Il avait soixante-huit ans, et je trouvais que c'était bien trop tôt. Mais les personnes qu'on aime meurent toujours trop tôt, quel que soit leur âge.
J'avais trouvé ma fée Clochette ! Elle était tout près de moi et parlait avec ferveur de petits moelleux au chocolat.
Je m'arrêtai et m'imprégnai de chaque détail. La robe longue toute simple en soie vert foncé, que la jeune femme portait avec le naturel d'une déesse romaine du printemps et dont les larges bretelles dégageaient bras et épaule. Les longs doigts qui s'animaient gracieusement quand elle parlait.
Je la vis porter la main à son cou et jouer avec un collier de perles d'un blanc laiteux, auquel était suspendue une grande gemme ancienne.
Puis, l'espace d'un instant, elle leva les yeux et sourit.
C'était ce sourire qui m'avait ensorcelé et empli de joie, même s'il ne m'était pas destiné. Debout devant la vitre comme un voyeur, je n'osais pas respirer, tant ce moment m'apparaissait parfait.
L'année dernière, en novembre, un livre m'a sauvé la vie. Je sais que cela semble très peu vraisemblable. Certains pourraient trouver extravagant ou mélodramatique que je dise ce genre de chose. Malgré tout, c'est précisément ce qui s'est passé.
Quand l'amour a disparu,
De générosité, il n'y a plus.
Toi, tu t'en veux de l'avoir abandonnée,
Et toi qui es restée, tu panses tes plaies.
Plus encore que la séparation, l'échec est douloureux.
Mais en fin de compte, égaux à nous-mêmes nous sommes demeurés.
Parfois restent un poème, une feuille de papier aux deux coeurs amoureux,
Le tendre souvenir d'une journée d'été.
Fumer était mauvais pour la santé. Manger était mauvais pour la santé. Boire était mauvais pour la santé. Tous les plaisirs de la vie devenaient mauvais pour la santé ou faisaient grossir, un jour ou l'autre. Trop d'émotions fortes était mauvais pour la santé. Trop de travail était mauvais pour la santé. La vie toute entière n'était qu'un exercice périlleux sur la corde raide, et au bout du compte, on tombait de son échelle en cueillant des cerises ou on se faisait écraser par une voiture en se rendant chez son boulanger, comme la concierge du roman L'Élégance du hérisson.
Un bon livre est bon à chaque page.
Il faisait froid à Paris et il pleuvait, mais quand on était amoureux, la météo n'avait aucune importance.
Les années ne signifient rien. Seul compte ce que tu en fais.
Il y a des écrivains qui passent des jours à se colleter avec la première phrase de leur roman. Si la première phrase est juste tout ira de soi, disent-ils. Je crois qu'il existe même des études sur les débuts de romans, car la première phrase d'un livre s'apparente au premier regard entre deux personnes qui ne se connaissent pas encore.