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3,96

sur 660 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bon appétit !
Il en faut pour mastiquer ce roman saignant dont le titre résume parfaitement l'histoire.
Je sais que ce billet a un petit goût de réchauffé car ce récit d'anticipation morbide a déjà rencontré un vrai succès et il a bénéficié d'un excellent bouche à oreille crue, en passant aussi par la brochette des petits doigts de nombreux Babeliotes. Mais tant pis, je ne suis pas le roi du micro-ondes des plats déjà cuisinés pour rien et je vous livre ma recette en drive.
Dans un futur plus ou moins conditionnel, tous les animaux et pas seulement ces pauvres pangolins, sont frappés par un virus mortel transmissible à l'homme. A défaut de masque, l'homme extermine toutes les bestioles de la surface du globe.
Sans plus aucun os à ronger et face à une demande carnée acharnée, l'humanité décharnée légitime puis réglemente le cannibalisme sans prononcer ce mot aussi indigeste qu'interdit. Bizarrement, ni l'auteure, ni personne n'a eu l'idée de rendre le véganisme obligatoire. Il y a des limites à l'horreur.
Pour que la morale soit sauve, les consciences apaisées et les estomacs rassasiés, après avoir d'abord mitonné les plus pauvres, les migrants, les vieux et les malades, un élevage de bipèdes avec le statut de « viande spéciale » est organisé.
Ce roman possède l'atmosphère d'une chambre froide. C'est la bureaucratie Kafkaienne au milieu des carcasses labellisées.
Marcos, le héros, travaille dans un abattoir qui met à mort le bétail humain dont on a coupé les cordes vocales pour leur ôter le langage et certainement la capacité de se plaindre à un syndicat. Une façon d'éviter la révolte des colis d'Amazones.
Marcos a conscience de l'atrocité de son quotidien, mais il doit continuer à travailler pour financer le placement de son père sénile. La perte de son enfant et le départ de sa femme l'ont vacciné contre toute sensibilité. Néanmoins, il finit par garder chez lui une femme promise à l'assiette. Au début, il ne sait pas trop quoi en faire mais il trouve rapidement le mode d'emploi et retrouve par la même une part d'humanité.
J'en reste à l'entrée et vous laisse découvrir le plat de résistance mais sachez que le comble du chic dans ce roman est de disposer dans les bonnes familles de sa propre créature pour la découper peu à peu tout en la laissant en vie pour réussir ses diners mondains. de la Pâta negra qui bouge.
La force du roman d'Agustina Bazterrica tient pour moi à son ultra réalisme. Elle pousse le processus de deshumanisation de nos sociétés à son paroxysme, décrit la dictature du paraître, la capacité de chacun à se mentir pour accepter l'intolérable face à un système qui peut normer légalement des abominations, légiférer sous les hourras des horreurs, noyer la masse à l'eau tiède, et je peux continuer encore longtemps pour rendre cette phrase interminable.
Ce récit est aussi une fable. En tuant les animaux, c'est la fin de l'état sauvage et le triomphe de la domesticité de l'homme. L'auteure y glisse aussi un peu de poésie à travers les visites de Marcos dans un zoo abandonné.
J'ai lu dans plusieurs critiques que les âmes sensibles devaient s'abstenir. Il est certain que ce n'est pas du Jane Austen mais je préconise au contraire au plus grand nombre d'ouvrir le menu.
Les scènes gores ne sont pas gratuites. Il ne s'agit pas d'une série Z avec un psychopathe armé d'une tronçonneuse chassant des étudiantes courtes vêtues dans une forêt mais de la description d'une inconscience collective poussée à son paroxysme. La construction du récit est habile et l'issue imprévisible.
Je suis omnivore, mais j'ai un coeur. A point. Pour ne pas virer au bleu après cette lecture, je continuerai à manger un peu de viande tout en évitant de donner un nom à mon steak.
Chérie, y'à quoi à manger ? Pour une fois, j'essaierai bien tes trucs verts qui ressemblent à des virus. Oui, des brocolis, c'est ça. Non, non, je vais bien.
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Mais il provient de qui
Ce cadavre si exquis ?
Est-ce celui d'un animal ?
Et alors ce serait normal ?
Élevage intensif sans limites
Puis abattage à la va-vite.

Sauver l'humanité à tout prix
Même à consommer l'inouï ?

Le concept est odieux et par ce tour de passe-passe extraordinaire, l'auteure réussit à déclencher une empathie sans commune mesure avec celle éprouvée d'ordinaire pour les animaux voués à être avalés et pourtant déjà immense.

Une fois de plus, seules les étoiles, mais aussi la couverture, m'avaient attirée ; c'est si mignon un écureuil !

Point de noisettes au menu, mais un assortiment de plats plutôt épicés. Quelques salades servies avec aplomb par la société, un plat de résistance consistant et pimenté comme aucun grand chef n'avait osé le faire. Et pour le dessert, une petite surprise au coulis aigre-doux.

Pour le digestif, il est absolument indispensable : vous reprendrez bien un doigt d'eau-de-vie ?

Les scientifiques se mettent au service des cuisiniers, mais qui du bétail ou de l'homme est le plus bestial ? Nourriture trafiquée, le trafic finit par devenir légal.

Et la femme qu'on diffame?
Qui sans enfant se sent infâme ?

Nos pupilles se dilatent
Nos papilles se rétractent

Les pages offrent des satyres
Dans cette excellente satire
Parce que ça tire à bout portant
Ça tire à tout bout de champ.

Même si très tôt j'ai deviné la fin
Vous devinez que je n'ai plus faim.

Un livre très profond qui bouscule.
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Imaginons un monde futur où toute espèce animale a été disséminée suite à un virus. Les animaux domestiques euthanasiés pour éviter toute propagation de la maladie. Monde apocalyptique où le cannibalisme devient à la mode. Plus de cimetières, quelques boucheries hors de prix où se vendent têtes, doigts, langues, pénis, de la chair bas de gamme à celle de luxe à travers les foetus et enfants en bas âge. Glauque n'est-ce pas...

Marcos est un de ces hommes qui travaille dans l'abattoir de l'horreur. Depuis que son père est placé, que sa femme l'a quitté, que sa vie s'est effritée, il voue un dégoût certain pour ce travail. Lui, il ne mange pas de viande. Il bosse pour payer la maison de retraite de son père.

Bon bon, ce roman m'intriguait fortement. Un sujet certes épouvantable (le cannibalisme) mais combien singulier avec cette possibilité de susciter réflexions et d'amener une trame pertinente et efficace.
Dégoûtant c'est le mot qui me vient en premier à la fin de ce livre. Dégoûtant parce qu'on vit quelques heures en autarcie dans cet abattoir de l'horreur. Rien ne nous est épargné. Des procédés d'abattage, les génomes humains traités comme du bétail, servant de cobayes, déshumanisés jusqu'à l'extrême. Et c'est sûrement là que le bât blesse. L'histoire est une grande et dégoûtante autopsie clinique. L'abattoir en toile de fond les trois quart du livre. Les personnages évoluent peu ou pas. Ils semblent tous résignés, amnésiques d'une vie antérieure empreinte d'éthique, dépourvus d'empathie, d'amour, de sentiments, d'éducation, de moral, d'émotions. Ils sonnent creux. Ils se mangent entre eux parce qu'il faut se nourrir, que l'humain est devenu comestible, légalisé. Ça renvoie à notre propre mode de consommation carnivore. Sauf qu'ici on imagine le goût en bouche de l'oreille de son voisin.

Je n'ai pas été choquée comme certains par le plus laid dans ce roman, j'ai trouvé un certain côté addictif et interrogatif. Ça interroge aussi notre conscience sur le problème de surpopulation qui nous pend au nez, les dérives de l'homme, d'une société immorale, guidée par un ventre criant famine. Par contre, le passage sur la maltraitance de chiots m'a été insupportable....

Malgré tout, c'est un roman qui m'a semblé horriblement froid, trop clinique, trop descriptif dans les scènes d'horreur. J'attendais un sursaut d'humanité, une note de couleur sur le tableau noir, une psychologie plus marquée et totalement absente ici. J'ai rarement lu un roman aussi froid. On s'imagine un tournant en seconde partie quand Marcos s'attache à une « femelle » enchaînée chez lui mais la fin est tellement incohérente par rapport au profil de Marcos que je suis plus que perplexe. Une impression que l'auteure voulait expédier son histoire et la clôturer vite fait. Mais cela ne tient pas la route à mon humble avis.

Impression plutôt en demi-teinte. Je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou détesté ce roman. Je l'ai lu sans ennui et avec entrain même. Convaincue ou pas, je n'en sais strictement rien.
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Dans un futur possible, un virus fait disparaitre presque tous les animaux de la Terre. Mais il reste à nourrir toute une planète et s'il ne reste plus de bêtes à abattre pour se nourrir, il y a toujours... l'Homme. Dans un monde, l'homme mange son semblable, on assiste à des scènes horribles. Lui, Marcos, il travaille dans un abattoir. Comment mieux comprendre ce monde que dans cet endroit...
Il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans l'histoire. Les scènes avec les têtes, le bétail humain, sont répugnantes à lire. J'avoue que j'ai eu plusieurs fois l'estomac retourné. Je pensais que ce serait juste une présentation de ce monde mais Agustina Bazterrica ne cesse de marteler le fonctionnement, les différents groupes sociaux qui se sont formés. Derrière ce nouvel ordre social, on découvre la vie de Marcos, pas très gai non plus, sa femme l'a quitté, sa soeur est un peu spécial... Il avance dans ce monde comme un robot. Jusqu'à ce qu'on lui offre une femme à consommer... La narration est assez spéciale, Marcos n'est nommé que lors des conversations, j'ai eu du mal à m'y retrouver au début. L'auteur choisir un postulat de départ assez fort, l'homme devenu cannibale par défaut. le tableau est dur mais nécessaire et très proche de l'actualité. le contrôle de la viande est aussi important et ce qu'on en fait aussi... Est-ce une façon de remettre en cause notre consommation actuelle...?
Merci à Masse Critique et aux éditions Flammarion pour cette lecture choc.
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Ce roman sur le cannibalisme est un peu dur à digérer.
Ca se passe en Amérique du Sud après la Grande Guerre Bactériologique qui a décimé toutes les espèces animales, obligeant les humains à s'entre-dévorer pour survivre. Mais attention, nous sommes chez des humains civilisés, qui ont établi des règles pour légaliser et encadrer ce cannibalisme, à commencer par la fixation des conditions d'élevage et d'abattage des "produits". Et l'on suit donc la vie de Marcos Tejo, grand responsable d'un abattoir réputé : Marcos ne va pas bien, il déprime depuis que son épouse s'est éloignée, il passe trop de temps seul à écouter du jazz sous son arbre, il regrette le temps d'avant, il éprouve même un peu de compassion envers les "produits". Et voilà qu'on lui en offre un, justement, une belle femelle 100% bio ; que diable va-t'il en faire ?
Très dérangeante, cette histoire. J'ai beaucoup aimé le traitement glacial opéré par Agustina Bazterrica, qui plonge très rapidement le lecteur dans une normalité insupportable. le monde décrit est un monde cauchemardesque, mais où riches et pauvres continuent de s'affronter, où les industriels continuent de rentabiliser tout ce qui peut l'être sur le moindre "produit", et où les gouvernements continuent de mentir pour mieux manipuler les peuples. D'ailleurs, ce monde où certains mots sont interdits, où les rues sont étrangement silencieuses et propres, et où la bêtise est encouragée via les médias, ressemble furieusement à un rêve totalitaire où les gens trouvent finalement leur compte. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus fichu un coup au moral.
Ensuite, j'ai bien aimé la comparaison entre la maltraitance desdits "produits" et celle que subissent les animaux d'élevage dans notre société, l'absence d'empathie des producteurs et consommateurs, et surtout l'hypocrisie lexicale qui fait dire "viande spéciale" plutôt qu' "humain", tout comme on dit "steak" plutôt que "vache". Mais, ayant auparavant lu "Défaite des maîtres et possesseurs" de Vincent Message, l'effet de sidération est moindre, bien que le roman de Bazterrica soit plus terrible, puisqu'il n'y a pas d'extra-terrestres pour justifier le triste sort des "produits" -juste des hommes et des femmes qui ont atteint un niveau de déshumanisation et de cruauté digne des pires nazis.
C'est donc un étrange roman d'anticipation, bien écrit, très bien maîtrisé, qui laisse peu de répit et tord le ventre. Et qui vous fera aimer la salade.
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Attention, ce roman est une véritable tuerie et c'est peu de le dire ! Agustina Bazterrica nous entraîne dans une dystopie glaçante où les animaux ont presque tous disparus, mais sont surtout devenus impropres à la consommation depuis la Grande Guerre Bactériologique qui a contaminée la surface du globe. Pour relancer et contrôler l'économie de la viande suite à des dérives, le gouvernement donne carte blanche aux scientifiques. Le génome humain copié, la nouvelle race humaine servira...de bétail ! C'est à travers les yeux et l'histoire de Marcos Tejo, protagoniste principal, qu'Agustina Bazterrica dresse un constat sans appel sur notre propre société de consommation. Mais c'est en soulevant tour à tour la question de l'éthique et de la moral que le roman laisse pantois dès les premières pages. de ses descriptions réalistes, une question demeure lorsque Marcos reçoit une femelle" en cadeau. Que va-t-il faire d'elle, lui le responsable de l'abattoir dégoûté par cette "viande spéciale" ? Un livre dérangeant, mais néanmoins nécessaire.

Suite à la Grande Guerre Bactériologique qui a décimé la presque totalité des animaux, une pénurie de viande inquiète les autorités. Atteinte d'un virus mortel pour l'homme, aucune viande animale ne peut être consommée. de plus, scientifiques et gouvernements s'accordent à dire (à tort...?) que les protéines végétales ne comportent pas toutes les acides aminées essentiels. Alors, que faire ? 

Après une panique mondiale où une partie de la population s'entre-tua pour se dévorer, où les immigrés, en masse, les marginaux et les pauvres disparaissaient mystérieusement, une légalisation fut prononcée. Désormais appelée "viande spéciale", cette nouvelle race crée à partir du génome humain sert de bétail. 

C'est dans ce contexte désormais bien établi que débute l'histoire de Marcos Tejo, responsable d'abattoir. Meurtri par la mort de son nourrisson et délaissé par sa femme en deuil, celui-ci mène une existence sans saveur. Dégoûté par ce qui l'entoure, l'homme ne sait comment réagir lorsqu'un client lui offre une "femelle" et de Génération Pure s'il vous plaît ! Que va-t-il faire d'elle ? 

Avec la volonté de bousculer dès les premières lignes, Agustina Bazterrica sait planter son décor. Avec ses courtes phrases, celle-ci réussit à souffler un vent glacial au relent nauséeux. De ce malaise grandissant, qui n'est pas sans rappeler La route de McCarthy, elle vient perturber notre conscience et notre moralité en exposant la crudité d'une situation aujourd'hui inenvisageable, et ça le fait grave ! 

A l'instar d'un stagiaire, on suit les déambulations de Marcos dans l'abattoir ainsi que les différents corps de métiers qui le compose. de cette observation glaçante, l'auteure révèle la révulsion presque physique du protagoniste face cette nouvelle forme de consommation, mais plus encore face aux comportements humains. Qui de l'Homme est l'animal ?

Critique de notre société de consommation, la primo-romancière soulève de nombreuses réflexions concernant la souffrance animale, avec en filigrane, l'actualité de nouveaux régimes alimentaires. Avec un sens du réalisme désarmant, elle questionne non seulement notre morale, mais surtout l'éthique en accusant subtilement gouvernements et lobbys. 

En créant son propre vocabulaire, l'auteure a su créer un univers dénué de vulgarité en laissant la porte ouverte à l'étude du pouvoir, de la violence, et même de l'amour. de la précision de l'écriture à sa distance, comme pour mieux retranscrire l'atmosphère ambiante, la romancière a su écrire une allégorie lucide afin de bouleverser notre rapport à l'animal. Récompensé par le prestigieux prix Clarin 2017, ce roman mérite largement qu'on s'y attarde !

Devinerez-vous quelle pâtisserie j'ai choisi pour ce roman ? Parce que oui, j'en ai trouvé une ! Rendez-vous sur le blog pour tout savoir...
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Si on vous propose une viande « spéciale », une viande d'une qualité exceptionnelle, garantie sans OGM, si on vous propose en plus une belle pièce de la bête élevée dans des conditions très rares ? Qui refuserait ?
Ici, un virus transmissible à l'homme a frappé tous les animaux de la planète que les hommes ont donc tués pour se protéger.
Marcos, est quasi dépressif, après un drame personnel. Il travaille pour un abattoir. Seulement, il y a un hic. Que tue-t-on dans ces abattoirs puisqu'il n'y a plus d'animaux ?
Les hommes qui ne peuvent se passer de manger de la viande, mais ont de la ressource, ont mis au point une viande « spéciale », spéciale car viande humaine spécialement élevée pour être mangée.
Marcos est en quelque sorte commercial. Il est donc en relation avec les grossistes, mais aussi les chasseurs et les laboratoires qui eux ont des demandes spécifiques à leurs besoins. Cela nous permet de découvrir les leurres qu'utilise la nouvelle humanité pour accepter cette nouvelle façon de consommer, comment elle évite d'évoquer en toute hypocrisie ce cannibalisme de fait : euphémismes pour désigner ce nouveau bétail, pièces de viande qui ne doivent pas être trop nommées de façon trop explicite, comment elle justifie au nom du progrès les expérimentations faites sur ce cheptel particulier.
La vie de Marcos change quand on lui fait cadeau d'une femelle.
Je n'ai pas totalement adhéré à ce roman. Il a un petit air de déjà lu. Sans être le thème central du récit, cette idée a déjà été traitée notamment dans La route de C. Mc Carthy. Et puis j'ai deviné assez vite quelle serait sa chute ce qui est dommage…
Ce roman vise à choquer très certainement. Et à ce niveau, il a atteint son but.
Car, je crois, ce n'est pas tant son thème, le cannibalisme mais plutôt la froideur, la distanciation du traitement fait à ces êtres soi-disant sous humains, (pratique pour se dédouaner de toute culpabilité), ces nouvelles têtes de bétail, qui m'ont incommodée. Je n'ai pu m'empêcher de penser furieusement ce qui se passe dans nos abattoirs…
Brrr ! Que n'est-on prêt à accepter pour un steak ?
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J'ai beaucoup vu ce livre comme sortant du commun et comme une surprise de la rentrée littéraire.

Un roman ou certains hommes en nourrissent d'autres, les humains ne pouvant plus manger d'animaux suite à un virus mortel, la viande vendue est ainsi étiqueté "spéciale" et dès les premières pages nous sommes au côté d'un boucher qui nous narre son métier.

Ayant vu beaucoup d'avis indiquant d'avoir le coeur accroché j'ai craint le pire et de devoir lire des scènes vraiment glauques et beaucoup d'hémoglobine mais je trouve que cela reste pour moi assez supportable à lire.

Un roman qui fait réfléchir sur beaucoup de sujet comme bien évidemment la consommation de viande, mais aussi la vieillesse et sur la vie en général.

Cela fait un bout de temps que je n'avais pas lu un roman d'un bloc et ici ce fut le cas le temps d'une soirée, cependant un petit bémol comme le roman est court les personnages ne sont pas assez décrits psychologiquement à mon goût.

Je pense que je garderai le souvenir de cette lecture pendant un moment tellement le sujet est différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent.
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Les animaux sont devenus mortellement toxiques pour l'homme et sont exterminés systématiquement. Pour continuer à consommer des protéines animales, les humains ont mis en place une filière de production de viande humaine. de cela découle une industrie aussi bien rodée que l'ancienne industrie de viande animale. Les têtes sont soigneusement sélectionnées, les inséminations sont contrôlées, les pièces sont suivies. Et comme dans le cochon, tout est bon : la peau, la graisse, les cheveux, tout est transformé. Tout cela est encadré d'une communication parfaitement rodée. « Il y a des mots convenables, hygiéniques. Légaux. »(p. 16) Dans ce système bien organisé, Marcos travaille dans un abattoir. Son regard croise un jour celui d'une femelle. « Elle est belle […] mais sa beauté est inutile. Ce n'est pas parce qu'elle est belle qu'elle en sera plus savoureuse. » (p. 132) Marcos commet alors l'interdit : il considère cette pièce humaine bonne à être mangée comme un être vivant, un être humain, un être à aimer. Il la cache dans son garage, mais il sait dès le début qu'il ne pourra pas la garder.

le roman nous montre une société accrochée à la consommation de viande et qui refuse de changer de modèle alimentaire, comme si le régime carniste était un dogme. « Il faut respecter la nourriture. […] Toute assiette contient de la mort. Prenez-le comme un sacrifice que d'autres ont fait pour vous. » (p. 212) Devenu cannibale, l'homme est vraiment un loup pour l'homme. Cette dystopie alimentaire et/ou gastronomique fait froid dans le dos, mais reste parfaitement crédible. Tout comme sont terriblement crédibles les théories du complot qui fleurissent partout. « Tu ne te rends pas compte qu'ils nous manipulent ? Qu'ils nous font nous bouffer entre nous pour contrôler la surpopulation, la pauvreté, la criminalité. » (p. 219) Avec ce premier roman, Agustina Bazterrica signe un témoignage à charge contre l'industrie agroalimentaire et lance un appel au respect de la vie animale. Et évidemment, le film étant cité dans le roman, impossible de ne pas penser à Soleil vert.
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Imaginez un monde où un virus rend immangeable les animaux.
Maintenant, dites vous que le gouvernement légalise peu à peu le cannibalisme pour que les humains continuent de manger de la viande, parce qu'être végétarien c'est bien, mais un bon steak saignant c'est plus goûteux avouez le.
Vous y êtes? Et vous trouvez ça glauque?
Ce n'est rien, ce n'est que la partie visible de cette dystopie plutôt bien écrite.

Les humains destinés à la consommation sont appelés des "têtes" et dans les boucheries, la dénomination est "viande spéciale".
Vous l'aurez compris, oubliez notre monde, notre mode de consommation, et remplacez les animaux par des humains, que ce soit dans les boucheries, dans les abattoirs, ou dans les laboratoires.

Le tour de force d' Agustina Bazterrica est d'ajouter de l'amour dans ce roman fantasque, sous toute ses formes; cela va de l'amour pour sa profession, à l'amour d'un fils pour son père, à l'amour de la vie.

Etrange, décadent et beau à la fois.
Et vous, quel goût avez-vous? Votre cadavre est-il exquis?


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