de près…
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Le rêve américain raconté à travers l'histoire de deux personnages principaux: Bob Dubois, américain moyen du New Hampshire, et Vanise Dorsinville, haïtienne, pauvre parmi les pauvres.
Bob Dubois constate un jour que sa vie ne vaut rien, et décide sa famille à rejoindre son frère et son ami d'enfance en Floride ou eux ont réussi, résident dans de belles maisons et roulent dans de belles voitures, accompagnés de superbes jeunes femmes. Bob ne se croit pas plus bête que son frère et veut lui aussi faire fortune.
Vanise Dorsinville est contrainte à l'exil à cause de Claude, son jeune neveu qui a commis un vol de jambon.Pour échapper à la police et à l'injustice de cette vie de misère, ils décident de rejoindre l'Amérique, terre promise dont la légende dit que certains membres de leur famille s'y sont déjà installés.
Leurs chemins respectifs leur feront traverser l'enfer, et lorsque leurs destins se croiseront, la chute de l'un entraînera la chute de l'autre.
C'est un roman sur la désillusion, sur le risque qu'il y a à se persuader que l'herbe est plus verte ailleurs, sur le rêve américain qui semble ne plus être qu'un mythe.
Russel Banks, fidèle à lui-même, s'emploie à décrire les travers de la société américaine.
Un très bon livre, intéressant et instructif, avec cependant quelques longueurs.
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