Né en 1926 et se faisant une gloire de tourner ses films parfois en six à sept jours,
Roger Corman a réalisé plus de trente oeuvres entre 1953 et 1963. C'est en 1960, avec «
La Chute de la maison Usher » qu'il a commencé à défigurer
Edgar Allan Poe en adaptant ses nouvelles pour le compte de la firme AIP. Chaque film de la série repose sur un décor identique et artificiel : un château ou une très vaste maison, entouré par une terre désolée continuellement noyée dans le brouillard avec, lors des séquences de rêve ou de terreur, un jeu de filtres colorés. Cinéaste du truc (le travelling latéral avec buisson en mousse au premier plan dans « La Tombe de
Ligeia », déformation des plans grâce à des lentilles spéciales dans «
le masque de la Mort rouge » et de l'emploi du carton-pâte dans «
le corbeau »), il a connu un succès inespéré au début des années 60, précédé par une réputation d'intellectuel. Quant à
Edgar Poe, il passe un sale quart de siècle, pillé systématiquement par les scénaristes engagés par le bonhomme, réécrits et bardés d'ajouts dispensables pour faire du remplissage au point de les vider de leur signification et proposer de la psychologie de bazar, devenant prétextes à de la pseudo psychanalyse et à une étude des comportements. Maintenant, il est vrai, que de composer des films d'une heure trente à partir de récits brefs (des nouvelles) demeure un challenge. A partir des scripts originaux et d'extraits de dialogues, «
Edgar Allan Poe revisité par le cinéma de
Roger Corman » se veut un essai réussi sur une série qui a d'abord enthousiasmé le public avant de lasser tout le monde.