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EAN : 9782130594505
192 pages
Presses Universitaires de France (25/01/2012)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Pourquoi l’irruption d’un islam visible sur le sol de la République française a-t-il provoqué une réaction de rejet qui s’amplifie de jour en jour, et comment faire pour inverser la tendance ?
Depuis plus de vingt ans, les polémiques autour de la présence visible de l’islam en France n’ont cessé de s’amplifier : foulard à l’école, port de la « burqa », mise en cause de la laïcité… La société française nourrie d’universalisme républicain ne comprend pas pourq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une argumentation claire, accessible à tous même au non initié en la matière. L'auteur défend sa position en se basant sur des textes légaux, sur des discours de sociologues et autres personnes concernées mais également en se référant à d'autres modèles sociologique tels que le modèle belge, canadien ou britannique.

Comment les inscrire dans le paysage convictionnel de la laïcité «à la française » ? Celle-ci considère généralement que la religion est une affaire strictement privée et qu'il serait souhaitable que les musulmans suivent l'exemple des catholiques ou des protestants, lesquels n'affichent pas leurs convictions religieuses en public.

La principale question abordée est la place de l'islam en France, sa pratique dérange-t-elle réellement le principe de laïcité ? D'après l'auteur il n'y a pas de doute à ce sujet et ce depuis des décennies déjà, phénomènes qui s'est accentué par la loi interdisant les signes religieux à l'école publique (sans le dire clairement il s'agit essentiellement du port du foulard) et celle interdisant de dissimuler son visage sous un voile en l'occurrence le port du niqab. Deux choses renvoyant directement à l'islam et perçu comme une menace contre l'égalité.

Mais toute l'histoire enseigne qu'on n'émancipe pas durablement les personnes, les groupes ou les peuples indépendamment de leur propre mouvement. Leur dignité, c'est de ne pas avoir besoin de bienfaiteurs qu'il faut ensuite remercier sans fin. Une liberté octroyée par qui a barre sur soi n'est pas une liberté mais une nouvelle sujétion.
Ainsi, la notion de « dignité » apparaît comme la contrepartie subjective d'une conception formelle de l'égalité et de la liberté qui s'imposerait du haut vers le bas.

Evidemment il ne s'agit pas là de donner mon opinion sur le sujet, mais d'en donner une sur la lecture de cet essai, sur l'analyse d'un rejet qui ne fait que s'accroître. On parle d'intégration alors même que le politique fait son possible pour tenter d'effacer les différentes origines et confessions d'un peuple pour façonner une seule et même culture commune à tous.

L'intégration dont tout le monde nous rebat les oreilles est un processus à double mouvement, où chaque partie « accepte que [sa] culture soit transformée à plus ou moins long terme par le jeu des interactions ». Il faudra pour cela s'émanciper du carcan de la pensée radicale française. Sans quoi la révolte des banlieues de 2005 pourrait bien n'avoir été que le hors-d'oeuvre d'un plat de résistance à venir

Les positions se radicalisent en France, des positions basées pour l'essentiel sur l'inconnu et l'incertitude face à quelque chose que l'on ne connait pas, pourtant nombre de personnages religieux tentent de faire le lien entre les différentes confessions afin que chacun connaisse et reconnaisse l'autre. Alors pourquoi les réponses politiques apportées divergent tant ? Pourquoi est-il nécessaire d'effacer les minorités et de les fondre dans la majorité ? Pourquoi effacer le multiculturalisme qui a construit la France ? La seule réponse qui nous est donnée est la défense de la laïcité.

Contrairement à ce que sont devenues les religions chrétiennes, l'islam est resté dans sa pratique majoritaire une orthopraxie, c'est-à-dire une religion communautaire mettant l'accent sur des rites et des pratiques socialement partagés, à travers lesquels les croyants se relient entre eux et font communauté.

L'auteur nous démontre que ce n'est pas tant la religion elle –même qui s'affiche que la culture d'origine mais la France souhaite une intégration immédiate et l'effacement de tout signe extérieur.

Parmi ceux qui affirment une identité musulmane, tous n'entendent pas se conformer à nos « normes et valeurs ». Et le même mécanisme (la colonisation) se reproduit : nous leur demandons, avec plus ou moins de fermeté, de s'y plier du moins en public, persuadés que celles-ci sont l'étalon des valeurs universelles et que c'est donc « pour leur bien ».

L'arrivée de l'Islam en France et son installation ne s'est jamais réellement bien déroulée. Cet essai apporte quelques éléments de réflexion, bien construit et abordant des thèmes variés.

Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Habituellement je lis peu de ce genre d'ouvrage et je n'en ai jamais fait la « critique ». Je me suis retrouvée un peu désoeuvrée : comment parler de cet essai sans donner un avis à certaines questions politiques ? Sans évoquer certaines de mes convictions, de mes opinions, qui, à mes yeux, relèvent de l'intime et n'ont rien à faire sur le Net ? Je vais tenter de vous livrer un avis en respectant un certain devoir de réserve, j'espère y parvenir.

Le livre de monsieur Goldman est beaucoup plus digeste que je ne le redoutais, son accès n'est pas ardu et je n'ai pas eu de difficultés à suivre. Cette clarté, surtout lorsque l'on aborde certains domaines, est appréciable. Les propos tenus dans cet ouvrage m'ont vraiment intéressés et comme je l'espérais, les références à d'autres modèles -belge, britannique...- sont très enrichissant. Bien entendu, le rejet français de l'islam n'est pas un livre neutre et au fil des pages la position de l'auteur reste visible mais cette caractéristique ne m'a pas vraiment gênée car les arguments et les références sont bien emmenées. Bref, la forme est claire, accessible et l'ouvrage est bien construit.

Concernant le fond même de l'ouvrage j'ai trouvé passionnant d'avoir à faire à un discours qui n'a pas été assez visible lors des débats sur la laïcité. de manière personnelle je reste persuadée que peu importe les opinions que l'on peut avoir sur le sujet, sur n'importe quel sujet d'ailleurs, il est toujours bon de lire le plus de points de vu possibles sur ce dernier. le rejet de l'islam en France pose de vraies questions et peut réellement enrichir le débat et notre réflexion. C'est un livre utile.


Je tiens à remercier le site Babelio et les Éditions Universitaires de France pour cette découverte. Je tiens aussi à préciser pour les lecteurs de ce blog qui s'inquiéteraient que si j'ai effectivement reçu gracieusement cet ouvrage, mon opinion est franche. Si je n'avais pas trouvé cette lecture intéressante, je n'aurais pas hésité une seconde à le dire haut et fort. Je préférerai toujours renoncer à la possibilité d'obtenir quelques bouquins gratuitement plutôt qu'à ma liberté de parole ou d'opinion.


Lien : http://altervorace.canalblog..
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Un livre en plein dans l'actualité de la campagne électorale !

Henri Goldman offre un regard étranger (de Belgique) sur les différentes affaires (foulard à l'école, niqab, abattoirs hallal) qui ont traversé la société française ces dernières années.

Grâce à des comparaisons avec d'autres pays, notamment la Belgique et le Canada, il montre que les réponses politiques apportées en France, au nom de la laïcité, ne sont pas forcément les seules possibles et qu'elles ne garantissent pas toujours un traitement égal des différentes confessions.

Face à la radicalisation des positions, l'ouvrage d'Henri Goldman permet de s'interroger sur cette nouvelle forme de racisme et sur les moyens de repenser la lutte contre les discriminations.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comment les inscrire dans le paysage convictionnel de la laïcité «à la française » ? Celle-ci considère généralement que la religion est une affaire strictement privée et qu'il serait souhaitable que les musulmans suivent l'exemple des catholiques ou des protestants, lesquels n'affichent pas leurs convictions religieuses en public.
Ce souhait, qui semble très largement partagé dans l'opinion française, se heurte à trois objections de taille.
1- Cette obligation de faire refluer la religion vers l'espace privé ne peut être déduite d'aucune prescription du droit international des droits de l'Homme. Ainsi, l'article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme (CEDH) stipule, dans son premier alinéa, que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites ». Le second alinéa de cet article fixe les conditions auxquelles cette liberté peut être restreinte : «La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui.» Ainsi, selon la CEDH - qui appartient, au même titre que toutes les conventions internationales, au rang le plus élevé dans la hiérarchie des normes -, la manifestation publique d'une religion peut être effectivement restreinte, mais sûrement pas au nom du principe général vague que «la religion est une affaire privée qui doit le rester ».

2- Seule une grande myopie permet d'affirmer que les religions chrétiennes ne s'affichent pas en public. L'espace des villes et des villages d'Europe est structuré par la présence des églises. Le temps européen est rythmé par les fêtes chrétiennes et le folklore européen est truffé de références à la religion historique qui imprègne tout le champ sémantique de manière à ce point «naturelle» qu'on ne s'en rend même plus compte... sauf quand on est soi-même issu de l'immigration.

3- Contrairement à ce que sont devenues les religions chrétiennes, l'islam est resté dans sa pratique majoritaire une orthopraxie, c'est-à-dire une religion communautaire mettant l'accent sur des rites et des pratiques socialement partagés, à travers lesquels les croyants se relient entre eux et font communauté.
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L'ajustement concerté constitue la « version citoyenne » de l'accommodement raisonnable, puisqu'il se règle par la négociation et la recherche de compromis entre les parties hors de tout recours à la Justice. Leur point commun, c'est de s'appuyer sur la conception québécoise de l'interculturalisme dont le rapport propose une définition en onze Points.

J'en retiens ici trois, qui indiquent bien que la démarche proposée a pour horizon l'inclusion sociale et non le développement séparé, mais dans le respect de la dignité des personnes concernées dont les bagages identitaires propres méritent d'être appréciés sans préjugés.

- «Les membres du groupe ethnoculturel majoritaire (en l'occurrence, les Québécois d'origine canadienne-française), tout comme les membres des minorités ethnoculturelles, acceptent que leur culture soit transformée à plus ou moins long terme par le jeu des interactions.»
- «Les différences culturelles (et en particulier religieuses) n'ont pas à être refoulées dans le domaine privé. La logique qui sous-tend ce choix est la suivante : il est plus sain d'afficher ses différences et d'apprivoiser celles de l'Autre que de les occulter ou de les marginaliser.»
- « Pour les citoyens qui le désirent, il est bon que survivent les appartenances premières, car les groupes ethniques d'origine remplissent souvent un rôle de médiation entre leurs membres et l'ensemble de la société. On retrouve là un phénomène général: sauf exception, chaque citoyen s'intègre à la société par l’intermédiaire d’un milieu ou d’une institution qui agit en tant que relais (famille, profession, groupe communautaire, Eglise, association…) »
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La dignité, c’est de pouvoir évoluer à son rythme, d’agencer ses priorités, de découvrir par soi-même au fil des essais et des erreurs, des fidélités et des ruptures, comment être l’artisan de sa propre vie. Ce chemin n’es pas rectiligne et les détours, qui peuvent apparaître quelquefois comme des régressions, sont nombreux. Mais toute l’histoire enseigne qu’on n’émancipe pas durablement les personnes, les groupes ou les peuples indépendamment de leur propre mouvement. Leur dignité, c’est de ne pas avoir besoin de bienfaiteurs qu’il faut ensuite remercier sans fin. Une liberté octroyée par qui a barre sur soi n’est pas une liberté mais une nouvelle sujétion.
Ainsi, la notion de « dignité » apparaît comme la contrepartie subjective d’une conception formelle de l’égalité et de la liberté qui s’imposerait du haut vers le bas.
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Pour la première fois depuis quelques générations, l’incertitude quant à l’avenir est telle que chacun sent confusément que demain sera pire qu’aujourd’hui. Dans un tel contexte, le maître mot est : sécurité.
L’insécurité peur s’éprouver dans différents domaines, outre ceux qui relèvent strictement de l’intime. Insécurité sociale : peur de perdre son emploi. Insécurité économique : peur de ne plus pouvoir « joindre les deux bouts ». Et cette insécurité indéfinissable qu’on appellera l’insécurité symbolique : peur de « ne plus se sentir chez soi ».
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Je fais partie de ceux qui trouvent des vertus à la culture du « compromis à la belge », notamment parce qu’elle exige à tout moment de se décentrer pour se mettre « à la place de l’autre ». Cette qualité est primordiale pour réussir l’intégration réciproque des diverses populations qui composent la société sans pratiquer l’injonction autoritaire ou le despotisme éclairé
[…]
De son côté, la France pratique la « pensée radicale ». C’est la plus claire, la moins ambiguë, la plus efficace quand il s’agit de trancher dans le vif. Mais cette pensée, peu flexible, se retrouve en porte-à-faux quand un élément imprévu intervient.
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Video de Henri Goldman (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Goldman
Henri Goldman commente l'émission 'Questions à la Une' sur l'islam en Belgique dans "TIJJINI Talk' sur Maghreb TV, la télévision Euro-maghrébine.
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