Je suis une inconditionnelle de
Leigh Bardugo et de son Grishaverse. J'ai lu et adoré chaque des tomes composant les trois sagas de cet univers et donc quand j'ai appris qu'elle relevait le défi de sortir du Young Adult pour proposer un roman à destination des adultes, j'ai eu très envie de le découvrir. J'ai embarqué l'amie Saiwhisper dans l'aventure, qui avait elle aussi aimé le Grishaverse, mais force est de constater que nous avons toutes les deux vite déchanté...
Je le dis et le répète ici en préambule avant d'aborder tout ce que je n'ai pas aimé dans cette lecture... J'aime beaucoup la plume de
Leigh Bardugo que je trouve simple et poétique à la fois, avec une maturité et une noirceur qui résonnent en moi. Ce n'est donc aucunement ce que je remets en cause ici, je pensais d'ailleurs dans les premières pages retrouver le même plaisir que celui ressenti lors de ma lecture de King of Scars qui démarrait tout aussi lentement, mais ce ne fut jamais le cas malheureusement car trop de points négatifs sont venus nuire à ma lecture.
Avec La Neuvième Maison, l'autrice ou du moins ses éditeurs vo et vf disent qu'elle cherche désormais à viser un public adulte différent donc de celui pour lequel elle avait écrit le Grishaverse, laissez-moi être plus que sceptique. Je n'ai pas eu le sentiment, du tout, de lire ici un roman "pour adultes". Malgré sa noirceur et son contenu à ne pas mettre entre toutes les mains (violence, sexe, drogue, violence sexuelle, langage grossier, descriptions explicites de blessures), il reste pour moi totalement dans la veine d'autres titres et séries TV à destination des adolescents et des jeunes adultes. Bref, ça reste du Y.A. Première déception.
En voyant que l'histoire se déroulait sur un campus comme celui de Yale et que l'autrice allait traiter des sociétés secrètes de celle-ci sous un angle fantastique, j'étais ravie. C'est d'ailleurs le gros point fort du titre car elle a su développer un univers complexe, sombre, intrigant, régi par de multiples règles avec une vraie histoire ou plutôt mythologie. C'est vraiment top. le hic ? C'est qu'ensuite toutes les aventures qui tournent autour de ce parti pris ont déjà été vues et revues aussi bien dans des sagas de Fantasy urbaine (ou bit-lit) plus anciennes - coucou Charley Davidson et autres Buffy ;) - que dans des séries télés pour ado - n'est-ce pas Veronica Mars ? -. du coup, forcément c'est très vite tombé à plat pour moi et plusieurs éléments qui auraient dû être des surprises ou des temps forts ne le furent pas. Si vous n'avez jamais lu, ou presque pas de Fantasy urbaine, vous pourrez peut-être trouver chouette les pouvoirs de l'héroïne qui peut communiquer avec les fantômes. Vous trouverez peut-être sa double quête de vérité sur le meurtre d'une étudiante et sur la disparition de son mentor intéressante. Mais pour quelqu'un qui aime la Fantasy urbaine, comme moi (et encore je suis loin d'être une spécialiste), il n'y a vraiment rien de révolutionnaire contrairement à ce qui était annoncé...
C'est vraiment dommage parce que j'ai trouvé très intéressant d'évoquer, sous un prisme fantastique qui plus est, les dérives des sociétés universitaires avec notamment la question des violences faites aux femmes qui sont souvent passées sous silence. C'était vraiment central ici et il faut dénoncer ce genre de choses. Mais l'autrice insiste tellement qu'elle en fait peut-être un peu trop. L'héroïne et ses amis ne croisent pas un type qui ne soit pas un gros dégueulasse. J'exagère à peine...
Pour ne rien arranger, il y a un vrai problème de rythme dans le récit. Celui-ci ne décolle jamais. Tout est plat, long, lent, avec presque pas d'action et même celle-ci n'emballe pas vraiment le lecteur. Tout est censé s'accélérer dans les 50 dernières pages mais on le ressent à peine tant on est englués dans la mélasse ambiante du récit et de l'ambiance. C'est très très mou et pas du tout vivant.
Cette absence de vie se ressent également dans les personnages qui ne tissent pas vraiment de relations entre eux. Ils vivent leur vie, se rejoignent parfois lorsque l'aventure le rend nécessaire, mais rien ne les lie vraiment en profondeur. D'ailleurs, il n'y a aucun humour dans ce titre et quand l'autrice s'y essaie c'est juste sombre et glauque. Cela m'a vraiment gênée et empêchée de ressentir un véritable attachement aux personnages. Pourtant, celui d'Alex aurait pu être intéressant avec toutes les merdes qu'elle a vécu. D'ailleurs le récit de son passé est l'un des rares moments à m'avoir vraiment passionnée. J'ai également été intéressée par le lien qu'elle semble entretenir avec son mentor mais comme on ne nous sert que des bribes à droite à gauche là-dessus, il est très dur de se prononcer.
Cela m'amène à un autre point gênant : la narration. L'autrice joue sur les temporalités. Un coup, c'est Alex qui nous narre son enquête dans le présent, un coup c'est Darlington, son mentor, qui fait le récit de leur rencontre et premiers temps ensemble dans le passé. Cela aurait pu être sympa, sauf que l'on passe de l'un à l'autre sans trop prévenir et sans que cela fasse sens parfois. Alors autant, j'ai aimé ce choix pour apprendre à connaitre l'un et l'autre, autant du point de vue du récit, cela l'a plutôt desservi...
On pourrait croire en me lisant que j'ai vraiment passé un mauvais moment, cela n'a pas été jusque là. C'est juste qu'adorant l'autrice avec son Grishaverse, je m'attendais à ressentir les mêmes émotions fortes et vives, la même noirceur qui prend aux tripes, la même envie de suivre vaille que vaille les héros, juste dans une aventure plus mature, et ce ne fut pas le cas. Il ne suffit pas pour moi de parler de viol et de violence pour faire d'un texte un texte pour adulte, il faut plus que ça, une maturité de ton et de style qui est absente ici.
Mais je vais quand même conclure par ce que j'ai trouvé de positif dans le premier tome de cette duologie. J'ai tout d'abord adoré partagé mes impressions avec Saiwhisper qui m'a aidée à mettre le doigts sur pas mal de choses. J'ai ensuite apprécié de plonger dans de la Fantasy urbaine, même si j'ai déjà lu mieux dans le genre. le cadre de Yale et des sociétés secrètes est très intéressant et prometteurs. On navigue vraiment dans tout le campus et on se frotte à toutes sortes de magies. Les toutes dernières pages ont le mérite d'essayer de nous surprendre et je n'ai pas vu arriver une certaine révélation. Ayant été quand même plutôt séduite par le personnage de gentleman de Darlington et me demandant ce qu'il en est vraiment de sa relation avec Alex, je poursuivrai probablement avec le tome 2, mais peut-être pas dans la belle et onéreuse édition vf de
De Saxus, qui elle, par contre, m'a vraiment séduite par sa qualité.
Bilan : Je préfère largement me tenir au Grishaverse et je ne pense pas que
Leigh Bardugo devrait se lancer dans la Fantasy urbaine >
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