Ce livre a choqué la France bien pensante des années 60, pour avoir remis en cause le mariage, la famille, alors pièce à valeur non contestée de la construction d'une vie humaine, et passage logique et obligé de la mi-vie.
Hervé Bazin en rajoute: à l'usure progressive de l'amour originel, à la banalité des gestes et préoccupations quotidiennes de la mère de famille, à l'obligation de calculer (même avec une bonne situation, il faut faire des choix), à la présence trop intrusive de la belle famille, il ajoute des éléments ordinairement tabous dans la description de la vie du couple: la sexualité des jours ordinaires, le changements du physique de sa femme au fil du temps qui passe et des grossesses, les incidents, frictions, chamailleries de la vie quotidienne, le dérisoire des loisirs des vacances à la mer...... Il y a pourtant des absents: jamais un enfant n'est présenté de façon positive (ce n'est qu'une sorte d'animal bruyant et capricieux, et en plus une bouche à nourrir.....), le physique de sa femme évolue, certes, mais n'a-t'elle vraiment aucun charme à 38 ans? Et pourquoi ne souligner que les évolutions négatives, physiques et morales, de l'autre....? La fin du livre laisse espérer que l'auteur (ou du moins le personnage qui écrit) a fini par percevoir un peu de positif dans sa situation de père de famille. Sur le fond, donc, la thèse est plus que criticable. Mais ce livre est bien écrit, travaillé; son auteur n'est pas sans talent. Et cette vie provinciale - l'action se situe entre Angers et le Morbihan: les lieux qu'a connus l'auteur - des années 50 et 60 est d'un réalisme terrible. Je voudrais être face à Bazin, pour lui porter la contradiction. Mais je lui dirais quand même que réellement, j'ai apprécié son livre.