...certains d’entre nous atteignent un point dans la vie ou ils se rendent compte que rien n’a d’importance. Que rien n’a plus la moindre foutue importance. Et un des rares avantages en est qu’on se doute bien qu’on ne va pas aller en enfer pour avoir mis des mauvaises réponses dans les cases. Parce qu’on a déjà connu l’enfer et on ne sait que trop bien comment c’est. (p91)
Certaines personnes, avançant en âge, décident de vivre au bord de la mer. Elles contemplent le flux et le reflux des marées, l'écume sur la plage, plus loin les brisants, et peut-être, au-delà de tout cela, perçoivent-elles les vagues océaniques du temps, et trouvent-elles, dans cette immensité suggérée, quelque consolation pour leur propre petite vie et leur mort prochaine.
La peur panique mène certains à Dieu, d'autres au désespoir, certains à l'oubli des émotions, d'autres à une vie où ils espèrent que rien ne les troublera plus jamais. (p100)
Ce dont il n'avait pas parlé - ou pas pu parler - à Joan, c'était de sa terrifiante découverte que l'amour, par quelque processus implacable, presque chimique, pouvait se muer en pitié et en colère.
Les choses ne sont pas ce qu’elles ont l’air d’être, Paul. C’est à peu près la seule leçon que je puisse te transmettre.
Dans quelque roman lu plus tard, il avait remarqué cette phrase : « Il tomba amoureux comme on se suicide ». Ce n’était pas tout à fait ça, mais il y avait cette impression de ne pas avoir le choix. Il ne pouvait pas vivre avec Susan ; il ne pouvait pas se construire une vie séparée, loin d’elle ; par conséquent, il retournait vivre avec elle. Courage ou lâcheté ? Ou simple inévitabilité ?
C’est une des choses qu’on peut dire sur la vie. Nous cherchons tous un lieu sûr. Et, si on n’en trouve pas, on doit apprendre à passer le temps.
Le matelas sur le plancher est devenu un lit à deux places, dans lequel on dormait ensemble nuit après nuit, et où certaines de mes notions cinématographiques sur l'amour et le sexe durent être ajustées. Par exemple, l'idée d'amants s'endormant bienheureusement dans les bras l'un de l'autre dut se réduire à la réalité d'une amante s'assoupissant sur la moitié du corps de son partenaire, et celui-ci, après avoir longuement souffert de crampes et de circulation sanguine interrompue, se dégageant en douceur en tâchant de ne pas la réveiller. J'ai aussi découvert que ce n'étaient pas seulement les hommes qui ronflaient. (p. 141-142)
"Est-ce que votre mari joue aussi [au tennis] ?
- Mon mari ? Mr E.P. ?" Elle rit. "Non. Lui c'est le golf. Je trouve qu'il n'est vraiment pas fair-play de frapper une balle immobile. N'êtes-vous pas d'accord ?"(p. 24)
Le remède au sexe est le mariage ; le remède à l’amour est le mariage ; le remède à l’infidélité est le divorce ; le remède à la détresse est le travail ; le remède à l’extrême détresse est la boisson ; le remède à la mort est une frêle croyance en l’au-delà.