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sur 680 notes
Julian Barnes est un des plus grands romanciers britanniques. Fils de deux professeurs de français, il est l'un des « ponts » entre les deux cultures – notamment a travers un superbe recueil de nouvelles, Cross Channel, en français Quelque chose à déclarer (2004). C'est un des meilleurs spécialistes de Flaubert, qui est sans doute pour quelque chose dans son talent de romancier. de plus, il a trouvé en Jean Pierre Aoustin un traducteur de grand talent.

Continuant son exploration de la vieillesse, Barnes, qui a 65 ans, nous raconte l'histoire d'un intellectuel anglais « moyen », jeune retraité, très conscient de sa médiocrité. Quelques mois après sa retraite, il reçoit un modeste et incompréhensible legs, de la mère de Veronica, l'une de ses « ex ». Il va tenter de comprendre, nous aussi, mais en bon scénariste, l'auteur ne dévoile le ressort dramatique de cette histoire que dans les dernières feuilles.

Barnes est un peintre des situations, n'ayant pas son pareil pour caractériser en quelques lignes, l'atmosphère d'une classe de terminale, d'un week-end dans la banlieue bourgeoise de Londres, ou d'un groupe de thérapie.

Un petit chef d'oeuvre, qui vous poussera a découvrir le reste de son oeuvre.
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"Nous vivons dans le temps - il nous tient et nous façonne - mais je n'ai jamais eu l'impression de bien le comprendre". C'est une des premières phrases du roman de Julian Barnes "Une fille, qui danse", elle en donne le thème central : Tony Webster, le narrateur, sexagénaire à la retraite, va être confronté aux failles de sa mémoire et au surgissement du passé sous une forme inattendue. Nous n'apprendrons qu'à la toute fin du livre ce que le temps lui avait dissimulé, et le prix qu'il y a à payer pour n'avoir pas compris ce qu'il fallait comprendre.
"Une fille, qui danse" est un roman ambitieux, une sorte de conte moral, mais qui, à mon avis, n'est pas tout-à-fait à la hauteur de cette ambition. J'ai trouvé que cette histoire manquait de vraisemblance et que certains éléments de l'intrigue étaient un peu trop façonnés à dessein, et façon trop évidente, pour que "cela" fonctionne (ainsi l'entêtement de Veronica à ne rien révéler, le déroulement invraisemblable de "l'enquête" de Tony, etc.). Les maîtres de Barnes, Flaubert ou Maupassant, me semblaient beaucoup plus habiles pour dérouler une intrigue ! Au final la "démonstration" de Barnes au sujet des imperfections de la mémoire ne m'a pas paru très convaincante.
Il reste que le roman a tout de même un charme certain, dans l'évocation de la jeunesse de Tony notamment mais aussi dans l'éternel questionnement de ce vieux jeune homme qu'est le narrateur. La lecture de ce livre a été pour moi aussi l'occasion d'interroger mon passé et de constater que le temps, sans pitié, en arrache maints lambeaux.
Une dernière chose : bravo à l'éditeur français du livre pour ce titre magnifique !
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Jeune étudiant, Tony et deux de ses amis font l'apprentissage des premières amours et pour Tony, c'est Véronica, une jeune fille d'un milieu social supérieur et qui n'accepte pas de relations intimes, le maintenant à distance, un brin manipulatrice. Les trois amis accueillent Adrian, plus intellectuel, plus mature, très brillant mais peut-être plus ombrageux. Après sa rupture avec Véronica, Tony apprend que celle-ci est devenue la petite amie d'Adrian, provoquant une douleur qui lui fera écrire une lettre cruelle à Adrian. Quarante ans ont passé, Tony, retraité reçoit un héritage particulier, une somme d'argent ainsi qu'une correspondance où il apprend le suicide d'Adrian alors âgé de 22 ans, évènements qui vont le replonger dans son passé et surtout dans les souvenirs qu'il a construit et qui vont peut-être s'écrouler.

Avec Une fille, qui danse, Julian Barnes revisite les souvenirs et la façon dont chacun interprète les événements, les déforme pour éviter souffrance ou introspection qui serait trop douloureuse. le courrier reçu quarante ans après - une vie - va agir comme détonateur et le transposer dans ses relations passées et surtout le confronter, en négatif, à sa propre vie, revisiter ses choix de l'époque et peut être lui faire toucher du doigt une certaine vacuité de sa vie, ses échecs, ses renoncements...Une introspection douloureuse le poussant à se souvenir, à interroger sa mémoire,
J'ai aimé ce roman, fait de réflexions sur le passé et les souvenirs que l'on arrange pour que les situations de souffrance se transforment en souvenirs apaisés. J'ai apprécié son style fluide, sa facilité à dépeindre les sentiments les impressions fugaces......Le seul bémol de taille est que je n'ai pas vraiment compris le fin mot de l'histoire, j'ai trouvé dommage qu'un récit que se veut une enquête n'aboutisse qu'à une vérité elliptique et trop ouverte à mon goût.
Au final, une lecture sensible qui me réconcilie avec Julian Barnes , ma première expérience ayant été quelque peu décevante, j'avais trouvé son roman Arthur et George un peu ennuyeux car trop circonstancié.
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Roman sur la mémoire défaillante et le sens de l'Histoire, "Une fille, qui danse" est une oeuvre subtile et toute en retenue.
L'auteur nous apporte un message fort : il ne faut pas toujours croire, nous lecteur, ce que vous raconte le narrateur, même si celui-ci est de bonne foi. Relativisant le dogme de véracité de l'écrit, l'auteur nous rappelle que notre mémoire individuelle est fragile et caractérisée par la reconstruction plus ou moins consciente, qui nous permet d'avancer et de vivre tout simplement.
D'une construction narrative aboutie alternant une partie sur l'histoire des protagonistes telle que le personnage principal s'en souvient quarante ans après et une seconde partie teintée de "déconstruction" où le narrateur se fait le détective de son propre passé.
Il n'aimera pas ce qu'il trouvera....
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Ça fait quand on s'aperçoit que l'on avait tout faux ? A 20 ans, on ravale sa fierté et on fait comme si de rien n'était, à 40, on peut encore corriger le tir, et à 60 ?

Avec ce roman, Julian Barnes transcende son écriture. On ressent les années d'expérience, le lâcher prise. Quel brio ! Quel talent ! Profond, fluide, simple en apparence mais pas un mot n'est de trop.

Le temps et la mémoire sont centraux. Marionnettistes diaboliques qui se jouent de notre esprit et qui trahit, forme, modèle notre (in)conscience. Les regrets, les remords, les bilans, les « et si et si et si ». Les Paris en bouteille. L'Histoire est-elle façonnée ou relatée ? Et qu'en est-il de notre propre histoire ?

Si l'écriture m'a épatée, je suis davantage sceptique sur la fin, peu crédible à mon sens. Ce n'est pas grave, Une fille, qui danse est un roman tout simplement magistral.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Ca fait très très longtemps que j'avais envie de lire cet auteur. C'est fait !

C'est l'histoire d'un homme de soixante ans qui reçoit un testament troublant et peu compréhensible. Il provient de la mère d'une ancienne petite amie. Evidemment, cet événement va le faire replonger dans son passé, ses années de lycéen. le narrateur est un homme moyen, sans grand intérêt, qui ne comprend pas (et qui n'a jamais compris) grand-chose à ce qui lui arrive.

Réflexion sur la mémoire, "…le cerveau vous jette des bribes de souvenirs de temps en temps…", sur le suicide, sur les malentendus entre les gens, les incompréhensions, la culpabilité… La force de ce roman ne réside pas dans l'histoire mais dans la façon dont elle est racontée.

La première page du livre est déjà jubilatoire. L'auteur énumère des "je me souviens" (comme Perec) qui apparaissent totalement hermétiques au lecteur mais qu'il va retrouver avec un petit sourire complice au coin des lèvres, au fil du roman.

Voilà un roman mené de main de maître par un auteur qui s'adresse souvent à son lecteur, qui l'hypnotise et le ferre comme un brochet.

Il y a un ton chez Julian Barnes ! Un peu ironique, un peu sarcastique… ça me plaît bien.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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La première partie du roman relate l'adolescence et la jeunesse du narrateur. Trois amis, un quatrième qui perturbe un peu l'équilibre du groupe, les études, les filles, la vie qu'ils espèrent bien plus pétillante que celle des adultes, et puis la réalité...

Pour Anthony, la réalité c'est une histoire "d'amour" peu satisfaisante avec Véronica, la trahison de l'amitié pour cette fille, le suicide de l'un d'entre eux et enfin la vie adulte, le travail, les factures...

Tristounette la vie de Tony, il y manque un élan vital, comme si, il était resté au bord de sa vie . Pourtant le regard qu'il pose à soixante ans sur son parcours, n'est pas à proprement parler négatif, il a bien rongé ses désirs pour qu'ils coïncident avec sa vie.

Et puis, un grain de sable, la réception d'un testament, une somme d'argent et le journal intime de son ami suicidé, va bousculer cet homme. Les souvenirs qu'il a, vont s'avérer différents de certains éléments relatés dans le journal. Il va être amené à voir et savoir quelque chose qu'il aurait préférer ne pas connaître...

Cet homme, sans couleur et sans odeur n'est pas particulièrement attachant, pas facile ou pas envie, de se reconnaître dans cet homme mou et sans conviction. Pourtant le regard qu'il porte sur son parcours, est bien celui qui nous attend si l'on ne prend pas soin de sa vie . Il y a un volet sur "l'effet papillon " dans une vie, si je n'avais pas dit ça, pas fait ça, mais la culpabilité à retardement m'intéresse peu, ce n'est qu'un moyen de ne rien faire encore. J'ai été plus touchée par cette vie d'homme qui s'écoule sans passion, protégé de tout même de la vie et qui s'éveille pour faire le constat, qu'encore une fois, il ne peut rien changer, prêt à subir sa vie jusqu'à la fin.

J'avais vu beaucoup d'avis favorables sur ce roman, j'ai un avis mitigé , il y a un quelque chose qui en fait un roman un peu dérangeant mais pas assez à mon goût.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Je ne reviens pas sur les discussions autour du titre qui, il est vrai est mal choisi et ne rend pas bien compte du contenu du livre...

Nous voilà plongé dans une histoire d'amour et d'amitié. Trois copains d'école rencontrent un nouvel ami (Adrian) qui va devenir le plus brillant du groupe et intègrera la prestigieuse université de Cambridge. Peu à peu, les liens de la jeunesse vont se distendre. En parallèle, le narrateur a une aventure sentimentale avec une jeune fille (Véronica) qu'il présente à ses trois amis. Il nous conte le week-end raté qu'il passe chez les parents de sa copine (Seule la mère de Véronica semble avoir éprouvé un peu de compassion pour lui lors de ce week-end), puis sa rupture et revient sur un épisode qui constitue un tournant dans l'histoire : cette ex-petite amie a noué une nouvelle aventure avec Adrian, son ami de Cambridge. Sous l'effet de la colère et de l'aigreur, il leur envoie à tous deux une lettre incendiaire dans laquelle il crache sa bile.

Puis les années passent. Notre narrateur se tisse une vie sans véritable passion, sans attrait, assez neutre. Il entretient de bonnes relations avec son ex-femme et sa fille. Avec la vieillesse, sa mémoire est devenue sélective et l'histoire de sa vie ressemble de plus en plus à ses yeux à celle qu'il se raconte à lui même... Il apprend enfin qu'Adrian s'est suicidé au moment où il avait cette aventure avec Véronica, mais qu'il semblait heureux avant ce geste tragique. La mère de cette dernière lui lègue le journal intime de cet ami disparu.

Barnes nous livre un roman très intéressant et qui donne matière à réflexion. C'est vrai que certains passages sont assez philosophiques, mais ils demeurent accessibles à tous et sont destinés à mieux nous faire appréhender le mode de pensée d'Adrian. Les personnalités des protagonistes sont très bien décrites. Ils acquièrent au fil des pages une véritable profondeur psychologique.

Barnes écrit son livre comme une bonne enquête policière : il lance plusieurs pistes : Adrian s'est-il suicidé parce que ses raisonnements philosophiques l'ont amené à la conclusion logique que c'était son libre arbitre qui s'exerçait au travers de cet acte ? (Ce qui rend cet intellectuel digne de l'admiration de ses amis). Ou au contraire a-t-il été manipulé par Véronica et poussé à cette extremité ? On ne découvre finalement la vérité que dans les dernières pages et je dois dire que le suspense nous tient en haleine. Pour moi, la surprise a été réelle à la fin. Je n'avais pas vu venir ce dénouement. En quelques phrases finales, toutes les pièces du puzzle se mettent en place !

C'est aussi une belle réflexion sur la vieillesse, sur la sélectivité de la mémoire, sur les liens entre les êtres humains, sur le remords...

J'admire chez l'auteur cette capacité qu'ont certains de ses personnages à s'exprimer sans mot, comme Véronica qui finalement révèle tout au narrateur sans vraiment lui parler. Elle ne fait que lui montrer les éléments qui au fur et à mesure doivent le conduire aux conclusions logiques. Barnes nous montre que la communication entre les êtres n'est pas facile, y compris avec ceux pour lesquels on éprouve ou l'on a éprouvé de profonds sentiments.

Le roman nous montre aussi les distinctions entre classes sociales et le poids de ces dernières dans une relation amoureuse. le narrateur était-il à la hauteur des espérances de la famille de Véronica ? Adrian, diplômé de Cambridge ne constituait-il pas un meilleur parti ? Les sentiments de Véronica ont-ils été guidés par ce choix social, orienté par l'oeil évaluateur de son père et de son frère ?

A tout moment on s'interroge sur les secrets que cache cette famille, sur les motivations de protagonistes, sur la sincèrité des relations humaines, sur le poids d'actes semblant anodins sur le cours du destin...

A mon sens, ce roman mérite le prix littéraire obtenu et constitue une incitation à faire fonctionner nos petites méninges..
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Un homme se penche sur son passé et , bien sûr , finit par
y tomber...
Si l'on veut bien faire abstraction de la chute finale , laquelle comporte , comme dans tout bon polar , juste assez d'invraisemblance pour qu'on ne puisse jamais la pressentir,il restera alors un petit chef-d'oeuvre - 180 pages d'une lecture facile et captivante - sur notre
rapport au Temps.
A son rythme inéluctable de 60 secondes par minute , qui
parfois s'accélère follement , ou bien au contraire adopte
une lenteur désespérante .
Aux effets qu'il a sur nous , quand les rêves et ambitions
de la jeunesse sont , vingt ans plus tard , abandonnés pour un conformisme banal et terne ; quand la soif de vivre , l'orgueil et l'ardeur du bel âge finissent par se dissoudre dans la routine et les lâches apaisements .
A notre conscience de ce temps , subordonnée à une
mémoire toujours sélective et traîtresse , aussi
surprenante qu'obscure...
Cette introspection et ces formes complexes de relativité,
c'est l'histoire très concrète d'une vie toute simple , au
point d'être presque banale , mais dont la richesse
infinie se révèle peu à peu grâce au regard de l'auteur ,
à son humour léger et profond , à sa façon de nous
prendre à témoin , à la sympathie qu'il porte à ses
personnages comme à ses lecteurs.
Un conte captivant , et pourtant un véritable conte
philosophique .
Un régal !
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Ah, ces anglais ! Après Ian McEwan avec Opération Sweet tooth, je retrouve avec plaisir un autre britannique, Julian Barnes. Leurs deux romans ne sont d'ailleurs pas exempts de points communs…
Dans Une fille, qui danse, il s'agit aussi d'une histoire d'amour ou du moins de l'histoire d'une relation, qui a eu lieu quarante ans auparavant. Souvenirs et regrets, dissimulations et mensonges… En cours de lecture, beaucoup de phrases font mouche, sur le travail de l'historien, sur la jeunesse et la maturité, sur l'intelligence… Pourtant, c'est à la fin que tout s'éclaire vraiment, quoique j'ai eu l'impression de ne pas en avoir compris la moitié. Je l'avoue, tout s'est éclairé lorsque je suis allée lire les notes de lecture de Valérie, qui a fait une page spéciale à ne parcourir que si on a lu le roman. Et tout ce qu'elle a noté donne envie de relire le roman illico, à la lumière des révélations finales ! Toute la subtilité et l'intelligence du texte surgit, alors que j'avais noté en le terminant que la fin n'expliquait pas vraiment tout les événements survenus quarante ans auparavant.
Avec tout ça, je ne vous ai pas raconté l'histoire… et je n'en ai pas envie ! Sachez qu'un homme d'une soixantaine d'années se retourne sur un épisode de sa jeunesse, en recevant une lettre qui lui remet en mémoire ses années au lycée, son groupe de camarades d'université, sa relation avec une jeune fille, la rencontre avec sa famille, la rupture, et plus tard son mariage et sa vie de père… Un drame a eu lieu, qu'il essaye de comprendre, quarante ans plus tard, tout en répétant qu'il n'est pas très sûr de la véracité de ses souvenirs… Ce qui aura son importance.
Bref, la littérature anglaise est toujours aussi brillante, qu'on se le dise !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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