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Nadine Bari (Autre)
EAN : 9782350451176
124 pages
Editions Ganndal (24/04/2021)
5/5   2 notes
Résumé :
Tahoui galère à Monnèta et finit par tenter "l'aventure". Une première expérience l'amène chez un oncle en Gambie. Il s'y débrouille pas mal, mais le rêve de la réussite facile en Europe est trop fort. il repart à travers l'Afrique vers la Lybie où le voyage aurait pu se terminer tragiquement. La chance aidant, il poursuit son périple jusqu'à Lampedusa, porte du rêve, et Paris .Il y découvre la solidarité et la misère et ne retrouve pas grand chose de son rêve hormi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'Afrique est un continent où la jeunesse représente une grande partie de la population. Ce sont des jeunes qui ont des projets, des rêves pour leur futur: travailler, fonder une famille, adoucir la vieillesse de leurs parents. Certains ont fait de grandes études. D'autres sont sortis très tôt du système scolaire, souvent, pour des raisons financières. La débrouillardise est leur quotidien. Ce qui leur permet de survivre et de se nourrir à coup de lance-pierres. Tahoui est l'un de ces jeunes. Il se rend bien compte des limites de ses rêves dans un pays dévoré par la corruption et le communautarisme. Alors, son regard se tourne vers l'eldorado qu'est l'Europe. Il a vu à la télévision ces pays qui montrent une richesse insolente pour un jeune homme pauvre comme lui.

Son parcours sera celui de tout candidat au voyage. Son credo sera de toujours avancer sans perdre son but des yeux, malgré tout ce qu'il subira en cours de route. L'auteur est très sensibilisé à la vie de ces jeunes rêveurs. Il les a côtoyés, au sein d'une association (OIM) lors de leur retour au pays. A travers des mots durs, il démontre bien les violences subies, la bassesse humaine. de ce monde issu de l'enfer de Dante, il y a quelques étoiles filantes. Des hommes au coeur pur qui aident sans rien demander en échange. L'obstination de ces jeunes à atteindre l'Europe est très bien décrite ainsi que la désillusion une fois l'eldorado atteint.

Le périple de Tahoui pour aller en Europe est celui de tous ces jeunes qui meurent en Méditerranée ou dans le désert. L'auteur décrit sans fioritures les différentes étapes, ainsi que la courte période où la personne regrette profondément d'avoir pris la route de l'enfer. Même si le voyage se passe très mal pour ces rêveurs, ceux qui rentrent chez eux de gré ou de force, sont pris en charge par une association qui les aide moralement, physiquement. Cette association accompagne ces naufragés de l'eldorado afin qu'ils puissent s'installer et créer de petites entreprises dans leur pays. C'est un roman qu'il est important de faire lire à tous les jeunes des collèges et des lycées afin de les dissuader de se lancer dans l'aventure ou de dissuader leurs amis et connaissances. C'est un très beau roman.
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Ce qui inspire le plus dans le récit de Tahoui, c'est surtout son abnégation malgré les obstacles à se tirer de la misère d'Ifriki, nom imaginaire que Bamane donne au pays qu'il peint avec une grande perspicacité. Mais on comprend cela car Ifriki (Afrique) connait d'énormes soubresauts qui sévissent d'ailleurs un peu partout dans le continent comme le chômage, la misère, exploitation, manque de perspective, corruption endémique etc.
Dans sa longue et pénible pérégrination, le jeune Tahoui rencontre moult difficultés en cours de route et surtout en Libye où il sera emprisonné avec Souleymane, son compagnon d'infortune. Malgré la mort brutale de ce dernier en mer, Tahoui réussit grâce à la bénédiction des anciens à atteindre l'autre rive de la Méditerranée. de l'Italie, son pays d'accueil, il part en France dans l'optique de s'établir définitivement. Malheureusement, ne remplissant pas les formalités, il sera expulsé vers son pays d'origine. Au retour, il bénéficie l'aide de la part de l'OIM pour ouvrir son affaire.
Le style de l'écriture de l'auteur est simple. Il ne cherche pas à impressionner le lecteur par effets rutilants et des figures de style spectaculaires. Les phrases sont concises et vont directement à l'essentiel. La construction syntaxique reste accessible : sujet, verbe et complément. On peut en effet établir un trait de ressemblance stylistique avec " l'Enfant noir " de CAMARA Laye.
C'est l'un des plus beaux romans publiés en Afrique ces dernières années. Merci à l'auteur pour ce chef-d'oeuvre de la littérature guinéenne et africaine en général.
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Les lumières de Lampedusa analyse les raisons des départs à travers la vie de Tahoui, un jeune dont le rêve se limite, au début du roman, à vivre décemment auprès de sa mère. Mais, dans un premier temps, la précarité l'amène à tenter l'aventure dans un pays voisin, puis le rêve de l'Europe prend forme et c'est l'aventure sans garde-fou qui commence. Aventure qui une fois entamée ne peut aller que jusqu'à son terme, Paris.
Il s'en suivra une désillusion quand les portes se referment pour laisser s'installer l'idée d'un retour amer. Mais la lucidité l'emporte finalement dans la décision de rester et de tenter sa chance sur place.
le personnage de la mère est important en tant qu'image symbolique. C'est en partie le rêve de satisfaire les besoins supposés de la mère, qui motive après coup le départ. Mais elle-même n'a jamais suggéré qu'il parte.
À son retour, quand Tahoui voit à quel point sa mère a été minée par le chagrin, il comprend la vanité de l'entreprise et la nécessité de lutter sur place. La dotation qu'il reçoit lui permet de ne pas ré-sombrer et de militer contre le mythe de l'Eldorado européen.
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Les lumières de Lampedusa traite avec réalisme l'un des problèmes les plus marquants de l'histoire de l'Afrique contemporaine. Tahoui le personnage central est le prototype d'un jeune de notre voisinage immédiat qui a une fois tenté l'immigration. Qui d'entre nous n'a pas parmi ses proches un Tahoui ? Un jeune qu'on croirait écervelé, prêt à tout pour gagner l'Eldorado européen.
Cette oeuvre est d'une grande portée littéraire, mais surtout sociale.
Elle inaugure en effet en Guinée et en Afrique Occidentale, frappée par la crise migratoire, l'un de ce qui pourrait être, un des thèmes majeurs de ce début du 21e siècle sur le continent noir.
Et sa portée sociale est remarquable car elle attire l'attention des dirigeants et des parents sur leur responsabilité à trouver de solides solutions au drame quotidien que vit la jeunesse africaine : chômage et sous-emploi qui conduisent à la traversée douloureuse de la Méditerranée.
La place de ce roman est donc de portée mondiale, dans ce sens où la question migratoire est devenue une problématique internationale.
C'est un très beau livre à lire et à faire surtout lire aux candidats à l'émigration clandestine pour mieux les sensibiliser sur les péripéties de cette aventure suicidaire.
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Ce roman évoque l'histoire, Oui de Tahoui un des nombreux jeunes du continent à la gâchette difficile. Contrairement à Souleymane, son compagnon d'infortune mort noyé dans les eaux de Libye, lui, poursuivra son aventure jusqu'à son terme avant d'être expulsé dans son pays.
Les lumières de Lampedusa est un roman sociologique qui décrit les conditions misérables de la vie des jeunes africains et leur rêve de rejoindre l'Europe même au prix de leurs âmes. C'est un roman d'actualité dont il faut encourager la lecture à cause de la pertinence du thème. C'est un merveilleux et alléchant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C'était le cauchemar d'antan qui recommençait pour lui. Tant d'années de souffrances, il n'y avait plus rien à espérer de ce monde où la misère régnait en maître absolu pensait-il. Cette misère qui, comme une industrie lourde, déverse ses déchets toxiques sur le peuple. Beaucoup de personnes dans cette ville étaient devenues oisives et vivaient de calomnie, d'escroquerie, de larbinisme. Ils faisaient et defaisaient des dictateurs, gagnaient et perdaient des conflits, pourfendaient l'Occident dans des bars-cafés. Ils étaient devenus de grands analystes politiques.
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En prison, Tahoui ne dormait pas bien. Tout le temps, il était emmerdé par le commandant qui lui avait même craché un jour au visage.
Il maigrissait à vue d'œil et avait même l'apparence de clochard. Après cinq mois passés en prison, Tahoui et Souleymane furent libérés. À leur sortie,ils étaient devenus des loques humaines.
Ils retournèrent au foyer où Cousin les avait accueillis. Malgré toutes les peines encourues, leur volonté de rejoindre l'Europe n'avait pas faibli.
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Au Poison Plus, la vertu était une denrée rare. Une asphyxiante fumée de chanvre indien se dégageait de toutes parts et chatouillait les narines des arrivants. À l'intérieur, les clients, toujours survoltés, se cuvaient d'alcool dans une insouciance totale. Des filles, presque nues, se déhanchaient de façon impudique au milieu de mâle en rut. Tout mouvement langoureux de leur corps de diablesses donnait une virilité d'âne à un centenaire.
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Au chantier, le patron chinois était tout puissant, il faisait la pluie et le beau temps. Il fallait accepter tous ses caprices, ses cris, ses taloches sur la tête, ses coups de pieds aux fesses à la moindre erreur commise dans le travail. Ceux qui refusaient ses sautes d'humeur devaient quitter le chantier. Nul n'aime et ne supporte l'humiliation, mais la contrainte oblige l'homme à se résigner. Misère et dignité ne font pas bon ménage.
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Tahoui, qui ronflait encore, fut réveillé par une voix humaine. Il sursauta. Il avait en face de lui, un viellard chenu, à la barbe blanche, aux gestes secs et au regard perçant. Mais derrière ce regard, Tahoui ne ressentit aucune animosité, mais plutôt de la sympathie, de la compassion. D'ailleurs, ce vieillard lui sourit, révélant des dents noircies par le tabac et lui parla dans une langue qu'il ne comprenait pas.
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