On ne naît pas engagé, on le devient

Livre intéressant dont le titre accrocheur l'a fait (m'accrocher). Bon soyons honnêtes, Mme Barbe, malgré ce qu'elle en pense, semblait prédisposée à l'engagement.
Le sien n'est pas original dans le fond : en faveur des migrants, population dont les besoins sont évidents.
Mais la forme, par contre, l'est (originale). Ma phrase précédente pourrait se réécrire ainsi : en faveur des migrants, population dont les compétences sont mal évaluées.
Des populations éduquées réduites à apprendre l'accord avec l'auxiliaire avoir (que pas grand monde en France ne semble par ailleurs maîtriser), à livrer des repas à vélo ou autre là où des compétences de droit, médicales, commerciales existent et pourraient apporter à la société accueillante plutôt que lui coûter.
C'est le parti pris de l'association décrite dans ce livre : Singa ; changer le regard porté sur les migrants, valoriser leurs compétences plutôt que se focaliser sur leurs besoin d'aide humanitaire.
« Son histoire m'a appris que les réfugiés n'ont pas besoin de pitié. Ils peuvent avoir besoin d'aide, d'un logement, d'un emploi, mais pas de notre condescendance »
Il y a un à-côté à cette explication, un plaidoyer pour un engagement citoyen, une révolution des mentalités « par la base », anti pyramidale. Je crois pouvoir dire qu'elle ne croit pas à l'escroquerie de la théorie du ruissellement.
Son regard est critique, même sur son propre parcours, elle qui a côtoyé un moment les plus hautes sphères du pouvoir aux états unis :
« Je ne peux pas défendre le bilan d'Obama, mais je ne crois pas que ce soit sa volonté. Je ne crois plus aux hommes providentiels, même s'ils ont son histoire et ses accomplissements. Je crois à la force du collectif. Les défis sont trop grands et le monde trop connecté pour qu'une seule personne puisse en incarner les solutions »
Ce livre m'a paru sincère et en tout cas, sa lecture nous incite à réfléchir différemment, ce qui est toujours bénéfique.